Insee Analyses Provence-Alpes-Côte d'Azur · Janvier 2025 · n° 137

En famille recomposée ou monoparentale, plus de 300 000 enfants mineurs vivent avec un seul de leurs parents

En 2021, 1 006 700  enfants mineurs vivent en Provence-Alpes-Côte d’Azur soit 19,6 % de la population régionale. Ils se répartissent dans 591 400  familles. Au sein de ces familles vivent également 365 000 enfants majeurs (pour comprendre).

La région se classe au 4^e rang des régions où la part d’enfants mineurs au sein de la population est la moins élevée. Elle varie de 18,0 % en Corse à 22,5 % en Île-de-France (20,8 % en France métropolitaine). Dans la région, les enfants mineurs sont plus présents en Vaucluse et dans les Bouches-du-Rhône.

En Provence-Alpes-Côte d’Azur, les deux tiers des enfants mineurs (65 %) vivent dans une famille dite « traditionnelle », c’est-à-dire avec leurs deux parents et éventuellement des frères et sœurs (68 % en France métropolitaine). Ils sont 25 % (21 % en France métropolitaine) à vivre au sein d’une famille monoparentale, avec un seul de leurs parents. Cette part est la plus élevée de France métropolitaine, devant l’Occitanie (24 %) et la Corse (23 %). À l’inverse, les Pays de la Loire et la Bretagne se caractérisent par les proportions les plus faibles d’enfants en famille monoparentale (respectivement 18 % et 19 %).

Enfin, environ 11 % des enfants mineurs de la région vivent dans une famille recomposée, comme en France métropolitaine. Parmi eux, deux sur trois sont issus d’une union antérieure et vivent donc avec un seul de leurs parents et un beau-parent. Le tiers restant sont des enfants issus de la nouvelle union : ils vivent donc avec leurs deux parents. Les familles recomposées se distinguent par un nombre d’enfants en moyenne plus élevé (encadré 1).

Dans la région, 32 % des enfants mineurs, soit 322 000 enfants, vivent avec un seul de leurs parents (28 % en France métropolitaine), que ce soit de manière exclusive ou en garde alternée (encadré 2). Sur dix enfants vivant dans ce type de configuration familiale, huit résident dans une famille monoparentale et deux dans une famille recomposée. Provence-Alpes-Côte d’Azur est la région de France métropolitaine où la part d’enfants vivant avec un seul de leurs parents est la plus élevée (figure 1). Elle atteint 34 % dans les Alpes-de-Haute-Provence et descend à 29 % en Vaucluse.

Lorsqu’ils vivent avec un seul parent, les enfants résident le plus souvent avec leur mère. C’est le cas de 84 % des enfants vivant en famille monoparentale et de 74 % de ceux vivant en famille recomposée.

La probabilité au sein de chaque famille que les parents soient séparés augmente logiquement avec le temps. De ce fait, les enfants plus âgés vivent plus souvent avec un seul de leurs parents (en famille monoparentale ou recomposée) : c’est le cas de 17 % des jeunes enfants de moins de trois ans, contre 44 % pour ceux âgés de 15 à 17 ans (figure 2). Plus précisément, parmi les jeunes enfants, 15 % vivent en famille monoparentale et 2 % en famille recomposée avec un seul parent, contre respectivement 32 % et 13 % pour ceux âgés de 15 à 17 ans. Inversement, la part des enfants en famille traditionnelle diminue avec l’âge : entre 15 et 17 ans, seuls un peu plus de la moitié des jeunes vivent encore avec leurs deux parents (56 %).

Les conditions sociales des enfants mineurs varient selon le type de famille dans lequel ils grandissent. Les enfants de familles monoparentales et recomposées vivent moins souvent avec une personne de référence diplômée de l’enseignement supérieur (figure 3).

Les enfants mineurs qui vivent au sein de familles traditionnelles ou recomposées ont plus souvent au moins un parent ou beau-parent en emploi que les enfants des familles monoparentales. Cela s’explique en partie, chez les familles monoparentales, par le fait qu’un seul parent, et non deux, constitue ces familles (dans ce cas, la probabilité qu’aucun adulte de la famille n’ait un emploi est logiquement plus élevée). Cette situation peut aussi résulter de possibles difficultés pour la prise en charge des enfants : concilier activité professionnelle et garde d’enfant peut être plus complexe au sein des familles monoparentales.

