Insee Flash Provence-Alpes-Côte d'Azur ·
Septembre 2023 · n° 95En Provence-Alpes-Côte d’Azur, plus de la moitié de la consommation énergétique industrielle
provient de la chimie
Les industries de Provence-Alpes-Côte d’Azur sont parmi les plus consommatrices d’énergie. Tous usages confondus, la région est la deuxième plus grosse consommatrice après les Hauts-de-France. En excluant les combustibles utilisés comme matières premières, notamment par les industries chimiques et métallurgiques, la région se place en cinquième position.
La présence de grandes industries de ces secteurs tire en effet la consommation énergétique régionale. Ainsi, 60 % de la consommation d’énergie industrielle hors matières premières provient du seul secteur de la chimie. Comme au niveau national, les énergies les plus consommées sont en majorité le gaz et l’électricité, mais les produits pétroliers occupent également une part importante. Les secteurs industriels les plus énergivores emploient relativement peu de salariés au regard de leur consommation énergétique. Toutefois, ces emplois sont localement nombreux autour de l’étang de Berre et dans les Alpes-de-Haute-Provence.
- Une industrie régionale parmi les plus consommatrices d’énergie
- Une consommation à usage purement énergétique qui provient majoritairement de l’industrie chimique
- Le gaz et l’électricité sont les principales sources d’énergie à usage purement énergétique
- Relativement peu d’emplois dans les secteurs énergivores…
- … Mais un poids localement important
- Encadré - Une partie de l’électricité consommée par les industries est autoproduite
Une industrie régionale parmi les plus consommatrices d’énergie
Les prix de l’énergie ont vivement augmenté en Europe occidentale depuis le second semestre 2021, en raison notamment des tensions sur l’approvisionnement liées à la reprise de l’activité à la suite de la crise sanitaire ainsi qu’à la guerre en Ukraine. La compétitivité et la rentabilité des entreprises fortement consommatrices d’énergie peut s’en trouver affectée, certaines ayant d’ailleurs pu réduire ou cesser quelques mois leur production pour ces raisons. Les effets de ces hausses dépendent des énergies utilisées et des contrats de fourniture signés, de la capacité des entreprises à les répercuter ou encore à adapter leur processus de production.
En 2019, tous usages confondus, la consommation brute d’énergie des industries de Provence-Alpes-Côte d’Azur s’élève à 5,6 millions de tonnes d’équivalent pétrole (tep), soit 16 % de la consommation brute d’énergie nationale des industries (figure 1, pour comprendre). La région est ainsi la deuxième plus forte consommatrice d’énergie brute dans l’industrie, après les Hauts-de-France. Ce niveau particulièrement élevé s’explique par l’implantation de grandes industries sidérurgiques et chimiques, dans les Hauts-de-France comme en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ces industries utilisent notamment certains combustibles comme sources d’énergie et comme matières premières. Par exemple, dans le secteur de la sidérurgie, le coke de houille (charbon à teneur de carbone élevée) sert à la fois comme source de chaleur (fort pouvoir calorifique) et comme réactif (dans la réaction de réduction du fer) pour la production d’acier. L’industrie pétrochimique utilise également du gaz de pétrole liquéfié comme matière première.
tableauFigure 1 – Consommation énergétique par région
Région | Consommation à usage purement énergétique | Consommation brute |
---|---|---|
Grand Est | 4,9 | 5,5 |
Hauts-de-France | 4,8 | 7,4 |
Auvergne-Rhône-Alpes | 3,6 | 3,8 |
Normandie | 2,8 | 4,1 |
Provence-Alpes-Côte d'Azur | 2,5 | 5,6 |
Nouvelle-Aquitaine | 2,5 | 2,5 |
Occitanie | 1,2 | 1,2 |
Pays de la Loire | 1,2 | 1,2 |
Bourgogne-Franche-Comté | 1,1 | 1,2 |
Île-de-France | 1,0 | 1,2 |
Centre-Val de Loire | 0,9 | 0,9 |
Bretagne | 0,8 | 0,8 |
DOM | 0,1 | 0,1 |
Corse | 0,0 | 0,0 |
- Champ : France, établissements de 20 salariés ou plus de l’industrie, hors industrie de l’énergie et artisanat commercial, y compris récupération.
