Insee Flash Réunion · Janvier 2025 · n° 286

Quatre enfants mineurs sur dix vivent dans une famille monoparentale à La Réunion

En 2021, à La Réunion, 227 700 enfants mineurs vivent dans une famille (pour comprendre). Près de la moitié d’entre eux (49 %) résident dans une famille « traditionnelle », avec leurs deux parents et leurs éventuels frères et sœurs, soit une part bien inférieure à celle dans l’Hexagone (68 %) (figure 1).

Sur l’île, presqu’autant de mineurs vivent avec un seul de leurs parents, en famille monoparentale ou recomposée : 48 % contre seulement 28 % dans l’Hexagone. Cet écart avec le niveau national est principalement lié à une prévalence plus forte de familles monoparentales à La Réunion.

À La Réunion, en 2021, 42 % des enfants mineurs vivent au sein d’une famille monoparentale, une part deux fois plus importante que dans l’Hexagone. Elle est cependant plus faible qu’aux Antilles, où plus de la moitié des enfants mineurs résident dans ce type de famille (54 %).

La part des enfants mineurs vivant dans une famille monoparentale augmente davantage à La Réunion qu’ailleurs : +4 points par rapport en 2018 contre +1 point dans l’Hexagone et aux Antilles.

Les familles recomposées regroupent quant à elles 9 % des enfants mineurs résidant dans une famille à La Réunion, une part proche du niveau national (11 %). Ces enfants vivent soit avec un parent et un beau-parent (6 %), soit avec leurs deux parents et des demi-frères et demi-sœurs (3 %).

Les enfants résidant avec un seul parent, en famille monoparentale ou recomposée, vivent très majoritairement avec leur mère, encore plus à La Réunion que dans l’Hexagone (89 % contre 81 %). Aux Antilles, cette part est encore un peu plus élevée (92 %).

Par ailleurs, la garde alternée est très peu répandue sur l’île : elle ne concerne que 3 % des mineurs vivant avec un seul de ses parents contre 13 % dans l’Hexagone. Cette proportion figure parmi les plus faibles des départements de France avec les autres départements et régions d’Outre-mer, ainsi que la Seine-Saint-Denis, la Haute-Corse et la Corse du Sud.

À La Réunion, la monoparentalité est particulièrement marquée et ce dès la naissance : 42 % des enfants naissent dans une famille monoparentale. Cette part est quatre fois plus élevée que dans l’Hexagone (11 %) (figure 2). Sur l’île, elle n’évolue quasiment pas avec l’âge de l’enfant. En revanche, dans l’Hexagone, la part des enfants vivant dans une famille monoparentale augmente fortement au fil des années : elle passe de 13 % pour les moins de 3 ans à 28 % pour les 15-17 ans.

De manière générale, les structures familiales sur l’île gardent plus souvent leurs caractéristiques au fil des années. Ainsi, à La Réunion, 50 % des enfants de moins de 3 ans vivent dans une famille « traditionnelle », une part quasi stable avec l’âge. En revanche, dans l’Hexagone, elle diminue de 79 % pour les enfants de moins de 3 ans à 61 % pour les 15-17 ans, alors que les familles monoparentales deviennent plus nombreuses au fur et à mesure des séparations.

La part des enfants vivant dans une famille recomposée reste également stable avec l’âge. Toutefois, dans ces familles, si les enfants en bas âge sont majoritairement issus des deux parents, c’est moins le cas des enfants plus âgés et des adolescents. Ces derniers vivent davantage avec un seul de leurs parents.

À La Réunion, la part d’enfants mineurs qui vivent dans des familles nombreuses de trois enfants ou plus est plus élevée qu’ailleurs : 40 % contre 31 % aux Antilles et 35 % dans l’Hexagone (figure 3).

Cet écart est essentiellement dû à une fratrie plus nombreuse dans les familles monoparentales à La Réunion. En effet, 42 % des mineurs en famille monoparentale grandissent dans des familles nombreuses contre 29 % dans l’Hexagone.

Toutefois, sur l’île comme partout en France, ce sont les familles recomposées qui ont les plus grandes fratries : 59 % des mineurs en famille recomposée vivent dans une famille nombreuse, une part proche de l’Hexagone (56 %). Dans les familles « traditionnelles », c’est le cas de 35 % des enfants mineurs, une part voisine de l’Hexagone (34 %).

La part d’enfants uniques est la même à La Réunion et dans l’Hexagone (21 %). Néanmoins, elle est plus faible dans les familles monoparentales à La Réunion (25 % contre 30 % dans l’Hexagone).

À La Réunion, 59 % des enfants ont un parent en emploi contre 86 % dans l’Hexagone (figure 4). Cet écart provient surtout des enfants de familles monoparentales : seulement 37 % d’entre eux ont leur parent en emploi, soit deux fois moins que dans l’Hexagone (70 %). Ils vivent ainsi plus souvent avec un parent au chômage ou inactif (au foyer, à la retraite, ou encore étudiant…). Cette situation est liée pour partie à un niveau de diplôme souvent inférieur à celui des autres parents, rendant plus difficile l’insertion dans l’emploi. Elle peut aussi résulter des difficultés liées à la garde d’enfants, qui pèsent davantage sur les parents qui élèvent seuls leur(s) enfant(s).

Ce moindre accès au marché du travail explique, en partie, une pauvreté plus importante à La Réunion que dans l’Hexagone [Fabre et Robin, 2023 ; pour en savoir plus (4)]. Les familles monoparentales sont d’ailleurs les plus touchées, et les mineurs particulièrement concernés : en 2021, 46 % d’entre eux vivent dans un ménage pauvre, soit 108 200 enfants [Ramaye, 2024 ; pour en savoir plus (3)].

Une part plus élevée de logements sont suroccupés à La Réunion (9 % contre 5 % dans l’Hexagone). De fait, les enfants mineurs résidant sur l’île vivent plus souvent dans un logement suroccupé (23 % contre 13 %).

Quelle que soit la situation familiale des enfants, la suroccupation des logements est plus fréquente à La Réunion qu’au niveau national. Les enfants de familles monoparentales sont toutefois encore plus concernés que les autres (33 %), en lien avec la plus grande pauvreté de ces ménages et un nombre d’enfants plus élevé qu’ailleurs. Les enfants de familles monoparentales résident aussi le plus souvent dans un logement social locatif (40 %). À l’inverse, leur parent est rarement propriétaire : 21 % contre 53 % des parents de familles « traditionnelles » et 40 % de ceux de familles recomposées.

La suroccupation concerne également plus souvent les enfants de familles recomposées - qui sont celles ou les grandes fratries sont plus fréquentes - que les enfants de familles « traditionnelles » (27 % contre 14 %).

Cette étude s’appuie sur le recensement de la population 2021. Elle porte sur les enfants mineurs qui vivent dans une famille à La Réunion. En 2021, 2,0 % des mineurs de La Réunion ne résident pas dans une famille et ne font pas partie du champ de cette étude, car ils ne vivent pas en logement ordinaire, ne vivent pas avec leurs parents ou sont eux-mêmes parfois à la tête d’une famille. De même, l’étude exclut les enfants majeurs, qui vivent chez leurs parents, soit 29,1 % des enfants de l’île.

Les enfants dont les parents sont séparés sont rattachés au logement où ils passent le plus de temps. En cas d’égalité (résidence alternée), ils sont rattachés au logement du parent où ils ont passé une nuit de référence donnée. Cela permet d’éviter de les compter deux fois.