Insee Flash Mayotte ·
Novembre 2024 · n° 182
Baisse des naissances en 2023 Bilan démographique 2023 à Mayotte, premiers éléments sur 2024
En 2023, 10 280 enfants sont nés de mères domiciliées à Mayotte. Les naissances baissent, après le niveau record de 2022, avec 500 bébés de moins en un an (-5 %). Néanmoins, la fécondité reste élevée avec 4,5 enfants par femme. Les trois quarts des bébés nés en 2023 ont une mère étrangère, souvent comorienne, mais plus d’un sur deux a au moins un de ses parents français. Les mères sont en moyenne plus jeunes qu’au niveau national : l’âge moyen à la maternité s’élève à 28,0 ans contre 30,8 ans au niveau national.
Avec 960 décès en 2023, la mortalité est stable par rapport à 2022 et reste donc bien plus élevée qu’en 2019 (+23 %).
Le solde naturel, différence entre les naissances et les décès, diminue donc à 9 320 personnes, mais reste supérieur à son niveau de 2019, avant la crise sanitaire de la Covid-19.
- Les naissances baissent mais restent supérieures aux niveaux d’avant-crise sanitaire
- Les trois quarts des mères sont étrangères
- La fécondité reste soutenue dans le département, alors qu’elle baisse fortement au niveau national
- Des mères jeunes
- Des accouchements hors de Mayotte plus nombreux
- De 2019 à 2023, une hausse importante du nombre de décès
- Encadré - De janvier à septembre 2024, une baisse des naissances et des décès par rapport à la même période de 2023
Les naissances baissent mais restent supérieures aux niveaux d’avant-crise sanitaire
En 2023, 10 280 enfants sont nés de mères domiciliées à Mayotte, soit 500 de moins qu’en 2022 (-5 %). Après une année record les naissances baissent donc (figure 1). Le nombre de naissances reste cependant supérieur à celui de 2019 (9 770 naissances), avant la crise sanitaire de la Covid-19. Il se situe depuis 2015 à un niveau nettement plus élevé qu’autour des années 2010 (7 100 en moyenne entre 2007 et 2012).
En 2023, 960 personnes résidant à Mayotte sont décédées, un nombre équivalent à celui de 2022 (970 décès). Le nombre de décès reste donc plus élevé qu’en 2019 (+180 décès, soit +23 %), en lien avec la croissance démographique du territoire.
Le solde naturel, différence entre les naissances et les décès, s’établit à + 9 320 en 2023. Sous l’effet de la baisse des naissances et de la stabilité des décès, il recule par rapport à 2022, année où il avait atteint un pic.
tableauFigure 1 – Évolution des naissances, des décès et du solde naturel à Mayotte entre 2014 et 2023
Année | Naissances | Décès | Solde naturel |
---|---|---|---|
2014 | 7 310 | 590 | 6 720 |
2015 | 9 000 | 640 | 8 360 |
2016 | 9 500 | 710 | 8 790 |
2017 | 9 760 | 740 | 9 020 |
2018 | 9 590 | 760 | 8 830 |
2019 | 9 770 | 780 | 8 990 |
2020 | 9 180 | 970 | 8 210 |
2021 | 10 610 | 1 140 | 9 470 |
2022 | 10 770 | 970 | 9 800 |
2023 | 10 280 | 960 | 9 320 |
- Note : Les effectifs sont arrondis à la dizaine.
- Lecture : En 2023, à Mayotte, le nombre de naissances s’élève à 10 280 et le nombre de décès à 960. Le solde naturel, différence entre les naissances et les décès, s’élève donc à 9 320. Il est représenté en grisé sur la figure.
- Source : Insee, statistiques de l’état civil.
graphiqueFigure 1 – Évolution des naissances, des décès et du solde naturel à Mayotte entre 2014 et 2023

- Lecture : En 2023, à Mayotte, le nombre de naissances s’élève à 10 280 et le nombre de décès à 960. Le solde naturel, différence entre les naissances et les décès, s’élève donc à 9 320. Il est représenté en grisé sur la figure.
- Source : Insee, statistiques de l’état civil.
Les trois quarts des mères sont étrangères
Comme chaque année depuis 2016, 75 % des femmes ayant accouché en 2023 sont de nationalité étrangère.
Il s’agit principalement de mères de nationalités comorienne (67 %) et malgache (6,5 %). Le nombre de mères d’autres nationalités, principalement de l’Afrique des Grands Lacs, bien que peu nombreuses (1,4 % des naissances), augmente fortement en un an (+53 %). Elles sont à l’origine, pour la première fois depuis 2014, de plus de 100 naissances (figure 2).
