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Août 2024 · n° 134Les villes moyennes en Occitanie : cinq trajectoires depuis 1999
En dehors de Toulouse, Montpellier, Perpignan et Nîmes, 44 villes moyennes, peuplées de 9 500 à 80 000 habitants, structurent la région. Cinq profils se dégagent en fonction de l’évolution de leur population entre 1999 et 2019, du profil social des habitants, des emplois qu’elles offrent et du marché immobilier. Deux groupes de villes particulièrement dynamiques profitent de l’influence des grandes métropoles comme Mèze ou Lavaur par exemple ou de la proximité du littoral (Sète, Saint-Cyprien…). D’autres villes telles que Vauvert ou Lunel font face à des fragilités sociales, un peu moins marquées sur les 20 dernières années. Quelques villes telles que Montauban ou Alès présentent un profil relativement stable grâce au rôle structurant qu’elles jouent sur leur territoire en tant que pôles de services et d’emploi. D’autres telles que Saint-Gaudens ou Rodez, plus éloignées des grandes métropoles, ont une trajectoire moins dynamique que les autres villes moyennes. Depuis la pandémie de Covid-19, l’attractivité résidentielle se renforce dans certaines villes moyennes, parmi les plus petites d’entre elles.
- 44 villes moyennes en Occitanie
- Une forte croissance dans quatre communes sous l’influence de Toulouse ou de Montpellier
- Des communes du littoral attractives pour les retraités
- Une situation sociale qui s’améliore mais encore fragile dans certaines villes proches de Montpellier et Nîmes
- Une trajectoire stable dans des pôles structurants
- Une trajectoire plus en retrait dans des villes éloignées des principales métropoles
- Encadré – Certaines villes moyennes bénéficient d’une attractivité renforcée après la pandémie de Covid-19
44 villes moyennes en Occitanie
Les 44 villes moyennes d’Occitanie constituent un maillon essentiel dans l’armature du territoire. Ces communes, peuplées de 9 500 à 80 000 habitants et n’appartenant pas à l’unité urbaine d’une ville plus grande (champ) offrent à leur population un accès à de nombreux équipements et services. Le récent regain d’attractivité des villes moyennes, suite à la pandémie de Covid-19 (pour en savoir plus) doit être mis en regard de dynamiques de plus long terme. L’analyse de l’évolution entre 1999 et 2019 de leur population, des emplois qu’elles offrent, du profil démographique et social de leurs habitants et de leur orientation économique met en évidence cinq profils (figure 1).
tableauFigure 1 – Trajectoires démographiques et socio-économiques des villes moyennes d’Occitanie entre 1999 et 2019
Code commune | Libellé commune | Population 2021 | Évolution 1999-2019 |
---|---|---|---|
34145 | Lunel | 26 185 | Amélioration mais tissu social encore fragile |
30032 | Beaucaire | 15 680 | Amélioration mais tissu social encore fragile |
30258 | Saint-Gilles | 14 264 | Amélioration mais tissu social encore fragile |
30341 | Vauvert | 11 774 | Amélioration mais tissu social encore fragile |
30202 | Pont-Saint-Esprit | 10 600 | Amélioration mais tissu social encore fragile |
34301 | Sète | 44 712 | Croissance tirée par le littoral |
34003 | Agde | 29 103 | Croissance tirée par le littoral |
