Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes ·
Mars 2025 · n° 194
Plus d’actifs en 2050, mais la majorité des territoires en perdrait Projections d’actifs à l’horizon 2050 en Auvergne-Rhône-Alpes
Auvergne-Rhône-Alpes présente un taux d’activité relativement élevé (57 % de la population de 15 ans et plus) et une dynamique marquée de sa population active, du fait de migrations résidentielles favorables et de l’accroissement démographique naturel. Loin d’être homogène, la région présente des contrastes territoriaux très importants entre ses zones d’emploi. Le taux d’activité varie grandement d’un territoire à l’autre (de 49 % à 67 %) ; il en va de même pour le taux d’emploi (de 84 % à 95 %). De 2008 à 2018, le nombre d’actifs augmente de 0,7 % par an dans la région, mais dans 11 de ses 39 zones d’emploi, la population active diminue.
Ces contrastes pourraient encore s’accentuer d’ici 2050. Le nombre d’actifs progresserait dans la région jusqu’au début des années 2040 soutenu par quelques zones parmi les plus peuplées et dynamiques, puis il baisserait lentement. En 2050, les actifs seraient ainsi 260 000 de plus qu’en 2018, soit une croissance annuelle moyenne de +0,2 %, en net ralentissement par rapport à la période récente. Toutefois, certains territoires seraient encore en croissance en 2050, alors que d’autres connaîtraient un retournement beaucoup plus tôt ou verraient leur recul s’amplifier.
Cette étude fait partie d'une série de publications sur les projections à l'horizon 2050.
- Une territorialisation des projections régionales de population active
- La région gagne des actifs, mais pas partout
- Le pic de population active est déjà passé dans la plupart des territoires
- Les zones d’emploi très dynamiques et jeunes renforceraient leur rôle de moteur de la région
- Le nombre d’actifs des zones d’emploi en situation médiane suivrait une courbe en cloche
- Les zones d’emploi déjà âgées persisteraient dans leur dynamique actuelle
- Les zones d’emploi dynamiques, mais âgées et au chômage marqué, perdraient peu d’actifs d’ici 2050
- Les zones d’emploi vieillissantes et sans attractivité perdraient également des actifs
- Les vallées alpines en décrochage
Une territorialisation des projections régionales de population active
Cette étude complète les résultats des projections de population active régionale [Courthial M., Giraud CJ., Privas C., 2025 ; pour en savoir plus (1)] en les déclinant au niveau des zones d’emploi (ZE), maille géographique adaptée à l’analyse du fonctionnement du marché du travail. Elle repose aussi sur une analyse de l’évolution de la population active, composée des actifs en emploi et de personnes qui en recherchent un, à l’aide d’une décomposition en trois effets : l’effet démographique, l’effet du taux d’activité, et celui des migrations résidentielles. Les projections de population active réalisées par l’Insee proposent plusieurs scénarios ; celui retenu dans cette étude intègre la réforme de l’apprentissage et celle des retraites de 2023 (pour comprendre).
Ces projections ne sont pas des prévisions, car elles partent d’une situation observée et prolongent les tendances récentes à paramètres constants. Elles n’intègrent pas l’effet d’éventuels changements externes, notamment réglementaires, qui pourraient survenir. Elles ne peuvent pas s’interpréter comme des projections d’emploi, en l’absence d’hypothèse sur la répartition de la population active entre actifs occupés et chômeurs, très dépendante de la conjoncture économique. Enfin, la technique de projections n’étant pas spécifiquement adaptée aux zones frontalières, celle du Genevois Français n’est pas présentée ici.
