Insee Flash Bretagne ·
Décembre 2024 · n° 107
En Bretagne, moins d’immigration que dans les autres régions françaises
En 2021, la part d’immigrés dans la population bretonne, qui se situe à 4,1 %, est la plus faible de toutes les régions métropolitaines. Entre 2011 et 2021, elle a augmenté dans les mêmes proportions que dans les autres régions françaises hors Île-de-France. Si l’immigration en provenance d’Afrique augmente plus fortement depuis dix ans, la région se distingue du reste du pays par une proportion plus importante d’immigrés d’origine britannique. La moyenne d’âge et la répartition femmes-hommes des populations immigrées (personnes nées étrangères à l’étranger) et non immigrées (personnes nées en France ou nées Françaises à l’étranger) sont proches. Les Français par acquisition représentent un immigré sur trois, mais des disparités existent selon la durée de présence dans le pays. Ils vivent en moyenne depuis plus longtemps sur le sol français que les immigrés n’ayant pas acquis la nationalité française.
- La région avec la plus faible part d’immigrés dans sa population
- La part d’immigrés africains en nette hausse
- En Bretagne, moins d’immigrés originaires du Maghreb que dans le reste du pays
- Entre immigrés et non immigrés, une moyenne d’âge et une part de femmes proches mais des différences structurelles
- Un immigré sur trois est Français
La région avec la plus faible part d’immigrés dans sa population
En 2021, la Bretagne compte 138 600 des 6 656 000 immigrés présents en France métropolitaine. Excentrée à l’ouest du pays et traditionnellement rurale, la Bretagne attire peu d’immigrés comparativement aux autres régions françaises. Ces deux facteurs expliquent la faible part d’immigrés (4,1 %) dans la population bretonne en 2021 par rapport à la moyenne nationale (10,2 %) (figure 1). En Bretagne, où cette part est la plus basse, elle est du même ordre qu’en Pays de la Loire et en Normandie, très en deçà de celles de l’Île-de-France (de loin la plus élevée) et de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Entre 2011 et 2021, cette part d’immigrés a augmenté de 1,2 point dans la région, une hausse qui se situe dans la moyenne des hausses observées pour l’ensemble des régions métropolitaines hors Île-de-France. Sur cette période, les 45 300 immigrés supplémentaires (+49 %) ont contribué pour un quart à l’augmentation de la population dans la région.
tableauFigure 1 – Part d’immigrés dans la population des régions de France métropolitaine en 2011 et 2021
Région | 2011 | 2021 |
---|---|---|
Bretagne | 2,9 | 4,1 |
Pays de la Loire | 3,2 | 4,6 |
Normandie | 3,7 | 4,9 |
Hauts-de-France | 4,8 | 5,8 |
Nouvelle-Aquitaine | 5,5 | 6,7 |
Bourgogne-Franche-Comté | 6,3 | 7,3 |
Centre-Val de Loire | 6,1 | 7,6 |
Occitanie | 8,3 | 9,3 |
Grand Est | 8,2 | 9,5 |
Corse | 9,8 | 9,8 |
Auvergne-Rhône-Alpes | 8,7 | 10,0 |
Provence-Alpes-Côte d’Azur | 10,1 | 11,2 |
Île-de-France | 17,9 | 20,4 |
France métropolitaine | 8,7 | 10,2 |
- Lecture : La part de personnes immigrées au sein de la population de Bretagne est de 4,1 % en 2021, après 2,9 % en 2011.
- Source : Insee, recensements de la population 2011 et 2021, exploitation principale.
graphiqueFigure 1 – Part d’immigrés dans la population des régions de France métropolitaine en 2011 et 2021

- Lecture : La part de personnes immigrées au sein de la population de Bretagne est de 4,1 % en 2021, après 2,9 % en 2011.
- Source : Insee, recensements de la population 2011 et 2021, exploitation principale.
L’Ille-et-Vilaine est le département breton où la part d’immigrés est la plus importante (5,2 %) et celui où cette part a le plus progressé entre 2011 et 2021 (+1,7 point). Dans les Côtes-d’Armor (3,8 %), le Finistère (3,4 %) et le Morbihan (3,5 %), les parts d’immigrés sont proches, tout comme leur progression depuis 2011. Avec 22 300 immigrés supplémentaires, l’Ille-et-Vilaine contribue presque pour moitié à l’augmentation du nombre d’immigrés dans la région sur la période.
La part d’immigrés africains en nette hausse
En 2021, tout comme dix ans plus tôt, les trois quarts des immigrés vivant en Bretagne sont nés en Afrique ou en Europe. La population immigrée d’origine africaine, avec 53 100 personnes, a désormais dépassé celle d’origine européenne (52 000) (figure 2). Cette hausse de 24 200 immigrés africains (+84 %) est essentiellement portée par l’immigration en provenance des anciennes colonies françaises : pays du Maghreb (+7 600), d’Afrique sahélienne (+2 300) ou d’Afrique francophone hors Sahel (+9 900). En parallèle, la forte augmentation du nombre d’immigrés d’origine roumaine depuis l’adhésion de leur pays natal à l’Union européenne en 2007 (+4 300) et la hausse plus modérée du nombre des autres immigrés venant d’Europe n’ont pas inversé cette tendance. Le recul de l’immigration d’origine britannique (-1 900), déjà engagé avant le Brexit, l’a même amplifiée. Les immigrés originaires du Royaume-Uni, avec 11 900 résidents, sont désormais moins nombreux que les immigrés originaires du Maroc (12 000), qui forment le groupe le plus représenté.
