Insee Flash Ile-de-France ·
Mai 2023 · n° 80En Île-de-France, davantage de cambriolages de logements qu’au niveau national
En 2022, en Île-de-France, 46 520 cambriolages ou tentatives de cambriolages de logements ont été enregistrés par la police et la gendarmerie nationales, soit 7,9 cambriolages pour 1 000 logements. Ce taux est supérieur de deux points à la moyenne nationale. Ce niveau élevé peut être relié à la forte urbanisation de la région. En effet, les cambriolages sont en moyenne plus fréquents dans les zones les plus denses. Le risque de cambriolage est ainsi plus élevé au centre de la région et en particulier à Paris. Après avoir diminué pendant la crise sanitaire, le nombre de cambriolages augmente en 2022 sans atteindre le niveau de 2019.
Les éléments préparatoires à cette publication ont été réalisés dans le cadre d’une collaboration entre l'Insee et le Ouvrir dans un nouvel ongletService statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI).
Dans le cadre de leur activité judiciaire, les services de police nationale et les unités de gendarmerie rédigent des procédures relatives à des infractions. Ces infractions ont pu être constatées suite à une plainte, un signalement, un témoignage, un flagrant délit, une dénonciation, etc., mais aussi sur l’initiative des forces de sécurité. Les cambriolages et tentatives de cambriolages de logements étudiés dans cette publication sont issus de la base statistique communale produite par le SSMSI à partir de ces enregistrements.
Cette publication régionale s’accompagne de deux publications nationales dans les collections de l’Insee et du SSMSI (pour en savoir plus).
- Un risque de cambriolages de logements plus élevé au centre de la région
- Un taux de cambriolage de logements plus élevé en Seine-Saint-Denis et à Paris
- Les communes avec une grande part de résidences secondaires enregistrent un moindre taux de cambriolage
- Moins de cambriolages de logements enregistrés depuis la crise sanitaire
Un risque de cambriolages de logements plus élevé au centre de la région
En 2022, 46 520 cambriolages ou tentatives de cambriolages de logements ont été enregistrés en Île-de-France par les services de police et de gendarmerie nationales, soit 7,9 pour 1 000 logements. Ce taux est supérieur de plus de deux points à la moyenne nationale (5,8 ‰). Le taux de cambriolage varie en effet selon les caractéristiques des territoires considérés, avec une concentration de ces délits dans les grandes agglomérations. En Île-de-France comme en France hors Mayotte, plus le degré de densité des communes est élevé, plus le taux de cambriolage est important.
Ainsi, en Île-de-France, où 95 % des habitants vivent en zone urbaine, dont 86 % en zone urbaine dense, le taux de cambriolage est le plus élevé de toutes les régions de France métropolitaine. Il atteint 8,1 cambriolages pour 1 000 logements en 2022 dans les territoires urbains denses de la région, 6,7 ‰ dans les zones urbaines de densité intermédiaire et 5,7 ‰ dans les communes rurales périurbaines. Dans les autres régions particulièrement urbaines, le taux de cambriolage est également nettement plus élevé qu’au niveau national : il atteint par exemple 7,5 ‰ en Provence-Alpes-Côte d’Azur et 6,8 ‰ en Auvergne-Rhône-Alpes.
Un taux de cambriolage de logements plus élevé en Seine-Saint-Denis et à Paris
Le taux de cambriolage de logements est le plus fort en Seine-Saint-Denis (9,2 ‰), à Paris (8,7 ‰) et dans le Val-de-Marne (8,6 ‰). À l’opposé, il est le moins élevé dans le sud et l’ouest de la région, en particulier dans les Hauts-de-Seine (6,6 ‰) (figure 1). Le taux de cambriolage varie également selon les communes. Ainsi, aucun cambriolage n’a été enregistré en 2022 dans 15 % de l’ensemble des communes franciliennes. À l’inverse, une commune sur quatre enregistre un taux de cambriolage supérieur ou égal à 9,6 ‰. Ce taux est en moyenne plus faible (7,6 ‰) dans les communes de moins de 20 000 habitants et plus élevé (8,5 ‰) dans les communes de plus de 87 000 habitants.
