Insee Flash Hauts-de-France ·
Avril 2024 · n° 157
15 000 ménages à très hauts revenus dans les Hauts-de-France
En 2021, 15 100 ménages des Hauts-de-France sont considérés à très hauts revenus, c’est-à-dire qu’ils appartiennent au 1 % des ménages les plus aisés de France. Ils perçoivent au moins 9 800 euros par mois (avant impôt) pour une personne seule. Malgré une situation sociale fragile, la région devance cinq autres régions de province pour sa part de ménages à très hauts revenus (0,6 %). Ces derniers sont plus âgés que le reste de la population et disposent souvent d’importants revenus du patrimoine (immobiliers et financiers). Près de la moitié d’entre eux résident dans les métropoles de Lille et Amiens, sur le littoral et dans l’Oise.
0,6 % des ménages de la région considérés à très hauts revenus
En 2021, dans les Hauts-de-France, 15 100 ménages fiscaux appartiennent au 1 % des ménages les plus aisés de France (champ). Ils perçoivent un revenu initial d’au moins 117 600 euros par unité de consommation sur l’année, soit 9 800 euros par mois pour une personne seule. Malgré une situation sociale fragile caractérisée par le revenu disponible médian le plus faible de France métropolitaine, la région occupe une position intermédiaire pour la proportion de ménages à très hauts revenus (0,6 %) devançant la Bourgogne-Franche-Comté, la Normandie, le Centre-Val de Loire, les Pays de la Loire et la Bretagne.
Les personnes de référence des ménages à très hauts revenus sont plus âgées que le reste de la population (75,7 % ont au moins 50 ans contre 57,8 %). Le départ du domicile parental des enfants d’un ménage fait en effet mécaniquement grimper le revenu par unité de consommation. Cette surreprésentation des ménages les plus âgés est particulièrement forte dans la région où la population est globalement plus jeune qu’en France de province. La part des ménages à très hauts revenus vivant en couple (69,4 %) est par ailleurs nettement plus élevée (+20 points) que celle des autres ménages.
Des très hauts revenus moins présents dans le Pas-de-Calais et dans l’Aisne
Si l’Île-de-France rassemble 17,4 % de l’ensemble des ménages français, elle concentre à elle seule 40,9 % de ceux à très hauts revenus (figure 1). Ces derniers sont particulièrement nombreux à Paris. En Haute-Savoie et dans l’Ain, l’importance du travail frontalier avec la Suisse et les niveaux de salaires helvètes expliquent la surreprésentation des très hauts revenus.
Au sein des Hauts-de-France, près d’un ménage à très hauts revenus sur deux réside dans le Nord, une proportion plus élevée que le poids démographique du département. Ils y représentent 0,7 % des ménages, comme dans l'Oise, qui bénéficie de l’influence francilienne. À l’inverse, les ménages à très hauts revenus résident rarement dans le Pas-de-Calais (0,5 %), en particulier dans les grandes communes du littoral telles que Boulogne ou Calais et dans le Bassin minier comme à Lens ou Liévin. Dans l’Aisne, la part de ménages à très hauts revenus est proche de celle du Pas-de-Calais.
tableauFigure 1 – Part des ménages à très hauts revenus par département en 2021
Département | Part de très hauts revenus |
---|---|
01 | 1,4 |
02 | 0,5 |
03 | 0,4 |
04 | 0,5 |
05 | 0,5 |
06 | 1,3 |
07 | 0,5 |
08 | 0,4 |
09 | 0,3 |
10 | 0,7 |
11 | 0,5 |
12 | 0,5 |
13 | 1,0 |
14 | 0,7 |
15 | 0,5 |
16 | 0,6 |
17 | 0,7 |
18 | 0,5 |
19 | 0,5 |
21 | 0,8 |
22 | 0,5 |
23 | 0,3 |
24 | 0,5 |
25 | 0,7 |
26 | 0,6 |
27 | 0,5 |
28 | 0,6 |
29 | 0,5 |
2A | 1,3 |
2B | 1,0 |
30 | 0,6 |
31 | 0,9 |
32 | 0,5 |
33 | 0,9 |
34 | 0,7 |
35 | 0,6 |
36 | 0,4 |
37 | 0,6 |
38 | 0,7 |
39 | 0,6 |
40 | 0,6 |
41 | 0,5 |
42 | 0,5 |
43 | 0,5 |
44 | 0,7 |
45 | 0,6 |
46 | 0,5 |
47 | 0,5 |
48 | 0,4 |
49 | 0,5 |
50 | 0,5 |
51 | 0,9 |
52 | 0,4 |
53 | 0,4 |
54 | 0,6 |
55 | 0,4 |
56 | 0,6 |
57 | 0,7 |
58 | 0,4 |
59 | 0,7 |
60 | 0,7 |
61 | 0,5 |
62 | 0,5 |
63 | 0,6 |
64 | 0,9 |
65 | 0,3 |
66 | 0,6 |
67 | 1,0 |
68 | 1,3 |
69 | 1,3 |
70 | 0,4 |
71 | 0,5 |
72 | 0,4 |
73 | 0,8 |
74 | 2,2 |
75 | 5,7 |
76 | 0,6 |
77 | 0,7 |
78 | 2,2 |
79 | 0,4 |
80 | 0,6 |
81 | 0,5 |
82 | 0,5 |
83 | 0,9 |
84 | 0,7 |
85 | 0,5 |
86 | 0,5 |
87 | 0,5 |
88 | 0,5 |
89 | 0,5 |
90 | 0,6 |
91 | 0,8 |
92 | 3,6 |
93 | 0,4 |
94 | 1,4 |
95 | 0,7 |
972 | 0,6 |
974 | 0,6 |
- Lecture : Dans le département du Nord, 0,7 % des ménages sont à très hauts revenus.