La région gagne des actifs, mais pas partout
En 2018, année de départ de l’exercice de projections, 3 789 000 actifs résident en Auvergne-Rhône-Alpes, 261 000 de plus qu’en 2008, soit une croissance annuelle moyenne de +0,7 %. Durant cette décennie, la population active de la zone d’emploi de Lyon s’est enrichie de 95 500 personnes (+1,1 % par an), soit autant que les six autres plus fortes hausses réunies : les zones du Genevois Français (+2,3 % par an), d’Annecy, de Bourgoin-Jallieu, de Chambéry, de Bourg en Bresse et de Clermont-Ferrand (+0,4 % par an). La population active a en revanche reculé dans onze zones, comme celle d’Oyonnax (-1 900 actifs, -0,7 % par an). Toutes ces évolutions résultent de la combinaison de trois facteurs. Le premier à l’échelle de la région est le solde positif des migrations résidentielles (effet migratoire), c’est-à-dire que davantage de personnes emménagent dans la région depuis l’extérieur, que de personnes ne la quittent. La majorité des territoires sont dans ce cas. Le second concerne l’évolution de la structure par âge des habitants (effet démographique). À l’exception de la zone de Lyon, la population active vieillit dans toutes les zones : la part des jeunes a baissé depuis 2008, sauf dans les deux zones d’emploi des Sources de la Loire et de Moulins où cette part (11 %) est déjà plus basse que dans la région (13 %). La part des seniors a progressé partout, allant de +0,5 point dans le Genevois Français à +7,1 points dans la zone d’emploi de Valréas. Le dernier facteur est l’effet du taux d’activité, globalement stable dernièrement.
La diminution du nombre d’actifs dans la tranche d’âge 25-54 ans a été plus que compensée par une forte augmentation des 55 ans ou plus, conséquence des réformes des années 2000. La part des seniors au sein de la population active est passée de 7 % en 1999 à 11 % en 2008, puis à 16 % en 2018. Cette progression, bien qu’inscrite dans un contexte national de vieillissement démographique, est moins prononcée en Auvergne-Rhône-Alpes qu’en France métropolitaine.
Le pic de population active est déjà passé dans la plupart des territoires
Si les tendances prévalant depuis 2008 se poursuivaient jusqu’en 2050, et en incluant les réformes récentes de l’apprentissage (2021) et des retraites (2023), la population active d’Auvergne-Rhône-Alpes augmenterait de 0,2 % par an en moyenne. Elle prolongerait d’abord sa phase de croissance, mais à un rythme moins soutenu, atteindrait un plateau vers 2042 à 4 046 000 actifs, puis amorcerait une phase de lent recul. En 2050, la région compterait ainsi 260 000 actifs supplémentaires.
La contribution de l’effet démographique serait de -0,27 % par an jusqu’en 2050, l’effet migratoire de +0,28 % par an, et l’effet du taux d’activité de +0,21 %, selon les hypothèses retenues dans le modèle de projection. Ces effets varient toutefois grandement selon les territoires.
Pour analyser finement ces projections, une classification permet de regrouper les zones d’emploi selon leurs caractéristiques de la décennie passée, sur neuf critères (pour comprendre), permettant ainsi d’établir une typologie (figure 1).
tableauFigure 1 – Typologie des zones d’emploi sur la période 2008-2018
Zone d’emploi | Libellé zone d’emploi | Classe de zones d’emploi |
---|---|---|
8435 | Voiron | en situation médiane |
8434 | Villefranche-sur-Saône | très dynamiques et jeunes |
8433 | Vienne-Annonay | en situation médiane |
8432 | Vichy | âgées |
8431 | Valence | en situation médiane |
8430 | Tarare | vieillissantes sans attractivité |
8429 | Saint Flour | vieillissantes sans attractivité |
8428 | Saint Etienne | âgées |
8427 | Romans sur Isère | en situation médiane |
8426 | Roanne | âgées |
8425 | Oyonnax | vieillissantes sans attractivité |
8424 | Moulins | âgées |
8423 | Montluçon | âgées |
8422 | Montélimar | dynamiques, âgées et à fort chômage |
8421 | Lyon | très dynamiques et jeunes |
8420 | Les Sources de la Loire | vieillissantes sans attractivité |
8419 | Le Puy en Velay | vieillissantes sans attractivité |
8418 | Le Mont Blanc | vallées alpines sans attractivité |
8417 | Le Livradois | âgées |
8416 | Le Genevois Français | Genevois français |
8415 | Le Chablais | vallées alpines sans attractivité |
8414 | La Vallée de l'Arve | vallées alpines sans attractivité |
8413 | La Tarentaise | vallées alpines sans attractivité |
8412 | La Plaine du Forez | en situation médiane |
8411 | La Maurienne | vallées alpines sans attractivité |
8410 | Issoire | en situation médiane |
8409 | Grenoble | très dynamiques et jeunes |
8408 | Clermont-Ferrand | âgées |
8407 | Chambéry | très dynamiques et jeunes |
8406 | Bourgoin-Jallieu | très dynamiques et jeunes |
8405 | Bourg en Bresse | très dynamiques et jeunes |
8404 | Belley | en situation médiane |
8403 | Aurillac | vieillissantes sans attractivité |
8402 | Aubenas | dynamiques, âgées et à fort chômage |
8401 | Annecy | très dynamiques et jeunes |
0064 | Valréas | dynamiques, âgées et à fort chômage |
0063 | Ussel | vieillissantes sans attractivité |
0059 | Mâcon | vieillissantes sans attractivité |
0055 | Bollène-Pierrelatte | dynamiques, âgées et à fort chômage |
- Lecture : Les zones d’emploi en bleu foncé, telle que celle de Moulins, font partie de la classe des zones d’emploi âgées.