Les conditions de logement diffèrent également selon le type de famille dans lequel les enfants vivent. Les enfants des familles traditionnelles vivent plus souvent dans un logement propriété de leurs parents. Ils bénéficient aussi plus fréquemment d’un logement plus grand que nécessaire compte-tenu du nombre de personnes de la famille (on parle alors de sous-occupation).

Les enfants des familles monoparentales connaissent des conditions de logement plus défavorables. Ils sont plus concernés par la suroccupation de leur logement, notamment sur le littoral méditerranéen, en particulier dans le département des Alpes-Maritimes. Par ailleurs, ils résident plus souvent dans un logement en location, notamment dans le parc social, et vivent davantage en appartement. Enfin, ils sont aussi surreprésentés dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) [Durieux, Sanzeri, 2024 ; pour en savoir plus (2)].

Les enfants des familles recomposées sont quant à eux dans une situation intermédiaire : ils résident majoritairement dans un logement loué, mais moins souvent dans un logement social que les enfants des familles monoparentales. Un enfant de ces familles sur quatre vit dans un logement suroccupé, contre un sur trois pour ceux en famille monoparentale et moins d’un sur six en famille traditionnelle.

Dans dix-huit intercommunalités, les enfants mineurs se répartissent dans les différents types de famille dans des proportions similaires à la moyenne régionale (figure 4). C’est notamment le cas dans les trois métropoles de la région (Aix-Marseille-Provence, Toulon Provence Méditerranée, Nice Côte d’Azur).

Dans les autres intercommunalités, certains types de famille sont plus fréquents qu’au niveau régional. Ainsi, les enfants en famille recomposée sont plus présents dans certaines intercommunalités du centre et de l’ouest de la région, notamment en périphérie des métropoles (communautés d’agglomération Sud Sainte Baume et Alpes d’Azur par exemple). Sur ces territoires, les familles peuvent bénéficier de prix immobiliers plus abordables et de surfaces de logement plus grandes et plus adaptées à leur taille. Les familles recomposées sont également légèrement surreprésentées dans le rural.

Les enfants de familles traditionnelles sont plus présents dans les départements des Hautes-Alpes (67 %) et de Vaucluse (67 %). Dans les communautés de communes Champsaur Valgaudemar, Rhône Lez Provence et Buëch Dévoluy, plus de sept enfants sur dix vivent dans ce type de famille.

Enfin, certaines intercommunalités se distinguent par une proportion d’enfants en famille monoparentale élevée : communauté d’agglomération de Cannes Pays de Lérins (28 %) et communauté de communes Pays Forcalquier - Montagne de Lure.

Cette étude s’appuie sur le recensement de la population 2021. Elle porte sur les enfants mineurs de la région, soit 1 006 700 enfants. Cela exclut les mineurs qui ne sont pas enfants d’une famille, car ils ne vivent pas en logement ordinaire, ne vivent pas avec leurs parents ou sont eux-mêmes à la tête d’une famille. En 2021, 18 000 mineurs sont dans une de ces situations (soit 1,7 % des enfants mineurs). Cela exclut également les enfants majeurs qui vivent avec au moins un de leurs parents, soit 365 000 enfants (27 % des enfants de la région).

Les enfants qui ne vivent pas avec leurs deux parents sont rattachés au logement dans lequel ils passent la majorité du temps. Dans le cas où l’enfant passe une moitié du temps chez un parent et une chez l’autre parent, il est compté dans le logement dans lequel il a passé la nuit précédant le premier jour de la collecte du recensement. Cela permet de ne pas le compter deux fois.

Les enfants majeurs, bien qu’exclus du champ d’analyse, sont pris en compte pour classer les familles (par type et taille) dès lors qu’ils vivent dans le même logement que les enfants mineurs. Lorsqu’un enfant majeur quitte le logement familial, la famille peut changer de type (passer de recomposée à traditionnelle, si le ou les enfants restant dans le logement sont les enfants du couple).