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Septembre 2024 · n° 96Trois entrepreneurs individuels sur dix déclarent un revenu mensuel supérieur au Smic
Fin 2021, le Grand Est compte 75 000 entrepreneurs individuels actifs, sans activité salariée au cours de l’année. Trois entrepreneurs sur dix déclarent un revenu mensuel supérieur au Smic, une proportion proche de celle mesurée fin 2016. Parmi les micro-entrepreneurs, seuls deux sur dix sont dans cette situation et la moitié déclare un revenu mensuel inférieur à 420 euros. Le secteur de la construction est, en moyenne, plus rémunérateur.
- 75 000 entrepreneurs individuels actifs fin 2021 sans revenus salariaux au cours de l’année
- La moitié des micro-entrepreneurs déclare un revenu mensuel inférieur à 420 euros
- Des revenus plus élevés dans la construction et plus faibles dans l’industrie
- Les femmes surreprésentées dans les secteurs peu rémunérateurs
75 000 entrepreneurs individuels actifs fin 2021 sans revenus salariaux au cours de l’année
Avec le développement des plateformes d’offre de services entre particuliers, un nombre croissant d’activités s’exercent sous le statut d’entrepreneur individuel, telles que les prestations de nettoyage, la garde d’enfants à domicile, l’enseignement ou le conseil aux entreprises.
Fin 2021, le Grand Est compte 125 000 entrepreneurs individuels actifs, cotisant à l’Urssaf caisse nationale, ce qui représente une hausse de 45 % par rapport à 2016. Parmi eux, 104 000 exercent sous le statut de micro-entrepreneur et 21 000 sous celui d’entrepreneur individuel classique. Entre 2016 et 2021, le nombre de micro-entrepreneurs actifs en fin d’année a augmenté de 80 %, tandis que le nombre d’entrepreneurs individuels classiques a diminué de 30 %.
Dans la région, 54 % des micro-entrepreneurs n’ont pas occupé de poste salarié au cours de l’année 2021, soit 56 000 personnes. Cette part atteint 90 % parmi les entrepreneurs individuels classiques, soit 19 000 personnes. Dans le secteur de la construction, près de 80 % des entrepreneurs individuels actifs n’ont pas eu de revenus salariaux au cours de l’année, alors que dans les secteurs des transports, de la santé et de l’action sociale, cette proportion est deux fois plus faible.
Hormis le dernier paragraphe, le reste de l’étude s’intéresse aux seuls entrepreneurs actifs en fin d’année et sans activité salariée complémentaire.
75 000 entrepreneurs individuels actifs fin 2021 sont sans revenus salariaux au cours de l’année. Entre 2016 et 2021, la part des entrepreneurs individuels n’ayant pas d’emploi salarié au cours de l’année est restée stable parmi les entrepreneurs individuels classiques, tandis qu’elle s’est réduite parmi les micro-entrepreneurs, passant de 58 % à 54 %.
La répartition sectorielle des entrepreneurs individuels a peu évolué entre ces deux années : près de 30 % exercent dans les services aux particuliers, 20 % dans les services aux entreprises, 20 % dans le commerce et 18 % dans la construction. La part du commerce a diminué de cinq points sur la période à la faveur des services aux entreprises.
La moitié des micro-entrepreneurs déclare un revenu mensuel inférieur à 420 euros
Dans le Grand Est, la moitié des micro-entrepreneurs actifs et sans activité salariée au cours de l’année déclare un revenu au-dessous de 420 euros mensuels pour l’année 2021, tandis que le revenu médian est de 1 370 euros pour les entrepreneurs individuels classiques. En France de province, ces niveaux sont légèrement supérieurs (respectivement 450 euros et 1 420 euros par mois).
Fin 2021, trois entrepreneurs individuels sur dix ont un revenu supérieur au Smic. Seuls 20 % des micro-entrepreneurs sont dans cette situation, mais cette proportion est plus élevée parmi les entrepreneurs individuels classiques, un peu plus de la moitié d’entre eux dépassant ce seuil de revenus (55 %).
Entre 2016 et 2021, le nombre d’entrepreneurs individuels ayant déclaré des revenus mensuels supérieurs au Smic a augmenté de 12 %. En dépit d’une réduction de cinq points en 2020 en raison de la crise sanitaire, la part de ces derniers n’a baissé que légèrement, passant de 32 % en 2016 à 29 % en 2021 (figure 1).
tableauFigure 1 – Nombre d’entrepreneurs individuels actifs et sans activité salariée dans le Grand Est, selon le revenu mensuel déclaré
Année | Nombre d’entrepreneurs dont le revenu mensuel déclaré est inférieur au Smic* | Nombre d’entrepreneurs dont le revenu mensuel déclaré est supérieur au Smic* |
---|---|---|
2016 | 40 680 | 19 220 |
2017 | 40 970 | 19 150 |
2018 | 42 080 | 20 010 |
2019 | 45 040 | 20 390 |
2020 | 52 000 | 17 860 |
2021 | 53 590 | 21 640 |
- * Salaire minimum interprofessionnel de croissance.
