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Insee Analyses Bourgogne-Franche-Comté · Avril 2024 · n° 118
Insee Analyses Bourgogne-Franche-ComtéL'emploi salarié est en hausse dans la filière viti-vinicole du bassin Bourgogne-Beaujolais-Savoie-Jura

Mathéo Bourgeois, Florent Ovieve (Insee), Laurent Barralis, Pierre Froissart, Éric Seguin (Direction régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt)

Avec une superficie de 52 600 hectares, le bassin Bourgogne-Beaujolais-Savoie-Jura s’étend sur douze départements de Bourgogne-Franche-Comté et d’Auvergne-Rhône-Alpes. Ses vignes sont cultivées par 5 410 exploitations, dirigées par 7 000 exploitants ou coexploitants. Au cours de la dernière décennie, les exploitations s'agrandissent, et leur nombre diminue. En aval, 1 150 établissements employeurs exercent des activités allant de la vinification à la commercialisation du vin. Au total, la filière viti-vinicole emploie 19 780 salariés en 2020 auxquels s’ajoutent 75 000 saisonniers. Entre 2015 et 2020, son emploi salarié augmente, soutenu par les exploitations agricoles. Leur main-d’œuvre repose davantage sur des salariés que sur des aides familiaux.

Insee Analyses Bourgogne-Franche-Comté
No 118
Paru le :Paru le29/04/2024

5 410 exploitations agricoles cultivent 52 600 ha de vignes

Avec une surface en vignes de 52 600 ha, le bassin Bourgogne-Beaujolais-Savoie-Jura est l’un des dix bassins viticoles français (encadré 1). Il est mis en valeur par 5 410 exploitations agricoles, dont environ 55 pépiniéristes. Elles sont de plus petite superficie que la moyenne nationale, 9,7 ha contre 14,4 ha.

Entre 2010 et 2020, la surface cultivée est restée globalement stable, mais avec de fortes disparités entre les vignobles (figure 1). Dans l’Yonne, de nombreuses vignes ont été plantées (+15 %) sur des parcelles non encore exploitées au sein de territoires en appellation d’origine protégée (AOP). À l’inverse, dans les vignobles Rhône-Loire, les surfaces ont fortement baissé. Les nouvelles plantations de chardonnay, destinées notamment à produire du crémant, n’ont pas compensé l’arrachage des pieds de gamay dans le Beaujolais en difficultés économiques. La surface en vignes augmente dans les autres vignobles du bassin.

Parallèlement, le nombre d’exploitations baisse de 14 %. Cette diminution concerne l’ensemble des vignobles, excepté celui de l’Yonne. Il s’ensuit une hausse de 25 % de la surface moyenne de vignes par exploitation, aussi bien pour les petites structures que les grandes. Ce mouvement de concentration n’est pas spécifique à la viticulture. Il concerne l’ensemble de l’agriculture. En effet, quel que soit le secteur agricole, le nombre d’exploitants et coexploitants a diminué de 18 % en dix ans en raison de problèmes économiques, de difficultés du métier ou plus largement de départs à la retraite. Si une partie des exploitations est reprise par de nouveaux exploitants, le nombre de candidats est plus faible que le nombre de départs et une bonne partie des surfaces est intégrée aux exploitations existantes. Dans le secteur viticole, la reprise est favorisée par le potentiel économique élevé dans certains vignobles. Toutefois, l’acquisition d’une exploitation peut rester difficile en raison de la valeur vénale des vignes, notamment pour des jeunes hors cadre familial.

Figure 1Exploitations viticoles du bassin Bourgogne-Beaujolais-Jura-Savoie

Exploitations viticoles du bassin Bourgogne-Beaujolais-Jura-Savoie
Vignoble Nombre d’exploitations Surface en vignes (en ha) Surface en vignes par exploitation en 2020 (en ha)
2020 Évolution 2010 / 2020 (en %) 2020 Évolution 2010 / 2020 (en %)
Yonne 681 +3,0 8 220 +15,0 12,1
Saône-et-Loire 1 287 -12,0 13 730 +5,0 10,7
Côte-d’Or 1 062 -5,0 9 960 +3,0 9,4
Rhône-Loire 1 700 -28,0 15 470 -14,0 9,1
Franche-Comté 267 -10,0 2 230 +5,0 8,4
Savoie-Bugey 414 -2,0 2 990 +14,0 7,2
Bassin 5 411 -14,0 52 600 +1,0 9,7
  • Source : Agreste-Draaf, Recensements agricoles 2010 et 2020.

