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Insee Analyses Guadeloupe · Novembre 2023 · n° 75
Insee Analyses GuadeloupeEn Guadeloupe, les unités légales génèrent 7,6 milliards d’euros de production marchande en 2021, pour 2,9 milliards d’euros de valeur ajoutée

Philippe Clarenc (Insee)

En Guadeloupe, les sociétés de droit privé sont prédominantes. Le territoire a une économie fortement spécialisée dans le commerce. En 2021, les unités légales dégagent une valeur ajoutée de 2,9 milliards. Le taux d’endettement des sociétés atteint 31,9 %. Cette même année, 165 sociétés font l’objet d’une liquidation, en repli de 4 % par rapport à 2020.

Insee Analyses Guadeloupe
No 75
Paru le :Paru le06/11/2023

Le commerce est le principal secteur d’activité économique en Guadeloupe

En Guadeloupe, les secteurs marchands non agricoles et non financiers regroupent 15 237 . Celles-ci génèrent un chiffre d’affaires (CAHT) de 11,9 milliards d’euros en 2021 (figure 1). Les sociétés de droit privé concentrent une forte part de l’activité : elles représentent quatre unités légales sur cinq et l’essentiel du chiffre d’affaires de la région (96,3 %).

Figure 1Répartition des unités légales et du chiffre d’affaires selon le type d’unités légales et les secteurs économiques en Guadeloupe en 2021

Répartition des unités légales et du chiffre d’affaires selon le type d’unités légales et les secteurs économiques en Guadeloupe en 2021 - Lecture : 3 006 unités légales ont le statut d’entrepreneur individuel. Ces unités légales représentent 19,7 % du total.
Type d’unités légales/Secteurs économiques Unités légales (en nombre) Part (en %) CAHT (en millions d’euros) Part (en %)
Type d’unités légales
Entrepreneurs individuels 3 006 19,7 444 3,7
Sociétés de droit privé 12 231 80,3 11 500 96,3
Secteurs économiques
Industrie 1 669 11,0 1 675 14,0
Construction 2 177 14,3 1 161 9,7
Commerce 3 630 23,7 6 119 51,2
Transports et entreposage 882 5,8 1 087 9,1
Hébergement et restauration 1 540 10,1 301 2,5
Information et communication 389 2,6 258 2,2
Activités immobilières 1 507 9,9 426 3,6
Autres services marchands 3 443 22,6 917 7,7
Total 15 237 100,0 11 944 100,0
  • Lecture : 3 006 unités légales ont le statut d’entrepreneur individuel. Ces unités légales représentent 19,7 % du total.
  • Champ : secteurs marchands non agricoles et non financiers guadeloupéens.
  • Source : FARE Dirag 2021, Insee.

Ce chiffre d’affaires total se décompose en 51,1 % de ventes de marchandises, 22,4 % en production de biens vendus et 26,5 % en production de services vendus (figure 2). L’importance du commerce, premier secteur économique de la région, explique la part des ventes de marchandises. La Guadeloupe se différencie de la Martinique et de la Guyane par une plus grande spécialisation de l’économie dans le secteur des « transports et entreposage ». Les activités immobilières, qui ne représentent que 3,6 % du chiffre d’affaires total, jouent un rôle significatif dans l’économie locale. Ce secteur concentre notamment 28,1 % des capitaux propres, 41,0 % des et 38,7 % des regroupant les immobilisations incorporelles, les terrains, construction, machine outil, etc.

Figure 2Indicateurs contribuant au partage de la valeur ajoutée en Guadeloupe en 2021

(en millions d’euros)
Indicateurs contribuant au partage de la valeur ajoutée en Guadeloupe en 2021 ((en millions d’euros)) - Lecture : en 2021, la production marchande est de 7 553 millions d’euros.
Poste comptable Valeur
Chiffre d’affaires hors taxes 11 944
dont ventes de marchandises 6 108
dont production de biens vendus 2 676
dont production de services vendus 3 160
Production marchande 7 553
Consommations intermédiaires 4 704
Valeur ajoutée hors taxes 2 850
Subventions d’exploitation 194
Impôts et taxes 168
Charges de personnel 2 063
EBE 813
  • Lecture : en 2021, la production marchande est de 7 553 millions d’euros.
  • Champ : secteurs marchands non agricoles et non financiers guadeloupéens.
  • Source : FARE Dirag 2021, Insee.

Pour générer 7,6 milliards d’euros de en 2021, les unités légales dépensent 4,7 milliards d’euros de . La valeur ajoutée s’élève ainsi à 2,9 milliards d’euros. Le correspond à 23,9 % du chiffre d’affaires total.

