Insee Analyses Pays de la Loire · Avril 2025 · n° 142

Un emploi de la plaque militaire angevine génère 0,25 emploi dans sa zone d’influence

L’ensemble militaire nommé « plaque angevine » comprend 19 entités du ministère des Armées implantées sur les communes d’Angers, de Montreuil-Juigné et des Ponts-de-Cé. Ces entités se répartissent en sept unités opérationnelles qui concentrent 57 % des effectifs militaires et civils, deux organismes de formation (20 %), six unités de soutien national (12 %) et quatre unités de soutien local (11 %). Pour cette étude, la plaque angevine désigne un champ restreint à 12 établissements (encadré 1).

Par leur présence et leur activité, les établissements militaires de la plaque angevine marquent leur empreinte sur le territoire. Ils génèrent des retombées démographiques et économiques, principalement à Angers, au nord et à l’ouest de la métropole, ainsi que dans quelques communes plus isolées à l’est et au sud. Cette influence couvre un périmètre géographique composé de 47 communes, appelé zone d’influence (figure 1).

La morphologie de la zone d’influence est étroitement liée au lieu d’implantation des sites de la plaque angevine. En effet, les sites militaires localisés dans les trois communes d’Angers, de Montreuil-Juigné et des Ponts-de-Cé incitent les personnels et leurs familles à résider plutôt à proximité.

De plus, cette zone au nord-ouest d’Angers est bien desservie par les infrastructures routières. L’un des axes majeurs est la route départementale 775 en 2×2 voies, qui facilite les déplacements en direction de Rennes. Cet axe est complété par le carrefour routier au niveau de la commune du Lion d’Angers, avec la D962 en direction de Laval et la D770 qui assure une liaison est-ouest.

À l’inverse, malgré un réseau routier développé, le sud d’Angers est plus difficile d’accès : la présence de la Loire constitue une barrière naturelle et le franchissement par les ponts complique les déplacements aux heures de pointe. Les prix de l’immobilier y sont également plus élevés, notamment en raison de la proximité de la Loire et du vignoble d’Anjou-Saumur qui favorisent l’attrait résidentiel. Ainsi, en 2022, dans l’intercommunalité de Loire Layon Aubance (au sud d’Angers), le prix de vente médian au mètre carré des logements anciens est 14 % plus élevé que celui de l’intercommunalité des Vallées du Haut-Anjou (au nord-ouest d’Angers).

La faible implantation à l’est s’explique par la présence de plusieurs cours d’eau et de zones inondables qui limitent le développement urbain. Cependant, l’autoroute A11 et la voie ferrée permettent un accès relativement aisé à certaines communes, telles que Seiches-sur-le-Loir, commune intégrée à la zone d’influence.

En 2024, les 1 960 emplois des établissements étudiés de la plaque angevine génèrent 500 emplois au sein de la zone d’influence (pour comprendre), soit un total de 2 460 emplois (figure 2). Chaque emploi de la plaque angevine crée ainsi 0,25 emploi supplémentaire dans cette zone. Ce ratio se situe dans la moyenne de ce qui a été observé ces quatre dernières années pour d’autres sites militaires tels que le 126^e régiment d’infanterie de Brive-la-Gaillarde, la base aérienne 115 d’Orange, la base aérienne 113 de Saint-Dizier, le 3^e régiment d’hélicoptères de combat d’Étain ou encore les entités du ministère des Armées dans les territoires alpins.

L’influence économique des 12 établissements étudiés se décompose en trois effets. L’effet direct comptabilise le personnel militaire et civil de la plaque angevine. L’effet indirect évalue l’emploi généré par les commandes passées par les établissements militaires auprès d’entreprises locales (fournisseurs, sous-traitants, prestataires de services). L’effet induit estime les emplois générés par la consommation des salariés occupant les emplois directs et indirects, ainsi que par celle de leurs familles. La combinaison de ces trois composantes constitue l’influence économique globale de la plaque angevine. Les emplois générés représentent 1,9 % des emplois de la zone d’influence. Au sein de celle-ci, la commune de Montreuil-Juigné apparaît particulièrement dépendante économiquement de la plaque angevine : 8 % de ses salariés dépendent de la présence des établissements militaires.

