Insee Flash Provence-Alpes-Côte d'Azur · Septembre 2025 · n° 114

Une offre d’accueil pour enfants de moins de trois ans parmi les plus faibles mais en progression

En Provence-Alpes-Côte d’Azur, 154 500 enfants ont moins de trois ans en 2021. Ils représentent 3 % de la population régionale. Plusieurs modes de garde existent pour ces enfants : certains de ces modes sont dits formels car proposés par des professionnels, les autres sont dits informels et sont généralement familiaux.

En France métropolitaine, la majorité des enfants de moins de trois ans sont gardés par leurs parents, en particulier lorsqu’ils ont moins d’un an [Caenen, Virot, 2024 ; pour en savoir plus (3)]. La part des enfants gardés par leurs parents est passée de 70 % en 2002 à 56 % en 2021, au profit de modes de garde proposés par des professionnels. Si tous les parents obtenaient leur premier choix de mode de garde, seulement 36 % des enfants de moins de trois ans seraient gardés par leurs parents. Pour 20 % des enfants, la garde par les parents est donc contrainte par la disponibilité locale de l’offre (présence, horaires) ou son coût. Le reste à charge des modes de garde dépend à la fois des revenus du ménage et du mode de garde. Pour un couple bi-actif en emploi dont le revenu est de deux Smic, le reste à charge est deux fois moins élevé quand l’enfant est gardé en accueil collectif qu’auprès d’assistantes maternelles. À partir d’un revenu de trois Smic, le reste à charge pour ces deux modes de garde est proche [Zaouche Gaudron et al., 2021 ; pour en savoir plus (4)].

L’offre d’accueil formelle, objet de cette étude, est constituée de l’accueil proposé par les assistantes maternelles, de l’accueil collectif et de l’accueil familial. D’autres modes de garde formels existent, comme la garde à domicile par un professionnel, dont la part est marginale, ou la préscolarisation (encadré).

En Provence-Alpes-Côte d’Azur, 79 000 places sont proposées par des organismes et professionnels dédiés à l’accueil des jeunes enfants, soit 51 places pour 100 enfants de moins de trois ans (pour comprendre, figure 1). Ce ratio est inférieur à celui observé en France métropolitaine (63 places pour 100 enfants de moins de trois ans). Il s’agit du deuxième ratio le plus faible de France métropolitaine, après celui de Corse (37 places pour 100 enfants de moins de trois ans) et juste avant celui de l’Île-de-France (53 places). À l’échelle des départements de la région, le nombre de places d’accueil pour 100 enfants varie de 59 pour les Hautes-Alpes à 50 pour les Bouches-du-Rhône, les départements du pourtour méditerranéen étant plus largement caractérisés par une offre d’accueil parmi les plus faibles de France métropolitaine.

Le recours à un service d’accueil d’enfants est souvent nécessaire lorsque les parents sont en emploi et souhaitent le demeurer. Mesurés au niveau des départements français, le taux d’emploi des mères et l’offre de garde apparaissent liés : un taux d’emploi plus faible peut engendrer des besoins moindres tout comme à l’inverse une offre plus faible peut limiter le taux d’emploi des mères. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, une offre de garde plus limitée se conjugue ainsi à un taux d’emploi des mères de 25 à 54 ans avec au moins un enfant de moins de trois ans plus faible qu’en France métropolitaine (63 % contre 68 %).

Dans la région, l’offre d’accueil collectif (41 000 places) représente plus de la moitié du total des places d’accueil des moins de trois ans, contre un tiers en France métropolitaine. Provence-Alpes-Côte d’Azur est la deuxième région, après l’Île-de-France et avant la Corse, pour laquelle le nombre de places en accueil collectif pour 100 enfants de moins de trois ans (27 places) est le plus élevé (21 en France métropolitaine). Ces régions sont les trois seules ayant une offre collective supérieure à celle proposée par les assistantes maternelles (figure 2). Ces dernières offrent dans la région 23 places pour 100 enfants de moins de trois ans, contre 40 en moyenne en France métropolitaine.

La prédominance de l’offre collective peut s’expliquer en partie par le caractère urbain marqué de la région, ce type d’offre se développant plus facilement dans les territoires plus denses ou aux capacités contributives plus élevées [Mahieu, 2005; pour en savoir plus (5)]. Inversement, la faiblesse de l’offre d’accueil par les assistantes maternelles peut en partie s’expliquer par le coût élevé du foncier dans la région, la surface et le nombre de pièces du logement conditionnant l’agrément des assistantes maternelles.

