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Insee Flash Pays de la Loire · Mars 2025 · n° 152
Insee Flash Pays de la Loire16 900 femmes victimes de violences physiques ou sexuelles enregistrées par les services de sécurité en 2023

Arnaud Fizzala, Ophélie Kaiser (Insee)

Dans les Pays de la Loire en 2023, les services de sécurité enregistrent, au titre de crimes et de délits, 16 900 femmes victimes de violences physiques ou sexuelles. Les femmes sont deux fois plus souvent enregistrées comme victimes de violences physiques que de violences sexuelles. La majorité des femmes victimes de violences physiques le sont dans la sphère familiale, contrairement à celles victimes de violences sexuelles. Davantage de violences sexuelles sont enregistrées sur des mineures que sur des majeures. Le nombre de femmes victimes de violences enregistrées par les forces de sécurité a doublé depuis 2016, dans un contexte plus favorable à la libération de la parole et en lien avec l’amélioration de l’accueil des victimes par les services.

Insee Flash Pays de la Loire
No 152
Paru le :Paru le07/03/2025
Insee - 16 900 femmes victimes de violences physiques ou sexuelles enregistrées.
Publication rédigée par :Arnaud Fizzala, Ophélie Kaiser (Insee)

L’estimation de l’ampleur des violences faites aux femmes, un enjeu fort

La lutte contre les violences faites aux femmes nécessite une estimation de l’ampleur de la situation. Celle-ci est mesurée dans cette étude par les procédures enregistrées par la police et la gendarmerie : essentiellement des plaintes mais aussi des faits constatés par les forces de sécurité (pour comprendre). Néanmoins, une majorité de victimes ne porte pas plainte (encadré 1). Par ailleurs, l’enregistrement par les services de sécurité intérieure ne préjuge pas des suites données à la procédure.

Dans les Pays de la Loire en 2023, les services de sécurité enregistrent, femmes et hommes confondus, 20 400 victimes de et 6 800 victimes de . Les femmes sont majoritaires, puisqu’elles représentent 55 % des victimes de violences physiques et 85 % des victimes de violences sexuelles enregistrées, comme au niveau national.

Deux fois plus de femmes victimes de violences physiques que sexuelles

En 2023, dans les Pays de la Loire, la police et la gendarmerie enregistrent 11 100 femmes victimes de violences physiques et 5 800 femmes victimes de violences sexuelles, soit deux fois plus de violences physiques que sexuelles envers les femmes (figure 1).

Rapporté au nombre d’habitantes, la région compte autant de femmes victimes de violences sexuelles qu’au niveau national : 17 pour 10 000 habitantes. En revanche, les femmes victimes de violences physiques sont relativement moins nombreuses dans la région (55 pour 10 000 habitantes, contre 69 au niveau national).

Figure 1Nombre de femmes victimes de violences physiques ou sexuelles en 2023 dans les Pays de la Loire

(en nombre)
Nombre de femmes victimes de violences physiques ou sexuelles en 2023 dans les Pays de la Loire ((en nombre)) - Lecture : En 2023, les services de sécurité enregistrent 11 129 femmes victimes de violences physiques et 5 805 de violences sexuelles.
Violences Majeures Mineures Ensemble
Intrafamilial Hors intrafamilial Total majeures Intrafamilial Hors intrafamilial Total mineures
Physiques 6 779 2 075 8 854 1 632 643 2 275 11 129
Sexuelles 704 1 757 2 461 1 063 2 281 3 344 5 805
Ensemble 7 483 3 832 11 315 2 695 2 924 5 619 16 934
  • Lecture : En 2023, les services de sécurité enregistrent 11 129 femmes victimes de violences physiques et 5 805 de violences sexuelles.
  • Source : SSMSI, bases statistiques des victimes de crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie en 2023.

Les violences physiques surtout dans la sphère familiale et les violences sexuelles en dehors

En 2023, 70 % des femmes victimes de violences physiques le sont pour des violences commises dans le cadre , un taux plus élevé que pour les violences sexuelles (30 %). Les femmes majeures victimes de violences sexuelles indiquent le plus souvent dans les enquêtes de victimation que porter plainte n’aurait servi à rien ou pensent que ce n’était pas assez grave [Razafindranovona, Zilloniz, 2024 ; pour en savoir plus (2)].

