Insee Analyses Provence-Alpes-Côte d'Azur · Février 2025 · n° 139

La moitié des salariés du privé travaillent dans une zone dédiée à l’activité économique

Les zones dédiées à l’activité économique (ZDAE) sont des territoires sans vocation résidentielle qui concentrent un nombre significatif d’emplois salariés. Une approche statistique permet de délimiter leurs contours (sources, pour comprendre). Qu’il s’agisse de grandes zones industrielles, de zones commerciales ou artisanales, de sites logistiques ou encore de quartiers d’affaires, ces zones dédiées à l’activité économique ont connu un essor important depuis les années 1950. Ce fort développement a entraîné celui des infrastructures associées (voies de communication, parkings, etc.), parfois même leur saturation. Le contexte actuel de raréfaction du foncier et de nécessité de maîtrise de l’artificialisation des sols invite à améliorer la connaissance de ces zones.

En 2019, 820 zones dédiées à l’activité économique sont identifiées en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Elles représentent 6 % des ZDAE de France métropolitaine (figure 1).

Dans la région, plus de 35 000 établissements sont présents au sein de ces zones, soit 26 % des établissements du secteur privé (hors agriculture et intérim), une part équivalente à celle observée en France métropolitaine (27 %). La moitié des ZDAE de la région ont sept établissements ou plus, une médiane proche du niveau national (six établissements). Les ZDAE de la région sont en revanche plus petites : la moitié d’entre elles emploient au plus 84 salariés (contre 101 en France métropolitaine).

Plus de 520 000 salariés travaillent au sein des ZDAE, soit 49 % des salariés privés de la région, hors intérim et agriculture. C’est la troisième part la plus faible, après la Corse (36 %) et l’Île-de-France (37 %). Les autres régions ont toutes une part supérieure à 54 %, avec un maximum de 63 % dans les Pays de la Loire et en Bretagne.

En Provence-Alpes-Côte d’Azur, le département des Bouches-du-Rhône est celui où la part de salariés en ZDAE est la plus élevée (54 %). Dans les départements les plus touristiques où les emplois sont moins regroupés dans des ZDAE, cette part est plus faible : 41 % dans les Alpes-Maritimes, 45 % dans le Var et 46 % dans les Hautes-Alpes. Les Alpes-Maritimes se démarquent, avec en proportion moins de ZDAE que les autres départements de la région, mais des zones qui emploient davantage de salariés.

Les ZDAE sont très présentes le long des axes autoroutiers, notamment rhodaniens. Elles sont également nombreuses sur le pourtour méditerranéen et autour de l’étang de Berre (figure 2). Les zones les plus employeuses sont majoritairement concentrées aux abords des grandes villes (Marseille, Nice, Aix-en-Provence, Avignon et Toulon), ainsi qu’autour de Marignane et de Fos-sur-Mer.

Les ZDAE sont de taille très variable. Si la région compte de nombreuses petites zones, elle accueille également de très grandes zones qui concentrent la majeure partie de l’emploi. En effet, les 16 plus grandes zones regroupent la moitié des emplois en ZDAE. Cette concentration est bien plus forte que dans les autres régions de France métropolitaine dans lesquelles il faut en moyenne 35 zones pour regrouper la moitié des emplois en ZDAE.

Parmi les vingt zones les plus employeuses de France métropolitaine, quatre sont situées en Provence-Alpes-Côte d’Azur : la zone des Milles-la Duranne à Aix-en-Provence (37 000 emplois, 14^e position), la zone portuaire de Marseille (33 000 emplois, 15^e position), la ZDAE de Marignane-Vitrolles (32 500 emplois, 16^e position), la ZDAE de Sophia-Antipolis (30 000 emplois, 19^e position).

Les zones dédiées à l’activité économique sont très présentes dans les couronnes des aires d’attraction des villes : les ZDAE y concentrent une part importante de l’emploi salarié du secteur privé (61 %). À l’inverse, elles pèsent relativement moins dans les pôles (43 % de l’emploi salarié privé), où la majeure partie de l’emploi se situe dans des lieux mêlant habitat et activité économique.

La taille de l’aire d’attraction des villes influence également positivement la concentration de l’emploi en zones dédiées à l’activité économique. Dans l’aire d’Aix-Marseille, la plus grande de la région, plus de la moitié des emplois salariés du secteur privé (54 %) sont situés en ZDAE. C’est toutefois moins que dans les autres grandes aires (celles de plus de 700 000 habitants) de France de province hormis celle de Lille (51 %) et bien en deçà des aires de Rennes ou de Toulouse (65 %). Pour les autres aires de la région, la part d’emplois en ZDAE est presque toujours inférieure à 50 %.

À l’image de l’économie régionale davantage tournée vers le commerce et les services que vers l’industrie, les zones dédiées à l’activité économique de la région sont nettement tournées vers ces activités tertiaires (figure 3).

Contrairement aux ZDAE françaises, où l’industrie est en moyenne le premier employeur, c’est le secteur du commerce qui domine au sein des ZDAE de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Viennent ensuite, avec une part égale, les services et l’industrie. L’industrie, le commerce, le transport et la logistique ont les parts d’emploi en zones dédiées à l’activité économique les plus fortes. La nature même de ces activités, qui peuvent nécessiter de plus grandes surfaces foncières que d’autres activités et dont certaines peuvent être source de nuisance pour les riverains, entraîne fréquemment une implantation des sites de production dans des zones dépourvues d’habitations.