La baisse des naissances en 2023 concerne surtout les mères de nationalité étrangère (-5 %, soit 400 naissances de moins en un an), du fait principalement du recul des naissances de mères comoriennes (-440 naissances, soit -6 %, après -1,2 % en 2022). Mais le recul de la natalité touche aussi en 2023 les mères françaises (-3 %, soit -90 naissances).
tableauFigure 2 – Naissances vivantes domiciliées à Mayotte de 2014 à 2023, selon la nationalité de la mère
Année | Autres nationalités | Malgache | Comorienne | Française | Ensemble |
---|---|---|---|---|---|
2014 | 60 | 200 | 4 330 | 2 730 | 7 310 |
2015 | 40 | 260 | 6 270 | 2 430 | 9 000 |
2016 | 50 | 440 | 6 590 | 2 430 | 9 500 |
2017 | 40 | 420 | 6 740 | 2 560 | 9 760 |
2018 | 50 | 390 | 6 690 | 2 460 | 9 590 |
2019 | 70 | 440 | 6 810 | 2 450 | 9 770 |
2020 | 80 | 440 | 6 300 | 2 370 | 9 180 |
2021 | 85 | 535 | 7 410 | 2 580 | 10 610 |
2022 | 100 | 690 | 7 320 | 2 670 | 10 770 |
2023 | 150 | 670 | 6 880 | 2 580 | 10 280 |
- Note : Les effectifs sont arrondis à la dizaine, l’ensemble peut donc être différent de la somme de ses composantes du fait de ces arrondis.
- Lecture : En 2023, parmi les 10 280 naissances vivantes domiciliées à Mayotte, 2 580 sont issues de mères françaises, 6 880 de mères comoriennes, 670 de mères malgaches et 150 de mères d’autres nationalités.
- Source : Insee, statistiques de l’état civil.
graphiqueFigure 2 – Naissances vivantes domiciliées à Mayotte de 2014 à 2023, selon la nationalité de la mère

- Lecture : En 2023, parmi les 10 280 naissances vivantes domiciliées à Mayotte, 2 580 sont issues de mères françaises, 6 880 de mères comoriennes, 670 de mères malgaches et 150 de mères d’autres nationalités.
- Source : Insee, statistiques de l’état civil.
Par ailleurs, la moitié des pères ayant eu un enfant dans l’année sont de nationalité étrangère (5 560 soit 54 %), très majoritairement comorienne (5 270).
Au final, 53 % des nouveau-nés de 2023 ont au moins un parent français et naissent ainsi français (figure 3). Si cette part est comparable aux années précédentes (entre 54 % et 58 % entre 2016 et 2022), elle est bien plus faible qu’en 2014 (72 %).
tableauFigure 3 – Naissances vivantes domiciliées à Mayotte en 2014 et 2023 selon la nationalité des parents
Nationalité des parents | 2014 | 2023 | |
---|---|---|---|
Parents étrangers | 28,2 | 46,9 | |
Au moins un des parents français | Mère étrangère et père français | 34,5 | 28,0 |
Mère française et père étranger | 9,4 | 7,3 | |
Parents français | 27,9 | 17,8 | |
Total | 100,0 | 100,0 |
- Lecture : En 2023, 47 % des nouveaux-nés dont la mère est domiciliée à Mayotte sont de parents étrangers.
- Source : Insee, statistiques de l’état civil.
graphiqueFigure 3 – Naissances vivantes domiciliées à Mayotte en 2014 et 2023 selon la nationalité des parents

- Lecture : En 2023, 47 % des nouveaux-nés dont la mère est domiciliée à Mayotte sont de parents étrangers.
- Source : Insee, statistiques de l’état civil.
La fécondité reste soutenue dans le département, alors qu’elle baisse fortement au niveau national
Alors que la fécondité chute fortement à 1,6 enfant par femme dans l’Hexagone, Mayotte fait figure d’exception : la fécondité reste soutenue avec 4,5 enfants par femme en 2023.
Portée par les naissances de mères étrangères, la fécondité dans le département est nettement plus élevée qu’ailleurs, devant la Guyane (3,3 enfants par femme) et La Réunion (2,3).
La fécondité est déjà importante chez les jeunes : 1,3 enfant pour les femmes de 15 à 24 ans à Mayotte contre 0,2 dans l’Hexagone. Elle reste élevée chez les plus âgées : 1,0 enfant chez les 35-49 ans contre 0,4 dans l’Hexagone.