- Champ : Personnes de 14 ans ou plus. La zone d’emploi du Genevois Français n’est pas classée en raison de caractéristiques rendant les projections moins précises.
- Source : Insee, Recensement de la population.
graphiqueFigure 1 – Typologie des zones d’emploi sur la période 2008-2018

- Lecture : Les zones d’emploi en bleu foncé, telle que celle de Moulins, font partie de la classe des zones d’emploi âgées.
- Champ : Personnes de 14 ans ou plus. La zone d’emploi du Genevois Français n’est pas classée en raison de caractéristiques rendant les projections moins précises.
- Source : Insee, Recensement de la population.
Les zones d’emploi très dynamiques et jeunes renforceraient leur rôle de moteur de la région
Un premier groupe est constitué des zones d’emploi de Lyon, Grenoble, Annecy, Bourg en Bresse, Chambéry, Bourgoin-Jallieu et Villefranche-sur-Saône. Elles sont peuplées et présentent surtout un profil assez jeune, caractéristique particulièrement importante dans un contexte de vieillissement de la population. Elles partagent d’autres traits : leur taux d’activité, comme leur taux d’emploi, sont proches de la moyenne régionale. Elles concentrent actuellement 47 % des actifs de la région, et 50 % en 2050, soit 240 000 actifs supplémentaires à cet horizon. Elles représenteraient 92 % de la hausse du nombre d’actifs de la région.
Du fait de sa relative jeunesse actuelle, l’effet démographique serait positif sur les premières années de la projection, avant de décliner. Sa contribution serait au final très peu négative sur l’ensemble de la période (-0,1 % par an) (figure 2), ce qui représente une exception régionale : ailleurs, l’effet démographique est partout nettement négatif. Les femmes (-0,2 % par an) et surtout les jeunes (-0,4 % par an) seraient moins nombreux, à l’inverse des actifs de 55 ans et plus (+0,4 %).
tableauFigure 2 – Projections de population active et composantes par classe
Classe de zones d’emploi | Effet migratoire | Effet démographique | Effet du taux d'activité | Taux de croissance annuel moyen |
---|---|---|---|---|
Très dynamiques et jeunes | 0,3 | -0,1 | 0,2 | 0,4 |
En situation médiane | 0,3 | -0,4 | 0,2 | 0,1 |
Âgées | 0,2 | -0,3 | 0,2 | 0,1 |
Dynamiques, âgées et à fort chômage | 0,3 | -0,6 | 0,3 | 0,0 |
Vieillissantes sans attractivité | 0,1 | -0,6 | 0,2 | -0,2 |
Vallées alpines sans attractivité | -0,3 | -0,6 | 0,2 | -0,7 |
Auvergne-Rhône-Alpes | 0,3 | -0,3 | 0,2 | 0,2 |
- Lecture : Dans la classe des zones d’emploi âgées, la population active évoluerait en moyenne de +0,1 % par an (losange) entre 2018 et 2050. Cela s’expliquerait par l’addition des effets démographique (-0,3 %, barre rouge), migratoire (+0,2 %, barre grise) et du taux d’activité (+0,2 %, barre bleue).
- Champ : Personnes de 14 ans ou plus. La zone d’emploi du Genevois Français n’est pas représentée en raison de caractéristiques rendant les projections moins précises. Elle est toutefois incluse dans le total Auvergne-Rhône-Alpes.