En 2024, parmi les 1 960 salariés de la plaque angevine, 1 685 sont des militaires et 275 des civils. Le 6^e régiment du génie (RG) est l’entité la plus pourvoyeuse d’effectifs : 1 231 militaires et 14 civils, soit 58 % de l’ensemble des personnels salariés. Il est également le 7^e employeur de Maine-et-Loire et le 4^e d’Angers, où il est implanté depuis plus de 130 ans. Régiment d’appui de la 9^e Brigade d’infanterie de marine basée à Poitiers, il opère sur tous les continents, dans le cadre d’opérations extérieures, de missions de souveraineté (départements et régions d’Outre-mer) mais aussi de missions intérieures (opération Sentinelle). Il peut aussi intervenir à tout moment pour porter assistance à la population en cas de catastrophe naturelle.

Le personnel militaire de la plaque angevine est très majoritairement masculin : 89 % d’hommes, une proportion stable quel que soit le grade. La part des femmes (11 %) est nettement inférieure à celle de l’ensemble des armées françaises (17 %) [Ministère des Armées, 2024 ; pour en savoir plus (3)].

Le personnel militaire est composé pour moitié de militaires du rang, assimilés aux agents de catégorie C de la fonction publique d’État. Un militaire sur trois est sous-officier (équivalent de la catégorie B), et un sur six est officier (catégorie A).

En 2024, 65 % possèdent au moins un diplôme de niveau Bac et 23 % de niveau Bac+2 ou plus. Même si le corps des militaires du rang est accessible sans condition de diplôme, 55 % de ceux exerçant sur la plaque angevine sont titulaires du baccalauréat. Les officiers sont davantage diplômés (84 % ont un Bac+2 ou plus).

Les personnels militaires de la plaque angevine sont jeunes : leur moyenne d’âge est de 32 ans. Les plus jeunes sont ceux du 6^e RG (29 ans), et les plus âgés, ceux du Pôle Interarmées de Traitement du Danger des Munitions et Explosifs (49 ans). Par ailleurs, 48 % vivent en couple, et 40 % ont un enfant à charge. En lien avec leur plus jeune âge (26 ans en moyenne), les militaires du rang sont plus souvent célibataires (69 %) et seulement 21 % ont un enfant à charge. En matière d’hébergement, 36 % des militaires sont logés en caserne ou par l’institution, dont 85 « célibataires géographiques » vivant seuls par éloignement de leur conjoint. Les autres résident à Angers (31 %), Avrillé (5 %) et Segré-en-Anjou-Bleu (4 %), commune située à plus de 40 km d’Angers.

Les personnels civils sont davantage féminisés (32 %) et plus âgés (48 ans en moyenne). Ils vivent plus souvent en couple (66 %) et 54 % ont au moins un enfant à charge. Ils sont aussi plus dispersés géographiquement : 17 % résident à Angers et 15 % à Montreuil-Juigné.

En conclusion, l’ensemble des salariés de la plaque angevine, leurs conjoints et enfants représentent 4 040 personnes. Parmi elles, 3 170 résident dans la zone d’influence et 39 % dans la seule commune d’Angers.

En 2023, pour les besoins de leur fonctionnement général et l’entretien des infrastructures, les établissements militaires de la plaque angevine ont commandé pour 11 millions d’euros de matériels, de fournitures et de prestations de services auprès de 450 établissements fournisseurs. Les commandes s’effectuent majoritairement via des marchés publics nationaux et bénéficient à des entreprises situées hors de la région. Seuls 170 établissements fournisseurs sont présents dans la région, dont une centaine dans la zone d’influence pour un montant de 4 millions d’euros.

