Transmission des coûts et hausse de l’inflation
Nous utilisons les données de prix au niveau microéconomique sous-jacentes à l'indice des prix à la production français entre janvier 2018 et juillet 2022, ainsi que des mesures externes de l'exposition des entreprises aux intrants importés et aux chocs des coûts énergétiques, pour étudier le rôle des chocs externes dans l'inflation récente. Lors de la révision de leurs prix, les entreprises de notre échantillon répercutent 30 % des variations du prix des intrants importés et 100 % des variations des coûts énergétiques qui ont eu lieu depuis la dernière révision, conditionnellement à leur exposition à ces chocs. Pour l’entreprise moyenne de nos données, cela implique qu'une augmentation de 10% des coûts importés entraîne une hausse de 0,74% des prix de production, tandis qu'un choc de 10% des coûts de l’énergie induit une augmentation des prix de 0,73%. Nous étudions comment les taux de transmission varient d’une entreprise à l’autre en fonction de leur taille et de leur exposition aux chocs. Les taux de transmission sont asymétriques, les chocs de coûts positifs induisant une répercussion significativement plus importante que les chocs négatifs. L'hétérogénéité de l'exposition aux chocs externes, entre les entreprises et les secteurs, entraîne des différences importantes dans la dynamique de l'inflation. Pour illustrer cela, nous prédisons les variations de prix à partir des variations cumulées des intrants importés et des prix de l'énergie entre janvier 2021 et juillet 2022. 70 à 75 % de la variance des changements de prix prédits se produit au sein des industries, d’une entreprise à l’autre. Les industries chimiques et métallurgiques ont été les plus touchées par les chocs des coûts des importations et de l'énergie, qui ont contribué à une augmentation des prix à la production dans ces secteurs de 9 à 14 points de pourcentage.