Insee Analyses Nouvelle-Aquitaine · Mai 2023 · n° 132

Un senior sur cinq en emploi à 62 ans

Entre 50 et 74 ans, différentes situations sur le marché du travail peuvent se succéder. D’abord l’emploi pour beaucoup, qui laisse place à la retraite plus ou moins rapidement, en passant parfois par une sortie du marché du travail (inactivité) pour certains ou par la recherche d’emploi pour d’autres (figure 1).

En 2019, 2 millions de personnes âgées de 50 à 74 ans, dénommées « seniors » dans cette étude, vivent en Nouvelle-Aquitaine. C’est la troisième région abritant le plus de seniors, derrière l’Île-de-France et l’Auvergne-Rhône-Alpes. Rapportés à la population néo-aquitaine totale, la région est même celle avec la plus forte proportion de seniors, soit un habitant sur trois.

En Nouvelle-Aquitaine, 39 % des seniors ont un emploi (figure 2).

Ce taux d’emploi, stabilisé au niveau des 80 % autour de 50 ans, décroît au fil des âges, lentement d’abord puis de façon brutale autour du soixantième anniversaire. Entre 59 ans et 60 ans, la part des personnes en emploi chute de 20 points et passe de 65 % à 45 %. Puis, seulement 36 % sont en emploi à 61 ans, et 21 % à 62 ans, âge légal de départ à la retraite en 2019.

Après 64 ans, moins de 10 % des personnes ont un emploi, une situation devenant de plus en plus rare ensuite.

Les seniors néo-aquitains sont moins souvent en emploi que dans la plupart des régions. Ainsi, leur taux d’emploi est inférieur à la moyenne de France métropolitaine, de plus de 2 points sur l’ensemble des âges. En effet, ils sont plus nombreux dans la région aux âges où occuper un emploi devient moins fréquent : 59 % ont entre 60 et 74 ans contre 56 % en France métropolitaine.

Entre 50 et 59 ans, plus de 620 000 seniors sont en activité. Parmi eux, sept sur dix sont employés, exercent une profession intermédiaire ou sont ouvriers. Les autres sont cadres ou occupent une profession intellectuelle supérieure, sont artisans, commerçants, chefs d’entreprise, ou agriculteurs exploitants. Néanmoins, au fil des âges, ces dernières catégories pèsent davantage parmi les seniors en activité (figure 3).

Pour les employés, ouvriers et professions intermédiaires, les départs peuvent s’expliquer par la retraite et notamment des sorties du marché du travail plus précoces pour carrière longue, mais aussi par des licenciements, ou pour des raisons de santé. Pour les professions intellectuelles supérieures, les artisans, commerçants, chefs d’entreprise, ou les agriculteurs exploitants, la poursuite d’une activité professionnelle peut s’expliquer par un début de carrière tardif après des études longues, une reconversion professionnelle, une volonté ou nécessité financières de prolonger sa carrière.

Les non-salariés, dont font partie les nombreux agriculteurs exploitants et artisans, commerçants, chefs d’entreprise de la région, peuvent aussi être confrontés à des difficultés à trouver un repreneur dans des conditions satisfaisantes ou suffisantes.

Ces disparités entre catégories socioprofessionnelles au fil des âges, issues de ces facteurs complexes et entrecroisés, s’observent aussi globalement dans les autres régions.

Les conditions d’emploi diffèrent aussi selon l’âge. Ainsi, les emplois en contrat à durée indéterminée (CDI) deviennent moins fréquents aux âges plus avancés. Ils concernent 76 % des travailleurs avant 60 ans, puis 65 % entre 60 et 64 ans, puis 40 %.

Au contraire, le non-salariat s’accentue, ainsi que, dans une moindre mesure, les emplois en contrat à durée déterminée (CDD). Il en est de même au niveau national, même si les non-salariés sont plus présents en Nouvelle-Aquitaine à tous les âges, en lien avec la surreprésentation des agriculteurs exploitants et celle des artisans, commerçants, chefs d’entreprise dans la région.

Comme au niveau national, le temps partiel est d’autant plus répandu que les travailleurs sont âgés. S'ils ne sont que 16 % à travailler à temps partiel entre 50 et 69 ans, ils sont 28 % entre 60 et 64 ans et plus de la moitié au-delà. Comme dans le reste de la vie active, le temps partiel concerne davantage les employés.

Dans la région, un million de seniors se déclarent à la retraite, soit la moitié des 50-74 ans. La région se classe en troisième position, derrière la Bretagne, les Pays de la Loire et devant la France métropolitaine (46 %).

