Insee Analyses Guadeloupe · Novembre 2023 · n° 77

Six Guadeloupéens sur dix bénéficient d’une prestation de la Caf

En décembre 2021, 113 300 foyers allocataires (d é finitions) guadeloupéens perçoivent au moins une aide de la Caf. En prenant en compte l’allocataire principal, son conjoint, ses enfants et les autres personnes à charge, ces foyers regroupent 233 900 personnes dont 96 500 enfants. Entre les aides à l’insertion solidarité, à la famille et au logement, 819,4 millions d’euros sont distribués sur l’année par la Caf de Guadeloupe.

Six Guadeloupéens sur dix (61 %) bénéficient d'au moins une aide de la Caf, soit un taux de couverture (d é finitions) supérieur à celui de l’hexagone (49 %). Le taux de couverture diffère selon les communes. Il est de 78 % à Saint-François, 68 % aux Abymes, 59 % à Baie-Mahault et 28 % à Terre-de-Bas (figure 1).

Neuf personnes bénéficiaires sur dix perçoivent une allocation sous conditions de ressources. Comme en France hexagonale, seules les allocations familiales, l’allocation de soutien familial (ASF) et l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH) sont versées sans conditions de ressources. En Guadeloupe, 74 % des habitants couverts par une prestation de la Caf vivent au sein d’une famille avec enfants, contre 65 % de la population régionale (figure 2).

Les personnes couvertes vivent plus souvent en famille monoparentale (42 % contre 31 % dans la région). Les personnes en couple sans enfant bénéficient peu des aides de la Caf (3 % contre 17 % dans la région) car ils répondent moins aux critères d’attributions (plafonds de ressources, absence d’enfant...). Six personnes de référence des foyers allocataires sur dix ont 40 ans ou plus. Celles qui ont plus de 60 ans sont moins représentés (14 %) que dans la population régionale (37 %). À l’exception des prestations de logement, elles dépendent des caisses de retraites et non des Caf pour les allocations de soutien aux personnes âgées et les prestations composant le minimum vieillesse.

En 2021, l’insertion solidarité représente 56 % du montant total des prestations versées, les besoins familiaux 25 % et le logement 19 %. Six foyers allocataires sur dix bénéficient d’un seul type de prestations, tandis que 14 % cumulent les trois catégories (figure 3).

En décembre 2021, 55 600 foyers allocataires guadeloupéens bénéficient d’une prestation liée aux besoins familiaux, couvrant 170 400 personnes soit 44 % des habitants de la région. Parmi ces foyers, neuf sur dix bénéficient des allocations familiales, plus qu’en France métropolitaine. En effet, les allocations familiales sont accordées dès le premier enfant dans les DOM, alors qu’elles le sont à partir du deuxième en France hexagonale. Les foyers accueillant des enfants de moins de 3 ans peuvent bénéficier de la prestation d’accueil du jeune enfant (Paje). En Guadeloupe 10 300 foyers en bénéficient.

En Guadeloupe, 76 400 foyers perçoivent une prestation d’insertion solidarité, couvrant 135 600 personnes, soit 35 % de la population régionale. Parmi elles, 76 000 personnes sont couvertes par le revenu de solidarité active (RSA), 800 par le revenu de solidarité Outre-mer (RSO), 53 000 par la prime d’activité et 13 700 par l’allocation aux adultes handicapés (AAH).

La part des foyers bénéficiaires du RSA est plus importante en Guadeloupe (37 %) qu’en France métropolitaine (13 %). Cela s’explique en partie par une situation dégradée de l’emploi dans la région. Le taux de chômage y est deux fois plus élevé (17 % contre 8 % en France hexagonale) et les personnes éloignées durablement de l’emploi sont plus nombreuses : 39 % des demandeurs d’emploi en 2021 sont inscrits depuis deux ans ou plus à Pôle Emploi en Guadeloupe (contre 13 % en France hors Mayotte). En conséquence, davantage de personnes en fin de droit aux allocations chômage se tournent vers le RSA.

En décembre 2021, 40 300 foyers bénéficient des aides au logement dans la région couvrant 84 000 personnes soit près d’un habitant sur cinq, comme au niveau national. L’aide personnalisée au logement (APL) n’y est pas disponible. Deux aides sont proposées dans la région : l’allocation de logement familiale (ALF) et l’allocation de logement sociale (ALS). En Guadeloupe, les personnes vivant seules bénéficient principalement de ces prestations et 1 700 personnes bénéficiaires des allocations logement sont des étudiants. Ils sont souvent localisés dans les agglomérations de la région qui concentrent les établissements d’enseignement supérieur, principalement Pointe-à-Pitre, Les Abymes et Saint-Claude. Le taux de couverture varie selon la commune. Il est plus important à Pointe-à-Pitre (50 %) et à Basse-Terre (34 %), tandis qu’il est plus faible à Deshaies (8 %) et à Capesterre-de-Marie-Galante (7 %). La Guadeloupe se caractérise par une plus forte proportion de bénéficiaires d’aides au logement dans le parc locatif social (56 %) que privé (40 %), contrairement à l’Hexagone (respectivement 40 % et 50 %). Le reste des bénéficiaires des allocations logement se partagent entre l’accession à la propriété et les résidences en établissement (foyers, résidences universitaires ou pour les personnes âgées...).