34154 | Mauguio | 16 596 | Croissance tirée par le littoral |
66037 | Canet-en-Roussillon | 12 598 | Croissance tirée par le littoral |
66171 | Saint-Cyprien | 11 398 | Croissance tirée par le littoral |
66180 | Saint-Laurent-de-la-Salanque | 10 010 | Croissance tirée par le littoral |
34157 | Mèze | 12 664 | Croissance tirée par une métropole |
81140 | Lavaur | 10 830 | Croissance tirée par une métropole |
31033 | Auterive | 10 126 | Croissance tirée par une métropole |
31499 | Saint-Lys | 9 686 | Croissance tirée par une métropole |
65440 | Tarbes | 43 955 | Trajectoire plus en retrait |
81065 | Castres | 42 672 | Trajectoire plus en retrait |
12202 | Rodez | 24 207 | Trajectoire plus en retrait |
32013 | Auch | 23 041 | Trajectoire plus en retrait |
46042 | Cahors | 20 141 | Trajectoire plus en retrait |
30028 | Bagnols-sur-Cèze | 18 248 | Trajectoire plus en retrait |
65286 | Lourdes | 13 509 | Trajectoire plus en retrait |
81105 | Graulhet | 13 166 | Trajectoire plus en retrait |
48095 | Mende | 12 316 | Trajectoire plus en retrait |
12300 | Villefranche-de-Rouergue | 11 720 | Trajectoire plus en retrait |
31483 | Saint-Gaudens | 11 613 | Trajectoire plus en retrait |
81163 | Mazamet | 10 064 | Trajectoire plus en retrait |
81060 | Carmaux | 9 898 | Trajectoire plus en retrait |
46102 | Figeac | 9 770 | Trajectoire plus en retrait |
09122 | Foix | 9 472 | Trajectoire plus en retrait |
34032 | Béziers | 80 341 | Stabilité relative |
82121 | Montauban | 61 919 | Stabilité relative |
11262 | Narbonne | 56 395 | Stabilité relative |
81004 | Albi | 49 714 | Stabilité relative |
11069 | Carcassonne | 46 218 | Stabilité relative |
30007 | Alès | 43 892 | Stabilité relative |
12145 | Millau | 21 712 | Stabilité relative |
09225 | Pamiers | 16 394 | Stabilité relative |
81099 | Gaillac | 15 663 | Stabilité relative |
82033 | Castelsarrasin | 14 178 | Stabilité relative |
11076 | Castelnaudary | 12 448 | Stabilité relative |
11203 | Lézignan-Corbières | 10 952 | Stabilité relative |
11206 | Limoux | 10 302 | Stabilité relative |
31451 | Revel | 9 665 | Stabilité relative |
- Source : Insee Occitanie - typologie des trajectoires des villes moyennes.
graphiqueFigure 1 – Trajectoires démographiques et socio-économiques des villes moyennes d’Occitanie entre 1999 et 2019
Une forte croissance dans quatre communes sous l’influence de Toulouse ou de Montpellier
Entre 1999 et 2019, les populations des villes moyennes situées en grande couronne de Toulouse ont fortement progressé : +2,8 % par an à Saint-Lys, +2,1 % à Auterive, +1,2 % à Lavaur. Le constat est le même pour Mèze (+2,4 % par an), ville proche de Sète mais dont les actifs travaillent plus souvent dans la métropole de Montpellier. En vingt ans, le profil social des habitants de ces villes s’est transformé, avec l’arrivée de jeunes ménages, de cadres et de professions intermédiaires. Les revenus ont progressé et le chômage a baissé. Ces communes offrent moins d’emplois qu’elles n’hébergent d’actifs occupés. Ainsi, une part importante de leurs habitants travaillent dans la métropole proche. Le développement de ces villes résulte de l’étalement urbain de Toulouse et de Montpellier. Elles jouent alors un rôle de pôle secondaire en offrant de nombreux commerces et services aux habitants.