Le taux de marge est fort pour les entrepreneurs individuels

Dans le partage de la valeur ajoutée, le rend compte de ce qui reste aux unités légales notamment pour rémunérer le capital et investir, une fois déduite les charges de personnel et les . En 2021, les unités légales guadeloupéennes dégagent un excédent brut d’exploitation (EBE) de 813 millions d’euros soit un taux de marge d’exploitation de 28,5 % (figure 3). Ce résultat diffère fortement selon les secteurs économiques et le type d’unités légales. Ainsi, la part de la VA consacrée aux charges de personnel des entreprises individuelles est faible, car leurs effectifs salariés sont généralement peu élevés.

Figure 3Principaux ratios financiers en Guadeloupe en 2021

(en %)
Principaux ratios financiers en Guadeloupe en 2021 ((en %)) - Lecture : en 2021, le taux de valeur ajoutée est de 23,9 % .
Ratio Valeur
Taux de valeur ajoutée 23,9
Taux de marge d’exploitation 28,5
Taux d’endettement (*) 31,9
Autonomie financière (*) 31,4
Levier financier (*) 101,8
Rentabilité financière (*) 7,1
Taux d’investissement 26,6
Taux d’autofinancement 102,4
Taux de profit (Ensemble) 3,0
Taux de profit (Ul bénéficiaires) 8,2
Taux de perte (Ul déficitaires) -12,2
  • Note(*) : pour les sociétés seulement.
  • Lecture : en 2021, le taux de valeur ajoutée est de 23,9 % .
  • Champ : secteurs marchands non agricoles et non financiers guadeloupéens.
  • Source : FARE Dirag 2021, Insee.

Le taux d’investissement mesure l’effort des unités légales à acquérir des investissements en actifs physiques (hors apports) destinés à être utilisés durablement par l’entreprise comme moyens de production. En 2021, les unités légales guadeloupéennes investissent 759 millions d’euros (figure 4) soit un taux d’investissement de 26,6 %.

La capacité d’autofinancement (CAF) est utilisée pour investir, se désendetter ou verser des dividendes aux actionnaires. Les unités légales accumulent 777 millions d’euros de CAF en 2021. Le mesure la capacité de l’entreprise à financer elle-même ses investissements. En Guadeloupe, ce ratio est égal à 102,4 % en 2021 : les unités légales mobilisent toute leur CAF pour financer leurs investissements corporels.

Figure 4Indicateurs de l’investissement en Guadeloupe en 2021

(en millions d’euros)
Indicateurs de l’investissement en Guadeloupe en 2021 ((en millions d’euros)) - Lecture : en 2021, la CAF s’élève à 777 millions d’euros.
Ratio Valeur
Investissements corporels hors apports 759
CAF 777
  • Lecture : en 2021, la CAF s’élève à 777 millions d’euros.
  • Champ : secteurs marchands non agricoles et non financiers guadeloupéens.
  • Source : FARE Dirag 2021, Insee.

Les unités légales mobilisent plusieurs sources de financement

Les unités légales disposent principalement des capitaux propres, des et du crédit inter-entreprises pour développer leurs activités. Les capitaux propres correspondent à l’ensemble de moyens de financement mis à la disposition de l’unité légale de façon permanente. En Guadeloupe, les unités légales détiennent 4,6 milliards d’euros de capitaux propres en 2021. Les sociétés de droit privé concentrent la quasi-totalité des capitaux propres (97,9 %). Pour celles-ci, les capitaux propres totalisent 31,4 % du total du passif.

Les capitaux propres sont principalement alimentés par le résultat de l’exercice. Le résultat de l’exercice traduit, sur l’année comptable, l’enrichissement (les bénéfices) ou l’appauvrissement (les pertes) de l’unité légale. Le taux de profit des unités légales bénéficiaires est de 8,2 % du CAHT contre 3,0 % pour le total des unités légales. Pour les entreprises déficitaires, le taux de pertes représente - 12,2 % du CAHT.

La des sociétés de droit privé s’élève à 7,1 % en Guadeloupe. La rentabilité financière est une variable stratégique pour les associés et les créanciers surtout si cette société accumule des pertes sur plusieurs années. En effet, les pertes viennent en déduction dans le calcul des capitaux propres engendrant un risque d’insolvabilité.

En 2021, les de l’ensemble des unités légales guadeloupéennes atteignent 4,6 milliards d’euros. Les sociétés de droit privé concentrent la quasi-totalité des dettes financières (99,2 %). Leur taux d’endettement est de 31,9 % en 2021.

