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Insee Flash Hauts-de-France · Mai 2023 · n° 150
Insee Flash Hauts-de-FranceLes franges franciliennes regroupent un habitant des Hauts-de-France sur six Territoires des Hauts-de-France

Élodie De-Vos, Line Leroux (Insee)

En 2020, les franges franciliennes des Hauts-de-France, composées du département de l’Oise et du sud de l’Aisne, abritent près d’un million d’habitants. La démographie y est assez dynamique, avec une population qui croît de +0,2 % par an entre 2014 et 2020. En revanche, l’emploi recule plus rapidement que dans la région (-2,2 % contre -0,5 %). Les actifs du territoire sont en effet toujours plus nombreux à profiter des emplois d’Île-de-France. Le niveau de vie de la population y est plus élevé qu’en moyenne régionale. Cependant, localement, les situations socio-démographiques sont très hétérogènes.

Insee Flash Hauts-de-France
No 150
Paru le :Paru le25/05/2023

Cette étude fait partie d'une série de publications sur les territoires des Hauts-de-France.

Près d’un million d’habitants des Hauts-de-France résident dans des territoires sous influence de l’Île-de-France

Les franges franciliennes des Hauts-de-France sont constituées du département de l’Oise et de la partie sud de l’Aisne (pour comprendre). Avec 124 hab/km², l’habitat y est plus dispersé qu’en moyenne régionale (188 hab/km²). Les massifs forestiers couvrent près d’un quart du territoire (contre 9,5 % en Hauts-de-France). Le territoire s’organise autour de quatre pôles urbains importants : Creil (130 400 habitants), Compiègne (101 000), Beauvais (95 000) et Soissons (57 300). Un dense réseau d’infrastructures routières (A1, A3, A16 et N2) et ferroviaires les relie à la région parisienne.

Une population qui augmente, mais moins rapidement qu’auparavant

Au 1er janvier 2020, le territoire des franges franciliennes compte 987 200 habitants, soit 16 % de la population régionale. Depuis les années 1960, il profite du desserrement de l’habitat francilien, attirant des populations à la recherche d’un cadre de vie moins urbain (+274 700 habitants entre 1962 et 1990, soit +50 % contre +12 % en région).

Entre 2014 et 2020, sous l’effet de la périurbanisation, la population progresse à un rythme de +0,2 % par an (soit +11 500 habitants sur la période), tandis que celle de la région stagne (figure 1). Comme dans la plupart des zones périurbaines, la croissance démographique ne repose plus que sur le solde naturel (+0,4 % par an contre +0,3 % en moyenne régionale). L’arrivée des familles ne compensant plus les départs des jeunes et des plus âgés, le solde migratoire s’établit autour de -0,2 % par an (contre -0,3 % par an dans la région).

Au sein de la zone, les évolutions sont par ailleurs très contrastées. Les EPCI (établissements publics de coopération intercommunale) dans le centre et le sud de l’Oise enregistrent les plus fortes hausses de population. Les CC de Retz-en-Valois et du canton d’Oulchy-le-Château dans le sud de l’Aisne, ainsi que la CC du Pays Noyonnais dans le nord-est de l’Oise, affichent les reculs les plus prononcés.

D’ici 2070, si les tendances démographiques actuelles se poursuivaient, les franges franciliennes pourraient perdre 5,4 % de leur population pour atteindre 933 400 habitants (contre -10 % dans la région). Sous l’effet du vieillissement de la population, l’âge moyen atteindrait 46 ans, soit 6 ans de plus qu’aujourd’hui (45 ans en 2070 en Hauts-de-France, soit +5 ans).

Figure 1Évolution de la population entre 2014 et 2020 par EPCI des franges franciliennes des Hauts-de-France