Concernant l’Asie, le nombre d’immigrés originaires d’Asie du Sud-Est, de Chine, d’Inde et de Turquie a peu augmenté. En revanche, les flux migratoires en provenance d’Asie centrale et des autres pays d’Asie se sont intensifiés, souvent sous l’effet de facteurs géopolitiques.
tableauFigure 2 – Répartition des immigrés vivant en Bretagne en 2011 et 2021 par pays ou région de naissance et évolution sur la période
Pays ou région de naissance dans le monde | Immigrés vivant en Bretagne en 2011 | Immigrés vivant en Bretagne en 2021 | Évolution 2011-2021 | |||
---|---|---|---|---|---|---|
Nombre | Part (en %) | Nombre | Part (en %) | En nombre | En % | |
Portugal | 6 500 | 7 | 7 700 | 6 | +1 200 | +18 |
Italie | 1 800 | 2 | 2 700 | 2 | +900 | +50 |
Espagne | 2 100 | 2 | 3 000 | 2 | +900 | +43 |
Roumanie | 2 100 | 2 | 6 400 | 5 | +4 300 | +205 |
Autres pays de l'UE* | 9 900 | 11 | 12 600 | 9 | +2 700 | +27 |
Royaume-Uni | 13 800 | 15 | 11 900 | 9 | -1 900 | -14 |
Autres pays d'Europe | 4 700 | 5 | 7 600 | 6 | +2 900 | +62 |
Ensemble Europe | 40 800 | 44 | 52 000 | 38 | +11 200 | +27 |
Algérie | 4 900 | 5 | 6 800 | 5 | +1 900 | +39 |
Maroc | 8 000 | 9 | 12 000 | 9 | +4 000 | +50 |
Tunisie | 1 800 | 2 | 3 500 | 3 | +1 700 | +94 |
Afrique sahélienne | 1 900 | 2 | 4 200 | 3 | +2 300 | +121 |
Afrique francophone hors Sahel | 7 900 | 8 | 17 800 | 13 | +9 900 | +125 |
Autres pays d'Afrique | 4 500 | 5 | 8 800 | 6 | +4 300 | +96 |
Ensemble Afrique | 28 900 | 31 | 53 100 | 38 | +24 200 | +84 |
Turquie | 6 000 | 6 | 6 100 | 4 | +100 | +2 |
Chine, Inde, Asie du Sud-Est | 5 600 | 6 | 6 200 | 5 | +600 | +11 |
Asie centrale | 1 400 | 2 | 2 900 | 2 | +1 500 | +107 |
Autres pays d'Asie | 4 800 | 5 | 9 600 | 7 | +4 800 | +100 |
Ensemble Asie | 17 800 | 19 | 24 900 | 18 | +7 100 | +40 |
Ensemble Amérique | 5 600 | 6 | 8 300 | 6 | +2 700 | +48 |
Ensemble Océanie | < 200 | 0 | 300 | 0 | – | – |
Ensemble | 93 300 | 100 | 138 600 | 100 | +45 300 | +49 |
- * UE : Union européenne.
- Note : En raison des arrondis, des totaux peuvent légèrement différer de la somme des éléments qui les composent.
- Lecture : En 2021, 7 700 immigrés nés au Portugal résident en Bretagne, contre 6 500 en 2011. En dix ans, leur nombre a ainsi augmenté de 18 % (1 200 personnes).
- Source : Insee, recensements de la population 2011 et 2021, exploitation principale.
En Bretagne, moins d’immigrés originaires du Maghreb que dans le reste du pays
Les immigrés originaires du Maghreb et des anciens pays d’immigration européenne sont nettement moins présents en Bretagne que dans le reste du pays. Par exemple, les immigrés nés en Algérie représentent 4,7 % des immigrés résidant en Bretagne, contre 13,0 % en France métropolitaine, et ceux nés en Tunisie 2,5 %, contre 4,8 % au niveau national. Inversement, 8,6 % des immigrés de la région sont originaires du Royaume-Uni contre seulement 2,2 % dans l’ensemble du pays.
Plusieurs facteurs expliquent ces différences. Tout d’abord, les vagues migratoires des Trente Glorieuses se sont principalement concentrées en Île-de-France et dans les régions fortement industrialisées de l’est du pays. Ensuite, l’effet frontière a favorisé l’installation des immigrés en provenance du sud de l’Europe ou du Maghreb en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Occitanie, et celle des immigrés venant du Royaume-Uni le long de la façade atlantique. Enfin, des réseaux culturels se sont constitués dans ces régions, incitant les nouveaux immigrés de même origine à s’y installer plus fréquemment, renforçant ces dynamiques [Jayet, Ukrayinchuk, 2007 ; pour en savoir plus (3)].