Le nombre de places en accueil collectif pour 100 enfants de moins de trois ans est élevé dans tous les départements de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il est le plus élevé dans les Alpes-Maritimes et les Bouches-du-Rhône, départements les plus urbains de la région, mais aussi dans les deux départements plus ruraux des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes (environ 28 pour ces quatre départements). Il est le plus faible en Vaucluse (23).

Entre 2011 et 2021, le nombre de places d’accueil pour 100 enfants de moins de trois ans augmente sensiblement en Provence-Alpes-Côte d’Azur, passant de 41 en 2011 à 51 en 2021 (respectivement 55 et 63 en France métropolitaine). Cette hausse de la capacité d’accueil s’explique dans la région à la fois par la hausse du nombre de places d’accueil et par la baisse du nombre d’enfants de moins de trois ans alors que seul le second facteur y contribue au niveau national (figure 3).

Dans le même temps, le taux d’emploi des mères de 25 à 54 ans ayant un enfant de moins de 3 ans augmente de 1,5 point (+0,9 point en France métropolitaine sur la même période).

Entre 2011 et 2021, le nombre de places d’accueil augmente de 16 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur, tandis qu’il baisse de 1 % en France métropolitaine. C’est la deuxième plus forte augmentation, après celle observée en Corse. Cette hausse de la capacité d’accueil est portée par l’offre d’accueil collectif dont le nombre de places progresse continûment (+29 % sur la période), mais moins qu’en France métropolitaine (+36 %). De son côté, le nombre de places d’accueil proposées par les assistantes maternelles croît fortement en début de période, avant de diminuer à partir de 2016. Ainsi, il est supérieur de 9 % en 2021 à son niveau de 2011 alors qu’il est inférieur de 11 % en France métropolitaine.

Si le nombre de places d’accueil progresse entre 2011 et 2021, le nombre d’enfants de moins de trois ans diminue sur la période. Provence-Alpes-Côte d’Azur fait toutefois partie des régions où la baisse du nombre d’enfants de moins de trois ans est la moins prononcée (-8 % contre -13 % en France métropolitaine). Selon le scénario de projection de population qui tient compte des dernières tendances de fécondité, cette diminution devrait se poursuivre jusqu’en 2035 (-12 % par rapport à 2021, comme en France métropolitaine, pour comprendre).

À l’échelle des départements de la région, les évolutions sont contrastées. Le département des Hautes-Alpes est le seul à connaître une baisse du nombre de places d’accueil entre 2011 et 2021 (-3 %). Sur la même période, le nombre d’enfants de moins de trois ans baisse fortement (-19 %), de sorte qu’il reste le département présentant le meilleur ratio de places pour 100 enfants de la région. Dans le Var, c’est l’offre de garde chez les assistantes maternelles qui s’est le plus développée entre 2011 et 2021 : 21 % de places supplémentaires contre 12 % pour l’accueil collectif.

Le nombre de places pour 100 enfants de moins de trois ans (ou ratio pour 100 enfants) est obtenu en divisant le nombre de places d’accueil par le nombre d’enfants de moins de trois ans, ce qui permet les comparaisons indépendamment de la taille des territoires. La population des enfants de moins de trois ans est issue des estimations de population 2021 révisées.

Le nombre de places en établissement d’accueil collectif des jeunes enfants inclut les crèches collectives, les haltes garderies ainsi que les crèches familiales. Dans cette étude, les places en jardin d’enfants ne sont pas comptabilisées dans l’accueil collectif, car ces derniers accueillent aussi des enfants de 3 à 6 ans qu’on ne sait pas dissocier.

Le nombre de places d’accueil proposées par les assistantes maternelles est théorique (nombre d’enfants autorisés par agrément soit le nombre maximum que peut accueillir l’assistante maternelle). Ce nombre peut être surestimé car dans la réalité une partie des places peuvent ne pas être pourvues (demande insuffisante, choix de l’assistante maternelle, places proposées à des enfants de plus de trois ans, etc.)

Le modèle Omphale 2022 est utilisé pour réaliser des projections de population (ici jusqu’en 2035). Ces projections ne peuvent s’assimiler à des prévisions. Elles illustrent simplement comment la population évoluerait à l’avenir si les hypothèses démographiques du modèle étaient vérifiées. Plusieurs scénarios sont établis, faisant appel à des hypothèses sur la fécondité, la démographie et les migrations de population. Le plus couramment utilisé est le scénario de tendance centrale. Dans cette étude, c’est celui dit de fécondité basse qui a été retenu. En effet, les tendances récentes de fécondité sont proches des hypothèses de ce scénario.