- Source : Insee, enquête annuelle sur les consommations d’énergie dans l’industrie 2019.
graphiqueFigure 1 – Consommation énergétique par région
En excluant les combustibles utilisés par les industries en tant que matières premières, et donc une part substantielle de la consommation d’énergie des entreprises sidérurgiques et chimiques notamment, la consommation d’énergie à usage purement énergétique des industries de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur représente 2,5 millions de tep en 2019. C’est 9 % de la consommation industrielle nationale. Les régions Grand-Est et Hauts-de-France sont les plus consommatrices, suivies d’Auvergne-Rhône-Alpes et de la Normandie. Provence-Alpes-Côte d’Azur se place en cinquième position. Ces cinq régions représentent deux habitants sur cinq et plus des deux tiers de la consommation à usage purement énergétique des industries françaises.
La suite de l’étude porte uniquement sur la consommation d’énergie à usage purement énergétique car elle permet une approche homogène des secteurs industriels en faisant abstraction de l’usage de combustibles comme matière première dans certains sous-secteurs. Pour les entreprises, les effets des hausses des prix de l’énergie se font sentir toutefois quel que soit l’usage des énergies consommées.
Une consommation à usage purement énergétique qui provient majoritairement de l’industrie chimique
En France, les cinq secteurs industriels les plus énergivores (dans leurs usages purement énergétiques) sont l’industrie chimique (24 %), suivie de l’industrie alimentaire, de la métallurgie, de la fabrication d’autres produits minéraux non métalliques (industries du verre, des produits céramiques, de ciment, etc.) et de l’industrie du papier et du carton.
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, ces secteurs sont également les plus énergivores, mais dans des proportions différentes. Le secteur de la chimie est de loin le plus consommateur (60 %, figure 2). De grandes industries chimiques sont en effet implantées dans la région. Plus spécifiquement, la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer accueille des industries pétrochimiques utilisant le processus de vapocraquage, le plus énergivore de l’industrie chimique. L’une d’entre elles, Naphtachimie, dispose notamment d’un des plus gros vapocraqueurs d’Europe, Lyondell Chimie France utilisant le second vapocraqueur régional. Le secteur de la métallurgie est le deuxième plus consommateur (17 %) du fait de la forte présence de la sidérurgie, branche de la métallurgie la plus énergivore. En revanche, l’industrie alimentaire, très consommatrice au niveau national, l’est beaucoup moins en Provence-Alpes-Côte d’Azur : les industries alimentaires très énergivores telles que la fabrication de sucre ou de produits amylacés (à partir de blé, maïs, pomme de terre…) y sont peu implantées.
Ces spécificités sectorielles régionales se traduisent géographiquement. Ainsi, les établissements situés dans la zone industrielle bas carbone de Fos-sur-Mer, établie pour favoriser et accompagner la décarbonation de l’industrie, pèsent pour environ deux tiers de la consommation régionale à usage purement énergétique.
tableauFigure 2 – Part des secteurs d’activité dans la consommation énergétique à usage purement énergétique
Secteur d’activité | Provence-Alpes-Côte d'Azur | France |
---|---|---|
Industrie chimique | 60 | 24 |
Métallurgie | 17 | 14 |
Fabrication d’autres produits minéraux non métalliques | 8 | 13 |
Industries alimentaires | 2 | 17 |
Autres | 13 | 32 |
- Champ : France, établissements de 20 salariés ou plus de l’industrie, hors industrie de l’énergie et artisanat commercial, y compris récupération.
- Source : Insee, enquête annuelle sur les consommations d’énergie dans l’industrie 2019.
graphiqueFigure 2 – Part des secteurs d’activité dans la consommation énergétique à usage purement énergétique
Le gaz et l’électricité sont les principales sources d’énergie à usage purement énergétique
Bien qu’un peu moins utilisés qu’en France, le gaz et l’électricité constituent les principales énergies auxquelles ont recours les industries de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Avec des parts respectives de 29 % et 28 %, ils représentent 57 % de la consommation industrielle à usage purement énergétique (69 % en France). Une partie de l’électricité est d’ailleurs autoproduite (encadré).