Pour les sociétés de droit privé, le révèle que les dettes financières pèsent 101,8 % des capitaux propres en Guadeloupe, soit la limite de leur capacité d’endettement. En effet, les capitaux propres font office de garantie à l’égard des tiers (fournisseurs, investisseurs, banques) et indiquent la capacité de l’entreprise à s’acquitter de ses dettes financières. A contrario, les entrepreneurs individuels utilisent le plus souvent les biens personnels comme garantie à l’égard des tiers pour l’obtention d’un prêt bancaire professionnel, ce qui peut représenter un frein à l’accès au crédit.

Les dettes « fournisseurs » correspondent à des factures pour lesquelles un fournisseur accepte un délai de paiement à l’unité légale. Elles représentent une autre source de financement pour l’unité légale que l’on nomme crédit interentreprises, car le fournisseur endosse « le rôle de prêteur » en décalant le paiement de la facture. Le commerce (28,3 %) et la construction (20,4 %) se démarquent par une proportion plus importante de dettes fournisseurs dans le total du passif, contre 13,6 % pour l’ensemble des unités légales (figure 5). À l’inverse, cette part est la plus faible pour les services (6,9 %).

Figure 5Les principaux postes du bilan comptable en Guadeloupe en 2021

(en %)
Les principaux postes du bilan comptable en Guadeloupe en 2021 ((en %)) - Lecture : les stocks représentent 6,6 % de l’actif des unités légales de l’industrie.
Poste comptable Industrie Construction Commerce Services Total
Actif (en % du total de l’actif)
Immobilisations totales 55,4 33,9 32,2 68,0 55,8
Capital circulant
Stocks 6,6 7,0 24,6 1,7 7,7
Créances 25,2 42,2 26,2 20,5 24,2
Dont Créances clients 14,1 31,2 16,0 6,4 11,7
Dont autres créances 11,1 11,0 10,2 14,1 12,5
Divers 9,9 13,0 16,2 9,1 11,0
Actif circulant Total 44,6 66,1 67,8 32,0 44,2
Passif (en % du total du passif)
Capitaux propres 34,6 24,0 32,0 31,4 31,5
Dettes 62,2 71,9 66,3 65,0 65,4
dont emprunts et dettes 32,4 17,9 20,5 38,3 31,7
dont avances et acomptes reçues sur commande 0,8 6,9 0,6 1,3 1,5
dont comptes fournisseurs 11,8 20,4 28,3 6,9 13,6
dont autres dettes 14,8 21,5 16,7 16,3 16,6
dont produits constatés d’avance 2,4 5,2 0,2 2,2 2,0
  • Lecture : les stocks représentent 6,6 % de l’actif des unités légales de l’industrie.
  • Champ : secteurs marchands non agricoles et non financiers guadeloupéens.
  • Source : FARE Dirag 2021, Insee.

Les actifs durables et l’actif circulant sont financés différemment

Les diverses sources de financement alimentent le patrimoine détenu par les unités légales. Les immobilisations brutes correspondent aux actifs destinés à être détenus durablement par l’unité légale (construction, terrain, machine outil…). En 2021, elles s’élèvent à 10,7 milliards d’euros en Guadeloupe soit 55,7 % du total de l’actif. Sur cent euros d’immobilisations brutes, les actifs sont répartis en 77 euros d’actifs physiques, 15 euros d’actifs financiers et 8 euros d’actifs incorporels. Pour assurer leur avenir à long terme, les unités légales doivent financer les immobilisations brutes par les ressources stables et durables. Cet enjeu est plus fort pour l’industrie et les activités immobilières au vu de leur structure de bilan comptable.

L’industrie (55,3 %) et les services (67,9 %) ont les plus grandes parts des immobilisations brutes dans le total de l’actif. Les activités immobilières se singularisent avec 38,7 % des immobilisations brutes totales, loin devant l’industrie (17,4 %).

L’actif circulant (stocks de marchandises, créances client…) s’élève à 8,5 milliards d’euros en 2021 et représente 44,2 % du total de l’actif. Le commerce (67,8 %) et la construction (66,0 %) se distinguent par une plus forte proportion de l’actif circulant dans le total de l’actif.

Le financement de l’actif circulant est stratégique pour les chefs d’entreprise, car ils doivent trouver les liquidités dont leur unité légale a besoin pour fonctionner en attendant de percevoir les paiements de ses clients. Cependant, il faut tenir compte de l’appartenance des unités légales aux secteurs « B to B » ou « B to C » (définition). Le besoin en liquidité des unités légales du « B to B » est plus important que les autres. Les entreprises du « B to C », présentes notamment dans le commerce de détail, les services à la personne ou la restauration, peuvent générer des liquidités durant leur cycle de production. Elles encaissent le plus souvent le paiement de leurs clients avant de payer leurs fournisseurs.