En France comme dans les Pays de la Loire, plus de 90 % des violences physiques ou sexuelles commises dans le cadre familial envers des femmes majeures sont des violences conjugales, soit 7 000 victimes ligériennes enregistrées en 2023.

Davantage de mineures victimes de violences sexuelles

En 2023, 58 % des femmes victimes de violences sexuelles enregistrées par les services de sécurité étaient mineures au moment des faits, une part nettement supérieure à celle des mineures dans l’ensemble de la population féminine ligérienne (21 %). En revanche, les mineures ne sont pas plus ni moins concernées par des violences physiques que les femmes plus âgées : 20 % des femmes victimes de violences physiques sont mineures.

Le nombre de femmes victimes de violences physiques ou sexuelles enregistrées a doublé entre 2016 et 2023

Dans les Pays de la Loire, le nombre de femmes victimes de violences physiques ou sexuelles enregistrées par les services de sécurité intérieure a augmenté de 100 % entre 2016 et 2023 (figure 2). Cette hausse est plus marquée dans la région qu’en France (+88 %). L’augmentation est plus forte dans la sphère familiale (+114 %), et pour les violences sexuelles (+138 %).

Figure 2Nombre de femmes victimes de violences physiques ou sexuelles dans les Pays de la Loire, enregistrées par les services de sécurité de 2016 à 2023

(en nombre)
Nombre de femmes victimes de violences physiques ou sexuelles dans les Pays de la Loire, enregistrées par les services de sécurité de 2016 à 2023 ((en nombre)) - Lecture : En 2023, les services de sécurité enregistrent 8 411 femmes victimes de violences physiques intrafamiliales.
Années Violences physiques intrafamiliales Violences sexuelles hors intrafamiliales Violences physiques hors intrafamiliales Violences sexuelles intrafamiliales Total des violences physiques et sexuelles
2016 4 084 1 771 1 881 668 8 404
2017 4 261 2 066 2 154 756 9 237
2018 4 698 2 391 2 106 894 10 089
2019 5 485 2 726 2 277 981 11 469
2020 6 370 2 751 2 049 1 093 12 263
2021 6 806 3 510 2 279 1 401 13 996
2022 7 777 3 709 2 694 1 554 15 734
2023 8 411 4 038 2 718 1 767 16 934
  • Lecture : En 2023, les services de sécurité enregistrent 8 411 femmes victimes de violences physiques intrafamiliales.
  • Source : SSMSI, base statistique des victimes de crimes et délits enregistrées par la police et la gendarmerie de 2016 à 2023.

Figure 2Nombre de femmes victimes de violences physiques ou sexuelles dans les Pays de la Loire, enregistrées par les services de sécurité de 2016 à 2023

  • Lecture : En 2023, les services de sécurité enregistrent 8 411 femmes victimes de violences physiques intrafamiliales.
  • Source : SSMSI, base statistique des victimes de crimes et délits enregistrées par la police et la gendarmerie de 2016 à 2023.

Les services de sécurité enregistrent de plus en plus de victimes de violences physiques et sexuelles depuis 2016, que les victimes soient mineures ou non, femmes ou hommes. La médiatisation du sujet suite au mouvement #MeToo, les actions de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes, ainsi que l’amélioration de l’accueil des victimes par les services, ont pu inciter des victimes à porter plainte. La part croissante de faits anciens dénoncés par les victimes influe sur l’évolution du nombre de victimes enregistrées. Au niveau national, le délai moyen entre la date de début des faits et celle de leur enregistrement s’allonge sur la période 2016-2023 [Matinet, Sterchele, 2024 ; pour en savoir plus (3)].

Davantage de victimes en Sarthe, moins en Vendée

Rapporté au nombre d’habitantes, la Sarthe compte davantage de femmes victimes de violences que les autres départements ligériens (108 victimes pour 10 000 habitantes), et la Vendée moins (72 victimes pour 10 000 habitantes).