Des communes du littoral attractives pour les retraités
Les populations ont aussi augmenté entre 1999 et 2019 dans plusieurs villes moyennes du littoral : Agde (+2,0 % par an), Saint-Cyprien (+1,3 %), Saint-Laurent-de-la-Salanque (+1,2 %), Canet-en-Roussillon (+0,9 %), Sète (+0,5 %) et Mauguio (+0,6 %). À la différence des quatre villes moyennes sous l’influence des métropoles, leur croissance démographique est portée par les personnes âgées, en lien avec l’attirance des retraités pour le littoral. Leur population est âgée (figure 2) : quatre habitants sur dix de Canet-en-Roussillon ou de Saint-Cyprien ont ainsi 65 ans ou plus. Le prix de l’immobilier est élevé, le marché de l’immobilier étant tendu par la vocation touristique de ces territoires. À Agde et à Saint-Cyprien, deux tiers des logements sont des résidences secondaires. En vingt ans, les revenus médians des habitants de ces villes moyennes du littoral ont augmenté mais la situation socio-économique de la population jeune et active ne s’est pas améliorée. Le taux de chômage reste élevé en 2019, dépassant partout 20 % sauf à Mauguio (13 %) et atteint même 27 % à Agde. Les emplois dans ces villes relèvent souvent d’activités artisanales et commerciales non salariées et de contrats saisonniers.
tableauFigure 2 – Part de la population ayant 65 ans ou plus en 2019 par classe de trajectoire sur 1999-2019
Classe de trajectoire 1999-2019 | Part 65 ans ou + |
---|---|
Amélioration mais tissu social encore fragile | 22 |
Croissance tirée par une métropole | 23 |
Stabilité relative | 25 |
Trajectoire plus en retrait | 27 |
Croissance tirée par le littoral | 34 |
- Source : Insee Recensement de la population 2019, typologie de trajectoire des villes moyennes Insee Occitanie.
graphiqueFigure 2 – Part de la population ayant 65 ans ou plus en 2019 par classe de trajectoire sur 1999-2019
Une situation sociale qui s’améliore mais encore fragile dans certaines villes proches de Montpellier et Nîmes
Entre 1999 et 2019, les revenus ont progressé et le chômage a diminué dans plusieurs villes proches de Montpellier et de Nîmes. C’est le cas à Lunel, Beaucaire, Saint-Gilles et Vauvert. Bien qu’éloigné d’une métropole, Pont-Saint-Esprit présente les mêmes caractéristiques. Les écarts entre ces villes et les autres villes moyennes d’Occitanie sur les principaux indicateurs sociaux se sont réduits en vingt ans. La pauvreté y reste cependant forte en 2019 avec un taux de pauvreté moyen de 25 % dans ces villes, s’échelonnant de 22 % à Beaucaire à 28 % à Saint-Gilles (figure 3).
Une trajectoire stable dans des pôles structurants
Entre 1999 et 2019, la plupart des villes moyennes les plus peuplées telles que Béziers, Montauban, Narbonne, Carcassonne, Albi ou Alès ont profité du dynamisme démographique de l’Occitanie, confirmant ainsi leur rôle de pôle structurant dans l’armature urbaine de la région. Des villes plus petites, proches de ces pôles (Lézignan-Corbières, Limoux, Castelsarrasin) ou situées à environ une heure de Toulouse (Pamiers, Castelnaudary, Gaillac, Revel) ont également conservé population et emplois. Dans ces villes moyennes, la fragilité sociale reste plus marquée pour celles situées dans l’arc méditerranéen ainsi qu’à Castelsarrasin.
Une trajectoire plus en retrait dans des villes éloignées des principales métropoles
La population a diminué entre 1999 et 2019 dans des villes moyennes maillant les territoires les plus ruraux de la région : Tarbes, Castres, Rodez, Auch, Cahors, Bagnols-sur-Cèze, Lourdes, Graulhet, Mende, Villefranche-de-Rouergue, Saint-Gaudens, Mazamet, Carmaux, Figeac et Foix. Sur vingt ans, les partants sont plus nombreux que les arrivants à Lourdes, Cahors, Rodez et Auch, contrairement à ce qui est observé dans toutes les autres villes moyennes d’Occitanie.