Pour un bénéficiaire de l’allocation logement du parc locatif privé sur quatre, le loyer s’élève à plus de 40 % des revenus mensuels (contre un sur dix pour les allocataires du parc locatif social).

Afin de décrire de manière synthétique les 113 300 foyers allocataires de Guadeloupe, une classification ( pour comprendre ) a été mise en place et permet de dégager six profils distincts (figure 4).

Le premier profil correspond aux foyers avec un actif en emploi, bénéficiant de la prime d’activité et des allocations familiales. Il regroupe un foyer allocataire sur trois. Ces foyers se caractérisent par la présence d’un seul actif en emploi (98 %) et se composent de familles monoparentales (44 %) avec un ou deux enfants, ainsi que de personnes vivant seules (39 %). Plus de la moitié de ces foyers touchent les allocations familiales. Toutefois, la prime d'activité est l'allocation la plus courante au sein de ce profil, (60 % contre 25 % pour l’ensemble des allocataires de la région). Le montant des prestations perçu par ce profil s’élève à 380 € mensuels en moyenne, ce qui représente moins de la moitié de leur revenu total pour la majorité des foyers (85 %).

Le second profil regroupe des couples aux revenus plus élevés qui bénéficient des prestations familiales sans conditions de ressources. Il représente 10 % des foyers allocataires de Guadeloupe et regroupe principalement des couples avec au moins un enfant, ce qui les rend éligibles aux prestations liées à l’enfance. Dans la grande majorité de ces foyers (86 %), deux actifs sont en emploi, ce qui se traduit par un revenu global élevé par rapport aux autres allocataires. Ainsi, deux tiers d’entre eux ne bénéficient que des prestations versées automatiquement à la naissance d’un enfant, sans condition de ressources préalable. En moyenne, ces foyers allocataires perçoivent 240 € de prestations mensuelles.

Le troisième profil regroupe des allocataires inactifs et vivant seuls qui perçoivent l’allocation logement. Il représente 11 % des foyers allocataires guadeloupéens. Il se caractérise par l’absence d’actif en emploi et est principalement constitué de personnes vivant seules. Si les personnes de plus de 60 ans sont prédominantes (59 %) dans ce profil, la part des allocataires de moins de 25 ans atteint 18 % (contre 6 % de l'ensemble des allocataires dans la région). Ce profil qui regroupe l’essentiel des étudiants (14 % contre 2 % pour l’ensemble) est également composé de retraités (40 %), de chômeurs (28 %) et d’autres personnes inactives (17 %).

Un quart d’entre eux résident dans des quartiers prioritaires de la ville (QPV) (d é finitions) et deux tiers d’entre eux bénéficient des allocations logements, contre un tiers dans la région. Avec une moyenne de 280 € par mois, les prestations perçues ne représentent pas une part importante du revenu global de ces foyers allocataires.

Le quatrième profil regroupe exclusivement des allocataires étrangers dont 31 % résident dans des QPV. Ils représentent 6 % des foyers allocataires en Guadeloupe. Dans ce profil, trois foyers sur quatre sont des ménages pauvres et 79 % des foyers ne comptent aucun actif en emploi. Ils bénéficient d’une protection sociale diversifiée : 78 % d’entre eux reçoivent des allocations logement, 61 % des allocations familiales et 50 % le RSA. Ils cumulent en moyenne 840 € de prestations sociales mensuelles. La moitié d’entre eux ne disposent que de ces aides pour vivre.

Le cinquième profil regroupe des familles monoparentales à bas revenus qui cumulent les trois types de prestations sociales. Il regroupe près d’un foyer allocataire de Guadeloupe sur cinq (18 %). Les familles nombreuses sont très présentes, avec un foyer sur cinq comptant au moins trois enfants. Ces familles représentent ainsi 26 % des personnes couvertes par au moins une allocation. De plus, 41 % des foyers de ce profil ont au moins un enfant âgé de moins de 6 ans, soulignant les besoins spécifiques de soutien familial liés à la petite enfance.

La situation économique de ces familles est précaire, avec 95 % des foyers sans aucun actif en emploi. Parmi ces familles, 95 % perçoivent les allocations familiales, 68 % le RSA et 57 % les allocations logement. En outre, 42 % d’entre elles bénéficient de ces trois prestations à la fois. Ces foyers bénéficient ainsi de prestations sociales plus élevées que les autres profils avec 1 050 € mensuels en moyenne. Pour trois foyers sur cinq l’intégralité de leurs revenus est composée de ces prestations sociales.

Le sixième profil regroupe des allocataires sans emploi, vivant seuls, principalement couverts par le RSA, et pour qui les prestations représentent la majeure partie, voire la totalité de leur revenu. Un quart des foyers allocataires composent ce profil qui regroupe principalement des personnes vivant seules (96 %). Par conséquent, ce profil représente 12 % des personnes couvertes en Guadeloupe.

Pour ces foyers la difficulté à s’intégrer sur le marché du travail est récurrente, avec 64 % de référents allocataires inactifs (ni étudiants, ni à la retraite) et 35 % au chômage. Trois foyers sur quatre sont couverts par le RSA, un sur quatre perçoit l’AAH. Ces allocataires reçoivent en moyenne 650 € mensuels de la CAF. Ces aides représentent l’intégralité de leurs ressources pour neuf foyers sur dix.