- Lecture : Fin 2021, 53 600 entrepreneurs individuels sont actifs dans le Grand Est, sans activité salariée et déclarent un revenu mensuel inférieur au Smic.
- Champ : Grand Est, non-salariés actifs en fin d’année et sans activité salariée au cours de l’année, hors agriculture et professions libérales.
- Source : Insee, Base non-salariés.
graphiqueFigure 1 – Nombre d’entrepreneurs individuels actifs et sans activité salariée dans le Grand Est, selon le revenu mensuel déclaré
Des revenus plus élevés dans la construction et plus faibles dans l’industrie
Le revenu mensuel médian des micro-entrepreneurs travaillant dans le secteur de la construction est de 830 euros, soit près de deux fois le revenu médian des micro-entrepreneurs toutes activités confondues (figure 2). Le secteur de la construction est aussi celui où la médiane des revenus des entrepreneurs individuels classiques est la plus élevée, devant celui du commerce. Près de la moitié des entrepreneurs individuels de la construction déclarent des revenus supérieurs au Smic. À l’inverse, dans l’industrie et les transports, le revenu médian des micro-entrepreneurs s’établit à respectivement 160 et 200 euros par mois.
Dans les services aux particuliers, premier secteur d’activité des entrepreneurs individuels du Grand Est, le revenu mensuel médian des micro-entrepreneurs est de 380 euros. Celui des entrepreneurs individuels classiques dans ce secteur atteint 930 euros, inférieur d’un tiers à celui de l’ensemble des entrepreneurs individuels classiques.
Dans les quatre secteurs regroupant le plus grand nombre d’entrepreneurs (services aux particuliers, services aux entreprises, commerce, construction), la part des entrepreneurs individuels déclarant des revenus mensuels supérieurs au Smic est stable, hormis dans le secteur des services aux particuliers (21 % en 2021, contre 28 % en 2016). Dans les transports , qui comprennent les activités de livraison, le nombre d’entrepreneurs individuels a été multiplié par deux, mais la part de ceux déclarant des revenus mensuels supérieurs au Smic s’est fortement réduite (passant de 59 % en 2016 à 23 % en 2021).
tableauFigure 2 – Distribution du revenu mensuel des micro-entrepreneurs et entrepreneurs individuels classiques, actifs et sans revenus salariés en 2021, dans le Grand Est, par secteur d'activité
Secteur | Micro-entrepreneurs | Entrepreneurs individuels classiques | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
1er quartile | Médiane | 3e quartile | 1er quartile | Médiane | 3e quartile | |
Ensemble | 100 | 420 | 1 030 | 460 | 1 370 | 2 720 |
Industrie | 40 | 160 | 570 | 490 | 1 240 | 2 800 |
Construction | 330 | 830 | 1 460 | 1 080 | 2 060 | 3 300 |
Commerce | 40 | 210 | 720 | 410 | 1 520 | 3 360 |
Transports | 40 | 200 | 520 | 640 | 1 440 | 2 580 |
Services aux entreprises et mixtes | 150 | 550 | 1 260 | 200 | 1 320 | 2 960 |
Services aux particuliers | 110 | 380 | 820 | 210 | 930 | 1 750 |
Santé humaine et action sociale | 150 | 530 | 1 330 | 710 | 1 280 | 4 810 |
- Lecture : Fin 2021, la moitié des micro-entrepreneurs déclarent un revenu inférieur à 420 €, et la moitié des entrepreneurs individuels classiques un revenu inférieur à 1 370 euros.
- Champ : Grand Est, non-salariés actifs en fin d’année et sans activité salariée au cours de l’année, hors agriculture et professions libérales.
