Bien-être ressenti et revenu : l’argent fait-il le bonheur ?
Existe-t-il un niveau de revenu au-delà duquel l'argent n'améliore plus le bien-être ressenti ? Nous réexaminons cette question, non résolue, de la satiété à l'aide de cinq enquêtes intégrant des questions directes sur la satisfaction de la vie et le bien-être émotionnel expérimenté. Nous mettons en évidence un seuil de satiété, pour la satisfaction dans la vie, de 30 000 euros en France, 40 000 euros en Allemagne, 45 000 euros au Royaume-Uni, 60 000 euros en Australie et 80 000 euros aux États-Unis, avec une satiété partielle pour les deux derniers. L'Australie se distingue surtout par la faiblesse du lien entre la satisfaction à l'égard de la vie et le revenu, reflétant un compromis presque neutre entre le revenu et les loisirs : un revenu plus élevé est associé à une plus grande satisfaction à l'égard de la santé ou du travail, mais à une moindre satisfaction à l'égard des loisirs. La satiété se manifeste dans tous les cas de manière plus prononcée en bien-être émotionnel expérimenté qu’en satisfaction dans la vie, et, à l'exception des États-Unis, s'établit à un niveau inférieur situé entre 25 000 et 30 000 euros. Dans le panel français, en dessous du seuil de satiété, les baisses de revenus détériorent davantage la satisfaction dans la vie que les hausses ne l'améliorent, tandis que la comparaison sociale atténue d'un tiers l'impact direct du revenu sur le bien-être subjectif. Le chômage, l'insécurité et le stress au travail sont plus pénalisants en dessous qu'au-dessus du seuil de satiété.