La filière viti-vinicole emploie 19 780 salariés dans 6 560 établissements

En aval des 5 410 exploitations agricoles, 1 150 établissements employeurs concourent à la production et à la commercialisation du vin. Ils complètent le du bassin. Celle-ci emploie 19 780 , soit moins de 1 % de l’emploi salarié total du bassin. En outre, les exploitations agricoles comptent 7 000 exploitants et coexploitants non salariés et ont également recours à environ 75 000 saisonniers (taille, vendanges…), soit 3 500 emplois en équivalent temps plein. Parmi les exploitations viticoles, 2 860 n’emploient en revanche aucun salarié au cours de l’année.

Associés à l’activité de la culture de la vigne qui regroupe 43 % des effectifs salariés, cinq segments structurent la filière (figure 2). Les segments de l’industrie des boissons et de la commercialisation du vin constituent la partie aval de la filière. L’industrie des boissons est composée de coopératives et d’établissements de vinification n’ayant aucune activité agricole. Ces derniers viennent compléter la vinification réalisée directement par les exploitants. Ce segment représente 8 % des effectifs salariés. Celui de la commercialisation du vin emploie quant à lui environ 4 350 salariés, très majoritairement dans le commerce de gros de boissons.

En amont de la filière, la fabrication de matériel viti-vinicole est composée principalement de l’industrie du verre pour la fabrication des bouteilles, de l’imprimerie pour les étiquettes ou encore de la tonnellerie. Elle mobilise 19 % des salariés. Par ailleurs, la commercialisation de matériel viti-vinicole emploie 5 % de l’effectif salarié.

Enfin, les activités de services emploient 3 % de l’effectif de la filière et jouent un rôle important dans son organisation notamment dans la promotion du vin. Outre les organismes professionnels, elles incluent des établissements d’œnologie, d’embouteillage ou encore de certification. Un certain nombre d’ sont exclues du champ de l’étude.

Sur les établissements employeurs, l’emploi est fortement concentré dans de petits établissements. Quatre salariés sur dix travaillent dans un établissement de moins de 10 salariés. Fin 2020, seuls 15 établissements emploient plus de 100 salariés, dont neuf dans le segment de la fabrication de matériel viti-vinicole.

Figure 2Les six segments de la filière viti-vinicole du bassin Bourgogne-Beaujolais-Savoie-Jura selon leurs nombres de salariés et d'établissements en 2020

Les six segments de la filière viti-vinicole du bassin Bourgogne-Beaujolais-Savoie-Jura selon leurs nombres de salariés et d'établissements en 2020
Segment Nombre de salariés Nombre d’établissements
Activités agricoles 8 570 5 411
Fabrication de matériel viti-vinicole 3 640 110
Commercialisation de machines viti-vinicoles 1 030 126
Industrie des boissons 1 560 97
Commercialisation du vin 4 350 723
Services 630 90
  • Source : Insee, Flores 2020.

Figure 2Les six segments de la filière viti-vinicole du bassin Bourgogne-Beaujolais-Savoie-Jura selon leurs nombres de salariés et d'établissements en 2020

  • Source : Insee, Flores 2020.

Un salarié sur cinq de la zone d’emploi de Beaune travaille dans la filière viti-vinicole

Sur les 35 zones d’emploi composant le bassin viticole, celles de Beaune, Auxerre, Mâcon, Villefranche-sur-Saône et Chalon-sur-Saône, regroupent près des trois quarts de l’emploi salarié de la filière. Tous les segments de la filière sont implantés sur ces territoires, favorisant les relations entre les différents acteurs.

Dans la zone d’emploi de Beaune, 6 450 salariés travaillent dans les établissements de la filière, soit 20 % de l’emploi salarié de la zone (figure 3). Ce territoire est fortement spécialisé dans les activités de commerce de boissons. Plus de la moitié des trente plus importants établissements employeurs du bassin relevant de ces activités y sont implantés (Maison Albert Bichot, Maison Louis Latour, etc.). L’industrie des boissons est également très présente avec l’implantation de quatre des cinq plus grands établissements du segment. Trois comptent même plus de 100 salariés (Les Petits-Fils de Veuve Ambal, Kriter et Boisset).