- Champ : France métropolitaine, Martinique et La Réunion, ménages fiscaux vivant en logement ordinaire dont le revenu est déclaré positif ou nul.
- Source : Insee-DGFIP-Cnav-CCMSA-Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2021.
graphiqueFigure 1 – Part des ménages à très hauts revenus par département en 2021

- Lecture : Dans le département du Nord, 0,7 % des ménages sont à très hauts revenus.
- Champ : France métropolitaine, Martinique et La Réunion, ménages fiscaux vivant en logement ordinaire dont le revenu est déclaré positif ou nul.
- Source : Insee-DGFIP-Cnav-CCMSA-Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2021.
Davantage de revenus issus du patrimoine et d’activités non salariées
Dans la région, 26,4 % des ménages à très hauts revenus perçoivent principalement des revenus issus d’activités non salariées et 27,3 % des revenus issus du patrimoine immobilier ou financier (figure 2).
Ces proportions ne s’élèvent respectivement qu’à 2,3 % et 4,7 % pour les autres ménages. Les salaires et pensions restent la source principale pour 46,2 % des ménages à très hauts revenus (contre 92,9 % pour les autres).
Par rapport à la province, les activités salariées constituent moins souvent la source principale de rémunération des ménages à très hauts revenus des Hauts-de-France. En revanche, les activités non salariées sont surreprésentées, en lien avec le niveau plus élevé de rémunération des indépendants dans la région, et de certains professionnels de santé en particulier [Insee, 2018 ; pour en savoir plus (2)].
Avec 213 800 euros perçus en moyenne par an par les ménages à très hauts revenus, les Hauts-de-France occupent une position centrale parmi les régions de province. Les ménages à très hauts revenus dont la source principale est le patrimoine sont de loin les plus aisés. Ils perçoivent en moyenne 303 000 euros (contre 293 000 au niveau national), soit 119 000 euros de plus que ceux pour lesquels les activités non salariées constituent la source principale de revenus.
En lien avec des revenus globalement plus faibles dans la région, les écarts de salaires entre les ménages à très hauts revenus et les autres sont les plus élevés de province. Les premiers perçoivent en moyenne 8,7 fois plus que les seconds (8,0 en province et même 7,4 en Auvergne-Rhône-Alpes). Des écarts existent également au sein des très hauts revenus puisque les 10 % les plus riches gagnent au moins 320 000 euros (2,7 fois le seuil de très hauts revenus).
tableauFigure 2 – Origine principale du revenu par type de ménage
Type de ménage | Région | Salaires et traitements | Revenus des activités non salariées | Pensions, retraites et indemnités de chômage | Patrimoine |
---|---|---|---|---|---|
Très hauts revenus | Province | 42,5 | 21,8 | 8,3 | 27,3 |
Hauts-de-France | 39,7 | 26,4 | 6,5 | 27,3 | |
Ensemble des ménages (hors très hauts revenus) | Province | 52,4 | 3,1 | 39,9 | 4,2 |
Hauts-de-France | 55,3 | 2,3 | 37,6 | 4,7 |
- Lecture : Dans les hauts-de-France, les salaires et traitements constituent l’origine principale des revenus pour 39,7 % des ménages à très hauts revenus contre 53,3 % pour les autres.