La région est en revanche plus dépendante qu’au niveau national des produits pétroliers. La consommation de produits pétroliers principaux (gaz de pétrole liquéfié, comme le butane-propane, ou encore fiouls lourds et domestiques et coke de pétrole) se situe dans la moyenne française mais celle des autres produits pétroliers (gaz de raffinerie, pétrole lampant, résidus lourds de raffinage, goudron, éthane, etc.) est bien plus élevée (17 % contre 5 % en France). En effet, ces derniers représentent une part importante des énergies consommées par la chimie, secteur industriel le plus consommateur de la région. En particulier, certaines grandes industries spécialisées dans la fabrication de produits chimiques y ont un fort recours.
D’autres types d’énergie, comme la vapeur, l’hydrogène, les combustibles minéraux ou le bois sont également utilisés par les industries, mais dans une moindre mesure. Dans la métallurgie, deuxième secteur industriel le plus consommateur de la région, ce sont les combustibles minéraux solides (houille notamment) qui sont les plus utilisés après le gaz et l’électricité.
Relativement peu d’emplois dans les secteurs énergivores…
Fin 2019, dans l’ensemble des cinq secteurs industriels les plus énergivores, 4 % des salariés (hors intérim) des établissements d’au moins 20 salariés se situent en Provence-Alpes-Côte d’Azur. La consommation d’énergie à usage purement énergétique de ces mêmes établissements régionaux représente pourtant 11 % de la consommation de l’ensemble de leurs homologues en France, soit bien plus que leurs emplois salariés (pour comprendre).
En nombre d’emplois sur ce champ, Provence-Alpes-Côte d’Azur se place en onzième position des régions de France, loin derrière les Hauts-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Grand-Est ou la Bretagne. À consommation à usage purement énergétique donnée, les secteurs de la chimie (11 % de l’emploi salarié national du secteur pour 22 % de la consommation) et de la métallurgie (6 % pour 11 %) sont ainsi bien moins intensifs en emploi dans la région qu’au niveau national. Le constat est identique pour les industries du papier et du carton et celles liées à la fabrication d’autres produits minéraux non métalliques. Seules les industries alimentaires pèsent davantage en emplois (2 %) qu’en consommation énergétique (1 %). Cela s’explique surtout par la spécialisation sous-sectorielle des industries de la région, avec une sur-représentation de branches énergivores dans la métallurgie (sidérurgie) et la chimie (pétrochimie) et une sous-représentation dans les industries alimentaires.
… Mais un poids localement important
Au total dans la région, 36 100 salariés (hors intérimaires) et 2 050 intérimaires travaillent dans un établissement appartenant à un des cinq secteurs industriels les plus consommateurs d’énergie. Hors intérim, cela représente seulement 2,9 % des emplois salariés du secteur marchand, contre 4,3 % au niveau national. En Bretagne par exemple, ce taux atteint 9,4 % en raison de la forte présence d’industries alimentaires.
Dans la région, ces emplois sont concentrés dans les zones d’emploi où sont implantés les plus gros établissements industriels. Ainsi, dans la zone d’emploi de Martigues-Salon, où se trouve la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer, 9,3 % des emplois salariés marchands sont liés aux secteurs les plus énergivores (figure 3). On y trouve notamment de grands établissements industriels comme ArcelorMittal (sidérurgie) et de nombreuses industries chimiques (Lyondell Chimie France, Naphtachimie, KEM ONE). Dans les zones d’emploi de Manosque et de Digne-les-Bains, respectivement 8,6 % et 9,4 % des emplois salariés proviennent également d’industries appartenant à un des secteurs les plus consommateurs. De grandes industries chimiques (les Laboratoires M&L dans la zone d’emploi de Manosque et Sanofi dans celle de Digne-les-Bains) y sont aussi implantées.