Les commandes réalisées localement concernent un grand nombre de prestataires, mais ne représentent qu’une part modeste de leur chiffre d’affaires. L’emploi indirect généré par ces commandes demeure ainsi limité. Pour autant, il est possible qu’il soit sous-estimé, du fait d’un manque de visibilité sur la sous-traitance locale issue des marchés nationaux.

Les travaux d’infrastructure, notamment dans le domaine des réseaux électriques, les prestations de service en ingénierie, analyses, essais et inspections techniques et l’entretien des espaces verts font partie des premiers postes de dépenses. D’autres dépenses sont faites dans les commerces locaux (achats de véhicules, de matériaux de construction, d’équipements industriels divers, d’équipements informatiques, etc.). Enfin, les établissements de la plaque angevine sollicitent des services en gardiennage ou en leçons de conduite. Les 35 emplois indirects générés par ces dépenses locales relèvent principalement des activités de la construction et des services aux entreprises. En tenant compte des familles des salariés, 90 personnes sont rattachées à l’effet indirect dans la zone d’influence.

La consommation des salariés de la plaque angevine et de ses fournisseurs, ainsi que celle de leurs familles, génèrent 465 emplois spécifiquement dédiés à la satisfaction de leurs besoins en alimentation, habillement, services, loisirs, logement, etc. L’effet induit sur l’emploi est atténué en raison du profil du personnel. Les hommes du rang, qui composent la majorité des effectifs, sont plus souvent jeunes, célibataires et logés gratuitement au sein des casernes. Ils dépensent ainsi moins dans l’économie locale.

De plus, les emplois induits se concentrent essentiellement dans les communes de résidence des personnels des établissements militaires. Ceci est lié au fait que le nombre d’emplois de la plaque angevine (effet direct) est plus élevé que le nombre d’emplois générés par les dépenses auprès des fournisseurs (effet indirect) : c’est donc dans les communes où vivent les personnels des établissements militaires que la consommation est la plus élevée. Ainsi, 53 % des emplois induits se situent à Angers, 7 % à Segré-en-Anjou-Bleu, 6 % à Avrillé et 4 % à Montreuil-Juigné. Les emplois induits sont principalement occupés dans les domaines de la santé et de l’action sociale, de l’administration publique, du commerce, de la construction, de l’enseignement ou encore de l’hébergement-restauration. En tenant compte des familles des salariés, 1 160 personnes au total disposent de revenus provenant de l’effet induit.

Dans la zone d’influence, la population totale liée à la présence des établissements militaires (avec les trois effets cumulés) s’élève à 4 420 personnes, soit 1,3 % des habitants de la zone en 2024.

Ces familles utilisent les services et équipements implantés localement, notamment pour l’éducation des enfants. En particulier, 750 enfants de 3 à 17 ans ont au moins un parent salarié de la plaque angevine. Du fait du jeune âge du personnel militaire, une majorité de ces enfants (53 %) sont en âge d’être scolarisés en maternelle ou en élémentaire.

Ils représentent ainsi l’équivalent de 18 classes, soit 1 % des effectifs de primaire scolarisés dans la zone d’influence. À Angers, c’est l’équivalent de deux classes et demi en maternelle et de trois classes et demi en élémentaire.

De plus, 19 % des enfants sont en âge d’être au lycée, et 8 % au collège. S’ajoutent 150 enfants de moins de 3 ans, susceptibles d’être gardés en crèche. À Angers, ils représentent 2 % de l’ensemble des places d’accueil offertes (établissements d’accueil du jeune enfant et accueil individuel).

Cette étude donne une estimation du nombre d’emplois et de personnes liés aux activités de la plupart des sites militaires implantés sur la plaque angevine. Faute d’informations complètes sur l’ensemble des sites et du personnel, et en l’absence de garantie sur l’exhaustivité de la sous-traitance locale issue des marchés nationaux, elle fournit une estimation a minima de leur influence économique, mesurée par l’addition de trois effets : direct, indirect et induit.