Peu de liquidations d’unités légales sont comptabilisées en 2021

La gestion de la trésorerie devient délicate durant les périodes de confinement entraînant un risque accru de cessation de paiement. Grâce notamment aux différentes aides mises en place, les unités légales ont plutôt bien résisté en 2021 : seulement 165 ont fait l’objet d’une liquidation (-4 % par rapport à 2020).

Le commerce guadeloupéen se distingue par une forte part des stocks (marchandises, matières premières…) dans le total de l’actif (24,6 %). Contrairement à celles de la France métropolitaine, les unités légales locales doivent faire face à des contraintes liées à l’éloignement géographique de leur territoire impliquant notamment une gestion adaptée des stocks.

Les créances « clients » correspondent le plus souvent à des factures pour lesquelles l’unité légale endosse « le rôle de prêteur » en accordant un délai de paiement à certains de ses clients. Elles sont plus présentes dans la construction (31,2 %) que pour l’ensemble des unités légales (11,7 %).

Le poste « divers » désigne la partie de l’actif circulant qui peut-être mobilisable à court terme pour payer le passif exigible. Il regroupe les disponibilités et les valeurs mobilières de placement. Avec la crise de la Covid-19, certaines unités légales ont transféré par précaution une partie des aides d’entreprises dans ce poste. Le commerce (16,2 %) se détache par une plus forte part du poste « divers » dans le total de l’actif contre 11,0 % pour l’ensemble des unités légales. À l’inverse, pour les services, cette part est la plus faible (9,1 %).

Publication rédigée par :Philippe Clarenc (Insee)

Sources

Les résultats de l’étude sont issus du fichier « FARE » Dirag 2021 comprenant les liasses fiscales exploitables statistiquement. Sont retenues les entreprises individuelles et les sociétés ayant leur siège social situé en Guadeloupe, les microentrepreneurs étant exclus. Elles appartiennent au champ des secteurs marchands non agricoles et non financiers (hors activités de location et location-bail).

Définitions

L’unité légale est une entité juridique de droit privé. Cette entité peut-être une personne physique ou une personne morale.

Les dettes financières correspondent aux emprunts et dettes auprès des établissements financiers.

Les immobilisations brutes correspondent à des actifs destinés à être détenus durablement par l’unité légale.

La production marchande est égale à la production vendue de biens et services plus les productions stockées ou immobilisées plus les marges commerciales plus les autres produits.

Les consommations intermédiaires sont égales à la somme des achats et stocks de matières premières et autres approvisionnements plus les autres achats et charges externes plus les autres charges d’exploitation.

La valeur ajoutée hors taxe (VAHT) est égale à la différence entre la production marchande et les consommations intermédiaires.

Le taux de marge d’exploitation correspond au rapport entre l’EBE et la VAHT.

Les coûts des facteurs correspondent aux subventions d’investissement moins les impôts et taxes.

Le taux d’autofinancement est égal au rapport de l’investissement corporel hors apports sur la CAF.

Le résultat de l’exercice correspond à la différence entre l’ensemble de tous les produits et l’ensemble de toutes les charges de l’exercice.

Le levier financier est égal au ratio des dettes financières sur les capitaux propres.

Les charges du personnel sont la somme des salaires et traitements et des cotisations sociales.

L’excédent brut d’exploitation (EBE) est égal à la VAHT diminuée moins les coûts des facteurs (Impôts et taxes moins les subventions d’exploitation) moins les charges de personnel.

Le bilan comptable présente la situation patrimoniale de l’unité légale à la fin de l’exercice comptable. Il permet de calcul le résultat de l’exercice. Ils donnent une indication sur la valeur de l’entreprise.

L’actif de l’entreprise correspond à l’ensemble du patrimoine de l’entreprise. Il s’agit par exemple des bâtiments, des créances, des logiciels, etc.

Le passif correspond aux moyens de l’entreprise pour financer ses actifs.

Les ressources stables et durables correspondent aux ressources de long terme de l’entreprise (Capitaux propres, dettes financières…).

Le B to C (business to consumer) concerne les secteurs dont les clients principaux sont les personnes physiques (commerce de détail, transports des passagers, hébergement et restauration, activités immobilières et services à la personne, etc.).

Le B to B (business to business) concerne les secteurs dont les clients principaux sont les entreprises.

Le taux de valeur ajoutée correspond au rapport de la VAHT sur le CAHT.

Le taux d’investissement est égal au rapport de l’investissement corporel hors apports sur la VAHT.

Pour en savoir plus

(1) Insee, et coll. « Bilan économique 2021 – Guadeloupe », Insee Conjoncture Guadeloupe no19, 2022.