- Source : Insee, Recensement de la population, Omphale 2022 – projections de population active.
graphiqueFigure 2 – Projections de population active et composantes par classe

- Lecture : Dans la classe des zones d’emploi âgées, la population active évoluerait en moyenne de +0,1 % par an (losange) entre 2018 et 2050. Cela s’expliquerait par l’addition des effets démographique (-0,3 %, barre rouge), migratoire (+0,2 %, barre grise) et du taux d’activité (+0,2 %, barre bleue).
- Champ : Personnes de 14 ans ou plus. La zone d’emploi du Genevois Français n’est pas représentée en raison de caractéristiques rendant les projections moins précises. Elle est toutefois incluse dans le total Auvergne-Rhône-Alpes.
- Source : Insee, Recensement de la population, Omphale 2022 – projections de population active.
La contribution de l’effet migratoire (+0,3 %), proche de la moyenne régionale, serait plus fort pour les femmes (+0,1 point par rapport aux hommes). L’effet du taux d’activité, un peu en-deça du niveau régional, serait comme partout ailleurs, particulièrement élevé chez les actifs plus âgés (+1,0 % par an).
Au sein de ce groupe, seule la ZE de Lyon aurait une contribution positive de l’effet démographique sur l’ensemble de la période de projection (figure 3). Celle de Grenoble serait la seule avec un effet migratoire nul. La ZE de Chambéry aurait le plus fort effet migratoire positif, devant la ZE d’Annecy. À l’inverse, l’effet démographique le plus négatif serait pour la ZE d’Annecy, puis celle de Chambéry.
tableauFigure 3 – Projections de population active et composantes par classe
Classe | Zone d’emploi | Effet migratoire | Effet démographique | Effet du taux d'activité | Taux de croissance annuel moyen |
---|---|---|---|---|---|
Très dynamiques et jeunes | Annecy | 0,6 | -0,5 | 0,2 | 0,4 |
Bourg en Bresse | 0,3 | -0,3 | 0,2 | 0,2 | |
Bourgoin-Jallieu | 0,2 | -0,1 | 0,2 | 0,3 | |
Chambéry | 0,7 | -0,4 | 0,2 | 0,6 | |
Grenoble | 0,0 | -0,1 | 0,2 | 0,1 | |
Lyon | 0,3 | 0,1 | 0,2 | 0,6 | |
Villefranche-sur-Saône | 0,4 | -0,2 | 0,2 | 0,5 | |
Situation médiane | Belley | 0,2 | -0,6 | 0,3 | -0,1 |
Issoire | 0,4 | -0,7 | 0,2 | -0,1 | |
La Plaine du Forez | 0,3 | -0,5 | 0,2 | 0,0 | |
Romans sur Isère | 0,3 | -0,4 | 0,2 | 0,2 | |
Valence | 0,4 | -0,4 | 0,2 | 0,2 | |
Vienne-Annonay | 0,2 | -0,3 | 0,2 | 0,1 | |
Voiron | 0,3 | -0,4 | 0,2 | 0,1 | |
Âgées | Clermont-Ferrand | 0,6 | -0,3 | 0,2 | 0,5 |
Le Livradois | 0,3 | -0,8 | 0,3 | -0,3 | |
Montluçon | 0,3 | -0,7 | 0,2 | -0,2 | |
Moulins | -0,1 | -0,7 | 0,2 | -0,6 | |
Roanne | -0,1 | -0,4 | 0,2 | -0,3 | |
Saint Étienne | 0,0 | 0,0 | 0,2 | 0,2 | |
Vichy | 0,2 | -0,7 | 0,3 | -0,2 | |
Dynamiques, âgées et à fort chômage | Aubenas | 0,4 | -0,8 | 0,3 | -0,1 |
Bollène-Pierrelatte | -0,1 | -0,3 | 0,2 | -0,2 | |
Montélimar | 0,4 | -0,4 | 0,2 | 0,3 | |
Valréas | 0,3 | -0,8 | 0,3 | -0,2 | |
Vieillissantes sans attractivité | Aurillac | 0,2 | -0,9 | 0,2 | -0,4 |
Le Puy en Velay | 0,2 | -0,7 | 0,2 | -0,2 | |
Les Sources de la Loire | 0,1 | -0,6 | 0,2 | -0,3 | |
Mâcon | 0,1 | -0,5 | 0,2 | -0,2 | |
Oyonnax | -0,4 | -0,2 | 0,2 | -0,4 | |
Tarare | -0,1 | -0,3 | 0,2 | -0,2 | |
Ussel | 0,6 | -1,0 | 0,3 | -0,1 | |
Vallées alpines sans attractivité | La Tarentaise | -0,6 | -0,7 | 0,2 | -1,1 |
La Vallée de l'Arve | -0,3 | -0,4 | 0,2 | -0,5 | |
Le Chablais | 0,1 | -0,5 | 0,2 | -0,2 | |
Le Mont Blanc | -0,4 | -0,8 | 0,2 | -0,9 | |
Auvergne-Rhône-Alpes | 0,3 | -0,3 | 0,2 | 0,2 |
- Lecture : Dans la zone d’emploi de la Tarentaise, faisant partie du type « Vallées alpines sans attractivité », la population active évoluerait en moyenne de -1,1 % par an (losange) entre 2018 et 2050. Cela s’expliquerait par l’addition des effets démographique (-0,7 %, barre rouge), migratoire (-0,6 %, barre grise) et du taux d’activité (+0,2 %, barre bleue).