tableauFigure 3 – Taux de pauvreté en 2019 dans les villes moyennes d’Occitanie par classe de trajectoire sur 1999-2019
Classe de trajectoire 1999-2019 | Taux de pauvreté |
---|---|
Croissance tirée par une métropole | 14 |
Croissance tirée par le littoral | 18 |
Trajectoire plus en retrait | 20 |
Stabilité relative | 22 |
Amélioration mais tissu social encore fragile | 25 |
- Source : Insee Filosofi 2019, typologie de trajectoire des villes moyennes Insee Occitanie.
graphiqueFigure 3 – Taux de pauvreté en 2019 dans les villes moyennes d’Occitanie par classe de trajectoire sur 1999-2019
Encadré – Certaines villes moyennes bénéficient d’une attractivité renforcée après la pandémie de Covid-19
Comme dans d’autres territoires d’Occitanie, les villes moyennes ont gagné en attractivité après la crise sanitaire. Entre 2019 et 2021, le nombre d’arrivées dans les 44 villes a davantage augmenté que celui des départs. Les villes moyennes déjà les plus attractives avant la pandémie de Covid-19 le sont toujours après. Certaines villes se distinguent par une attractivité résidentielle renforcée sur la période récente. Elle progresse ainsi significativement entre 2019 et 2021 dans sept villes moyennes (Saint-Gilles, Graulhet, Vauvert, Saint-Cyprien, Pont-Saint-Esprit, Limoux et Foix) (sources). Ces villes ont peu de points communs sauf leur taille modeste, chacune ayant moins de 15 000 habitants. Ces résultats exploratoires portant sur une seule année post-pandémie devront être confortés par des études ultérieures et mis en perspective avec la dynamique des territoires autour des villes.
Sources
Les sources mobilisées sont le recensement de la population, l’état civil, le fichier localisé social et fiscal (Filosofi) et les données de valeurs foncières. L’analyse est faite en comparaison de l’ensemble des 44 villes moyennes d’Occitanie. Le fichier de données complémentaires associé à l’étude propose quelques-unes des données mobilisées.
La progression significative de l’attractivité résidentielle depuis la pandémie de Covid-19 est mesurée par une hausse d’au moins 0,2 point du rapport arrivants/partants entre 2021 et 2019 avec la source Fideli (fichier démographique sur les logements et les individus).
Champ
Cette étude porte sur les dynamiques des villes de taille moyenne qui constituent l’armature des territoires hors grandes métropoles. L’échelle de la commune a été retenue, les trajectoires des villes-centres étant plus contrastées que celles de leur périphérie.
Les villes moyennes étudiées sont les communes de 9 500 habitants à moins de 100 000 habitants qui n’appartiennent pas à l’unité urbaine d’une autre commune plus peuplée. Ainsi, par exemple, Blagnac, 26 000 habitants, appartient à la banlieue de Toulouse et n’est pas retenue en tant que ville moyenne. Le seuil de 10 000 habitants habituellement retenu a été abaissé à 9 500 habitants pour retenir en particulier Foix, préfecture de l’Ariège qui a un rôle local important.
Les données d’évolution entre 1999 et 2019 et de la situation en 2019 permettent de classer les villes selon cinq trajectoires à partir d’une classification ascendante hiérarchique. Les variables mobilisées caractérisent la démographie du territoire (nombre d’habitants, répartition par tranches d’âge), le profil social des habitants (types de ménages, revenus, disparités de revenus, pauvreté, taux d’activité, chômage…), les emplois (nombre d’emplois, salarié/non salarié, secteur d’activité, sphère, fonction…), l’habitat (type de logement, part de logements vacants, prix de l’immobilier…).
Pour en savoir plus
(1) Retrouvez davantage de données associées à cette publication en téléchargement.
(2) « Crise sanitaire et développement du télétravail : davantage de départs des pôles des grandes métropoles et de l’aire parisienne », Insee Analyses no 81, mars 2023.
(3) Bouvart C., Forcrain P., Rais Assa C., Gomel C., « Ouvrir dans un nouvel ongletLa revanche des villes moyennes, vraiment ? », France Stratégie, La note d’analyse no 106, janvier 2022.