Insee Analyses Ile-de-France · Septembre 2024 · n° 189

En Île-de-France, 14 % des habitants vivent dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville

Créés par la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine du 21 février 2014 (loi Lamy), les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) sont des quartiers en zone urbaine caractérisés par un écart de développement économique et social important avec le reste de l’unité urbaine dans laquelle ils sont situés. En 2023, la liste et le périmètre géographique des QPV dans les départements métropolitains ont été actualisés en concertation entre l’État et les collectivités locales, portant, à compter du 1^er janvier 2024, à 1 362 le nombre de quartiers bénéficiant de la politique de la ville en France métropolitaine, contre 1 296 sur la période précédente 2014-2023. Un QPV sur cinq se situe en Île-de-France, qui en compte désormais 298 contre 272 auparavant (figure 1). Ils sont répartis sur 163 communes et neuf arrondissements parisiens.

Les nouvelles délimitations des QPV tiennent compte des évolutions liées aux programmes de rénovation de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) et aux effets des différentes aides de la politique de la ville. Ainsi, la majorité des quartiers de 2015 ont été modifiés. En Île-de-France, sur les 298 quartiers, seuls 65 quartiers restent inchangés. En revanche, 193 sont issus d’une actualisation d’anciens QPV (par modification du périmètre, fusion ou scission), et 40 sont entièrement nouveaux. Enfin, 12 anciens quartiers ont été intégralement sortis de la géographie prioritaire.

Les nouveaux QPV sont le lieu du déploiement de la politique de cohésion urbaine et de solidarité envers les quartiers défavorisés et leurs habitants à travers les contrats de ville du projet « Quartiers 2030 ». Ces nouveaux quartiers prioritaires bénéficieront d’aides sur la période 2024-2030 (encadré).

En 2020, près d’1,7 million de personnes vivent dans les nouveaux quartiers prioritaires de la politique de la ville, soit 13,9 % de la population francilienne (8,1 % en France métropolitaine). Cette proportion est la plus forte de toutes les régions métropolitaines. L’évolution de la liste et des contours de ces 298 quartiers éligibles au déploiement de la politique de la ville s’est traduite par un accroissement de 1,1 point de la part de la population francilienne vivant dans un tel quartier. L’accroissement est plus important qu’au niveau national (+0,7 point). Les disparités de revenus sont fortes en Île-de-France au regard des autres régions et la proportion de ménages modestes est particulièrement élevée dans certains territoires.

La Seine-Saint-Denis concentre le plus grand nombre de QPV (75 QPV), suivie par l’Essonne et le Val-de-Marne (47 chacun) et par le Val-d’Oise (42). Les autres départements en comptent environ une vingtaine chacun (figure 2). En Seine-Saint-Denis, département métropolitain au taux de pauvreté le plus élevé, plus de quatre habitants sur dix résident dans un QPV. La proportion d’habitants vivant en QPV est également élevée dans le Val-d’Oise (18,5 %). À l’inverse, cette part est nettement inférieure à la moyenne régionale à Paris, dans les Hauts-de-Seine et les Yvelines, du fait d’un faible nombre de poches de pauvreté. Elle l’est aussi en Seine-et-Marne, en raison d’une moindre urbanisation de son territoire.

La population des nouveaux QPV varie de 650 habitants pour le plus petit (L’Égalité, situé dans la commune de Champigny-sur-Marne dans le Val-de-Marne) à 132 500 habitants pour le plus grand (Franc Moisin - Cosmonautes - Cristino Garcia - Landy, situé à la jonction des communes de La Courneuve, Bobigny et Aubervilliers en Seine-Saint-Denis). Ce dernier est également le plus peuplé de l’ensemble de la France métropolitaine. Les QPV franciliens comptent en moyenne 5 700 habitants, soit sensiblement plus que dans les QPV des autres régions (3 400 habitants en moyenne).

En Île-de-France, les ménages résidant dans les QPV sont de plus grande taille que dans les environnements urbains qui les entourent (2,7 personnes contre 2,2). Les ménages de quatre personnes ou plus y sont en effet proportionnellement plus nombreux (29 % contre 18 % dans les environnements urbains). À l’inverse, la part des ménages constitués d’une seule personne y est plus réduite (33 % contre 40 %) (figure 3). Cela reflète la structure familiale : près de la moitié des ménages des QPV sont des familles avec enfant(s) contre un tiers des ménages dans les environnements urbains. En particulier, les familles nombreuses (25 % des familles) et les familles monoparentales (18 %) sont proportionnellement deux fois plus représentées que dans les environnements urbains.