Entre immigrés et non immigrés, une moyenne d’âge et une part de femmes proches mais des différences structurelles
Les immigrés résidant en Bretagne sont âgés en moyenne de 41 ans, soit deux ans de moins que le reste de la population régionale. Cependant, dans le détail, les différences sont plus marquées. Les trois quarts des immigrés (74 %) ont entre 15 et 59 ans, une part nettement supérieure à la population non immigrée (53 %). Des disparités existent selon le continent de naissance : les immigrés de 60 ans ou plus sont proportionnellement plus nombreux parmi ceux nés en Europe, en particulier pour les immigrés nés au Royaume-Uni (56 %). Ils sont à l’inverse moins présents parmi les immigrés nés en Afrique, en particulier ceux provenant d’Afrique francophone hors Sahel (6 %) et d’Afrique sahélienne (8 %).
Les femmes représentent en Bretagne la moitié de la population immigrée, une proportion équivalente à celle dans la population non issue de l’immigration. Elles sont toutefois davantage présentes parmi les immigrés âgés de 30 à 59 ans (52 %) et moins parmi ceux de 15 à 29 ans (46 %). Concernant leur région d’origine, elles ne sont minoritaires que parmi les immigrés nés en Afrique, en particulier provenant du Maghreb (42 %) et du Sahel (43 %).
Un immigré sur trois est Français
Un peu plus de 45 000 immigrés résidant en Bretagne ont acquis la nationalité française, soit un tiers (33 %) d’entre eux (figure 3). Cette part est inférieure à celle observée en France métropolitaine (37 %). L’acquisition de la nationalité française est plus fréquente chez les immigrés installés depuis longtemps. Or les immigrés vivant en Bretagne sont en moyenne arrivés plus récemment en France que l’ensemble de ceux vivant dans le pays : ils y résident depuis 27 ans en moyenne, contre 33 ans pour tous les immigrés de France métropolitaine.
tableauFigure 3 – Immigrés et étrangers en Bretagne en 2021
Immigrés (selon la nationalité) – Étrangers (selon le lieu de naissance) | Nombre en 2021 |
---|---|
Immigrés | 138 600 |
Français par acquisition | 45 000 |
Étrangers | 93 600 |
Étrangers | 106 800 |
Nés à l’étranger | 93 600 |
Nés en France | 13 200 |
- Lecture : En 2021, parmi les 106 800 étrangers vivant en Bretagne, 93 600 sont nés à l’étranger (ce sont donc aussi des immigrés) et 13 200 sont nés en France. On dénombre au total 138 600 immigrés vivant dans la région, dont 45 000 ont acquis la nationalité française.
- Source : Insee, recensement de la population 2021, exploitation principale.
graphiqueFigure 3 – Immigrés et étrangers en Bretagne en 2021

- Lecture : En 2021, parmi les 106 800 étrangers vivant en Bretagne, 93 600 sont nés à l’étranger (ce sont donc aussi des immigrés) et 13 200 sont nés en France. On dénombre au total 138 600 immigrés vivant dans la région, dont 45 000 ont acquis la nationalité française.
- Source : Insee, recensement de la population 2021, exploitation principale.
Les immigrés nés dans les pays du Sud-Est asiatique, sur le continent américain ou en Afrique sont ceux qui acquièrent le plus souvent la nationalité française (respectivement 53 %, 48 % et 38 % d’entre eux). En particulier, dans ces zones géographiques, ce sont les immigrés qui viennent d’Haïti (63 %), du Laos (82 %) et d’Éthiopie (76 %) qui sont le plus souvent devenus Français. Inversement, les immigrés européens acquièrent moins fréquemment la nationalité française (24 %). C’est notamment le cas de ceux nés au Royaume-Uni (13 %) ou en Roumanie (19 %).
Définitions
Un immigré est une personne née étrangère à l’étranger et résidant en France. Les personnes nées Françaises à l’étranger et vivant en France ne sont donc pas comptabilisées. Certains immigrés ont pu devenir Français, les autres restant étrangers.
L’Afrique sahélienne comprend ici trois pays : le Sénégal, le Mali et la Mauritanie.
L’Afrique francophone hors Sahel désigne ici l’ensemble formé par les pays suivants : le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, la République centrafricaine, les Comores, la République démocratique du Congo, le Congo, Djibouti, la Guinée, la Côte d’Ivoire, Madagascar, le Niger, le Rwanda, les Seychelles, le Tchad et le Togo.
Un étranger est une personne qui réside en France et ne possède pas la nationalité française.
Pour en savoir plus
(1) Auzet L., Maillochon A., Tiercin Le Meur S., « Les immigrés en Bretagne : des profils qui se diversifient fortement », Insee Analyses Bretagne no 19, mai 2015.
(2) Immigrés et descendants d’immigrés, coll. « Insee Références », édition 2023.
(3) Jayet H., Ukrayinchuk N., « Ouvrir dans un nouvel ongletLa localisation des immigrants en France : Une première approche », in Revue d’économie régionale et urbaine no 4, p. 625-649, novembre 2007.