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Insee Flash Pays de la Loire · Juillet 2025 · n° 155
Insee Flash Pays de la LoirePolluants atmosphériques : malgré des volumes élevés, des émissions en baisse

Adeline Cottin, Isabelle Delhomme (Insee)

Les polluants atmosphériques sont des gaz ou particules qui modifient la composition de l’air et ont des répercussions avérées sur la santé. Dans les Pays de la Loire, leurs émissions sont en baisse depuis 2008.

En 2021, les émissions d’ammoniac par habitant, essentiellement issues de l’agriculture, sont deux fois plus élevées qu’au niveau national. Les émissions de particules sont aussi surreprésentées dans la région, en lien avec l’agriculture et le secteur résidentiel et tertiaire. Celles des oxydes d’azote, polluants marqueurs du transport, et celles des composés organiques volatils sont plus présentes dans la région. Les émissions de dioxyde de soufre sont, quant à elles, plus faibles.

Insee Flash Pays de la Loire
No 155
Paru le :Paru le03/07/2025
Insee - Polluants atmosphériques dans les Pays de la Loire.
Publication rédigée par :Adeline Cottin, Isabelle Delhomme (Insee)

Les polluants atmosphériques, des effets sur la santé

La qualité de l’air que nous respirons peut être modifiée par des gaz ou des particules nuisibles, appelés polluants atmosphériques (encadré 1). Ils peuvent être d’origine naturelle (pollens, poussières du désert, gaz d’éruptions volcaniques, etc.) ou issus de l’activité humaine (agriculture, chauffage, transport, etc.).

La pollution atmosphérique affecte les systèmes cardiovasculaire, métabolique et respiratoire. Ainsi, au-delà des effets environnementaux, elle constitue un enjeu de santé publique. Dans la région, jusqu’à 1 400 nouveaux cas de maladies respiratoires chez l’enfant et jusqu’à 2 600 nouveaux cas de maladies cardiovasculaires, métaboliques et respiratoires chez l’adulte pourraient être évités chaque année si les niveaux de pollution de l’air respectaient les préconisations de l’Organisation mondiale de la Santé [Liébert, 2025 ; pour en savoir plus (2)].

Les polluants étudiés sont ceux identifiés dans le décret du 28 juin 2016 relatif au plan climat-air-énergie (pour comprendre). Dans les Pays de la Loire, leurs émissions diminuent depuis 2008 (figure 1). En 2020, la crise sanitaire a généré une chute exceptionnelle des émissions du fait des mesures de confinement et des restrictions de déplacements. Malgré un léger rebond en 2021, la réduction des émissions se confirme.

Figure 1Évolutions des émissions des principaux polluants atmosphériques dans les Pays de la Loire

(base 100 en 2008)
Évolutions des émissions des principaux polluants atmosphériques dans les Pays de la Loire ((base 100 en 2008)) - Lecture : Les émissions de SO2 diminuent de 66 % entre 2008 et 2021 dans les Pays de la Loire.
Année Ammoniac (NH3) Particules < 10µm (PM10) Particules fines < 2,5µm (PM2,5) Oxydes d'azote (NOx) Dioxyde de soufre (SO2) Composés organiques volatils non méthaniques (COVNM)
2008 100 100 100 100 100 100
2009 98 95 94 96 109 92
2010 96 96 97 94 95 95
2011 94 87 82 85 70 86
2012 94 89 86 85 71 84
2013 95 90 86 85 65 83
2014 97 86 78 78 56 80
2015 100 84 77 73 45 77
2016 102 82 77 68 38 75
2017 100 80 74 69 54 75
2018 96 78 71 64 48 73
2019 90 76 69 60 36 71
2020 87 71 63 49 26 67
2021(p) 90 75 67 58 34 70
  • (p) : Données 2021 provisoires.
  • Lecture : Les émissions de SO2 diminuent de 66 % entre 2008 et 2021 dans les Pays de la Loire.
  • Source : BASEMIS®, version 7, Air Pays de la Loire.

Figure 1Évolutions des émissions des principaux polluants atmosphériques dans les Pays de la Loire

  • (p) : Données 2021 provisoires.
  • Lecture : Les émissions de SO2 diminuent de 66 % entre 2008 et 2021 dans les Pays de la Loire.
  • Source : BASEMIS®, version 7, Air Pays de la Loire.