Évolution de la population entre 2014 et 2020 par EPCI des franges franciliennes des Hauts-de-France
Code EPCI Libellé EPCI Taux de variation annuel moyen 2014-2020 (%)
246000707 CC du Vexin-Thelle 0,3
246000582 CC des Sablons 0,3
200067973 CC Thelloise 0,5
246000764 CC de l'Aire Cantilienne -0,1
200066975 CC Senlis Sud Oise -0,1
246000871 CC du Pays de Valois 0,2
200068047 CA Creil Sud Oise 0,7
246000129 CC du Liancourtois 0,3
246000921 CC des Pays d'Oise et d'Halatte 0,0
246000897 CC de la Plaine d'Estrées 0,7
200067965 CA de la Région de Compiègne et de la Basse Automne 0,2
246000749 CC des Lisières de l'Oise -0,2
246000855 CC du Pays des Sources 0,1
246000772 CC des Deux Vallées -0,2
246000756 CC du Pays Noyonnais -0,4
246000913 CC du Pays de Bray -0,2
200067999 CA du Beauvaisis 0,6
246000376 CC du Clermontois 0,2
246000848 CC de la Picardie Verte -0,3
200068005 CC de l'Oise Picarde -0,3
246000566 CC du Plateau Picard -0,1
240200584 CC du Canton de Charly-sur-Marne 0,0
200072031 CA de la Région de Château-Thierry 0,2
200071991 CC Retz-en-Valois -0,6
240200519 CC du Canton d'Oulchy-le-Château -0,4
240200477 CA GrandSoissons Agglomération 0,3
  • Source : Insee, recensements de la population 2014 et 2020.

Figure 1Évolution de la population entre 2014 et 2020 par EPCI des franges franciliennes des Hauts-de-France

  • Source : Insee, recensements de la population 2014 et 2020.

La prédominance d’une industrie diversifiée

En 2019, les franges franciliennes regroupent près de 320 000 emplois (figure 2), en baisse de 2,2 % par rapport à 2013 (contre -0,5 % en moyenne régionale). Le marché du travail s’intègre toujours plus à celui de l’Île-de-France : les navettes domicile-travail ont progressé de 4,7 % en cinq ans et concernent 30 % des actifs (121 000 personnes) (encadré). Dans 9 cas sur 10, les déplacements se font au sein de l’ de Paris. Le atteint 13,4 % de la population active en 2019 soit 2,6 points de moins qu’en moyenne régionale.

L’économie se tertiarise de plus en plus, même si l’industrie reste bien présente : elle regroupe 15,7 % des emplois du territoire en 2019 (deux points de plus qu’en région), dans des secteurs diversifiés. Le secteur de la chimie, caoutchouc et plastique est devenu le 2e employeur industriel du territoire (27 % des postes), derrière ceux plus traditionnels de la métallurgie, de la fabrication de machines et équipement (37,5 % des postes). Saverglass à Feuquières (près de 1 300 salariés), l’équipementier automobile Faurecia à Méru, ou encore le fabricant de machines agricoles Agco à Beauvais (près de 1 200 salariés chacun) figurent parmi les plus grands établissements.

Figure 2Principaux indicateurs démographiques et économiques

Principaux indicateurs démographiques et économiques
Indicateurs démographiques et économiques Franges franciliennes Hauts-de-France France métropolitaine
Population au 1er janvier 2020 987 218 5 997 734 65 269 154
Taux de croissance annuel moyen entre 2014 et 2020 (%) 0,20 -0,02 0,32
Part des moins de 20 ans en 2019 (%) 26,1 25,9 23,9
Part des 65 ans ou plus en 2019 (%) 17,3 17,9 20,0
Nombre d’actifs occupés au lieu de résidence en 2019 402 625 2 278 578 26 578 230
Nombre d’emploi au lieu de travail en 2019 319 866 2 122 371 26 122 485
Taux d’activité des 15-64 ans (%) en 2019 74,5 71,4 74,3
Part d’actifs ayant un emploi dans la population des 15 à 64 ans en 2019 (%) 64,2 59,7 64,7
Taux de chômage au sens du recensement de la population en 2019 (%) 13,8 16,4 12,9
Taux de pauvreté en 2019 (%) 13,4 17,6 14,5
Niveau de vie médian en 2019 (euros) 21 981 20 355 21 933
Part des diplômés de l’enseignement supérieur de 15 ans ou plus en 2019 (%) 24,9 25,1 31,0
  • Source : Insee, recensements de la population 2014 et 2019, populations légales 2020, fichier localisé social et fiscal (FiloSofi) 2019 en géographie au 01/01/2022.

Un niveau de vie très contrasté

En 2019, le médian des habitants des franges franciliennes s’élève à 21 981 € par an (contre 20 355 € en Hauts-de-France), qui s’explique en partie par les salaires plus élevés des actifs travaillant en Île-de-France. À l’inverse, la touche une part moins importante de la population (13,4 % contre 17,6 % en région).

