Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes · Septembre 2025 · n° 159

Le nombre de nuitées réservées via les plateformes en ligne a doublé en 5 ans Hébergements touristiques en Auvergne-Rhône-Alpes

Entre 2018 et 2023, le nombre de nuitées touristiques est passé de 67,7 millions à 82,2 millions dans la région, soit une évolution de +21 % (contre +17 % pour la France entière). Auvergne-Rhône-Alpes prend ainsi la deuxième place des régions françaises à Provence-Alpes-Côte d’Azur, derrière l’Île-de-France.

En 2020 comme en 2021, la crise sanitaire avait de fait limité le nombre de nuitées autour de 50 millions. Les mesures sanitaires mises en place à partir de mars 2020 ont durement touché le secteur touristique régional, mais un peu moins qu’ailleurs, grâce sa saison hivernale qui avait précédé les premiers confinements.

Désormais, l'expansion des plateformes de réservation d'hébergement touristique en ligne (sources) porte principalement la croissance de l'hébergement touristique. En Auvergne-Rhône Alpes, sur les 14,5 millions de nuitées supplémentaires en cinq ans, 11,0 millions sont dues aux plateformes leaders du secteur (AirBnb, Booking, Expedia Group et TripAdvisor), soit une hausse de 109 % par rapport à 2018, contre +6 % pour l’hébergement traditionnel (figure 1). La croissance du nombre de nuitées liées aux plateformes (qui n’inclut ici ni les hôtels, ni les campings ; sources) est plus forte dans les zones les moins touristiques, traduisant un effet de rattrapage. Ainsi, la première région européenne, L’Este espagnol, avec 53 millions de nuitées réservées via les plateformes en 2023, a progressé de 26 % depuis 2018, quand le Centre de la Pologne (0,9 million de nuitées) a bondi de +370 %.

En 2023, 26 % des nuitées touristiques passées en Auvergne-Rhône-Alpes ont été réservées via les plateformes (21,1 millions), soit 11 points de plus qu’en 2018 (contre dix points supplémentaires à l’échelle nationale). Cette part, équivalente à celle de la France, reste très en deçà de l’outre-mer (55 %), seul ensemble de territoires européens où les plateformes supplantent les hébergements traditionnels. Elle est cependant supérieure à la moyenne européenne (18 % en 2023).

Sur les plateformes en ligne, la Haute-Savoie occupe la première place régionale en 2023, avec 30 % des réservations touristiques régionales, soit 6,4 millions de nuitées. Elle se place devant la Savoie qui domine pourtant le nombre total de nuitées (plateformes et hébergements collectifs). La Haute-Savoie contribue, à elle seule, à 29 % de l’augmentation régionale observée sur cinq ans. La contribution des deux départements savoyards atteint pratiquement 50 %.

Au niveau national, la Haute-Savoie occupe la troisième marche du podium pour le nombre de nuitées liées aux plateformes, derrière Paris et les Alpes-Maritimes. En Europe, elle se hisse au 17^e rang, devant les îles Baléares et la Métropole de Florence. Ce classement est dominé par les stations balnéaires du sud de l’Europe et les grandes capitales, comme Paris qui est quatrième.

En Auvergne-Rhône-Alpes, hormis la Haute-Loire et le Cantal (300 000 nuitées chacun), les autres départements totalisent au moins un demi-million de nuitées en 2023. Tous les départements de la région se placent dans la première moitié du palmarès européen et suivent la tendance française d’avoir un meilleur classement sur les plateformes qu’en hébergements collectifs traditionnels (hôtels, campings), à l’exception de la Savoie et de l’Ardèche. Par exemple, la Haute-Savoie n’est qu’au 38^e rang européen sur l’ensemble des nuitées, soit 21 places au-delà de son classement sur les plateformes.

Les départements accueillant le moins de nuitées réservées via les plateformes sont généralement ceux dans lesquels le nombre de ces nuitées a la croissance la plus rapide. Dans la région, ce rythme est particulièrement soutenu dans la Loire (+257 % depuis 2018), et l’Allier (+235 %). Pour le Puy-de-Dôme, la Haute-Loire, le Cantal et l’Ain, cette hausse est d’au moins 156 %. La Loire est d’ailleurs cinquième au niveau national pour la croissance des plateformes, proche des troisième et quatrième (Cher et Haute-Marne, +262 %), mais loin des Ardennes au premier rang (+401 %). Malgré ces hausses soutenues, la part des plateformes dans l’ensemble des nuitées dans ces départements ne dépasse pas la moyenne nationale, sauf dans l’Allier (29 %) et la Loire (37 %).

À l’inverse, les trois départements avec le plus de nuitées sont les seuls, avec l’Ardèche (85 %), à ne pas avoir doublé leurs nuitées dues aux plateformes : le Rhône, +69 %, la Savoie et la Haute-Savoie, +99 %. Bien que la croissance soit très dynamique dans tous les territoires, elle semble plus forte là où le secteur hôtelier est moins développé (figure 2).

Dans la région, la part des nuitées réservées via les plateformes par des touristes venant de l’étranger, dits non-résidents, s’élève à 34 %, soit un peu moins qu’en 2018. Cette proportion est médiane, loin derrière l’Île-de-France (73 %). Les départements attractifs le sont pour tous les touristes qu’ils soient résidents (habitant en France) ou non. En effet, les quatre départements les plus touristiques de la région concentrent 86 % des nuitées de plateformes des non-résidents, contre 66 % des nuitées de résidents. Bien que les visiteurs résidants soient toujours plus nombreux que les non-résidents dans chaque département de la région, la part de ces derniers augmente avec le volume de nuitées. La Haute-Savoie est ainsi le département avec à la fois le plus de nuitées de résidents, et celui qui accueille proportionnellement le plus de non-résidents (figure 3).

Au niveau national, il est d’ailleurs celui qui reçoit le plus de clientèle résidante, devant Paris. Et il est troisième pour l’accueil de non-résidents, dépassé par deux départements fortement tournés vers l’international, Paris et les Alpes-Maritimes.

Le Puy-de-Dôme, cinquième département de la région et 40^e français avec 1,6 million de nuitées issues des plateformes, est au contraire peu tourné vers le tourisme des non-résidents : 25^e rang parmi les résidents, et 65^e rang parmi les non-résidents en volume. Avec 9 % des nuitées dues aux non-résidents, il ne devance que la Guyane et le Cantal (7 %) et Mayotte (8 %).