Deux fois plus d’émissions d’ammoniac par habitant dans les Pays de la Loire, en lien avec l’agriculture

Dans les Pays de la Loire, 66,8 kilotonnes (kt) d’ammoniac (NH3) sont émis en 2021, soit 12 % des émissions nationales (figure 2). Rapportées à la population, elles sont deux fois plus élevées qu’en France métropolitaine : 17,3 kilogrammes par habitant (kg/habitant) dans la région, contre 8,8. L’ammoniac est un gaz irritant pour le système respiratoire, les yeux et la peau. Il peut provoquer des brûlures, des œdèmes pulmonaires et être mortel à forte dose.

Figure 2Émissions des principaux polluants atmosphériques dans les Pays de la Loire selon le secteur en 2021

Émissions des principaux polluants atmosphériques dans les Pays de la Loire selon le secteur en 2021 - Lecture : Dans les Pays de la Loire, 66,8 kilotonnes d’ammoniac sont émis en 2021, dont 98,4 % dans l’agriculture, 1,0 % dans l’industrie, 0,4 % dans le transport et 0,2 % dans le secteur résidentiel et tertiaire.
Type de polluant Émissions totales Agriculture Industrie Transport Résidentiel et tertiaire
en kilotonnes en % en % en % en %
Ammoniac (NH3) 66,8 98,4 1,0 0,4 0,2
Particules < 10µm (PM10) 16,3 45,5 19,6 12,2 22,7
dont Particules fines < 2,5µm (PM2,5) 7,9 21,4 18,3 16,6 43,7
Oxydes d'azote (NOx) 43,2 7,1 21,3 62,9 8,7
Dioxyde de soufre (SO2) 5,3 0,6 75,3 8,9 15,2
Composés organiques volatils non méthaniques (COVNM) 37,7 1,6 48,0 5,1 45,3
  • Note : Données 2021 provisoires.
  • Lecture : Dans les Pays de la Loire, 66,8 kilotonnes d’ammoniac sont émis en 2021, dont 98,4 % dans l’agriculture, 1,0 % dans l’industrie, 0,4 % dans le transport et 0,2 % dans le secteur résidentiel et tertiaire.
  • Source : BASEMIS®, version 7, Air Pays de la Loire.

Le secteur agricole est le principal émetteur d’ammoniac : 98 % des émissions de la région et 93 % en France métropolitaine. Ce gaz provient principalement des engrais azotés épandus et de l’élevage.

Entre 2008 et 2021, les émissions d’ammoniac baissent de 10 % dans les Pays de la Loire, en lien avec un cheptel en diminution [Robert, 2025 ; pour en savoir plus (1)].

Des émissions de particules par habitant surreprésentées dans la région

En 2021, les émissions de particules inférieures à 10 µm (PM10) atteignent 16,3 kt dans les Pays de la Loire, soit 8 % des émissions nationales. Elles sont davantage présentes dans la région, avec 4,2 kg/habitant contre 3,0 kg/habitant en France métropolitaine. Selon leur taille, les particules peuvent atteindre plus ou moins profondément le système pulmonaire et provoquer des affections respiratoires (asthme, maladies pulmonaires, etc.). En 2020, 5 % des Ligériens sont pris en charge pour des maladies respiratoires, proportion moindre qu’en France métropolitaine [Galland, 2023 ; pour en savoir plus (4)].

Dans les Pays de la Loire, le secteur agricole est le premier émetteur de PM10, avec 46 % des émissions en 2021, alors qu’il ne rassemble que 25 % au niveau national. Ces particules sont issues du travail des sols et des moissons, mais aussi du chauffage au bois (en particulier le chauffage au bois individuel, peu performant), des carrières et des chantiers de BTP.

Depuis 2008, leurs émissions diminuent de 25 % dans la région. Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer : la baisse de l’élevage et l’évolution des pratiques agricoles, l’amélioration des moyens de combustion dans les secteurs industriel et résidentiel, et les progrès dans l’automobile avec l’introduction en 2011 des filtres à particules sur les véhicules diesel.