graphiqueFigure 1 – Cambriolages ou tentatives de cambriolages de logements enregistrés pour 1 000 logements, par commune d’Île-de-France en 2022
Les communes avec une grande part de résidences secondaires enregistrent un moindre taux de cambriolage
Le taux de cambriolage est également lié au type et à la fonction du bâti [Milin, Silhol, 2023, pour en savoir plus (2)]. Ainsi, sur l’ensemble du territoire national, les résidences principales sont plus exposées au risque de cambriolage que les résidences secondaires. Dans les communes de la région Île-de-France qui enregistrent un taux de cambriolage important (supérieur à 9,6 ‰), les résidences principales représentent 92 % des logements. Dans les communes où aucun cambriolage n’a été enregistré en 2022, cette proportion est moindre (86 %).
Les taux de cambriolage augmentent avec les inégalités de revenus : 5,2 ‰ dans les communes situées dans les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) les plus homogènes d’Île-de-France, contre 8,4 ‰ pour celles situées dans des EPCI avec de fortes inégalités de revenus. Par ailleurs, les communes les plus aisées, en termes de niveau de vie médian de leurs habitants, enregistrent légèrement plus de cambriolages de logements que les autres : 8,1 infractions pour 1 000 logements (7,6 ‰ pour les plus modestes). En revanche, les communes franciliennes les plus modestes ne sont pas moins concernées par les cambriolages de logements que les autres. De fait, certaines communes modestes sont situées dans des EPCI au sein desquels les écarts de revenus sont marqués.
Moins de cambriolages de logements enregistrés depuis la crise sanitaire
En 2016, 49 900 cambriolages de logements avaient été enregistrés en Île-de-France. Entre 2016 et 2019, ce nombre a diminué légèrement en Île-de-France comme au niveau national (figure 2). Ensuite, pendant la crise sanitaire, le nombre de cambriolages a fortement baissé : en chute de 18 % dans la région et de 20 % au niveau national en 2020, il est demeuré à ce niveau bas en 2021. En 2022, le nombre de cambriolages remonte assez vivement, tout en restant à un niveau inférieur à celui d’avant-crise, en Île-de-France comme en France. Les confinements, les mesures d’isolement à domicile, et plus généralement les dispositifs professionnels et scolaires ayant favorisé la présence à domicile (télétravail, fermetures de classes), peuvent apparaître comme des causes vraisemblables des plus faibles volumes de cambriolages enregistrés en 2020 et 2021. Toutefois, le recours plus fréquent au télétravail ne semble pas suffisant pour expliquer le niveau plus bas observé en 2022 par rapport à 2019 [Milin, Silhol, 2023, pour en savoir plus (1)].
tableauFigure 2 – Évolution du nombre de cambriolages de logements entre 2016 et 2022 en Île-de-France et en France (hors Mayotte)
Années | Île-de-France | France (hors Mayotte) |
---|---|---|
2016 | 100,0 | 100,0 |
2017 | 98,7 | 101,9 |
2018 | 100,2 | 95,3 |
2019 | 100,1 | 95,2 |
2020 | 82,2 | 76,1 |
2021 | 81,0 | 76,3 |
2022 | 93,3 | 85,0 |
- Lecture : entre 2016 et 2021, le nombre de cambriolages enregistrés de logements a baissé de 19 %.
