Insee Première · Juin 2025 · n° 2056

La consommation des ménages en 2024 La consommation des ménages n’accélère que légèrement malgré le ralentissement des prix

Après des rebonds de +5,2 % en 2021 et de +3,2 % en 2022, suivis d’un fort ralentissement en 2023 (+0,6 %), la dépense de consommation finale des ménages augmente de 1,0 % en volume en 2024 (figure 1) (figure 2). Elle contribue pour +0,5 point à la croissance du produit intérieur brut (PIB, +1,2 %). Les prix à la consommation décélèrent fortement en 2024 à +2,2 %, après +7,0 % en 2023 : les prix de l’alimentaire en particulier ralentissent à +1,3 % après une forte hausse en 2023 (+12,2 %) liée au contexte géopolitique (guerre en Ukraine, augmentation des prix de l’énergie). Les prix des services financiers croissent de +4,3 % après une très forte hausse en 2023 due à l’augmentation des taux d’intérêt (encadré 1). La hausse de la consommation effective des ménages, incluant les dépenses directement financées par la collectivité, est légèrement plus marquée (+1,1 %). En effet, la dépense de consommation individualisable des administrations publiques (APU) croît un peu plus fortement que celle des ménages (+1,3 %), comme celle des institutions sans but lucratif au service des ménages (+1,6 %).

En 2024, les dépenses en produits alimentaires stagnent (+0,1 % en volume, après -3,1 % en 2023), malgré des prix qui augmentent beaucoup moins qu’en 2023 (+1,3 % après +12,2 %). Les dépenses en poissons, légumes ou en viandes notamment continuent de baisser, tandis que celles de produits à base de céréales continuent d’augmenter.

La consommation en boissons à domicile décroît à nouveau en 2024, plus particulièrement pour les boissons alcoolisées (-3,6 % après -5,4 %). Les achats de tabac sont également en forte baisse (-9,1 % après -5,7 %) : contrairement aux autres produits alimentaires, les prix du tabac augmentent fortement (+9,5 % après +7,7 %), avec des hausses de tarifs en janvier puis en mars 2024.

Les dépenses de logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles augmentent légèrement en 2024, +1,2 % après +0,7 % en 2023. Les loyers réels augmentent à un rythme légèrement moins soutenu qu’en 2023 (+2,3 % après +2,5 %), mais suivent globalement un rythme stable depuis 2015. Les loyers imputés augmentent quant à eux de 1,2 % en 2024, dans la tendance des années précédentes. Les dépenses des ménages en électricité, gaz et autres combustibles rebondissent légèrement en 2024 (+1,3 %, après -3,2 % en 2023 et -10,9 % en 2022), malgré des prix qui continuent d’augmenter fortement (+11,5 % après +13,3 % et +15,3 %). Le retour à des températures plus basses que les deux dernières années explique en partie cette augmentation.

Les dépenses en transports continuent d’augmenter en 2024, mais à un rythme moindre qu’en 2023 (+1,6 % après +3,4 %). En particulier, les dépenses en services de transport ralentissent (+5,3 % en volume), après des fortes hausses en sortie de crise du Covid-19 (+45,6 % en 2022 et +7,8 % en 2023). Les dépenses en carburants et lubrifiants augmentent (+1,8 %, après -3,3 % en 2023 en volume), en lien avec des prix en baisse (-4,7 %).

En revanche, les achats de véhicules diminuent (-1,3 %) : cette baisse fait suite à une forte augmentation en 2023 (+12,0 %), conséquence de la fin des difficultés de production et d’approvisionnement. Les achats de voitures neuves baissent particulièrement en 2024 (-5,8 % après +18,6 %), tandis que le marché de l’occasion reste florissant (+9,6 %). Les achats de motocycles baissent également (-2,2 % après +9,0 %). Par ailleurs, la demande en vélos continue de s’essouffler en 2024 (-10,5 % après -7,3 %), après des équipements massifs en 2020 et 2021 à la suite de la crise sanitaire.

Après deux années de forte hausse en 2021 et 2022, les dépenses en hébergement et restauration décélèrent, à +2,3 % en 2024 après +3,3 % en 2023. Pour les services de restauration, les dépenses augmentent de +2,2 %, après +3,1 %, alors que les prix décélèrent (+3,2 % après +5,6 %). Pour les services d’hébergement, les dépenses ralentissent, à +2,6 % après +4,2 %, et les prix continuent d’augmenter (+3,6 % après +3,3 %). L’année 2024 est par ailleurs marquée par l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) en France (encadré 2) : le ralentissement de la consommation en hébergement et restauration semble suggérer que cet évènement a un impact limité sur l’ensemble de l’année 2024 avec un potentiel effet de substitution avec des dépenses qui ont pu être reportées à cause des JOP.

Les dépenses en loisirs, sport et culture continuent d’augmenter au même rythme qu’en 2023 (+3,3 % en volume), avec des effets contrastés selon les postes de dépenses.

Les dépenses en services récréatifs accélèrent (+12,8 % après +4,2 %), portées par l’achat de billets, notamment pour les JOP, mais aussi par les jeux de hasard, probablement en lien avec les JOP et le championnat d’Europe de football masculin. En revanche, les dépenses en services culturels ralentissent (+4,0 % après +10,5 %).

Les dépenses des ménages en presse, livres et papeterie poursuivent leur chute continue depuis 2007, à l’exception de l’année 2021 (rebond transitoire des achats de livres).

