Retour sur AKM : expliquer la dynamique des inégalités salariales en France

Nous utilisons une base de données appariée employeur-salarié nouvellement construite et quasi exhaustive, pour étudier la contribution des entreprises aux inégalités salariales en France. Nous utilisons le modèle d'Abowd, Kramarz et Margolis (1999) (ci-après AKM) pour décomposer la variance des log-salaires entre deux composantes inter- et intra-entreprises. Notre analyse qui couvre la période de 2002 à 2019 révèle une augmentation significative des inégalités entre entreprises, principalement expliquée par une tendance croissante des travailleurs à haut salaire à se concentrer dans les mêmes entreprises, et dans des entreprises à haut niveau de rémunération. Ces phénomènes sont directement associés à l'évolution de la démographie des entreprises et de la composition de la main-d'oeuvre. Au cours de la même période, les centiles inférieurs de salaire ont augmenté davantage que le reste de la distribution, en lien avec l'augmentation du salaire minimum. En conséquence, les inégalités au sein des entreprises ont diminué, ce qui a quasiment compensé la hausse des inégalités entre les entreprises.