Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes · Janvier 2024 · n° 139

Des spécialités qui s’appuient sur un ancrage territorial fort Secteur textile en Auvergne-Rhône-Alpes

Le savoir-faire dans le secteur du textile s’étend à travers le territoire d’Auvergne-Rhône-Alpes. S’appuyant sur des techniques traditionnelles et historiques, la région dispose en la matière de nombreuses spécialités locales. La soierie de Lyon, les étoffes imprimées de Bourgoin-Jallieu ou encore les chaussures de Romans-sur-Isère font partie du patrimoine culturel régional. Dans un contexte national de repli de l’emploi du textile, depuis plusieurs décennies (méthodologie), le secteur retrouve un certain dynamisme en Auvergne-Rhône-Alpes.

En volume, Auvergne-Rhône-Alpes est la première région employeuse de France pour le secteur, avec plus d’un cinquième de ses salariés (22 %), devant l’Île-de-France (16 %), les Pays de la Loire (11 %) et les Hauts-de-France (10 %). Les 20 100 salariés de la région sont répartis au sein de 900 établissements (encadré).

Le secteur textile représente 0,8 % de l'emploi salarié total en Auvergne-Rhône-Alpes comme dans les Pays de la Loire, soit deux fois plus qu’au niveau national. C’est dans ces deux régions que la part du secteur est la plus importante, devant le Centre Val-de-Loire et les Hauts-de-France (0,6 %).

Trois segments composent le secteur textile : l’industrie de l’habillement, l’industrie du cuir et de la chaussure, et la fabrication de textiles. Ce dernier comprend la préparation et la filature de fibres textiles, le tissage et l’ennoblissement, la fabrication d’articles textiles non vestimentaires, dont les textiles techniques et industriels.

En Auvergne-Rhône-Alpes, les segments de la fabrication de textiles et de l’industrie du cuir comptent le plus grand nombre d’emplois, avec respectivement 10 200 et 7 700 salariés. L’industrie de l’habillement est moins développée avec 2 200 salariés, loin derrière l’Île-de-France (8 600 salariés).

La région se distingue avec trois spécialités. En premier lieu, la fabrication de textiles industriels et techniques représente 19 % des emplois du secteur textile régional, soit onze points de plus qu’au niveau national. Ces matériaux sont utilisés comme textiles renforcés pour l’automobile ou dans le milieu médical par exemple. Le tissage est la deuxième spécialité, avec 14 % des emplois du secteur, contre 6 % au niveau national. Enfin, la fabrication d’articles de voyage, de maroquinerie et de sellerie représente 34 % de l’emploi du secteur textile, soit quatre points de plus qu’en France. L’industrie du sac à main de luxe est particulièrement implantée dans la région. Face aux enjeux environnementaux, l'industrie textile régionale, spécialisée dans des segments où la production importée est moins élevée, peut se différencier grâce à une production locale.

Dans ce secteur industriel, l’implantation des entreprises dépend fortement des savoir-faire locaux. La zone d’emploi de Saint-Étienne est spécialisée dans la fabrication de textiles techniques et industriels : ce territoire a notamment participé à l'essor de la rubanerie dès le XVI^e siècle. Hermès, avec la maroquinerie ou la teinture, est implantée à Lyon, Clermont-Ferrand et dans les zones d'emploi des Alpes. L'entreprise Louis Vuitton, spécialisée dans la maroquinerie, a des ateliers répartis dans les zones autour de Romans-sur-Isère, de Vienne-Annonay et de Vichy (figure 1).

Entre 2008 et 2021 en Auvergne-Rhône-Alpes, l’emploi du secteur textile a diminué de 15 %, contre 20 % au niveau national (figure 2). Sur la même période, l’emploi de l’industrie manufacturière en Auvergne-Rhône-Alpes a baissé de 8 %.

La crise financière de 2008 a fragilisé le secteur avec une baisse d’emploi de 10 % en 2009. Cette évolution à la baisse s’est progressivement atténuée, particulièrement en Auvergne-Rhône-Alpes, jusqu’en 2016. Par la suite, le nombre d’emplois repart à la hausse jusqu’en 2021, avec une croissance de 6 % de l’emploi du textile dans la région et 4 % au niveau national, même si la pandémie de 2020 a tout de même affecté l’emploi du secteur (‑2 % entre 2019 et 2020).

Les emplois de la fabrication de textiles et de l’industrie de l’habillement sont en baisse entre 2008 et 2021 (respectivement ‑29 % et ‑42 %), et à l’inverse, l’industrie du cuir a été peu touchée par la crise financière. Depuis 2011, l’emploi de ce segment croît très fortement (+67 % entre 2008 et 2021), plus qu’au niveau national (+37 %). Par ailleurs, les spécialités industrielles régionales du secteur (textile de luxe ou technique…) sont moins mondialisées, et demeurent des secteurs d’emploi plus résilients (pour en savoir plus).

Une grande majorité des emplois de l’industrie textile est occupée par des ouvriers. Dans la région, leur part est de 66 % (62 % en France), soit 19 points de plus que dans l’industrie manufacturière. Le secteur textile emploie majoritairement des femmes : elles occupent six emplois sur dix, soit deux fois plus que dans l’industrie manufacturière. Toutefois, elles accèdent peu aux postes d’encadrement : quatre postes de cadre sur dix sont occupés par des femmes dans ce secteur. C’est néanmoins plus que dans l'industrie manufacturière, où cette part est de trois sur dix.

Compte tenu de cette forte proportion d’ouvriers, la rémunération moyenne dans le secteur est inférieure à celle de l’industrie manufacturière. Un salarié du textile est rémunéré à hauteur de 2 300 euros nets par mois en moyenne, en Auvergne-Rhône-Alpes comme en France, contre 2 780 euros nets par mois pour l’industrie manufacturière. Toutefois, les salariés du textile de la région sont rémunérés en moyenne 150 euros de plus qu’en France de province.