Insee Flash Grand Est ·
Janvier 2025 · n° 10212 500 emplois verts dans le Grand Est, dont un quart dédié à la protection de la
nature
Dans le Grand Est, 12 500 actifs occupent un emploi vert en 2021. Les métiers de la production et de la distribution d’eau, d’électricité et de gaz restent prépondérants : ils représentent près d’un emploi sur deux.
Entre 2010 et 2021, le nombre d’emplois verts a augmenté moins vite dans la région qu’en France métropolitaine. La part des emplois verts est plus forte dans les Ardennes, l’Aube et la Moselle. En comparaison, le Bas-Rhin et la Marne en comptent peu. Les métiers verts sont généralement plus masculins qu’en moyenne (83 % contre 51 %) et les actifs qui les occupent sont davantage diplômés qu’en France.
- 12 500 emplois verts
- Un emploi vert sur deux dans la production et la distribution d’énergie et d’eau
- Le poids des métiers verts varie du simple au double selon les départements
- En onze ans, légère hausse des emplois verts, principalement de ceux liés à la protection de l’environnement
- Des métiers principalement masculins et diplômés
- Encadré 1 - La mesure des emplois verts et ses limites
- Encadré 2 - Plusieurs approches de l’économie verte
12 500 emplois verts
Dans le Grand Est, en 2021, 12 500 personnes occupent un emploi vert, soit 0,6 % de l’ensemble des emplois, plaçant ainsi la région en troisième position des régions de France métropolitaine, avec l’Auvergne-Rhône-Alpes, les Hauts-de-France et l’Occitanie.
La forte présence de centrales nucléaires explique les premières places de Centre-Val de Loire et de la Normandie (0,7 % d’emplois verts). La Bourgogne-Franche-Comté, la Corse, l’Île-de-France, les Pays de la Loire et la Bretagne sont les régions où les métiers verts sont proportionnellement moins présents (moins de 0,5 %).
Un emploi vert sur deux dans la production et la distribution d’énergie et d’eau
Neuf catégories socioprofessionnelles définissent les emplois verts, regroupées en trois grandes familles (figure 1). Compte tenu de son poids dans l’ensemble de l’économie, la famille production et distribution d’électricité, de gaz et d’eau est la plus nombreuse, dans le Grand Est comme en France métropolitaine (44 % et 39 % en 2021). Les emplois retenus comprennent à la fois des ingénieurs, des agents de maîtrise et des ouvriers qualifiés, soit un total de 5 500 actifs.
La deuxième composante des emplois verts relève des métiers de l’assainissement et du traitement des déchets. Ouvriers qualifiés et non qualifiés, ainsi que conducteurs de véhicules de ramassage des ordures ménagères forment 34 % des emplois verts (4 200). Enfin, les métiers de protection de la nature et de l’environnement (agents forestiers, ingénieurs et cadres techniques et techniciens de l’environnement) comptent 2 800 emplois, soit près du quart de l’ensemble.
tableauFigure 1 – Répartition des emplois verts par domaine et profession détaillée en 2021
Domaines des emplois verts | Professions détaillées | France | Grand Est |
---|---|---|---|
Protection nature et environnement | Agents techniques forestiers, gardes des espaces naturels | 13 | 12 |
Ingénieurs et cadres techniques de l'environnement | 10 | 8 | |
Techniciens de l'environnement et du traitement des pollutions | 2 | 3 | |
Assainissement et traitement des déchets | Ouvriers qualifiés de l'assainissement et du traitement des déchets | 6 | 6 |
Conducteurs de véhicule de ramassage des ordures ménagères | 8 | 8 | |
Ouvriers non qualifiés de l'assainissement et du traitement des déchets | 22 | 19 | |
Production distribution électricité, gaz, eau | Ouvriers qualifiés des autres industries (eau, gaz, énergie, chauffage) | 5 | 6 |
Ingénieurs et cadres de la production et de la distribution d'énergie, eau | 9 | 8 | |
Agents de maîtrise et techniciens en production et distribution d'énergie, eau, chauffage | 25 | 30 |
- Lecture : Les agents de maîtrise et techniciens en production et distribution d’énergie, eau, chauffage représentent 30 % des emplois verts dans le Grand Est, contre 25 % en France.
- Source : Insee, Recensement de la population 2021, exploitation complémentaire.
graphiqueFigure 1 – Répartition des emplois verts par domaine et profession détaillée en 2021
Le poids des métiers verts varie du simple au double selon les départements
Le poids des emplois verts varie selon les départements de la région. Il est élevé dans les Ardennes et l’Aube (1,0 % et 0,8 %) ce qui s’explique en grande partie par la présence de centrales nucléaires dans ces territoires (figure 2). En effet, la part de la production et de la distribution d’électricité, eau, gaz parmi les emplois verts y est très importante (entre 54 % et 62 %).
