Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes · Mai 2023 · n° 133

Trois cambriolages de logements sur quatre en zone urbaine

En Auvergne-Rhône-Alpes, 30 655 infractions pour cambriolages et tentatives de cambriolage d’un logement sont enregistrées par la police et la gendarmerie nationales en 2022 (sources et pour comprendre). Cela représente sept cambriolages pour 1 000 logements (6,8 ‰), soit un point de plus que la moyenne de France métropolitaine (5,8 ‰). Auvergne-Rhône-Alpes est ainsi la 3^e région la plus cambriolée, derrière l’Île-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur (respectivement 7,9 ‰ et 7,5 ‰).

Avec 10,2 cambriolages pour 1 000 logements, le Rhône est le 2^e département le plus touché de métropole derrière les Bouches-du-Rhône (11,4 ‰), et devant le Vaucluse (9,6 ‰) et la Seine-Saint-Denis (9,2 ‰). L’Isère (8,3 ‰), l’Ain (7,6 ‰), le Puy-de-Dôme (6,9 ‰), la Drôme (6,6 ‰) et la Loire (6,2 ‰) sont les cinq autres départements de la région avec un taux de cambriolages au-dessus de la moyenne nationale. À l’inverse, le Cantal est l’un des quatre départements métropolitains les moins touchés (1,7 ‰) avec les départements corses et la Lozère.

Le nombre annuel de cambriolages enregistrés a baissé de 2,8 % en moyenne par an entre 2016 et 2019, passant de 36 059 à 33 162 (figure 1), beaucoup plus nettement qu’en métropole (-1,3 % en moyenne par an). En parallèle, sur la même période, la population croît de +0,5 % et le nombre de logements de +1 % en moyenne par an.

Le nombre de cambriolages baisse fortement en 2020 (-24 %) pour atteindre 25 276, puis augmente à nouveau en 2021 (+8 %) et 2022 (+12 %), sans retrouver son niveau d’avant-crise sanitaire. Les mesures d’isolement apparaissent comme les causes vraisemblables des moindres taux de cambriolages et de tentatives en 2020 et 2021. Toutefois, l’évolution du nombre de cambriolages est disparate selon les départements d’Auvergne-Rhône-Alpes. En premier lieu, avant la crise, les dynamiques diffèrent en fonction des territoires : alors que le nombre de cambriolages diminue de -7,8 % en moyenne par an dans la Loire entre 2016 et 2019, à l’autre extrémité, il augmente de +9,2 % dans l’Ain. Ensuite, pendant la crise sanitaire de 2020-2021, le nombre de cambriolages et de tentatives baisse dans tous les départements. Enfin, entre 2021 et 2022, ce nombre est de nouveau en hausse dans la majorité d’entre eux, sauf dans l’Allier, la Drôme et l’Isère. L'Ain, le Puy-de-Dôme et le Rhône sont les trois seuls territoires de la région à retrouver, en 2022, un volume d’infractions similaire, bien que légèrement inférieur au niveau moyen de 2016-2019 (respectivement 2 434, 2 713 et 9 601).

Outre la vallée du Rhône, trois cambriolages de logements sur quatre sont commis en zone urbaine (8,2 ‰, contre 4,5 ‰ en zone rurale), alors que deux habitants d’Auvergne-Rhône-Alpes sur trois y résident. En particulier, le taux de cambriolages atteint 9,7 ‰ dans les territoires urbains denses. Cette plus forte concentration des cambriolages dans l’urbain dense est également observée à l’échelon national. Elle est toutefois moins marquée que pour d’autres actes de délinquance, tels que les vols avec ou sans violence. Les cambriolages sont, avec les destructions et les dégradations volontaires, l'un des délits les plus répartis sur le territoire.

On constate d’autant plus de cambriolages que la densité du territoire est forte et que l’on est proche d’un pôle. En 2022, le taux de cambriolages atteint même 10,8 ‰ dans l'urbain dense du Rhône, soit un niveau bien supérieur à celui de l’ensemble de la France métropolitaine (7,6 ‰). A contrario, les taux sont plus faibles dans les territoires les moins denses et les moins urbanisés. Ils s’établissent à 6,8 ‰ dans l’urbain de densité intermédiaire, 6,1 ‰ dans le rural périurbain et 3,1 ‰ dans le rural non périurbain. Il existe toutefois de fortes différences selon les départements dans le rural non périurbain, avec des taux de cambriolages plus élevés dans celui de l’Ain (5,9 ‰), de l’Isère (6,4 ‰) et du Rhône (5,9 ‰).

Plus précisément, plus l’aire d’attraction des villes (AAV) est peuplée, plus la part de cambriolages est élevée (figure 2). Elle atteint par exemple 10,2 ‰ dans l’AAV de Lyon qui compte 2 281 000 habitants en 2019, 8,7 ‰ dans celle de Clermont-Ferrand (507 000 habitants), contre moins de 4 ‰ dans les communes hors attraction des villes et dans les aires de moins de 50 000 habitants, telle que celle de Thiers (3,7 ‰ pour 34 000 habitants). Mais dans toutes les aires de plus de 50 000 habitants, les taux de cambriolages sont supérieurs à ceux de métropole.

Au sein des AAV, les communes sont d’autant plus concernées qu’elles appartiennent à une aire peuplée. Ainsi, 10,1 ‰ cambriolages ou tentatives sont enregistrés dans une commune faisant partie du pôle (hors communes-centres) contre 6,9 ‰ dans les communes-centres et 6,6 ‰ dans les communes de la couronne. En outre, plus la taille de l’AAV est importante, plus le taux de cambriolages par logement est important. Il s’élève ainsi à 11,1 ‰ dans les communes du pôle (hors communes-centres) des aires de plus de 700 000 habitants de Lyon et Grenoble, 8,5 ‰ dans les communes de leur couronne et 10,2 ‰ dans les communes-centres. Dans les AAV comptant entre 50 000 et 200 000 habitants, les communes du pôle (hors communes-centres) sont celles où les taux de cambriolages sont les plus élevées (7,1 ‰), suivi des communes des couronnes (5,5 ‰) puis des communes-centres du pôle (4,4 ‰).

Ainsi, le caractère dense des communes urbaines prime sur le niveau de vie, quel qu’il soit. Cependant, à densité égale, plus l’on réside dans un environnement riche, plus le taux de cambriolages est élevé. Plus précisément, c’est la proximité de populations riche et pauvre qui est déterminante : le taux de cambriolages communal en Auvergne-Rhône-Alpes est d’autant plus important que les écarts de revenus sont élevés dans la population. Ce constat est particulièrement marqué dans l’urbain dense et le rural périurbain.

Par ailleurs, une part importante de résidences secondaires dans les communes entraîne un taux de cambriolages faible. Ainsi, la part de résidences secondaires dans les communes les plus cambriolées est de 3,7 % quand elle est de 29,3 % dans celles qui n'enregistrent aucun cambriolage.