Ces différences territoriales peuvent révéler une plus ou moins grande fréquence des violences, mais aussi la propension à porter plainte. Elles sont donc à considérer avec précaution.

Encadré 1 – L’apport des enquêtes de victimation

Les victimes enregistrées par les services de sécurité ne représentent qu’une partie des victimes ayant subi des violences chaque année, seule une minorité d’entre elles portant plainte, parfois très longtemps après les faits. Ainsi, d’après l’enquête Vécu et Ressenti en matière de sécurité de 2023, seules 22 % des femmes majeures victimes de violences physiques en 2022 ont porté plainte. Cette part de dépôts de plaintes tombe à 6 % parmi les victimes de violences sexuelles physiques (viol, tentative de viol ou agression sexuelle) et à 2 % pour des faits de harcèlement sexuel ou d’exhibition sexuelle.

L’enquête Genese interroge rétrospectivement les personnes âgées de 18 à 74 ans vivant en métropole sur les violences subies avant l’âge de 15 ans [Guedj, Zilloniz, 2022 ; pour en savoir plus (4)]. Seules 8 % des personnes ayant subi des violences sexuelles intrafamiliales avant l’âge de 15 ans ont signalé les faits aux services de sécurité et 4 % pour les violences sexuelles hors du cadre familial.

Encadré 2 – Partenariat

Cette étude est issue d’un partenariat entre la Région Pays de la Loire et l’Insee Pays de la Loire.

Publication rédigée par :Arnaud Fizzala, Ophélie Kaiser (Insee)

Pour comprendre

Le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) constitue une base statistique annuelle des victimes d’infractions, à partir des procédures enregistrées par les services de police et de gendarmerie nationales. Cette base statistique concerne les victimes de crimes et délits commis en France, enregistrées au cours de l’année. Les victimes sont enregistrées suite à un dépôt de plainte ou à un constat des forces de sécurité. L’ouverture d’une procédure par les services de sécurité ne préjuge pas de l’orientation de l’affaire par le procureur, en particulier de la possibilité de poursuites ni de l’aboutissement à une condamnation.

Les violences physiques et sexuelles sont définies dans cette étude à partir de la nomenclature française des infractions.

Les infractions enregistrées une année donnée peuvent avoir été commises des années auparavant. L’âge pris en compte est celui de la victime au moment des faits. Les victimes sont comptées autant de fois que d’infractions différentes les concernant. Enfin, les violences sont comptabilisées au lieu de commission de l’infraction.

Publication rédigée par :Arnaud Fizzala, Ophélie Kaiser (Insee)

Définitions

Les violences physiques sont définies par les postes « violences » (99 % des déclarations de violences physiques au niveau national en 2023), « tortures », et « administration de substances nuisibles ». Certaines violences physiques ne relèvent pas des crimes et délits mais des contraventions, elles ne sont donc pas comptabilisées ici. Les homicides ne sont pas inclus. En 2022, sept victimes de mort violente au sein du couple (hommes et femmes) sont recensées dans les Pays de la Loire.

Les violences sexuelles sont définies par l’ensemble des postes « agressions ou atteintes sexuelles » (41 % des déclarations de violences sexuelles au niveau national en 2023), « viols » (37 %), « exploitation sexuelle » (10 %), « exhibition sexuelle » (7 %) et « violences sexuelles non physiques » (5 %, essentiellement du harcèlement sexuel).

Le terme intrafamilial fait référence aux membres de la famille au sens large.

Pour en savoir plus

(1) Retrouvez davantage de données associées à cette publication en téléchargement.

(2) Razafindranovona T., Zilloniz S., « Ouvrir dans un nouvel ongletVécu et ressenti en matière de sécurité 2023, victimation – délinquance et sentiment d’insécurité », rapport d’enquête, SSMSI, novembre 2024.

(3) Matinet B., Sterchele C., « Ouvrir dans un nouvel ongletLes victimes de violences physiques ou sexuelles enregistrées par les services de sécurité en 2023 », Info rapide no 32, SSMSI, février 2024.

(4) Guedj H., Zilloniz S., « Ouvrir dans un nouvel ongletPanorama des violences en France métropolitaine : enquête Genese 2021 », SSMSI, novembre 2022.