- Source : Insee, Base non-salariés.
graphiqueFigure 2 – Distribution du revenu mensuel des micro-entrepreneurs et entrepreneurs individuels classiques, actifs et sans revenus salariés en 2021, dans le Grand Est, par secteur d'activité
Les femmes surreprésentées dans les secteurs peu rémunérateurs
Fin 2021, les femmes demeurent minoritaires parmi les micro-entrepreneurs et entrepreneurs individuels classiques (respectivement 39 % et 31 %). Le revenu mensuel médian de ces micro-entrepreneuses est de 350 euros, soit 25 % de moins que celui de leurs homologues masculins (470 euros). La moitié des femmes exerçant sous le statut d’entrepreneur individuel classique ont un revenu inférieur à 1 100 euros par mois, soit 28 % de moins que les hommes (1 530 euros). Ces écarts de revenus entre entrepreneurs masculins et féminins peuvent s'expliquer, en partie, par des disparités de répartition sectorielle. Près de la moitié des entrepreneuses travaillent dans les services aux particuliers, secteur à plus faibles revenus. A contrario, le secteur de la construction, où les revenus sont les plus élevés, est essentiellement masculin.
Les femmes cumulent plus souvent un emploi salarié avec leur activité entrepreneuriale (44 %, contre 38 % parmi les hommes entrepreneurs). Leurs revenus non salariés, inférieurs en moyenne à ceux de leurs homologues masculins, pourraient expliquer leur plus grande propension à la pluriactivité.
Sources
La base Non-salariés est constituée à partir des données s'appuyant notamment sur les déclarations sociales des indépendants, provenant en particulier de l’Urssaf caisse nationale, qui recouvre les cotisations sociales hors sphère agricole.
La base Non-salariés contient de façon quasiment exhaustive les personnes affiliées à un régime de protection sociale des travailleurs non salariés : régime social des indépendants (RSI), régime des professions libérales via les Urssaf ou régime agricole via la Mutualité sociale agricole (MSA). Ce champ constitue un complément à celui couvert par les sources traitant les déclarations sociales relatives aux salariés.
Sont concernés l’ensemble des entrepreneurs individuels (y compris les micro-entrepreneurs) et les gérants majoritaires de sociétés à responsabilité limitée (SARL, SELARL).
En revanche, ne sont pas concernés les gérants minoritaires de SARL, ainsi que les dirigeants de sociétés anonymes (SA) ou de sociétés par actions simplifiées (SAS), qui sont assimilés salariés au sens de la sécurité sociale et cotisent donc aux caisses de salariés. Les conjoints collaborateurs et les aides familiaux ne font pas partie du champ.
Certaines professions indépendantes des secteurs culturels, notamment les artistes auteurs cotisant à la Sécurité sociale des artistes auteurs, sont également absentes des sources statistiques. En l’absence d’information exploitable, les marins-pêcheurs sont exclus du champ.
Le champ de cette étude est restreint aux non-salariées affiliés à l’Urssaf caisse nationale, hors entrepreneurs individuels exerçant une profession libérale.
Le revenu d’activité des non‑salariés est calculé à partir de leur revenu professionnel imposable où sont réintégrés certains allègements fiscaux et cotisations sociales facultatives. En pratique, il correspond à l’assiette qui sert au calcul des cotisations personnelles d’allocations familiales. Le revenu est rapporté à la durée d’affiliation dans l’année. Les non‑salariés classiques ne déclarant pas leur revenu sont taxés d’office par la Caisse nationale des Urssaf pour le recouvrement des cotisations ; ils sont pris en compte dans les effectifs, mais pas dans les indicateurs de revenus.
Définitions
Un entrepreneur individuel actif est un entrepreneur individuel qui, au 31 décembre, est inscrit auprès d’un organisme de protection sociale des travailleurs non salariés.
Un micro-entrepreneur bénéficie du régime de même nom qui offre des formalités de création d'entreprise allégées et un mode de calcul et de paiement simplifié des cotisations sociales et de l'impôt sur le revenu. Il s’applique aux entrepreneurs individuels qui en font la demande, sous certaines conditions. Depuis le 1er janvier 2023, les seuils de chiffre d’affaires permettant l’accès au régime fiscal de la micro-entreprise et du régime micro-social ont été doublés. Un micro-entrepreneur est considéré comme économiquement actif s’il a déclaré un chiffre d’affaires positif dans l’année, ou s’il a déclaré au moins un chiffre d’affaires positif au cours des quatre trimestres qui ont suivi son assujettissement (éventuellement l’année suivante).
Pour en savoir plus
(1) Retrouvez davantage de données associées à cette publication en téléchargement.
(2) Amar É., Treppoz M., « Les revenus d’activité des non-salariés se replient en euros constants après la forte hausse de 2021 », Insee Première no 2012, septembre 2024.
(3) Couzinié-Devy F., « Démographie d’entreprises - Même légère, la baisse des créations d’entreprise se confirme », in Bilan économique 2023, Insee Conjoncture Grand Est no 42, juin 2024.
(4) Juliachs S., « Le chiffre d’affaires des auto-entrepreneurs immatriculés en 2014 croissait continûment avant la crise sanitaire », Insee Première no 1873, septembre 2021.