Des mères jeunes
En 2023, l’âge moyen des mères s’élève à 28,0 ans à Mayotte, soit 2,8 ans de moins qu’au niveau national. Les pères sont plus âgés (34 ans en moyenne), en lien avec un écart d’âge entre conjoints plus élevé qu’au niveau national [Merceron et Touzet, 2020 ; pour en savoir plus (8)].
En 2023, 430 enfants sont nés de mères mineures soit 4,2 % des naissances, en légère baisse par rapport à 2022. Cette proportion est nettement plus élevée qu’à La Réunion (1,7 %) et que dans l’Hexagone (0,4 %), mais moindre qu’en Guyane (5,3 %).
Néanmoins, malgré cette baisse, le nombre des naissances chez les mères mineures les plus jeunes augmente (+6 %) et en 2023, 120 mères ont moins de 16 ans. Au total, en France en 2023, 20 % des naissances de jeunes mères ont lieu à Mayotte. L’île se classe même devant la Guyane (105 naissances) pour ces naissances très précoces.
Des accouchements hors de Mayotte plus nombreux
En 2023 à Mayotte, comme les années précédentes, la maternité de Mamoudzou concentre le plus grand nombre de naissances : 7 090 enfants y sont nés, soit 69 % des naissances de l’année. C’est un peu plus qu’en 2022 (64 %). Néanmoins, sur l’île, les accouchements hors maternité sont fréquents. En 2023, 680 naissances ont lieu hors d’une maternité, soit 6,6 % des naissances.
Par ailleurs, en 2023, 310 mères domiciliées à Mayotte accouchent hors du département, Ce chiffre n’avait pas été aussi important depuis 2018 (330) après plusieurs années ou les déplacements étaient restreints par la crise de la Covid-19 (figure 4). La moitié de ces mères accouchent à La Réunion et l’autre moitié dans l’Hexagone. Les naissances hors du département restent cependant un phénomène marginal : elles ne concernent que 3 % des naissances domiciliées à Mayotte en 2023. Et il concerne davantage les mères françaises domiciliées à Mayotte pour lesquelles 11 % des naissances ont lieu hors du département.
tableauFigure 4 – Naissances vivantes hors département domiciliées à Mayotte entre 2014 et 2023 selon le lieu de naissance
Année | Territoires | ||
---|---|---|---|
La Réunion | Hexagone | Total | |
2014 | 70 | 60 | 140 |
2015 | 90 | 80 | 170 |
2016 | 120 | 100 | 210 |
2017 | 160 | 150 | 300 |
2018 | 170 | 150 | 330 |
2019 | 150 | 150 | 300 |
2020 | 130 | 110 | 240 |
2021 | 130 | 110 | 240 |
2022 | 160 | 140 | 300 |
2023 | 170 | 140 | 310 |
- Note : Les effectifs sont arrondis à la dizaine, le total peut donc être différent de la somme de ses composantes du fait de ces arrondis.
- Lecture : En 2023, 310 mères domiciliées à Mayotte accouchent hors du département : 170 à La Réunion et 140 dans l’Hexagone.
- Source : Insee, statistiques de l’état civil.
graphiqueFigure 4 – Naissances vivantes hors département domiciliées à Mayotte entre 2014 et 2023 selon le lieu de naissance

- Lecture : En 2023, 310 mères domiciliées à Mayotte accouchent hors du département : 170 à La Réunion et 140 dans l’Hexagone.
- Source : Insee, statistiques de l’état civil.
De 2019 à 2023, une hausse importante du nombre de décès
Entre 2019 et 2023, les décès augmentent bien plus à Mayotte que dans l’Hexagone (+23,3 % contre +4,1 %). Cette hausse est plus marquée qu’à La Réunion (+8,8 %), mais est voisine de celle de la Guyane (+20,4 %). Elle s’explique principalement par la plus forte croissance de la population à Mayotte et une augmentation relative du nombre de seniors.
L’espérance de vie n’a toujours pas retrouvé son niveau d’avant-crise sanitaire. Elle s’établit ainsi en 2023 à 74,3 ans pour les femmes et à 73,9 ans pour les hommes, en nette baisse par rapport à 2019 : -2 ans pour les femmes et -1 an pour les hommes. L’espérance de vie à Mayotte est également éloignée des standards nationaux (85,7 ans pour les femmes et 80,0 ans pour les hommes).
La population de Mayotte étant nettement plus jeune que celle de l’Hexagone, le nombre de décès rapporté à l’ensemble de la population reste bien plus faible. Ainsi, le taux brut de mortalité est trois fois plus faible à Mayotte que dans l’Hexagone (3,2 contre 9,3 pour 1 000 habitants). Néanmoins, le taux de mortalité standardisé chez les 65 ans ou plus, qui avait fortement augmenté lors de la pandémie, reste bien supérieur au niveau de 2019 et bien au-dessus des autres départements.