À l’opposé, avec seulement 0,4 % de l’ensemble des emplois, le Bas-Rhin et la Marne regroupent la plus faible proportion d’emplois verts. Le Bas-Rhin s’avère toutefois le seul département à présenter une spécificité notable de par ses emplois dans le domaine de la protection de la nature : 34 % des emplois verts, soit plus de 700 travailleurs. Les taux des départements de la Meuse et de la Haute-Marne sont modestes (0,5 %).
tableauFigure 2 – Nombre et part des emplois verts dans le Grand Est, selon le département
Code département | Libellé département | Nombre d’emplois verts | Part des emplois verts dans l’emploi total (en %) |
---|---|---|---|
08 | Ardennes | 880 | 1,0 |
10 | Aube | 880 | 0,8 |
51 | Marne | 1 090 | 0,4 |
52 | Haute-Marne | 370 | 0,5 |
54 | Meurthe-et-Moselle | 1 800 | 0,7 |
55 | Meuse | 320 | 0,5 |
57 | Moselle | 2 650 | 0,7 |
67 | Bas-Rhin | 2 090 | 0,4 |
68 | Haut-Rhin | 1 630 | 0,6 |
88 | Vosges | 780 | 0,6 |
02 | Aisne | 830 | 0,5 |
21 | Côte-d'Or | 1 140 | 0,5 |
25 | Doubs | 940 | 0,4 |
39 | Jura | 520 | 0,5 |
58 | Nièvre | 350 | 0,5 |
59 | Nord | 6 170 | 0,6 |
60 | Oise | 1 470 | 0,5 |
62 | Pas-de-Calais | 2 850 | 0,6 |
70 | Haute-Saône | 350 | 0,5 |
71 | Saône-et-Loire | 1 140 | 0,5 |
75 | Paris | 7 410 | 0,4 |
77 | Seine-et-Marne | 2 290 | 0,5 |
78 | Yvelines | 2 450 | 0,5 |
80 | Somme | 1 170 | 0,5 |
89 | Yonne | 560 | 0,5 |
90 | Territoire De Belfort | 180 | 0,3 |
91 | Essonne | 2 270 | 0,5 |
92 | Hauts-de-Seine | 5 720 | 0,6 |
93 | Seine-Saint-Denis | 3 860 | 0,6 |
94 | Val-de-Marne | 2 240 | 0,4 |
95 | Val-d'Oise | 1 870 | 0,4 |
- Lecture : En Moselle, on compte 2 650 emplois verts, soit 0,7 % de l’ensemble des emplois.
- Source : Insee, Recensement de la population 2021, exploitation complémentaire.
graphiqueFigure 2 – Nombre et part des emplois verts dans le Grand Est, selon le département
En onze ans, légère hausse des emplois verts, principalement de ceux liés à la protection de l’environnement
Entre 2010 et 2021, le nombre d’emplois verts a progressé de 5 %, soit 550 travailleurs supplémentaires sur la période. Cette augmentation est moins rapide qu’en France métropolitaine (+8 %).
L’Île-de-France et les Hauts-de-France (+7 % et +4 %) sont proches du Grand Est. En revanche, les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Pays de la Loire et Normandie ont des hausses entre +16 % et +24 %. Le nombre d’emplois verts augmente peu, voire recule pour trois régions (Bourgogne-Franche-Comté, Centre-Val de Loire, Corse).
Dans le Grand Est, cette variation est d’ampleur très différente selon les professions. Dans les métiers de la protection de l’environnement, les effectifs ont augmenté de 27 %, (soit 590 emplois), notamment ceux des techniciens de l’environnement et de la pollution, et ceux des ingénieurs (respectivement +37 % et +30 %).
Dans le secteur de l’assainissement et du traitement des déchets, la croissance est moins élevée (+18 %, soit 640 emplois). Au sein de cette famille professionnelle, seul le nombre d’ouvriers qualifiés progresse fortement (+43 %). Inversement, le nombre d’emplois diminue de 11 % dans la production et la distribution d’électricité, eau et gaz (soit une perte de 680 emplois) ; seuls les effectifs d’ingénieurs et de cadres augmentent (+45 %), alors que les effectifs des ouvriers et des agents de maîtrise baissent (-12 % et -25 %).
Des métiers principalement masculins et diplômés
Huit emplois verts sur dix sont occupés par des hommes. Les professions de l’assainissement des déchets sont les plus masculines (90 %), particulièrement celle de conducteur de véhicules de ramassage d’ordures (97 %).
Les professions de la production et de la distribution d’électricité concernent aussi essentiellement les hommes, en particulier les ouvriers qualifiés (91 %), alors que dans ce domaine, les déséquilibres de genre sont un peu moins marqués pour les autres types de professions (80 % d’hommes chez les ingénieurs et 84 % chez les agents de maîtrise).
Dans la protection de la nature et de l’environnement, la répartition est encore moins déséquilibrée (68 % d’hommes). La profession la plus féminisée est celle de technicien de l’environnement et de la pollution, avec plus de quatre femmes sur dix.
Dans le Grand Est, les actifs occupant un emploi vert sont davantage diplômés qu’en France. Le niveau d’études est particulièrement élevé dans la protection de la nature et de l’environnement et dans le domaine « eau, électricité ». Inversement, celui de l’assainissement et du traitement des déchets compte peu de diplômés. Les ouvriers non qualifiés y représentent 57 % des emplois, et les conducteurs de véhicule, près d’un quart (23 %).