Par ailleurs, les dépenses en jeux, jouets et articles de sport diminuent (-0,6 % en 2024, après +5,4 %), notamment à cause de la chute des ventes de consoles de jeux vidéos. Une forte hausse des achats de consoles avait marqué l’année 2023, suite à la commercialisation d’un nouveau modèle de console et des pénuries en 2022.

La consommation en meubles et appareils ménagers baisse de -2,1 % en volume en 2024, après -5,3 % et -4,0 % les deux années précédentes, et ce malgré des prix stabilisés (-0,2 % après +6,2 %). Cependant, si les achats de meubles, articles d’ameublement et tapis baissent pour la troisième année consécutive (-5,1 % en 2024), les achats d’appareils ménagers rebondissent en 2024 (+2,3 % après -5,3 %), notamment grâce au succès de nouveaux produits comme les air fryers ou les aspirateurs laveurs.

La consommation des ménages en santé est en grande partie prise en charge par les administrations publiques (78,8 % de la consommation totale effective). Ainsi, les dépenses des ménages (avant paiements et remboursements des mutuelles) n’en représentent que 21,2 %.

En raison des mesures de déremboursement en 2024, la hausse de la consommation est plus élevée pour les ménages (+4,6 % en 2024 en volume, après +2,4 %) que pour les administrations publiques (+3,2 % après +1,5 %). En particulier, les restes à charge des ménages en médicaments et soins de ville accélèrent sous l’effet des hausses des franchises médicales en mars 2024 et du doublement de la participation forfaitaire en mai 2024.

En 2024, la dépense de consommation finale des ménages dépasse son niveau de 2019 en volume (+3,5 %), mais est inférieure au niveau qu’elle aurait atteint en évoluant selon sa tendance en volume d’avant-crise sanitaire (-2,9 % par rapport à la tendance 2015-2019). C’est le cas de nombreux postes de dépenses.

En particulier, les dépenses en transports, très affectées en 2020 par la crise sanitaire, restent en 2024 très en deçà de leur tendance d’avant-crise (-12,8 % par rapport à la tendance 2015-2019), mais aussi de leur niveau de 2019 (-2,7 %). De même, les dépenses en meubles et articles de ménage et entretien courant du foyer sont en deçà de leur tendance d’avant crise (-10,7 %), tout comme les dépenses en articles d’habillement et en chaussures (-5,6 %), en boissons alcoolisées et tabac (-5,3 %) et en produits alimentaires et boissons non alcoolisées (-3,8 %). En revanche, les dépenses en loisirs, sport et culture, fortement affectées par la crise sanitaire, retrouvent cette année leur tendance d’avant-crise, tout comme celles de logement, eau, gaz et électricité, affichant une progression nette par rapport à leur niveau de 2019 (respectivement +9,5 % et +5,6 %).

À l’inverse, quelques postes de dépenses dépassent même en 2024 leur tendance d’avant-crise : les dépenses de santé (+8,2 %), les dépenses en information et communication (+5,6 %) et dans une moindre mesure celles en hébergement et restauration (+0,7 %).

En 2024, les dépenses des touristes étrangers en France (71,6 milliards d’euros, +6,7 %) augmentent davantage que celles des résidents français à l’étranger (55,2 milliards d’euros, +4,7 %), en partie grâce à la tenue des JOP en France : les non-résidents français ont réalisé un tiers des achats de billetterie des JOP (pour environ 500 millions d’euros). Ces deux postes de dépenses touristiques dépassent sensiblement leur niveau d’avant crise, tout comme leur solde, appelé correction territoriale (-16,4 milliards d’euros en 2024, -8,5 milliards d’euros en 2019).

En valeur, le revenu disponible brut (RDB) continue d’augmenter (+4,8 % en 2024 après +7,9 %), porté par les revalorisations induites par l’inflation élevée de 2023, notamment sur les retraites (figure 2). Par ailleurs, le prix de la dépense de consommation finale des ménages ralentit nettement en 2024. En conséquence, le pouvoir d’achat augmente de nouveau en 2024, à un rythme plus fort (+2,6 %, après +0,8 % en 2023).

Les dépenses de consommation finale augmentent à un rythme moins soutenu en volume (+1,0 % après +0,6 %) que le pouvoir d’achat du RDB. Ainsi, le taux d’épargne des ménages, qui a atteint un pic en 2020 puis baissé en 2021 et 2022, augmente à nouveau en 2024, à 18,2 % du RDB, après 17,0 % en 2023. Il reste à un niveau nettement plus élevé que sa moyenne entre 2015 et 2019 (14,1 %).

Une fois ramené au niveau individuel et en tenant compte de l’évolution de la taille des ménages, le pouvoir d’achat augmente moins fortement (pouvoir d’achat du RDB par unité de consommation : +2,1 % en 2024, après +0,3 % en 2023).

En valeur, les dépenses dites pré-engagées augmentent en 2024 (+5,0 %), portées notamment par les dépenses en services d’information et de communication (+4,6 %). Ces dépenses augmentent plus que le RDB (+4,8 %) : une fois déduites ces dépenses, le revenu arbitrable est légèrement moins dynamique en valeur que le RDB (+4,7 %). En volume, le pouvoir d’achat du revenu arbitrable augmente cependant davantage que le pouvoir d’achat du RDB, car le prix des dépenses pré-engagées est plus dynamique que le reste des dépenses (+3,6 % contre +2,2 % pour le total des dépenses) du fait de la hausse des prix de l’énergie notamment.