Comme en France métropolitaine, le cumul d’un emploi et de la retraite concerne peu de seniors : 1,3 % d’entre eux soit 26 000 individus. C’est à 65 ans que le pic est atteint avec 2 400 seniors dans cette situation (3 % des seniors de cet âge).

Les trois quarts de ceux qui cumulent retraite et emploi ont entre 60 et 69 ans. Ils sont davantage agriculteurs, artisans, commerçants et chefs d’entreprise, ou cadres et professions intellectuelles supérieures et sont, pour les trois quarts, à temps partiel.

Par ailleurs, très peu de retraités sont à la recherche d’un emploi : 3 700 personnes, soit 0,2 % des seniors, conjuguent recherche d’un emploi et retraite.

Dans la région, 11 % des seniors n’ont ni emploi ni retraite, et sont potentiellement en situation de précarité [D’Isanto, Hananel, Musiedlak, 2018 ; pour en savoir plus (2)]. Cette situation regroupe 217 000 personnes qui se déclarent au chômage (situation majoritaire jusqu’à 61 ans) ou sans lien avec le marché du travail, dites « inactives ». Leur nombre baisse progressivement : il dépasse 13 000 personnes à chaque âge entre 50 et 61 ans, puis diminue de plus de la moitié à 62 ans, et concerne moins de 2 000 personnes à chaque âge entre 66 et 74 ans.

Les femmes sont plus fréquemment sans emploi ni retraite que les hommes, à tous les âges entre 50 et 74 ans (13 % d’entre elles contre 8 % des hommes). L’écart est particulièrement marqué entre 52 et 61 ans, où elles sont plus de 20 % dans cette situation à chacun de ces âges (figure 4).

Parmi les seniors, les femmes sont surtout moins en emploi que les hommes (37 % contre 41 %), et plus souvent à la recherche d’un emploi (10 % contre 8,6 % des hommes). En particulier, leur taux d’emploi est inférieur de 6 points à celui des hommes entre 50 et 59 ans, cet écart s’atténuant ensuite.

Par ailleurs, les femmes seniors, bien que plus âgées que les hommes, sont aussi moins à la retraite (49 % contre 51 % d’entre eux). Le point de bascule où les femmes deviennent plus nombreuses à la retraite qu’en emploi survient en moyenne un an plus tard que pour les hommes.

Lorsqu’elles ont un emploi, les femmes seniors sont moins souvent cadres ou professions intellectuelles supérieures que les hommes et davantage sur des postes d’employées, moins rémunérateurs. Ceci s’observe même à l’approche de la retraite, contrairement aux hommes qui sont alors plus souvent cadres qu’employés ou ouvriers. Elles sont également à chaque âge davantage à temps partiel et cumulent moins emploi et retraite que les hommes.

Qu’ils soient en emploi, à la retraite ou bien sans emploi ni retraite, le nombre de personnes âgées de 50 à 74 ans augmente entre 2008 et 2019 en Nouvelle-Aquitaine (+294 000, soit +18 %). Cette croissance démographique concerne essentiellement les personnes les plus âgées, notamment au-delà de 60 ans (+22 % entre 60 et 64 ans, +40 % entre 65 et 74 ans).

Comme en France métropolitaine, ces dernières années, les seniors sont davantage en emploi et de façon marquée (+28 %). Ainsi, entre 2008 et 2019, 168 000 seniors supplémentaires sont des actifs occupés, dont 11 000 cumulent cet emploi avec leur retraite.

En 11 ans, le taux d’emploi passe de 67 % à 77 % parmi les 50-59 ans. Aussi, les seniors de 60 à 64 ans sont deux fois plus nombreux à occuper un emploi en 2019 (26 %).

Les retraités sont également plus nombreux (+111 000). Mais leur augmentation est moins forte que celle des 50-74 ans. Ainsi, leur part baisse en 2019, notamment entre 60 et 64 ans : 62 % des seniors de ces âges sont à la retraite en 2019, contre 78 % en 2008.

Dans le même temps, les seniors sans emploi ni retraite sont plus nombreux en Nouvelle-Aquitaine : +7,3 % (+15 000 seniors), soit 2 points de plus qu’en France métropolitaine. Cette hausse se concentre entre 60 et 64 ans (+70 % et +20 000 seniors). Ces seniors se déclarent d’ailleurs davantage au chômage, passant de 7 % à 13 % de la population active de cette tranche d’âge.

Dans cette étude, les comparaisons sont réalisées avec la France métropolitaine uniquement.