Dans chacune des quatre autres zones d’emploi, le poids de la filière reste important, de l’ordre de 3 % de l’emploi salarié total. Dans celles d’Auxerre et de Mâcon, plus de la moitié de l’emploi de la filière appartient aux activités agricoles. La zone d’emploi de Villefranche-sur-Saône est orientée vers le commerce de détail et de gros de boissons, avec notamment la présence de l’établissement Mommessin. Enfin, au sein de la zone d’emploi de Chalon-sur-Saône, 40 % des salariés relevant de la filière œuvrent dans la fabrication de matériel viti-vinicole avec en particulier l’implantation de l’établissement Verralia France.

Figure 3Localisation des salariés dans le bassin par zone d’emploi en 2020

Localisation des salariés dans le bassin par zone d’emploi en 2020 - Lecture : 6 450 salariés travaillent dans la zone d’emploi de Beaune, soit 19,5 % de l’emploi salarié.
ZE Nom Effectif Part (en %)
0059 Mâcon 2 211 3,25
2701 Autun 86 0,73
2702 Auxerre 2 401 3,45
2703 Avallon 42 0,27
2704 Beaune 6 450 19,52
2706 Besançon 99 0,08
2707 Chalon-sur-Saône 1 862 2,92
2708 Charolais 1 0,02
2709 Châtillon-Montbard 65 0,32
2710 Creusot-Montceau 8 0,03
2711 Dijon 1 298 0,73
2712 Dole 14 0,50
2713 Lons-le-Saunier 912 1,53
2715 Pontarlier 1 0,00
2716 Saint-Claude 0 0,00
2717 Sens 2 0,01
2718 Vesoul 1 0,00
8401 Annecy 13 0,01
8404 Belley 133 0,89
8405 Bourg-en-Bresse 350 0,35
8406 Bourgoin-Jallieu 21 0,02
8407 Chambéry 564 0,50
8409 Grenoble 21 0,01
8411 La Maurienne 0 0,00
8412 La Plaine du Forez 23 0,08
8413 La Tarentaise 6 0,01
8414 La Vallée de l’Arve 15 0,04
8415 Le Chablais 54 0,20
8416 Le Genevois français 35 0,06
8417 Le Livradois 0 0,00
8418 Le Mont Blanc 0 0,00
8421 Lyon 595 0,06
8425 Oyonnax 2 0,01
8426 Roanne 107 0,21
8428 Saint-Etienne 553 0,27
8430 Tarare 31 0,17
8433 Vienne-Annonay 5 0,01
8434 Villefranche-sur-Saône 1 748 2,77
8435 Voiron 46 0,08
  • Lecture : 6 450 salariés travaillent dans la zone d’emploi de Beaune, soit 19,5 % de l’emploi salarié.
  • Source : Insee, Flores 2020.

Figure 3Localisation des salariés dans le bassin par zone d’emploi en 2020

  • Lecture : 6 450 salariés travaillent dans la zone d’emploi de Beaune, soit 19,5 % de l’emploi salarié.
  • Source : Insee, Flores 2020.

Forte augmentation de l’emploi salarié dans les activités agricoles

Entre 2015 et 2020, l’emploi salarié dans la filière viti-vinicole augmente de 4,3 % à champ constant, sur les (figure 4). L’emploi salarié croît de 13,6 % dans les activités agricoles en raison d’une transformation de la main-d’œuvre. L’augmentation de la taille des exploitations viticoles dans une activité fortement demandeuse en main-d’œuvre favorise l’augmentation du recours au salariat (+28 points entre les recensements agricoles de 2010 et 2020). Le basculement s’opère entre la main-d’œuvre familiale non salariée et l’emploi salarié, familial ou non (figure 5). En effet, les aides familiaux, sans aucun statut juridique, tendent à disparaître (-33 points sur la décennie 2010) au profit de statuts plus protecteurs (coexploitant ou salarié). En outre, le salariat non familial est en très forte hausse, comme dans d’autres filières agricoles.