- Champ : Personnes de 14 ans ou plus. Les zones d’emploi du Genevois Français, de la Maurienne et de Saint Flour ne sont pas représentées en raison de caractéristiques rendant les projections moins précises. Elles sont toutefois incluses dans le total Auvergne-Rhône-Alpes.
- Source : Insee, Recensement de la population, Omphale 2022 – projections de population active.
graphiqueFigure 3 – Projections de population active et composantes par classe

- Lecture : Dans la zone d’emploi de la Tarentaise, faisant partie du type « Vallées alpines sans attractivité », la population active évoluerait en moyenne de -1,1 % par an (losange) entre 2018 et 2050. Cela s’expliquerait par l’addition des effets démographique (-0,7 %, barre rouge), migratoire (-0,6 %, barre grise) et du taux d’activité (+0,2 %, barre bleue).
- Champ : Personnes de 14 ans ou plus. Les zones d’emploi du Genevois Français, de la Maurienne et de Saint Flour ne sont pas représentées en raison de caractéristiques rendant les projections moins précises. Elles sont toutefois incluses dans le total Auvergne-Rhône-Alpes.
- Source : Insee, Recensement de la population, Omphale 2022 – projections de population active.
Le nombre d’actifs des zones d’emploi en situation médiane suivrait une courbe en cloche
Le groupe en situation médiane est constitué des zones d’emploi de Valence, Vienne-Annonay, Voiron, Romans sur Isère, La Plaine du Forez, Issoire et Belley. Dans ces zones moyennement peuplées (de 53 000 à 292 000 habitants), les taux d’emploi et de chômage sont stables sur la décennie passée. 489 000 actifs y résident, soit 13 % de l’ensemble des actifs, une part qui resterait inchangée en 2050 avec 507 000 actifs.
Toutes les zones d’emploi de cette classe auraient un effet démographique déficitaire marqué (de -0,7 % à -0,3 % par an), un effet migratoire positif (de +0,2 % à +0,4 % par an), et un effet du taux d’activité très homogène (+0,2 %). Il en résulterait des trajectoires parallèles, avec une hausse du nombre d’actifs dans un premier temps, un pic atteint durant la décennie 2030, puis une baisse modérée et linéaire. Belley et Issoire, dont les effets démographiques sont les plus négatifs de cette classe (-0,6 % et -0,7 % par an) se démarqueraient en tout début de période par une baisse du nombre d’actifs. Ces pertes provoqueraient un décalage avec les autres zones d’emploi de la classe, si bien qu’en 2050, elles auraient perdu respectivement 3 % et 4 % de leurs actifs. À l’inverse, la zone d’emploi de Valence se maintiendrait sur un plateau jusqu’en 2045. Sa population active augmenterait ainsi de 7 % sur la période, plus forte hausse de la classe.
