Insee Analyses Grand Est · Décembre 2024 · n° 189

Le niveau de vie augmente moins dans l’est de la région

En 2019, le niveau de vie médian dans le Grand Est est d’environ 21 800 € (figure 1) soit 200 € de plus qu’en France de province (France métropolitaine hors Île-de-France). Le Grand Est se place ainsi au 4^e rang des régions de province, derrière Auvergne-Rhône-Alpes (22 600 €), Bretagne et Pays-de-la-Loire. Entre 2013 et 2019, ce niveau de vie augmente de 2 % dans la région contre 3 % en France de province.

Dans le Grand Est, les inégalités sont un peu plus prononcées qu’en moyenne : les 10 % de ménages les plus aisés de la région ont un niveau de vie au moins 3,3 fois supérieur à celui des 10 % les plus modestes. En France de province, ce rapport est de 3,2 (3,6 en Provence-Alpes-Côte d’Azur). Ces inégalités diminuent toutefois légèrement dans le Grand Est depuis 2013.

Dans la région, la part des retraites, pensions et celle des prestations sociales non contributives dans le revenu disponible augmentent entre 2013 et 2019 (+1,4 et +0,7 point, figure 2). Celle des revenus liés à l’activité (salaires et indemnités chômage) et celle des impôts restent stables. Le poids des revenus liés à l’activité évolue toutefois différemment selon les tranches d’âge. Il s’accroît de 3,5 points en six ans chez les ménages dont la personne de référence a entre 60 et 74 ans, en lien avec l’augmentation du taux d’activité des seniors. À l’inverse, il décroît de 2,2 points chez les moins de 30 ans, en lien avec l’allongement de la durée des études.

La part des revenus du patrimoine et autres revenus diminue également (-1,8 point). Cette baisse est plus marquée pour les populations les plus âgées : -3,5 points chez les 60-74 ans, -5 points chez les 75 ans ou plus.

Le niveau de vie n’est pas homogène au sein du Grand Est. Il existe en effet des différences assez marquées selon les territoires (figure 3). Il est très élevé près des frontières du Luxembourg et de la Suisse, et plutôt élevé dans l’est de la région (Haut-Rhin, Bas-Rhin, Meurthe-et-Moselle et nord de la Moselle), ainsi qu’à l’ouest de la Marne. À l’inverse, il est inférieur à la moyenne régionale dans les Ardennes, les Vosges et la Haute-Marne, en particulier loin des principaux pôles du Grand Est.

Le niveau de vie médian n’évolue pas de la même façon dans toute la région : l’augmentation est plus réduite dans la plupart des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, ainsi que dans les intercommunalités les plus à l’ouest de la région. A contrario, le niveau de vie croît davantage que la moyenne régionale dans le centre de la région, le long de des frontières nord du Grand Est et près de la Suisse.

Les revenus liés à l’activité (salaires et indemnités chômage) représentent en moyenne près des deux tiers des revenus des ménages dans le Grand Est en 2019. Cependant, cette proportion n’est pas homogène sur le territoire régional : elle est plus importante à l’est de la région, en particulier dans le Bas-Rhin et le Haut-Rhin, et également autour de Reims et de Nancy (figure 4). À l’inverse, elle est la plus basse dans plusieurs EPCI du sud de la région ainsi que près de la frontière luxembourgeoise. Dans ce second cas, cela s’explique par la forte part d’actifs travaillant au Luxembourg : les revenus perçus à l’étranger ne sont pas décomptés dans les revenus liés à l’activité, ce qui fait mécaniquement diminuer la part de ceux-ci dans l’ensemble du revenu disponible.

Si la proportion de revenus liés à l’activité reste stable au niveau régional entre 2013 et 2019, les évolutions sont différentes selon les EPCI. Elle baisse le long de la frontière avec le Luxembourg et la Belgique, notamment en lien avec l’augmentation du nombre de travailleurs frontaliers, ainsi que dans le sud de la région. Elle augmente dans les départements alsaciens et à l’ouest de la région.

Les pensions et retraites représentent en moyenne 29 % du revenu disponible des habitants du Grand Est en 2019. Ce poids est plus important dans le sud de la région (figure 5), en particulier dans les Vosges et la Haute-Marne, départements comptant de nombreux seniors. Il est au contraire moins important dans la bande frontalière, en particulier près du Luxembourg et à l’est, le long de la frontière allemande.

Le poids des pensions et retraites dans le revenu des ménages a augmenté dans l’ensemble de la région, sauf à proximité de la frontière avec le Luxembourg. Ces évolutions sont à mettre en lien avec les dynamiques démographiques locales : la hausse du nombre de travailleurs frontaliers s’accompagne d’une diminution de la part des seniors dans la population locale.

Les inégalités de revenus, mesurées par le rapport interdécile, sont plus prononcées près des frontières avec la Suisse et le Luxembourg. Ces territoires regroupent des populations à hauts revenus, notamment parmi les frontaliers. Les inégalités sont également marquées autour de Reims et de Troyes.

Dans le Grand Est, le taux de pauvreté diminue avec l’âge (figure 6) : en 2019, la pauvreté touche près d’un quart des ménages dont la personne de référence a moins de 30 ans et moins d’un dixième de ceux de 75 ans et plus. Toutefois, l’accroissement du taux de pauvreté entre 2013 et 2019 est plus important parmi les ménages de plus de 60 ans.

Les statistiques présentées ici sont tirées du Fichier localisé social et fiscal (FiLoSoFi) de 2019 et de celui de 2013, issus du rapprochement des données fiscales exhaustives en provenance de la Direction générale des finances publiques (déclaration de revenus des personnes physiques, taxe d’habitation et fichier d’imposition des personnes physiques) et des données sur les prestations sociales émanant des organismes gestionnaires de ces prestations (CNAF, CNAV, MSA). Ce rapprochement permet de reconstituer un revenu déclaré et un revenu disponible avec les prestations réellement perçues.

Le revenu disponible est décomposé ici en :

Le champ couvert est celui de l'ensemble des ménages fiscaux ordinaires : il exclut les personnes sans domicile ou vivant en institution (prisons, foyers, maisons de retraites…).

Les tranches d’âge utilisées dans cette étude sont établies à partir de l’âge de la personne de référence du ménage fiscal.