En revanche, dans les activités non agricoles, l’emploi diminue légèrement (-2,6 %) sur les cinq dernières années. Ce recul s’explique par la diminution des effectifs dans les segments de la commercialisation du vin, de la fabrication de matériel viti-vinicole et de l’industrie des boissons.

Figure 4Emploi salarié de la filière viti-vinicole au 31/12/2020 et évolution 2015-2020

Emploi salarié de la filière viti-vinicole au 31/12/2020 et évolution 2015-2020
Segment Nombre d’établissements Emploi salarié Évolution de l’emploi salarié (*) entre 2015 et 2020 (en %)
Postes non annexes Postes annexes Ensemble Part (en %)
Activités agricoles 5 411 7 920 650 8 570 43 +13,6
Activités non agricoles 1 146 10 670 540 11 210 57 -2,6
Fabrication de matériel vini-viticole 110 3 600 40 3 640 19 -3,1
Commercialisation de matériel viti-vinicole 126 1 010 20 1 030 5 +4,7
Industrie des boissons 97 1 480 80 1 560 8 -4,5
Commercialisation du vin 723 3 970 380 4 350 22 -4,8
dont commerce de gros de boissons 496 3 500 310 3 810 19 -4,9
dont commerce de détail de boissons 203 430 70 500 3 -3,0
Services 90 610 20 630 3 +7,3
Filière viti-vinicole 6 557 18 590 1 190 19 780 100 +4,3
  • (*) : Évolution à champ constant sur les postes non annexes des établissements employeurs.
  • Source : Insee, Clap 2015, Flores 2020, Agreste-Draaf, Recensements agricoles de 2010 et 2020.

Figure 5Répartition de la main-d’œuvre en 2010 et 2020

(en %)
Répartition de la main-d’œuvre en 2010 et 2020 ((en %))
Année Main-d'œuvre non familiale salariée Main-d'œuvre familiale salariée Main-d'œuvre familiale non salariée
2010 53,7 6,8 39,5
2020 81,5 12,0 6,5
  • Source : Agreste-Draaf, Recensements agricoles 2010 et 2020.

Figure 5Répartition de la main-d’œuvre en 2010 et 2020

  • Source : Agreste-Draaf, Recensements agricoles 2010 et 2020.

Davantage de CDI et des salaires plus élevés dans la fabrication de matériel viti-vinicole

Dans la filière, les trois quarts des emplois salariés sont en contrat à durée indéterminée (CDI), soit 15 points de plus que la moyenne du bassin. Dans les activités agricoles, irrégulières sur l’année, près des deux tiers des salariés sont en CDI. Dans les activités à forte composante industrielle, comme la fabrication de bouteilles, de bouchons, de tonneaux, de capsules, ou encore de matériel agricole, plus de 90 % des salariés sont en CDI. C’est aussi le cas de près des trois quarts des emplois exercés dans les activités de services.

Dans le bassin, le salaire horaire net moyen des salariés de la filière s’établit à 14,9 €, soit 1,9 fois le Smic. Il existe toutefois de fortes disparités selon les activités exercées. Quelle que soit la catégorie socio-professionnelle, les salariés travaillant dans la fabrication de matériel viti-vinicole reçoivent le salaire horaire net le plus élevé de la filière. En lien avec leur ancienneté et la taille des établissements, il est 20 % plus élevé que la moyenne de la filière. Majoritairement ouvriers, les salariés des activités agricoles, perçoivent le salaire horaire net le plus faible, inférieur de 20 % à la moyenne de la filière.

Dans la filière, un peu plus d’un tiers des salariés sont des femmes. Le taux de féminisation est plus élevé dans le segment des activités de services qui atteint la parité (53 %). La proportion de femmes travaillant dans les activités agricoles est légèrement supérieure à la moyenne de la filière. Dans les activités davantage industrielles, la part de femmes est plus réduite. Par exemple, dans la fabrication de bouteilles, seul un salarié sur dix est une femme.

Les vins du bassin davantage valorisés à l’export en 2020 qu’en 2015

En 2020, les douze départements du bassin viticole Bourgogne-Beaujolais-Savoie-Jura ont exporté 1,87 million d’hectolitres de vins (produits ou non sur le territoire). Les établissements implantés en Côte-d'Or ont réalisé 44 % des volumes exportés. Le Rhône et la Saône-et-Loire ont contribué à hauteur de plus de 20 % chacun. Celui de l’Yonne a exporté 6 % du volume de vins du bassin.