- Champ : Ménages fiscaux vivant en logement ordinaire dont le revenu déclaré est positif ou nul.
- Source : Insee-DGFIP-Cnav-CCMSA-Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2021.
graphiqueFigure 2 – Origine principale du revenu par type de ménage

- Lecture : Dans les hauts-de-France, les salaires et traitements constituent l’origine principale des revenus pour 39,7 % des ménages à très hauts revenus contre 53,3 % pour les autres.
- Champ : Ménages fiscaux vivant en logement ordinaire dont le revenu déclaré est positif ou nul.
- Source : Insee-DGFIP-Cnav-CCMSA-Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2021.
Des ménages à très hauts revenus plus jeunes dans la Pévèle
Près de la moitié des ménages à très hauts revenus de la région résident dans 7 intercommunalités (figure 3). La part des très hauts revenus y dépasse 0,9 %.
Au sud de la région et en Pévèle Carembault, les salaires et traitements constituent plus qu’ailleurs l’origine principale des revenus. En outre, dans la Pévèle, les personnes de référence des ménages à très hauts revenus sont plus jeunes qu’en moyenne (54,4 ans contre 57,7 pour l’ensemble de la région). C’est le cas également dans les EPCI de Lille et d’Amiens (56,2 et 56,6 ans en moyenne).
Pour les ménages à très hauts revenus résidant dans la MEL, le patrimoine joue un rôle majeur dans les revenus alors qu’à Amiens, pour près d'un tiers des ménages concernés, les revenus viennent principalement d’activités non salariées (un cinquième à Lille).
Enfin, dans la Communauté d’Agglomération des Deux Baies en Montreuillois, les ménages à très hauts revenus sont plus âgés qu’ailleurs dans la région et plus souvent retraités. Leur aisance financière provient principalement de leur patrimoine. Un ménage concerné sur deux habite au Touquet.
graphiqueFigure 3 – Part des ménages à très hauts revenus dans les Hauts-de-France

- Note : Les données de la carte lissée ne sont pas diffusables.
- Lecture : Dans la zone de Lille, les très hauts revenus représentent 1 à 2 % des ménages.
- Champ : Ménages fiscaux vivant en logement ordinaire dont le revenu déclaré est positif ou nul.
- Source : Insee-DGFIP-Cnav-CCMSA-Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2021, données lissées.
Définitions
Ménage fiscal : ménage constitué par le regroupement des foyers fiscaux répertoriés dans un même logement. Sont exclus les contribuables vivant en collectivité (maisons de retraite, foyers de travailleurs, maisons de détention…), les sans domicile fixe et les sans-abri.
Revenu initial : revenu perçu avant toute imposition directe (impôts sur le revenu, taxe d’habitation, CSG et CRDS) et perception des prestations sociales. Il s’agit de l’ensemble des revenus d’activité, de remplacement (allocations chômage, pensions…) et du patrimoine, nets de cotisations sociales. En sont exclus les revenus exceptionnels (plus-values notamment) qui peuvent aussi être particulièrement élevés pour les très hauts revenus.
Unité de consommation (UC) : système de pondération attribuant un coefficient à chaque membre du ménage et permettant de comparer les niveaux de vie de ménages de tailles ou de compositions différentes. Le nombre de personnes est ramené à un nombre d’unités de consommation (UC). On compte une UC pour un ménage d’un adulte (référent), on rajoute 0,5 UC si le ménage comprend en outre une autre personne de 14 ans ou plus, et 0,3 pour celles plus jeunes.
Les ménages à très hauts revenus se situent parmi les 1 % des ménages fiscaux les plus aisés de France. Ils perçoivent un revenu initial d’au moins 117 600 euros par unité de consommation.
Référent du ménage : contribuable identifié en tant que payeur de la taxe d’habitation au sein du ménage fiscal reconstitué.
Champ
Les statistiques sont tirées du Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2021. Le champ est celui de l’ensemble des ménages fiscaux ordinaires au revenu déclaré positif ou nul et localisés au lieu de déclaration des revenus, hors personnes sans domicile ou vivant en institutions (prisons, foyers, maisons de retraite…). En raison d’une qualité insuffisante des fichiers fiscaux pour la Guadeloupe, la Guyane et Mayotte, ces trois DOM sont exclus du champ de l’étude.
Pour en savoir plus
(1) « 43 % des personnes à très haut revenu habitent en Île-de-France », Insee Focus no 192, 12 mai 2020.
(2) « Les non-salariés les mieux rémunérés de France, mais moins présents », Insee Flash Hauts-de-France no 45, 15 mai 2018.