Pour l’ensemble des secteurs d’activité, à l’exception des services supports (et en particulier du secteur de l’information et communication), la part d’emploi en ZDAE est inférieure en Provence-Alpes-Côte d’Azur à la moyenne nationale.

Les 15 plus grandes zones dédiées à l’activité économique de la région (plus de 5 000 salariés) ont toutes une dominante sectorielle, à l’exception de celles de Nice, Aubagne et Toulon (figure 4). Les grandes ZDAE situées autour de l’étang de Berre, à Rousset et à Carros sont spécialisées dans l’industrie ; les zones de Sophia Antipolis et des Milles-la Duranne dans les services supports. La zone portuaire de Marseille est spécialisée dans le transport-entreposage. Dans les autres zones de plus de 5 000 salariés, c’est le commerce qui domine (par exemple, autour de la Valentine). Les 81 zones de taille intermédiaire (entre 1 000 et 5 000 salariés) sont essentiellement des zones à dominante commerciale ou des zones mixtes. Elles se situent en périphérie des grandes villes de la région ou bien dans des villes de taille intermédiaire. Dans les ZDAE les plus petites (moins de 1 000 salariés), les spécialisations sont très diverses, avec toutefois une surreprésentation des services de type hébergement, restauration ou loisirs. Ces zones se situent notamment sur le pourtour méditerranéen et à proximité de sites touristiques.

En 2019, 47 % des établissements présents dans une zone dédiée à l’activité économique de la région étaient déjà présents dans cette zone dix ans plus tôt. Dans cette étude, ces établissements sont dits « stables ». Ils emploient deux tiers des effectifs des ZDAE (figure 5). Entre 2009 et 2019, leurs effectifs ont progressé en moyenne de 0,6 % par an, soit 19 500 emplois supplémentaires sur la période. Cette croissance, notamment portée par les services supports (+2,0 % par an en moyenne sur la période) est comparable à la croissance de l’emploi des établissements stables hors ZDAE (+0,6 % par an également).

L‘autre moitié des établissements présents dans les ZDAE en 2019 sont venus s’y installer au cours des dix années précédentes, soit par création, soit à la suite d’un transfert. Parmi ces nouveaux établissements, ceux issus d’une création ex nihilo sont les plus fréquents. Depuis 2009, 12 400 établissements ont été créés. En 2019, ils représentent 35 % du total des établissements des ZDAE de la région mais seulement 17 % du total des emplois (88 000 salariés).

Les établissements transférés pèsent pour 18 % du total des établissements. Entre 2009 et 2019, 5 100 établissements ont emménagé dans une zone dédiée à l’activité en provenance d’un espace hors ZDAE. Fin 2019, ils hébergent 12 % de l’emploi en ZDAE, soit 64 000 salariés. Le plus souvent ces transferts se font depuis les centres-villes où le manque d’espace pouvait venir freiner leur développement. La distance de transfert est souvent très faible : la moitié des établissements ont déménagé à moins de 5 km et trois sur quatre à moins de 12 km. Les effectifs des établissements transférés augmentent en moyenne de 10 % l’année suivant leur déménagement. Les établissements qui passent d’une zone à une autre (principalement au sein de la région) sont au nombre de 1 300 et totalisent un peu moins de 22 000 emplois.

Dans les zones dédiées à l’activité économique, les établissements du secteur de l’industrie sont les plus stables : 59 % étaient déjà implantés au même endroit dix ans plus tôt. Les transferts d’établissement concernent plus souvent le secteur de la construction (31 %). Dans les services autres que supports, 42 % des établissements présents en 2019 ont été créés au cours des dix années précédentes.

Pour cette étude, l’année de création d’une zone dédiée à l’activité économique est estimée en prenant la date de création de l’établissement le plus ancien présent au sein de cette zone en 2019. Avec cette hypothèse, près de la moitié des ZDAE de la région (49 %) ont été créées entre 1980 et 1999, avec un pic entre 1990 et 1999. Pour près d’une zone sur quatre, la création est antérieure à 1980. Depuis 2010, de nouvelles ZDAE continuent de se créer (une soixantaine environ, soit 8 % du total des ZDAE en 2019) mais le rythme se réduit nettement ces dernières années.

Les zones actuelles dont la création est antérieure à 1980 sont plus souvent spécialisées dans l’industrie. Celles créées entre 1980 et 1999 sont largement spécialisées dans le commerce, suite à l’essor des zones commerciales et de leurs magasins emblématiques que sont les hypermarchés et les grandes surfaces spécialisées (meubles, bricolage, électroménager, articles de sports…). Depuis le début des années 2000, les nouvelles zones dédiées à l’activité économique sont plus souvent orientées vers les secteurs de la construction et du transport-entreposage.

Afin d’éclairer le débat public sur les zones d’activités économiques (ZAE), une méthodologie spécifique est proposée pour les approcher de façon statistique et harmonisée sur l’ensemble du territoire, et caractériser les établissements qui les composent. Cette méthode est identique à celle développée dans l’étude nationale [Antunez et al., 2023 ; pour en savoir plus (3)].