La moitié des PM10 émises dans la région sont inférieures à 2,5 µm (PM2,5). Avec 7,9 kt émises en 2021 dans les Pays de la Loire, les PM2,5 constituent 7 % des émissions nationales. Rapportées à la population, elles sont légèrement plus élevées qu’en France métropolitaine : 2,1 kg/habitant, contre 1,9 kg/habitant. Ces particules plus fines affectent davantage la santé, avec aussi des impacts cardiovasculaires. En effet, une hausse de particules fines génère un surcroît de mortalité pour cause cardiovasculaire les jours de pollution [Godzinski, 2021 ; pour en savoir plus (5)]. Par ailleurs, en 2020, 8 % des Ligériens sont pris en charge pour des maladies cardiovasculaires, moins qu’au niveau national.

Dans la région, 44 % des PM2,5 sont émises par le secteur résidentiel et tertiaire. L’amélioration des technologies des systèmes de chauffage et le remplacement des appareils fortement émetteurs participent à la baisse de 33 % des émissions régionales depuis 2008. Le développement des bonnes pratiques d’usage (utilisation de bois secs, allumage inversé) contribue également à baisser les émissions.

Les oxydes d’azote, polluants caractéristiques des émissions du transport

Avec 43,2 kt propagées en 2021, les émissions d’oxydes d’azote (NOx) des Pays de la Loire représentent 7 % des émissions nationales. Elles sont surreprésentées dans la région avec 11,2 kg/habitant, contre 9,4 kg/habitant en France métropolitaine.

Dans les Pays de la Loire, 63 % des émissions de NOx proviennent du secteur du transport, contre 53 % au niveau national. Le monoxyde d’azote émane principalement des pots d’échappement et se transforme en dioxyde d’azote avec l’oxygène présent dans l’air. Il irrite les bronches, augmente la fréquence et la gravité des crises pour les personnes asthmatiques et contribue aux infections pulmonaires des enfants.

Depuis 2008, les émissions de NOx diminuent de 42 % dans la région, notamment grâce à des motorisations plus performantes, moins polluantes et au renouvellement du parc automobile [Delhomme, 2024 ; pour en savoir plus (3)].

Les composés organiques volatils : des émissions par habitant plus élevées dans la région

Les émissions de composés organiques volatils non méthaniques (COVNM) sont plus élevées dans les Pays de la Loire : 9,8 kg/habitant, contre 8,8 kg/habitant au niveau national. Avec un total de 37,7 kt en 2021, les émissions ligériennes représentent 7 % des émissions nationales. Les COVNM sont des espèces gazeuses qui proviennent notamment de phénomènes de combustion ou d'évaporation. Ils contribuent à la formation d'autres polluants et peuvent avoir des effets mutagènes et cancérigènes.

Les COVNM sont principalement issus des solvants industriels et domestiques. Ainsi, les émissions régionales se partagent essentiellement entre le secteur industriel (48 %) et le secteur résidentiel et tertiaire (45 %). Depuis 2008, leurs émissions diminuent de 30 % dans la région, suite aux normes européennes qui modifient l’usage des solvants.

Moins d'émissions de dioxyde de soufre dans la région

En 2021, 5 % des émissions nationales de dioxyde de soufre (SO2) proviennent des Pays de la Loire, soit 5,3 kt. Elles sont légèrement plus faibles dans la région, avec 1,4 kg par Ligérien, contre 1,5 kg/habitant en France métropolitaine. Le dioxyde de soufre se forme par le mélange des impuretés soufrées des combustibles fossiles avec l’oxygène de l’air durant la combustion et le raffinage du pétrole. Il est donc principalement émis par le secteur industriel (75 %). Ce gaz est irritant pour les muqueuses, la peau et les voies respiratoires. Un microgramme supplémentaire de SO2 par mètre cube dans l’air ambiant entraîne, chaque jour, 9,6 admissions en plus aux urgences et 3,8 décès supplémentaires avec une cause respiratoire pour dix millions d’habitants.

Depuis 2008, dans les Pays de la Loire, les émissions de SO2 baissent de 66 %. Cette diminution est en lien avec une activité réduite de la raffinerie de Donges et de la centrale de Cordemais, couplée à une baisse des teneurs en souffre des produits pétroliers et des consommations de combustibles fossiles (charbons, fiouls lourds, etc.).

