Insee Première · Juillet 2025 · n° 2067

Les salaires dans la fonction publique hospitalière en 2023 Le salaire net moyen diminue de 0,9 % en euros constants

Fin 2023, 1,2 million de personnes, y compris bénéficiaires de contrats aidés, sont agents de la fonction publique hospitalière (FPH). Le volume de travail sur l’année s’élève également à 1,2 million d’équivalents temps plein (EQTP), répartis pour 87 % dans des hôpitaux et pour 13 % dans des établissements médico-sociaux. Les agents de la FPH sont fonctionnaires en grande majorité (70 %), alors que 22 % sont des non-fonctionnaires (contractuels, bénéficiaires de contrats aidés ou agents relevant d’autres statuts) et 8 % sont des personnels médicaux (hors sages-femmes, réparties dans les catégories des fonctionnaires et des non-fonctionnaires en fonction de leur statut) (figure 1).

En 2023, le salaire net moyen en équivalent temps plein (EQTP) des agents de la FPH s’établit à 2 842 euros par mois, en hausse de 3,9 % en euros courants par rapport à 2022, après +4,8 % l’année précédente. Cette hausse s’explique en premier lieu par l’augmentation de 1,5 % de la valeur du point d’indice de la fonction publique à compter de juillet 2023, après +3,5 % en juillet 2022. À cela s’ajoutent les revalorisations successives de l’indice majoré minimum de traitement (de 352 à 361, +9 points) en lien avec celles du Smic, les mesures salariales prévues par les accords du Ségur de la santé dont la montée en charge s’achève en 2022, ainsi que la surmajoration des heures supplémentaires dans les hôpitaux (décret n° 2021-1544). En complément, les autres mesures salariales mises en place (reconduction de la garantie individuelle du pouvoir d’achat), en particulier celles à destination des bas salaires (modification de la correspondance indice brut/indice majoré en début de grille, prime de pouvoir d’achat exceptionnelle), contribuent aussi à la hausse du salaire net moyen. Cependant, corrigé de la forte inflation qui se poursuit en 2023 (+4,9 %, après +5,2 % en 2022), le salaire net moyen baisse de 0,9 % (figure 2).

Le salaire brut en EQTP atteint en moyenne 3 493 euros par mois. Il baisse de 1,1 % en euros constants par rapport à 2022.

En 2023, le salaire net en EQTP des fonctionnaires de la FPH atteint 2 642 euros nets en moyenne par mois, en baisse de 1,4 % en euros constants par rapport à 2022. Leur salaire brut moyen diminue également de 1,4 %, pour s’établir à 3 256 euros (figure 3). Il comprend à la fois le traitement indiciaire brut (77 % du salaire brut en moyenne) et les primes et rémunérations annexes (23 %).

Le salaire net mensuel moyen des fonctionnaires de catégorie A, de 3 038 euros, et celui des agents de catégorie B, de 2 524 euros, baissent respectivement de 2,7 % et 1,7 % en euros constants par rapport à 2022 (figure 4). Celui des agents de catégorie C progresse en revanche de 0,9 % pour s’établir à 2 129 euros. Cette augmentation résulte notamment de la prime de pouvoir d’achat exceptionnelle qui concerne particulièrement cette catégorie, ainsi que des revalorisations du minimum de traitement en janvier et mai 2023.

En 2023, les non-fonctionnaires, hors personnels médicaux, perçoivent en moyenne 2 132 euros nets par mois en EQTP, soit 1,2 % de plus qu’en 2022 en euros constants. En effet, avec des salaires inférieurs à ceux des agents titulaires, ils ont davantage bénéficié des mesures de préservation du pouvoir d’achat. Le salaire net mensuel moyen des personnels médicaux, de 6 812 euros est, quant à lui, quasi stable (+0,1 %) en euros constants, après une baisse de 1,5 % en 2022, en lien notamment avec une hausse de leurs rémunérations des heures supplémentaires.

En 2023, la moitié des salariés de la FPH gagnent moins de 2 431 euros nets par mois en équivalent temps plein (figure 5). Ce salaire médian recule de 0,5 % en euros constants par rapport à 2022. Les 10 % des salariés les moins bien rémunérés perçoivent moins de 1 859 euros nets par mois en EQTP (1^er décile ou D1). Ce seuil a augmenté de 2,2 % en euros constants en un an. À l’autre extrémité de l’échelle des revenus, les 10 % les mieux rémunérés gagnent plus de 3 927 euros (9^e décile ou D9), un montant en baisse de 3,4 % en euros constants. Les disparités salariales baissent donc par rapport à 2022, le rapport interdécile (D9/D1) diminuant de 0,12 point en 2023. Cette réduction des disparités salariales dans la FPH résulte de la baisse des salaires en euros constants des agents les plus rémunérés, alors que le pouvoir d’achat des premiers déciles de salaires a été préservé par différentes mesures, dont le versement de la prime de pouvoir d’achat exceptionnelle aux agents dont le salaire brut est inférieur à 3 250 euros.