Les zones d’emploi déjà âgées persisteraient dans leur dynamique actuelle
Ce groupe rassemble les zones d’emploi de Saint Étienne, Clermont-Ferrand, Vichy, Roanne, Montluçon, Moulins, et celle du Livradois. Ces territoires ont une population déjà âgée, un taux d’activité plus faible que la moyenne régionale, et un taux de chômage plus élevé. Ils comptent 714 000 actifs en 2018 et en gagneraient en moyenne +0,1 % par an. Cette hausse, plus faible que celle de la région, aurait pour conséquence d’abaisser la part de ces actifs parmi ceux de la région de 0,5 point d’ici 2050.
L’effet démographique y est fortement négatif (-0,3 % par an), notamment chez les personnes de 55 ans et plus (-0,8 %), ces zones ayant subi un vieillissement plus précoce que les autres. L’effet migratoire serait relativement faible. L’effet du taux d’activité serait proche de la moyenne régionale, et plus marqué sur les personnes de 55 ans et plus (+1,1 % par an).
Dans cette classe, les métropoles auraient une trajectoire différente des autres territoires. Les zones d’emploi de Clermont-Ferrand et de Saint Étienne seraient les deux seules de cette classe à gagner des actifs. Clermont-Ferrand serait la zone d’emploi au plus fort effet migratoire (contribution de +0,6 % par an), et Saint Étienne présente un profil unique pour les effets démographique et migratoire, tous deux quasi nuls. Son gain d’actifs serait ainsi exclusivement lié à l’effet du taux d’activité (+0,2 % par an). Au final, toutes les zones d’emploi de cette classe prolongeraient leur tendance récente, en hausse pour les deux métropoles avec un plateau à partir de 2040, en baisse régulière pour les autres. Moulins accuserait la plus forte baisse du nombre d’actifs.
Les zones d’emploi dynamiques, mais âgées et au chômage marqué, perdraient peu d’actifs d’ici 2050
Les zones d’emploi du sud de la région (Aubenas, Montélimar, Bollène-Pierrelatte et Valréas), peu peuplées et assez âgées, ont un taux de chômage très élevé. Elles rassemblent 165 000 actifs en 2018, mais n’en compteraient plus que 163 000 en 2050, soit -0,3 % par an. Cette perte serait imputable à un très fort déficit démographique (-0,6 % par an), notamment sur la tranche des 55 ans et plus (-1,4 % par an) que ne compenserait pas complètement la somme des effets migratoires et du taux d’activité, pourtant forts sur cette tranche d’âge (respectivement +1,1 % et +1,2 %).
Deux ZE se démarqueraient : Montélimar et Bollène-Pierrelatte, par leur déficit naturel modéré. Du fait de la vigueur de son effet migratoire, Montélimar serait même dans une situation de hausse de sa population active. Inversement, Bollène-Pierrelatte serait la seule ZE de la classe avec un effet migratoire négatif.
Les zones d’emploi vieillissantes et sans attractivité perdraient également des actifs
Les zones d’emploi du sud-ouest de la région (Le Puy en Velay, Les Sources de la Loire, Aurillac, Ussel et Saint Flour), ainsi que celles de Mâcon, Oyonnax et Tarare, regroupent des territoires sans grandes agglomérations, un peu plus âgées que la médiane, avec un emploi au mieux stable sur la décennie passée. Elles comptent 307 000 actifs en 2018, mais descendraient à 283 000 en 2050, soit -0,2 % par an en moyenne. La contribution négative de l’effet démographique y est particulièrement élevée (-0,7 % par an), notamment pour les 55 ans et plus (-1,4 %). L’effet des migrations, bien que positif, serait moins favorable qu’au niveau régional (+0,1 % par an), alors que l’effet des taux d’activité serait très proche de la moyenne.
Toutes les zones d’emploi de cette classe perdraient entre 4 % et 13 % de leur population active en 2050. La zone d’emploi d’Oyonnax serait la plus concernée malgré l’effet démographique déficitaire le moins marqué de la classe (-0,2 % par an). Mais son effet migratoire serait parmi les plus défavorables de la région (-0,4 % par an), et le seul négatif de cette classe avec celui de la zone d’emploi de Tarare. Au contraire, celle d’Ussel aurait l’effet démographique le plus négatif de la région (-1,0 % par an), devant celle d’Aurillac, mais avec une contribution positive de l’effet migratoire (+0,6 % par an), permettant une baisse modérée. L’effet migratoire deux fois moins fort dans la zone d’emploi d’Aurillac explique qu’elle partagerait la plus forte diminution de cette classe avec la zone d’emploi d’Oyonnax.