Deux tiers des résidences principales en QPV appartiennent au parc social. De ce fait, les ménages y sont rarement propriétaires de leur logement : 85 % des ménages sont locataires en QPV contre 48 % dans les environnements urbains.

Un quart des ménages vivent dans un logement suroccupé contre 11 % de ceux dans les environnements urbains. La pénurie de logements de grande taille conjuguée à une taille plus grande des ménages engendre une suroccupation plus marquée dans les QPV. Les résidences principales de cinq pièces ou plus y sont en effet deux fois moins nombreuses que dans les environnements urbains (9 % contre 20 %). Les logements de deux ou trois pièces représentent plus de 56 % du parc, contre 47 % dans les environnements urbains.

Malgré une plus forte suroccupation, les résidents en QPV ont tendance à rester plus longtemps dans leur logement : 71 % d’entre eux ont emménagé depuis au moins cinq ans dans leur logement actuel contre 64 % des ménages des environnements urbains.

Conséquence de la plus forte présence de familles avec enfant(s), la population vivant en QPV est relativement jeune. Près du quart des habitants des QPV a moins de 15 ans, contre 18 % dans les environnements urbains. À l’inverse, la part des personnes de 60 ans ou plus y est plus faible (16 % contre 21 %). Dans les QPV franciliens, sont recensés environ deux jeunes de moins de 20 ans pour une personne de 60 ans ou plus. Dans les environnements urbains des QPV franciliens, ce ratio est proche de l’équilibre (1,2).

Les personnes étrangères et immigrées représentent respectivement 28 % et 35 % de la population des QPV. Ces parts sont deux fois plus élevées que dans les environnements urbains (respectivement 14 % et 19 %).

Les résidents en QPV sont en moyenne moins diplômés que ceux de leurs environnements urbains : 42 % des personnes de 15 ans ou plus non scolarisées ne disposent d’aucun diplôme, soit deux fois plus que dans les environnements urbains. De plus, 20 % des habitants déclarent un niveau CAP/BEP (contre 15 % dans les environnements urbains). À l’inverse, seuls 21 % déclarent avoir un diplôme supérieur au niveau bac+2, contre 49 % dans les environnements urbains. Par ailleurs, la scolarisation des jeunes de 15 à 24 ans est moins fréquente : 65 % sont scolarisés, contre 73 % dans les environnements urbains.

Le faible niveau d’études joue sur l’insertion sur le marché du travail. Ainsi, 22 % des jeunes âgés de 16 à 25 ans en QPV ne sont ni en emploi ni en études, soit dix points de plus que les habitants du même âge des environnements urbains. Parmi l’ensemble de la population âgée de 15 à 64 ans, 54 % sont en emploi en QPV contre 69 % dans les environnements urbains. Les emplois sont également plus précaires : 18 % des actifs occupent un emploi à durée limitée en QPV (12 % dans les environnements urbains) et le temps partiel est plus développé (18 % contre 13 %). Par ailleurs, le chômage touche deux fois plus d’actifs en QPV que dans les environnements urbains : ainsi 21 % des actifs se déclarent au chômage dans ces quartiers contre 11 % dans leurs environnements urbains. Au total, le taux d’activité est nettement plus faible dans les QPV (69 % contre 78 %). Les écarts entre QPV et environnements urbains sont plus marqués pour les femmes que pour les hommes : 64 % d’entre elles sont actives dans les QPV, soit douze points de moins que dans les environnements urbains, la différence n’étant que de six points pour les hommes (74 % contre 80 %).

Les catégories socioprofessionnelles de l’emploi actuel des habitants des QPV, ou du dernier emploi occupé s’agissant des personnes au chômage, diffèrent également : 40 % sont employés et 28 % ouvriers, contre seulement 24 % et 11 % dans les environnements urbains. En revanche, ils sont plus rarement artisans, indépendants, cadres ou professions intellectuelles supérieures (13 % contre 39 %) ou professions intermédiaires (20 % contre 26 %) (figure 4).