- Sources : SSMSI, Base statistique communale de la délinquance enregistrée par la police et la gendarmerie nationales ; Insee, recensement de la population 2019.
graphiqueFigure 2 – Évolution du nombre de cambriolages de logements entre 2016 et 2022 en Île-de-France et en France (hors Mayotte)
Sources
Le nombre de cambriolages et tentatives de cambriolage par commune et par an est issu de la base statistique communale de la délinquance enregistrée par la police et la gendarmerie nationales (SSMSI). Les cambriolages non portés à la connaissance des forces de sécurité intérieure sont exclus de ces données. Selon l’enquête de victimation Cadre de vie et sécurité du SSMSI, 69 % des victimes de cambriolages déposent plainte auprès des forces de l’ordre, contre 33 % pour les tentatives de cambriolage. Les caractéristiques des communes sont issues du recensement de la population 2019 et du fichier localisé social et fiscal 2019 (Insee). Les taux de cambriolages communaux en 2022 rapportent les nombres de cambriolages de 2022 aux nombres de logements de 2019 (dernier millésime disponible du recensement de la population).
Définitions
Le cambriolage de logement est un vol dans un local d’habitation, aggravé quand il est commis par effraction, ruse ou escalade. L’usage de fausses clefs pour entrer dans les lieux est assimilé à une effraction. La tentative de cambriolage (acte manqué, interrompu, etc.) est considérée par la justice comme une infraction caractérisée, elle sera donc jugée au même titre qu’un cambriolage « abouti ».
Le degré de densité d’une commune correspond à son classement dans une des catégories « urbain dense », « urbain de densité intermédiaire », « rural périurbain » et « rural non périurbain ». Cette typologie est issue du croisement de la grille communale de densité (basée sur la distribution de la population sur des carreaux de 1 km de côté) et du zonage en aires d’attraction des villes. Une commune urbaine est une commune dense ou de densité intermédiaire au sens de cette grille. Les communes peu denses ou très peu denses sont dites rurales. Les communes de l’espace rural périurbain sont situées dans la couronne d’une aire d’attraction des villes alors que les communes de l’espace rural non périurbain sont hors attraction des villes.
Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation (UC). Les unités de consommation sont calculées selon l’échelle d’équivalence qui attribue 1 UC au premier adulte du ménage, 0,5 UC aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans. Le niveau de vie médian d’une commune est le seuil au-dessous duquel se situent la moitié de ses habitants.
Pour en savoir plus
(1) Milin K., Silhol J., « Moins de cambriolages de logements depuis la crise sanitaire sur une majeure partie du territoire », Insee Focus no 299, mai 2023.
(2) Milin K., Silhol J., « Ouvrir dans un nouvel ongletDavantage de cambriolages de logement enregistrés dans les communes urbaines, aisées et voisines de fortes inégalités sociales », SSMSI, Interstats Analyse no 60, mai 2023.
(3) Chenu B., Milin K., Poissonnier A., « Ouvrir dans un nouvel ongletGéographie de la délinquance à l’échelle communale en 2022 », SSMSI, Interstats Analyse no 56, mars 2023.
(4) Bernardi V., Briand A., Carpentier J., Gerbeaux A., Hama S., Milin K., Poissonnier A., Saintilan B., Tir D., « Ouvrir dans un nouvel ongletInsécurité et délinquance en 2022 : une première photographie », SSMSI, Interstats Analyse no 54, janvier 2023.
(5) Fiche « Cambriolages », in Sécurité et Société, coll. « Insee références », édition 2021.
(6) Pramil J., « Ouvrir dans un nouvel ongletDes risques de cambriolages de logements élevés dans les centres-villes des agglomérations de Paris-Lyon-Marseille, mais plus faibles dans leurs quartiers de “ grands-ensembles ” », SSMSI, Interstats Analyse no 27, juin 2020.
(7) Robin E., « Ouvrir dans un nouvel ongletLes déterminants sociaux, démographiques et économiques de la localisation des cambriolages de logement : une modélisation statistique à l’échelle des communes françaises », SSMSI, Interstats Analyse no 2, octobre 2015.
(8) « Ouvrir dans un nouvel ongletDélinquance enregistrée au niveau départemental et communal », SSMSI, application de datavisualisation.