Bien que les quantités exportées aient diminué de 4,6 % entre 2015 et 2020, les exportations en valeur ont cru de 18 %. Elles représentent désormais 1,37 milliard d’euros (figure 6). Cela traduit la forte hausse des prix : négociés en moyenne à 730 €/hl, les vins exportés sont mieux valorisés qu’il y a cinq ans. La demande internationale de vins de Côte-d’Or s’est renforcée, ce qui stimule leurs prix. Avec leurs grands crus, ils sont les mieux valorisés à l’export, en moyenne à 1 080 €/hl.

Près de 30 % des exportations en volume sont réalisées vers l’Union européenne. Au-delà, le premier pays importateur du bassin est le Royaume-Uni (26 %), suivi par les États-Unis qui représentent 19 % du volume exporté. Les ventes vers la Chine et le Japon sont plus réduites (respectivement 3,8 % et 5,4 % en volume) mais sont très valorisées avec un prix moyen supérieur à 1 000 €/hl. Ces deux pays privilégient très largement les vins en provenance de Côte-d’Or.

Figure 6Exportations de vins des départements du bassin

Exportations de vins des départements du bassin
Lieu d’implantation de l’exportateur Exportations en valeur (millions d’euros) Exportations en volume (milliers d’hectolitres) Valeur moyenne de l’hectolitre exporté (en €/hL)
Ensemble des douze départements (*) participant au viti-vinicole 1 370 1 870 730
dont Côte-d’Or 890 820 1 080
dont Saône-et-Loire 180 480 380
dont Rhône 170 400 420
dont Yonne 100 110 900
  • (*) Les données des Douanes concernent les départements pris dans leur intégralité. Elles sont relatives à l'ensemble des exportations, que le vin soit produit ou non dans le bassin. Données brutes de collecte en valeurs (FAB) et en volumes (conversion masses-volumes Insee-Draaf). FAB (Franco A Bord) : y compris les frais de transport jusqu’au passage en douane, à l’exclusion de ceux qui sont encourus hors du territoire pour acheminer la marchandise jusqu’au destinataire.
  • Source : Douanes 2020.

Encadré 1 - De nombreux cépages cultivés sur 52 600 ha

Le bassin Bourgogne-Beaujolais-Savoie-Jura couvre totalement ou partiellement 12 départements des régions Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes. En 2020, avec une superficie de 52 600 ha, il représente 8 % de la surface totale cultivée en vignes en France. C’est un petit bassin, au regard des 200 000 ha du bassin Languedoc-Roussillon. Ses vignobles sont destinés à la production de vins tranquilles et effervescents dont de nombreuses appellations de renommée internationale.

Les exploitations viticoles de Bourgogne couvrent environ 32 000 ha. Elles produisent près de 75 % de vins blancs, issus du cépage chardonnay, comme le Chablis, le Corton-Charlemagne ou encore le Mâcon blanc. La production est complétée par le pinot noir dont sont issus les vins rouges les plus connus de la région comme le Gevrey-Chambertin ou le Pommard.

Le gamay, qui s’exprime sur les marnes et les sols argilo-calcaires du vignoble Rhône-Loire (Beaujolais, Coteaux du Forez), et la syrah (Côtes du Rhône) sont exploités sur près de 15 500 ha dans la partie méridionale du bassin.

Le vignoble de Franche-Comté, avec environ 2 200 ha, produit des vins issus de chardonnay et de cépages endémiques (savagnin, poulsard). Les cépages mondeuse, altesse ou encore jacquère s’étendent en Savoie sur 2 300 ha. Le vignoble du Bugey, sur 680 ha, complète le bassin Bourgogne-Beaujolais-Savoie-Jura.