Encadré 1 - La mesure des emplois verts et ses limites
Le périmètre des emplois verts n’intègre pas à l’heure actuelle l’agriculture biologique (AB). Les nomenclatures utilisées ne permettent pas d’intégrer facilement les exploitants, qui peuvent avoir un engagement partiel ou total en AB. L’Agence Bio, qui tient à jour l’annuaire des professionnels, estime en 2021 à près de 4 000 le nombre de producteurs engagés dans le Grand Est.
Des métiers de production des énergies sont inclus dans les emplois verts. Les compétences de ces métiers sont bien sûr essentielles à la mise en œuvre de la transition énergétique. Sont notamment inclus dans les emplois verts des métiers de l’énergie nucléaire, non renouvelable du fait de sa dépendance à l’uranium, mais reconnue par l’Union européenne comme énergie de transition contribuant à une économie à moindre émission de carbone. Les territoires spécialisés dans la production nucléaire ont donc, par construction, davantage d’emplois verts.
Enfin, le périmètre des métiers verdissants regroupe ceux qui font face à des problématiques de transition écologique, souvent dans des secteurs émetteurs (bâtiment, transport…) confrontés à des objectifs de réduction de leur empreinte. Les métiers verdissants ne sont pas analysés dans cette étude. Ils représentent néanmoins près de 302 000 emplois dans le Grand Est, soit beaucoup plus que les métiers verts.
Encadré 2 - Plusieurs approches de l’économie verte
Le but de l’économie verte est de réduire la consommation des ressources et les émissions de gaz à effet de serre et de viser à la fois la sobriété énergétique et une meilleure gestion des déchets.
L’Observatoire national des emplois et des métiers de l’économie verte (Onemev) a développé deux approches pour appréhender les emplois de cette économie. La première relève des activités des entreprises et des administrations, qui se répartissent en deux catégories : d’une part, les éco-activités, qui ont pour finalité la protection de l’environnement ou la gestion des ressources ; d’autre part, les activités périphériques qui participent par ailleurs à une meilleure qualité environnementale.
La seconde approche de l’économie verte concerne les « métiers », sélectionnés à partir de la nomenclature des professions et catégories sociales (PCS 2003), indépendamment de l’activité environnementale ou non de l’entreprise. Cette approche quantifie le nombre de personnes occupant un poste à finalité environnementale (métiers verts) ou dont le contenu évolue pour intégrer les enjeux environnementaux (métiers verdissants). Le périmètre des emplois verts ou verdissants est sujet à certaines limites dues notamment à la non-inclusion de l’agriculture biologique, ou à l’inclusion des métiers de la production d’énergie non renouvelable (encadré 1).
La mesure territoriale de l’économie verte est restreinte par les sources disponibles dans la statistique publique [Bourges, Margontier, 2020 ; pour en savoir plus (4)]. Ainsi, si l’approche « activités » est indisponible au niveau régional, la perspective « métiers », certes imparfaite, offre un éclairage localisé de l’économie verte.
Définitions
Le périmètre statistique retenu par la France pour l’économie verte recouvre le « noyau dur » des éco-activités et y adjoint les activités produisant des biens et services dits favorables à la protection de l’environnement qui, même s’ils n’ont pas pour finalité la protection de l’environnement, sont plus respectueux que les autres produits rendant le même service. Parallèlement à cette démarche sectorielle, une approche plus transversale est utilisée en cherchant à cerner les métiers.
Les éco-activités sont les activités qui produisent des biens ou services ayant pour finalité la protection de l’environnement ou la gestion durable des ressources naturelles. Il s’agit du périmètre de référence établi par Eurostat pour le suivi de long terme des emplois « verts » et les comparaisons internationales.
Les activités périphériques sont celles qui agissent en faveur d’une meilleure qualité environnementale sans que ce soit leur finalité première. Ce périmètre permet de tenir compte des entreprises dont l’activité de production évolue ou a évolué face aux enjeux environnementaux. Les activités référencées dans le Grenelle de l’environnement ont servi de base pour cette extension. Le périmètre des activités périphériques a fait l'objet d'une révision substantielle en 2020 décrite dans une note méthodologique. Selon ce nouveau périmètre, les activités périphériques comprennent la gestion des espaces verts ainsi que la gestion et l'exploitation de modes de transport plus durables (transport en commun, bicyclette).
Pour en savoir plus
(1) Maury S., Reffet-Rochas A., « 18 000 emplois verts, un quart dédié à la protection de la nature », Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes no 140, février 2024.
(2) Nauroy F., « Ouvrir dans un nouvel ongletLes éco-activités et l’emploi environnemental en 2020 », SDES, juillet 2023.
(3) « Ouvrir dans un nouvel ongletLe bio, acteur incontournable de la souveraineté alimentaire », Agence BIO, Dossier de presse, juillet 2021.
(4) Bourges B., Margontier S., « Ouvrir dans un nouvel ongletRévision méthodologique du suivi statistique de l’emploi dans les professions vertes », Observatoire national des emplois et métiers de l’économie verte, document de travail CGDD-SDES no 45, janvier 2020.