Les vallées alpines en décrochage
Les zones d’emploi du Chablais, de la Tarentaise, de la Vallée de l’Arve, du Mont Blanc et de la Maurienne, marquées par les reliefs alpins, abritent 211 000 actifs en 2018. Il n’en resterait que 166 000 en 2050, soit une baisse moyenne annuelle de 0,8 %. Cet important recul est la conjugaison des contributions négatives des effets démographique (-0,7 % par an) et migratoire (-0,3 % par an). L’effet démographique serait négatif dans presque toute la région, mais c’est dans les vallées alpines qu’il serait le plus fort (et notoirement chez les jeunes). Quant à l’effet migratoire, pourtant positif dans toutes les autres classes de la région, il serait nettement négatif dans celle-ci, en particulier pour les jeunes femmes (-1,5 % par an). L’effet du taux d’activité, dans les mêmes proportions qu’ailleurs, atténuerait le recul, avec un effet toutefois marqué pour les 55 ans et plus. Le Chablais se placerait dans une position moins défavorable grâce à une contribution légèrement positive de son effet migratoire. La Tarentaise, avec une baisse de -1,1 % par an en moyenne, serait la zone d’emploi la plus déficitaire de la région, voyant sa population active réduite de 35 % sur la période. Le Mont Blanc (-30 %) verrait aussi la sienne diminuer très fortement.
Pour comprendre
Développé par l’Insee, le modèle Omphale permet de réaliser des projections de population, notamment des projections de population active, à partir du solde naturel, du solde migratoire, du nombre d’actifs et d’autres indicateurs… La baisse de la fécondité par rapport aux décennies passées entraînerait une diminution des entrées sur le marché du travail des jeunes générations à terme. Le solde migratoire a un impact à la fois immédiat sur le nombre des actifs, mais aussi différé, via le vieillissement des personnes qui s’installent durablement sur le territoire et la future activité de leur descendance. Ces projections ne sont pas des prévisions.
La typologie des zones d’emploi est construite à partir de neuf indicateurs : population, part des moins de 14 ans, part des 65 ans et plus, taux d’actifs, taux d’emploi, taux de chômage, évolution décennale de la part d’actifs, évolution décennale de la part d’actifs en emploi, évolution décennale du taux de chômage. Elle assemble des zones d’emploi au profil comparable sur la période 2008-2018. Les projections réalisées pour chaque zone peuvent toutefois diverger à l’horizon 2050.
Définitions
La population active regroupe les actifs ayant un emploi et les chômeurs, et exclut les inactifs. Il s’agit de la ressource en main-d’œuvre de 14 ans ou plus.
Le taux d’activité au sens du recensement de la population est le rapport entre le nombre d’actifs et l’ensemble de la population correspondante.
Le taux d’emploi rapporte le nombre de personnes en emploi à la population totale. Il peut être calculé pour une sous-catégorie de la population donnée (par exemple une tranche d’âge).
L’effet démographique se définit comme la variation de la population active liée au renouvellement naturel des générations, c’est-à-dire le vieillissement de la population initialement présente et résidant dans la zone, qui se traduit par des entrées de jeunes et des sorties de seniors de la vie active.
Dans cette étude, il est fait « hors migrations résidentielles ». Il s’agit donc d’un effet lié à l’avancement en âge de la population.
L’effet des migrations résidentielles évalue l’impact des mouvements de population entre les territoires : ceux qui viennent résider sur le territoire versus ceux qui partent résider ailleurs.
L’effet du taux d’activité mesure la variation de la population active due aux seuls changements de comportement d’activité, tel un allongement de la vie active.
Pour en savoir plus
(1) Courthial M., Giraud CJ., Privas C., « En 2050, des actifs plus nombreux et plus âgés », Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes no 193, mars 2025.
(2) Fabre M., Olivia T., Rubin J., « Une actualisation des projections de population active tenant compte de la réforme des retraites de 2023 », Emploi, chômage, revenus du travail, Insee références, édition 2023.
(3) Bianco E., Labosse A., Thouilleux C., « Une population plus âgée vivant dans les territoires urbains et périurbains », Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes no 161, mai 2023.