Les situations sont toutefois très hétérogènes au sein du territoire. Les CC de l’Aire Cantilienne, autour de Chantilly, Senlis Sud-Oise, Vexin-Thelle et Thelloise à la frontière avec l’Île-de-France ainsi que Plaine d’Estrées le long de l’A1 dans l’Oise affichent les revenus les plus élevés, compris entre 24 000 € et près de 30 000 €. À l’inverse, quelques intercommunalités enregistrent des revenus inférieurs à la moyenne régionale : c’est le cas des CC Creil Sud Oise, au sud de l’Oise, et Pays du Noyonnais au nord-est de l’Oise ou encore de la CA GrandSoissons Agglomération dans le sud de l’Aisne (de 17 200 € à 20 000 €). La CA Creil Sud Oise se singularise en outre par le taux de pauvreté le plus élevé de France métropolitaine (29,5 %).

Encadré - À l’échelle des EPCI, des actifs très mobiles

Très souvent plus de la moitié des actifs travaillent en dehors de leur EPCI de résidence (pouvant se situer au sein ou en dehors des franges franciliennes). C’est le cas pour la CC du Liancourtois, située entre Creil et Clermont, ou du Pays de Bray, à l’ouest du département de l’Oise. En revanche, cette part reste inférieure à 50 % dans les principaux pôles d’emploi (CA du Beauvaisis, GrandSoissons Agglomération, de la région de Château-Thierry ou de la région de Compiègne et de la Basse Automne).

La voiture reste le principal mode de déplacement pour ces navetteurs. L’utilisation des transports en commun est plus fréquente au sein des pôles urbains (32 % dans la CA de Creil sud Oise, 31 % dans la CC de l’Aire Cantilienne et 25 % dans la CC de Charly-sur-Marne).

Publication rédigée par :Élodie De-Vos, Line Leroux (Insee)

Pour comprendre

Des premiers travaux consacrés à l’influence de l’Île-de-France sur les territoires limitrophes (pour en savoir plus) se fondaient sur l’étude des déplacements (ou navettes) domicile-travail des actifs occupés. En particulier, était calculée la part des actifs travaillant en Île-de-France parmi l’ensemble des navetteurs. Dans la présente étude, sont repris tous les territoires du sud des Hauts-de-France qui, pour la majorité d’entre eux, affichent des parts élevées de navetteurs avec l’Île-de-France. Les franges franciliennes sont ainsi constituées de 26 intercommunalités (tous les EPCI du département de l’Oise, et dans l’Aisne, les CC de Retz-en-Valois, de la région de Château-Thierry, du Canton d’Oulchy le Château, du Canton de Charly-sur-Marne et la CA de GrandSoissons Agglomération).

Définitions

L’aire d’attraction d’une ville (AAV) définit l’étendue de son influence sur les communes environnantes. Une aire est un ensemble de communes, d’un seul tenant et sans enclave, constitué d’un pôle de population et d’emploi, et d’une couronne qui regroupe les communes dont au moins 15 % des actifs travaillent dans le pôle. Concernant les navettes domicile-travail, ne sont pris en compte que les échanges avec la partie des aires qui n’appartient pas à la zone d’étude.

Le taux de chômage au sens du recensement de la population est la proportion du nombre de chômeurs au sens du recensement dans la population active au sens du recensement.

Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation.

Le taux de pauvreté correspond à la proportion d’individus dont le niveau de vie est inférieur à 60 % du niveau de vie médian de la population française.

Le solde naturel est la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès enregistrés au cours d’une période.

Le solde migratoire est la différence entre le nombre de personnes entrées sur un territoire donné et le nombre de personnes qui en sont sorties, au cours de la période considérée.

Pour en savoir plus

(1) Sur le site insee.fr : Rubriques – Dossier complet, Comparateur de territoire, Ouvrir dans un nouvel ongletStatistiques locales.

(2) « Une influence francilienne établie au nord et en croissance à l’ouest », Insee Analyses Île-de-France no 110, novembre 2019.

(3)« Le caractère résidentiel du sud de la région se renforce en vingt ans », Insee Analyses Hauts-de-France no 131, novembre 2021.