Insee Analyses Pays de la Loire · Octobre 2023 · n° 118

Les emplois saisonniers en lien avec le tourisme sont centrés sur le littoral Économies ligériennes et transitions

La région des Pays de la Loire est dotée d’un patrimoine culturel et naturel varié, de 450 km de littoral et de deux îles (Yeu et Noirmoutier). Elle accueille 19 millions de visiteurs environ chaque année, positionnant la région comme 7^e destination touristique des Français. Le tourisme génère de nombreux emplois et se caractérise par une forte hausse d’activité ponctuelle qui fait appel à une main-d’œuvre supplémentaire dite « saisonnière ». En 2019, dans la région, 340 600 salariés (hors intérim et particuliers employeurs) travaillent dans des activités en lien avec le tourisme (pour comprendre). Parmi eux, 37 400 sont des saisonniers. Les Pays de la Loire comptent 50 500 postes saisonniers qui représentent 24 % des postes salariés (saisonniers ou non) dans les arts, spectacles et activités récréatives, 17 % dans l’hébergement-restauration et 3 % dans le commerce.

En 2019, dans la région, le nombre quotidien de postes saisonniers dans les activités en lien avec le tourisme augmente lentement à partir d’avril, avec l’arrivée des beaux jours et des vacances de printemps (figure 1). Puis, cette hausse s’accentue fortement pour atteindre un pic durant les mois de juillet et août. Ensuite, à partir de septembre, ce nombre diminue jusqu’en fin d’année. Cet accroissement est plus ou moins marqué selon les secteurs. Dans l’hébergement-restauration, la hausse est la plus prononcée. Le pic atteint un peu plus de 11 000 postes par jour et coïncide avec la période de mi-juillet à fin août. A contrario, dans les arts, spectacles et activités récréatives, l’augmentation est la moins marquée. Le pic se situe à un peu plus de 3 000 postes par jour et il s’étend plus longuement de début juillet à fin août. À un niveau intermédiaire, le commerce présente un pic deux fois moins marqué que dans l’hébergement-restauration, mais il s’étale sur une période plus courte de mi-juillet à mi-août.

L’hébergement-restauration est un pilier de l’activité touristique. En 2019, dans la région, il recrute 24 200 postes saisonniers, soit la moitié des emplois saisonniers des activités en lien avec le tourisme. Chaque année, pour loger, régaler et servir les touristes durant les beaux jours, la main-d’œuvre saisonnière est plus que jamais nécessaire pour renforcer les équipes recrutées annuellement dans les bars, campings, gîtes, hôtels et restaurants, etc.

Viennent ensuite les arts, spectacles et activités récréatives qui regroupent 17 200 postes saisonniers. Concerts, festivals, musées, parcs d’attractions, réserves naturelles sont autant de divertissements prisés par les touristes en quête d’évasion et qui font appel à de nombreux saisonniers tout au long de l’été.

Enfin, le commerce, essentiellement le commerce de détail, emploie 9 100 postes saisonniers. Durant l’été, le recrutement de saisonniers permet à différents types de magasins (boutiques de souvenirs, hyper et supermarchés, supérettes, etc.) situés à proximité des sites et hébergements touristiques de faire face à l’afflux d’une clientèle souhaitant effectuer divers achats durant leurs vacances.

Durant l’été, la côte atlantique fait l’objet d’un attrait particulièrement marqué pour les vacanciers. De fait, elle concentre de nombreux emplois saisonniers pour accueillir les nombreux touristes qui souhaitent y séjourner et se restaurer. Ainsi, dans l’hébergement-restauration, le taux de recours à l’emploi saisonnier est supérieur à la moyenne régionale (5,4 %) dans les cinq zones d’emploi littorales de la région (figure 2). Il varie de 9,6 % à Saint-Nazaire à 22,7 % à Challans. Dans les zones d’emploi des Herbiers-Montaigu et Saumur, ce taux est un peu plus élevé que la moyenne régionale : respectivement 5,8 % et 5,9 %. L’attractivité de ces deux territoires non-littoraux est probablement connexe à la présence du parc du Puy du Fou, du Bioparc de Doué-la-Fontaine, de l’abbaye royale de Fontevraud et du Cadre noir de Saumur.