Par ailleurs, la mortalité infantile reste élevée à Mayotte avec 9,5 décès pour 1 000 enfants nés vivants, soit bien plus que dans l’Hexagone (3,5 ‰) où un taux équivalent prévalait au début des années 1980.
Encadré - De janvier à septembre 2024, une baisse des naissances et des décès par rapport à la même période de 2023
Au cours des neuf premiers mois de l’année 2024, 7 080 enfants sont nés de mères domiciliées à Mayotte, soit 1 080 de moins que sur la période correspondante de 2023 (-13 %). Cette baisse importante concerne tous les départements d’Outre-Mer (-9 % pour La Réunion, -12 % pour la Guyane et les Antilles). Dans l’Hexagone, le recul est bien moins marqué (-2 %)
De janvier à septembre 2024, 750 personnes domiciliées à Mayotte sont décédées, soit 70 de plus que sur la même période en 2023 (+11 %). Après deux années de baisse, les décès repartent donc à la hausse sur les neuf premiers mois de l’année. Ainsi, les décès augmentent de 29 % par rapport à la même période de 2019 (+170 décès).
Dans l’Hexagone, entre 2023 et 2024, le nombre de décès augmente légèrement (+0,9 %) sur les neuf premiers mois.
Sources
Les statistiques d’état civil sur les naissances sont issues d’une exploitation des informations que les mairies transmettent à l’Insee. L’Insee s’assure de l'exhaustivité et de la qualité des données avant de produire les fichiers statistiques d’état civil.
Sont présentées ici les naissances domiciliées à Mayotte, c’est-à-dire les naissances de mères qui résident à Mayotte. Ce nombre diffère légèrement des naissances enregistrées (qui ont eu lieu sur l’île). Ainsi, 25 bébés sont nés à Mayotte en 2023, alors que les mères n’y vivent pas ; à l’inverse, 310 naissances sont domiciliées à Mayotte alors qu’elles sont survenues en dehors de l’île.
Les naissances domiciliées sont privilégiées aux naissances enregistrées, car elles permettent une meilleure appréhension des évolutions démographiques d’un territoire. En effet, la plupart des bébés qui ne naissent pas à Mayotte alors que la mère y réside, devraient très vite venir y vivre.
Définitions
L’espérance de vie à la naissance est la durée de vie moyenne d’une génération fictive qui connaîtrait tout au long de son existence les conditions de mortalité par âge de l’année considérée.
Le taux de mortalité (brut) est le rapport du nombre de décès de l’année à la population totale moyenne de l’année. Une zone comptant une population plus âgée qu’une autre a en général un taux brut de mortalité plus élevé. Les taux de mortalité standardisés selon l’âge permettent de comparer les zones, en supprimant les effets des différences de structure par âge de la population.
Le taux de mortalité infantile est égal au nombre de décès d’enfants de moins d’un an divisé par le nombre d’enfants nés vivants sur les trois années 2020, 2021 et 2022.
L’indicateur conjoncturel de fécondité est la somme des taux de fécondité par âge observés une année donnée. Cet indicateur donne le nombre moyen d’enfants qu’aurait une femme tout au long de sa vie si les taux de fécondité observés à chaque âge l’année considérée demeuraient inchangés.
Pour en savoir plus
(1) Retrouvez davantage de données associées à cette publication en téléchargement.
(2) Pointet J., Thélot H., « Les naissances en 2023 - Une baisse d’une ampleur inédite depuis la fin du baby-boom », Insee Focus no 339, novembre 2024.
(3) Blanpain N., « Quel jour meurt-on le plus en France ? », Insee Focus no 337, octobre 2024.
(4) Insee, « Nombre de décès quotidiens – France, régions et départements », Chiffres détaillés, janvier 2024.
(5) Insee, « Naissances mensuelles en 2024 - Nombre de naissances par mois au niveau national, régional et départemental », Chiffres détaillés, octobre 2024.
(6) Papon S., « Bilan démographique 2023 - En 2023, la fécondité chute, l’espérance de vie se redresse », Insee Première no 1978, janvier 2024.
(7) Allard T., Mekkaoui J., « Une fécondité toujours élevée - Bilan démographique 2022 à Mayotte, premiers éléments sur 2023 », Insee Flash Mayotte no 166, décembre 2023.
(8) Merceron S., Touzet.C., « Les couples à Mayotte en 2017 - Trois couples sur dix sont mixtes », Insee Flash Mayotte no 106, juillet 2020.