tableauFigure 3 – Part des emplois salariés appartenant aux secteurs industriels les plus consommateurs d’énergie à usage purement énergétique par zone d’emploi et principaux établissements employeurs
Code de la zone d’emploi | Zone d’emploi | Part des emplois salariés |
---|---|---|
0052 | Arles | 5,4 |
0053 | Avignon | 5,5 |
0055 | Bollène-Pierrelatte | 3,4 |
0064 | Valréas | 5,6 |
9301 | Aix-en-Provence | 1,8 |
9302 | Briançon | 0,8 |
9303 | Brignoles | 0,5 |
9304 | Cannes | 4,4 |
9305 | Carpentras | 7,9 |
9306 | Cavaillon | 6,0 |
9307 | Digne-les-Bains | 9,4 |
9308 | Draguignan | 1,0 |
9309 | Fréjus | 2,3 |
9310 | Gap | 1,5 |
9311 | Manosque | 8,6 |
9312 | Marseille | 1,5 |
9313 | Martigues-Salon | 9,3 |
9314 | Menton | 0,6 |
9315 | Nice | 1,0 |
9316 | Orange | 5,3 |
9317 | Sainte-Maxime | 0,4 |
9318 | Toulon | 1,0 |
- Note : seuls les établissements d’au moins 250 salariés sont affichés. Il s’agit des plus grands établissements employeurs des secteurs les plus consommateurs. Cela ne présume toutefois pas de leur consommation énergétique individuelle.
- Lecture : dans la zone d’emploi de Martigues-Salon, 9,3 % des emplois salariés sont liés à un secteur industriel fortement consommateur, contre 2,9 % dans la région.
- Champ : Provence-Alpes-Côte d’Azur, emplois salariés en fin d’année (postes annexes et non annexes, hors intérimaires) des établissements du secteur marchand, sur la partie régionale des zones d’emploi.
- Source : Insee, Flores 2019.
graphiqueFigure 3 – Part des emplois salariés appartenant aux secteurs industriels les plus consommateurs d’énergie à usage purement énergétique par zone d’emploi et principaux établissements employeurs
Encadré - Une partie de l’électricité consommée par les industries est autoproduite
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, 7 % de l’électricité consommée par les établissements industriels est issue de leur propre production. C’est plus qu’au niveau national (4 %). L’autoproduction peut-être d’origine thermique, hydraulique, photovoltaïque ou encore éolienne.
Lorsque des établissements produisent davantage d’électricité qu’ils n’en consomment, le supplément peut être revendu au réseau. Dans la région, l’électricité autoproduite est toutefois très majoritairement consommée par les établissements producteurs (85 %), plus qu’en France (65 %).
Pour comprendre
L’enquête annuelle sur les consommations d’énergie dans l’industrie (EACEI) mesure, pour les principales énergies, les achats et les consommations d’énergie dans l’industrie. Elle porte sur les établissements de 20 salariés ou plus implantés en France, appartenant au secteur de l’industrie, hors industrie de l’énergie et artisanat commercial, mais y compris récupération. Ainsi, les établissements relevant du raffinage ou de la production et distribution d’électricité, de gaz, de vapeur et d'air conditionné (divisions 19 et 35 de la nomenclature d’activités françaises) sont exclus.
Flores (Fichier LOcalisé des Rémunérations et de l’Emploi Salarié) est un ensemble de fichiers de micro-données qui décrivent l’emploi salarié et les rémunérations au niveau des établissements. Flores couvre l’ensemble de l’emploi salarié, quel que soit le secteur d’activité et le type d’employeur (public ou privé, y compris les particuliers employeurs). Il porte uniquement sur les établissements employeurs. Sauf indication contraire, l’emploi salarié issu de Flores concerne l’ensemble des établissements des secteurs ciblés, y compris ceux de moins de 20 salariés.
Définitions
La consommation brute d’énergie correspond à la somme des consommations en combustibles (hors carburants) et en électricité, ainsi que les achats de vapeur. Parmi les consommations en combustibles, certaines peuvent relever d’un usage non énergétique, c’est-à-dire être utilisées comme matières premières. En retirant ces dernières de la consommation brute, on obtient la consommation d’énergie à usage purement énergétique.
La tonne d’équivalent pétrole (tep) représente la quantité d’énergie contenue dans une tonne de pétrole brut, soit 41,868 gigajoules. Cette unité est utilisée pour exprimer dans une unité commune la valeur énergétique des diverses sources d’énergie.
Une zone d’emploi est un espace géographique à l’intérieur duquel la plupart des actifs résident et travaillent, et dans lequel les établissements peuvent trouver l’essentiel de la main d'œuvre nécessaire pour occuper les emplois offerts.
Pour en savoir plus
(1) Vuillemin T., « La facture énergétique augmente de 46 % dans l’industrie en 2021 », Insee Première no 1933, décembre 2022.
(2) Vuillemin T., « Depuis 2016, l’efficacité énergétique progresse dans l’industrie », Insee Focus no 219, décembre 2020.