L’hébergement-restauration se caractérise par le taux de recours à l’emploi saisonnier le plus élevé des secteurs. De plus, dans la région, il est plus élevé qu’en France (4,8 %).

Par ailleurs, dans les arts, spectacles et activités récréatives, ce taux de recours est aussi plus élevé qu’en France : 4,4 % contre 3,7 %. Dans ce secteur, les Pays de la Loire présentent le 5^e taux de recours le plus élevé des régions, après la Corse, Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’Auvergne-Rhône-Alpes et l’Occitanie. En effet, la région abrite le célèbre parc d’attraction du Puy du Fou dans la commune des Epesses en Vendée. Avec un rayonnement qui retentit au-delà des frontières de la région, il accueille 2,3 millions de visiteurs en 2022 et recrute de nombreuses professions artistiques pour mettre en scène spectacles et voyages à travers les siècles.

À l’inverse, dans le commerce, le taux de recours est plus faible et comparable à la moyenne nationale : respectivement 0,6 % contre 0,4 %.

Dans les trois secteurs d’activités, les saisonniers sont plus jeunes que l’ensemble des salariés. Le travail saisonnier constituerait, pour les étudiants, les jeunes actifs ou inactifs, un revenu d’appoint. Toutefois, l’âge des saisonniers diffère selon les activités. Dans l’hébergement-restauration et le commerce, ils sont plus jeunes, âgés respectivement de 27 ans et 26 ans en moyenne. Dans ces deux secteurs, les jeunes de 16 à 25 ans représentent plus des deux tiers des saisonniers (figure 3). En revanche, dans les arts, spectacles et activités récréatives, les saisonniers sont plus âgés : ils ont 34 ans en moyenne. Les jeunes de 16 à 25 ans y sont moins présents (37 %) et les 30 à 49 ans représentent 40 % des saisonniers.

Par ailleurs, dans le commerce et l’hébergement-restauration, 6 saisonniers sur 10 sont des femmes. Et elles sont plus présentes parmi les saisonniers de ces activités que dans l’ensemble des salariés. A contrario, dans les arts, spectacles et activités récréatives, les hommes sont majoritaires  : ils constituent 58 % des saisonniers et 55 % des salariés.

Les saisonniers occupent davantage de postes dans l’année que l’ensemble des salariés. Néanmoins, des disparités sont notables selon les activités. Dans les arts, spectacles et activités récréatives, le nombre annuel moyen de postes est plus élevé : 4,6 contre 2,6 dans l’hébergement-restauration et 2,4 dans le commerce. Le cumul d’emplois plus fréquent dans ce secteur est à relier aux courtes durées des contrats : maximum 3 jours pour 1 poste sur 2, contre 28 jours dans l’hébergement-restauration et 40 jours dans le commerce. De plus, dans les arts, spectacles et activités récréatives, la durée des contrats ne reflète qu’une partie du travail des artistes, car elle n’inclut pas par exemple les heures de création et de répétition qu’ils réalisent avant chaque spectacle.

Certains postes se chevauchent sur une même période et les saisonniers concernés sont qualifiés de multi-actifs. Dans la région, 20 % des saisonniers des activités en lien avec le tourisme sont multi-actifs (7 500 saisonniers), soit une part un peu plus faible qu’en France (22 %). La multi-activité est plus répandue dans les arts, spectacles et activités récréatives : elle concerne 40 % des saisonniers, contre 15 % dans l’hébergement-restauration et 10 % dans le commerce.