Encadré 1 - Différences entre polluants atmosphériques et gaz à effet de serre

Les polluants atmosphériques ont un impact d’envergure locale à continentale, avec une durée de vie plus courte que les gaz à effet de serre (GES). Ils ont des effets néfastes aussi bien sur l’environnement (pluies acides, contribution indirecte au changement climatique, etc.) que sur la santé (troubles respiratoires, cardio-vasculaires, effets cancérigènes, etc.). Les GES ont, quant à eux, un effet sur le climat à l’échelle mondiale sur le long terme. L’augmentation de leur concentration dans l’atmosphère est due aux activités humaines. Bien que leurs effets soient différents, les émissions de GES et de polluants atmosphériques présentent des sources d’émissions communes et sont étroitement liées. Par exemple, les émissions de dioxyde de carbone (CO2) ou d’oxydes d’azote (NOx) ont pour principale source la combustion d’énergies fossiles liée aux transports, au chauffage et aux activités industrielles. Ainsi, il est intéressant d’agir en synergie à la fois sur les enjeux climatiques et de pollution dans l’air.

Encadré 2 - Partenariat

Cette étude est issue d’un partenariat entre l’Insee et Air Pays de la Loire.

Publication rédigée par :Adeline Cottin, Isabelle Delhomme (Insee)

Pour comprendre

BASEMIS® est l’inventaire régional des consommations d’énergie, productions d’énergie renouvelable, émissions de gaz à effet de serre et polluants atmosphériques établi par Ouvrir dans un nouvel ongletAir Pays de la Loire, association agréée par le ministère de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche. Elle assure la surveillance de la qualité de l’air dans les Pays de la Loire.

Les chiffres présentés dans cette étude sont issus de la 7e version de cet inventaire [Air Pays de la Loire ; pour en savoir plus (6)] au format Secteurs économiques et énergie (Secten), et sont comparables aux données utilisées dans l'Insee Analyse Pays de la Loire no 131 sur les émissions de gaz à effet de serre. L’année 2021 regroupe des données provisoires.

Les particules étudiées correspondent à celles émises directement dans l’atmosphère (particules primaires). Les particules secondaires, issues de réactions chimiques entre plusieurs composants, ne sont pas recensées dans cette étude ; bien qu’elles aient également un impact sur la santé et l’environnement.

Dans cette 7e version de l’inventaire, les particules condensables liées à la consommation de bois-énergie résidentiel ne sont pas prises en compte dans les émissions de PM2,5. Cette modification de méthodologie, qui répond aux exigences européennes, intervient à partir de la version 8 de BASEMIS®. De plus, les émissions biotiques agricoles des COVNM et NOx sont exclues des données régionales et nationales (dans cette étude), afin d'être en cohérence avec les objectifs de réduction des émissions fixés dans le Plan national de réduction des émissions de polluants atmosphériques (Prepa).

Les émissions sont exprimées en masse de substance émises par an et sont issues de calculs et de déclarations. Elles ne représentent pas les concentrations de polluants qui sont mesurées dans l’air par les stations de mesure.

Les polluants atmosphériques issus du secteur agricole proviennent des cultures, de la production animale, des consommations d’énergie des bâtiments et engins agricoles et forestiers, de la sylviculture et de l’exploitation forestière. Les polluants issus de la pêche sont comptabilisés dans le secteur des transports.

Publication rédigée par :Adeline Cottin, Isabelle Delhomme (Insee)

Pour en savoir plus

(1) Robert B., « Ouvrir dans un nouvel ongletPays de la Loire : l’une des principales régions de production bovine », Agreste, Essentiel Pays de la Loire no 02, février 2025.

(2) Liébert A-H., King L., « Ouvrir dans un nouvel ongletEstimation des bénéfices potentiels pour la santé d’une amélioration de la qualité de l’air ambiant en Pays de la Loire », Santé publique France, janvier 2025.

(3) Delhomme I., Le Bihan E., « Des émissions de gaz à effet de serre liées aux spécificités sectorielles des territoires », Insee Analyses Pays de la Loire no 131, août 2024.

(4) Galland C. et al., « Ouvrir dans un nouvel ongletVue d’ensemble de la santé des habitants des Pays de la Loire », Observatoire régional de la santé Pays de la Loire, #1 La santé observée, juin 2023.

(5) Godzinski A., Suarez Castillo M., « Selon les polluants atmosphériques, les effets immédiats sur les admissions aux urgences et sur la mortalité diffèrent », Insee Analyses no 67, juillet 2021.

(6) Ouvrir dans un nouvel ongletRapport annuel 2022 », Air Pays de la Loire.