Encadré 2 - Fort dynamisme de l’agriculture biologique

Les productions viticoles biologiques du bassin sont en phase d’expansion. En 2020, 18 % des exploitations sont habilitées, soit trois fois plus qu’en 2010. La surface agréée en Agriculture Biologique, ou en conversion, augmente de 171 %, passant de 6 % à 16 % de la surface en vignes. La tendance se vérifie pour chaque vignoble avec des croissances à trois chiffres. Ce rythme est similaire à celui de l’ensemble de la viticulture française et s’inscrit dans une dynamique plus générale du bio en France. Cette agriculture recourt à des pratiques culturales qui interdisent l’usage de produits chimiques de synthèse et favorisent l’usage des ressources naturelles pour la fertilisation et les traitements. Le passage d’une agriculture conventionnelle à biologique nécessite une période de conversion de trois ans pour les cultures pérennes. Le respect d’un cahier des charges permet l’obtention du certificat pour commercialiser des produits avec la mention Agriculture Biologique.

Publication rédigée par :Mathéo Bourgeois, Florent Ovieve (Insee), Laurent Barralis, Pierre Froissart, Éric Seguin (Direction régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt)

Définitions

Le périmètre de la filière viti-vinicole a été défini conjointement par la Draaf et l’Insee. Il a été validé par l’interprofession, le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne, la Confédération des Appellations et des Vignerons de Bourgogne ainsi que la Société de Viticulture du Jura.

Sur la partie agricole, le champ est composé des exploitations agricoles possédant au moins 0,6 ha de vignes en appellation d’origine protégée, ou plus de 3 ha en indication géographique protégée ou plus de 4 ha sans indication géographique. Ce seuil correspond au seuil d’assujettissement défini par la MSA. Les établissements sont issus du recensement agricole 2020.

Sur la partie non agricole, le champ est composé des établissements employeurs du bassin, issus de la source Flores 2020. Les activités de fabrication de vins effervescents (1102A), et de vinification (1102B) sont totalement intégrées à la filière. Dans le secteur du commerce, les établissements du commerce de gros (4634Z) et de détail de boissons (4725Z) ont été retenus dans la filière dès lors qu’ils étaient localisés sur une commune de 10 ha ou plus de vignes, ou à une commune contiguë. Cela permet de prendre en compte uniquement les établissements qui ont un lien avec le vignoble. Pour les autres segments, un travail d’experts a permis de sélectionner les établissements de la filière.

Le périmètre ne comprend pas les activités connexes d’enseignement, d’œnotourisme, de recherche et développement en biotechnologie. La fabrication d’intrants agricoles (engrais, pesticides), la réparation de machines, la location de matériel agricole qui sont des activités de soutien en amont sont également écartées. Il en va de même des activités de soutien en aval de la filière comme le transport routier de fret interurbain, l’entreposage et le stockage non frigorifique.

Les effectifs salariés sont issus de la source Flores 2020, aussi bien pour la partie agricole que non agricole. Toutefois, certains effectifs de la partie non agricole (17 établissements) ont été redressés à l’aide des chiffres du recensement agricole. Par ailleurs, les évolutions de l’emploi salarié dans la filière ont été calculées à champ constant, c’est-à-dire hors créations, disparitions et déménagements d’établissements. Le calcul est donc effectué sur le champ des établissements actifs présents à la fois en 2015 et 2020. Les différences entre les sources 2015 et 2020 permettent uniquement une comparaison entre les postes non annexes des établissements employeurs. Un poste est qualifié de non annexe si la rémunération est supérieure à 3 Smic mensuels ou si la durée d’emploi dépasse 30 jours et 120 heures et que le rapport nombre d’heures/durée est supérieur à 1,5.

Pour en savoir plus

(1) Froissart P., Malègue L. (Draaf), « Ouvrir dans un nouvel ongletRecensement agricole 2020 : les exploitations viticoles », Étude Agreste Bourgogne-Franche-Comté no 66, septembre 2023.

(2) Adrover S., Bouriez M., Brion D., Vivas E. (Insee), Barralis L., Froissart P., Maire F., Rodriguez N., Viatte N. (Draaf), « La filière viti-vinicole dans le bassin Bourgogne-Beaujolais-Savoie-Jura », Insee Dossier Bourgogne-Franche-Comté no 4, décembre 2016.

(3) Adrover S., Bouriez M. (Insee), Froissart P. (Draaf), « Bourgogne-Beaujolais-Savoie-Jura : une filière viti-vinicole intégrée qui s’appuie sur plus de 8 700 établissements », Insee Analyses Bourgogne-Franche-Comté no 12, novembre 2016.