Par ailleurs, si les employés sont majoritaires parmi les saisonniers de l’hébergement-restauration (81 %) et du commerce (75 %), il n’en est pas de même pour les arts, spectacles et activités récréatives (figure 3). Dans ce secteur, les professions intermédiaires et les cadres et professions intellectuelles supérieures constituent le principal vivier des saisonniers : respectivement 35 % et 32 %.

Les salaires des saisonniers sont plus faibles que ceux de l’ensemble des salariés. Toutefois, ils varient selon les secteurs, notamment pour les salariés les mieux rémunérés. En effet, le dernier quart des saisonniers les mieux rémunérés (3^e quartile) perçoit minimum 898 euros nets mensuels dans les arts, spectacles et activités récréatives, contre 753 euros dans l’hébergement-restauration et 583 euros dans le commerce (figure 4). Ce niveau de salaire plus élevé dans les arts, spectacles et activités récréatives est en lien, d’une part, avec la forte présence de cadres et professions intellectuelles et de professions intermédiaires. D’autre part, il peut aussi être relié au cumul d’emplois plus fréquent dans ce secteur, notamment au cumul avec des postes non saisonniers. En effet, dans ce secteur, pour 1 saisonnier sur 2, les salaires perçus au titre des emplois saisonniers constituent moins d’un quart de leurs salaires annuels, tandis que dans l’hébergement-restauration et le commerce, près de la moitié des saisonniers ne perçoivent que des salaires saisonniers dans l’année. Le cumul d’emplois dans les arts et spectacles est probablement induit par le recours fréquent aux contrats à durée déterminée d’usage (CDDU). Ce type de contrat permet à l’employeur de recruter un salarié avec différents contrats successifs sans limite de nombre ni de durée.

Ainsi, dans les trois secteurs d’activités, en tenant compte de l'ensemble des postes occupés dans l'année (saisonniers ou non), le quart des saisonniers les mieux rémunérés ne perçoit pas, en moyenne sur l’année, l’équivalent du salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic) à temps complet sur la base de 35 heures hebdomadaires (1 204 euros nets par mois au 1^er janvier 2019).

En dépit de leurs moindres ressources, les saisonniers travaillent moins souvent dans la zone d’emploi dans laquelle ils résident que l’ensemble des salariés. Ainsi, dans les arts et spectacles, 48 % des saisonniers travaillent dans leur zone d’emploi de résidence contre 65 % des salariés (figure 5). Dans l’hébergement-restauration, cet écart est plus marqué : 52 % des saisonniers occupent un emploi dans leur zone d’emploi de résidence contre 78 % des salariés. En revanche, dans le commerce, les parts de saisonniers et de salariés qui travaillent et résident dans la même zone d’emploi sont proches : respectivement 69 % contre 74 %.

Malgré le cumul d’emploi, la situation des saisonniers du tourisme demeure précaire et conduit peu souvent à un emploi stable. Parmi les Ligériens ayant occupé un poste saisonnier (hors intérim) dans le groupe « commerce et transports », du 1^er septembre 2013 au 31 décembre 2014, 25 % travaillent en contrat à durée indéterminée (CDI) trois ans plus tard, 20 % pour l’hébergement-restauration et 14 % pour les arts, spectacles et activités récréatives.

De fortes tensions de recrutement de saisonniers sont apparues ces dernières années dans toutes les activités, dans la région comme dans le reste de la France. Ainsi, d’après les dernières enquêtes Besoins en main-d’œuvre réalisées par Pôle emploi et le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc), les projets de recrutements saisonniers diminuent en 2023 au profit de recrutements pérennes. Les employeurs auraient plutôt tendance à vouloir fidéliser une main-d’œuvre de plus en plus rare en proposant des contrats plus longs, dans un contexte qui devient particulièrement tendu. Ainsi, dans l’hébergement-restauration, si habituellement environ deux tiers des recrutements sont saisonniers, en 2023, ils représentent à peine la moitié des projets de recrutement.