Multinationales, balance commerciale et tissu productif (France 2000-2015)
Les firmes multinationales (FMN) sont par nature dans une position favorable pour exporter. Leur poids s’est accru au cours des 20 dernières années et elles représentent plus de la moitié de l’emploi et de la VA de l’économie française. Pourtant, dans le même temps, la balance commerciale française de produits industriels est devenue déficitaire entre 2000 et 2015. Pour analyser cette détérioration de la balance commerciale, on s’intéresse aux contributions des différentes catégories de firmes à celle-ci (multinationales sous contrôle français, celles sous contrôle étranger et firmes franco-françaises). On élabore une base de données individuelles longitudinale originale, quasiexhaustives, nommée BALXMF pour reconstruire les agrégats nationaux et analyser leur composition. Les différentes catégories d’entreprises ont des contributions opposées à la balance commerciale : les multinationales sous contrôle français (FMN-F) enregistrent un excédent, tandis que celles sous contrôle étranger (FMN-E) enregistrent constamment un déficit ainsi que les firmes franco-françaises (FF). Sur une dégradation de 39,8 Md€ du solde industriel, celui des FMN-E se creuse de 32,1 Md€, tandis que celui des FMN-F ne le contrebalance plus et diminue (-3,5 Md€). Troisième résultat, les changements de périmètre de ces différentes populations (prises de contrôle, cessions de sociétés, démographie ou changement de catégorie, dénommées « circulations ») jouent un rôle déterminant dans les différentes évolutions. Cela traduit aussi les transformations du tissu du système productif français (contenu en emploi, VA, activités). Désagréger le système productif national selon la dimension “FMN” apparaît essentiel. Cela devrait conduire à penser au-delà des agrégats. Enfin, le rôle des « circulations » de sociétés entre catégories incite à penser la firme comme un ensemble complexe, multi-niveau.