La diminution des disparités salariales se retrouve au sein de chaque grande catégorie d’agents. Les 10 % des personnels médicaux les moins bien rémunérés perçoivent moins de 3 588 euros nets par mois en EQTP. Ce seuil progresse de 2,2 % en euros constants en un an. À l’opposé, les 10 % les mieux rémunérés gagnent plus de 10 163 euros, un montant en baisse de 0,8 % en euros constants. Ainsi, pour les personnels médicaux, les disparités salariales diminuent, avec un rapport interdécile (D9/D1) qui baisse de 0,09 point et atteint 2,83. Pour les non-fonctionnaires, le rapport interdécile (D9/D1) baisse de 0,04 point à 1,58. Enfin, parmi les fonctionnaires, le rapport interdécile est de 1,74 en 2023, en baisse de 0,09 point sur l’année.

En 2023, le salaire net en EQTP des femmes dans la FPH s’élève en moyenne à 2 704 euros par mois, soit 19,1 % de moins que celui des hommes (3 344 euros), ce qui est très supérieur à l’écart salarial dans l’ensemble de la fonction publique (9,9 %). Cet écart plus marqué dans la FPH s’explique par un déficit de représentation des femmes dans les emplois les plus rémunérateurs particulièrement accentué : parmi les 10 % des agents les mieux rémunérés, 59 % sont des femmes, alors qu’elles représentent 78 % des agents de la FPH et 79 % parmi les 10 % des agents les moins rémunérés. L’écart de salaire moyen entre les femmes et les hommes continue toutefois de baisser au sein de la FPH : -0,7 point en un an, après -1,2 point l’année précédente. De fait, en 2023, le salaire net moyen en euros constants des hommes diminue davantage (-1,5 %) que celui des femmes (-0,7 %).

En revanche, à statut donné, les écarts salariaux entre les femmes et les hommes sont bien plus réduits. Parmi les fonctionnaires de la FPH, les femmes gagnent en moyenne 1,1 % de moins que les hommes en 2023, 6,6 % de moins parmi les non-fonctionnaires ; l’écart culmine à 14,0 % au sein des personnels médicaux, les femmes étant particulièrement plus jeunes dans cette catégorie.

Au total, à profil identique, c’est-à-dire à âge, qualification (approchée ici par le grade), statut et type d’employeur (hôpitaux ou établissements médico-sociaux) identiques, les femmes perçoivent 4,2 % de moins que les hommes, un écart en baisse de 0,2 point (4,4 % en 2022).

Les salariés en place, c’est-à-dire présents du 1^er janvier 2022 au 31 décembre 2023 chez le même employeur et avec la même quotité de temps de travail pendant les deux années, représentent près de sept dixièmes du volume de travail de la FPH en 2022. Les fonctionnaires – particulièrement les agents de catégorie B ou C –, les hommes et les agents en seconde partie de carrière figurent parmi les salariés de la FPH restant le plus souvent en place. Le salaire net moyen des salariés présents deux années consécutives, appelé rémunération moyenne des personnes en place (RMPP), est presque stable en 2023 en euros constants (+0,1 %). La hausse reflétant les effets positifs des gains d’ancienneté, des progressions de carrière et des mesures de revalorisation salariale est presque compensée par l’effet de l’inflation. Cette quasi-stabilité résulte aussi de mouvements différents par statut. Pour les fonctionnaires, après quatre ans de hausse, la RMPP diminue de 0,7 % en euros constants, notamment pour les catégories A (-1,5 %) et B (-0,7 %). En revanche, la RMPP augmente pour les catégories C (+1,3 %), les non-fonctionnaires (+2,9 %) et les personnels médicaux (+1,3 %).

Outre les personnes en place, 18 % des salariés de 2023 sont « entrés » dans la FPH en 2022 ou 2023 et 16 % des salariés de 2022 sont « sortis » en 2022 ou en 2023. Enfin, 9 % des agents de 2023 sont désignés comme « fluctuants » : soit ils n’ont travaillé qu’une partie de 2022 et une partie de 2023, soit ils ont changé d’employeur ou de quotité de temps de travail au cours de ces deux années. Les femmes, les agents de moins de 40 ans, les non-fonctionnaires et les personnels médicaux, ainsi que les personnels des services de soins et les personnels éducatifs et sociaux, sont surreprésentés dans ce groupe.

La baisse du salaire net moyen de l’ensemble des agents en 2023 (-0,9 % en euros constants) résulte des évolutions des salaires et des effectifs de chacun de ces groupes. En 2023, l’évolution du salaire moyen de l’ensemble de la FPH s’explique quasi exclusivement par l’écart de salaire moyen entre les « entrants » et les « sortants » (contribution de -0,9 point) : cela résulte du fait que les jeunes générations entrantes sont moins rémunérées que les plus âgées sortantes (« effet de noria »). En revanche, la contribution de la hausse de la RMPP (+0,1 point) est compensée par celle de la variation des effectifs des différents groupes (-0,1 point), tandis que celle de l’évolution de la rémunération des « fluctuants » est nulle.