Insee Analyses Occitanie · Avril 2023 · n° 132

Le Lot, un département rural dynamisé par l’industrie et le tourisme

Le Lot est le quatrième département français le plus rural après la Creuse, la Lozère et le Gers : 81 % de ses habitants résident dans une commune rurale contre 33 % en France. Seules trois communes sont classées en communes urbaines. Cahors, la plus densément peuplée est l’unique centre urbain du département . Avec 20 160 habitants en 2020, elle abrite 11,5 % des Lotois. Moins dense et seule commune de la ceinture urbaine de Cahors, Pradines compte 3 580 habitants. Plus éloignée, Figeac, deuxième ville du département située au nord-est, compte 9 800 habitants. Dans la partie nord du département, l’espace rural s’organise autour de bourgs ruraux qui maillent le territoire (encadré) (figure 1). Le Lot est peu dépendant de l’influence des départements voisins, qui ne comptent aucune grande métropole. Toulouse est la plus proche, à plus d’une heure et demie de Cahors. Seules quelques communes lotoises au nord appartiennent à l’aire d’attraction de Brive-la-Gaillarde (Corrèze).

L’économie du Lot se distingue de celle des autres départements ruraux de l’Occitanie par un poids de l’industrie deux fois plus élevé que celui de l’agriculture. En 2019, l’industrie représente 16 % de l’emploi, poids légèrement supérieur à celui de 1975, à contre-courant de l’évolution nationale (figure 2). Le Lot est l’un des dix départements français qui créent de l’emploi salarié dans l’industrie manufacturière sur les vingt dernières années.

Ce dynamisme repose en partie sur le fort développement de quelques établissements fondés au début du XX^e siècle pour répondre aux enjeux de l’époque – transformation des productions agricoles locales, densification du réseau ferré, naissance de l’aviation, électrification. Trois d’entre eux font aujourd’hui partie des plus gros employeurs privés du département. Andros à Biars-sur-Cère trouve son origine dans une entreprise familiale produisant des confitures artisanales. Ratier-Figeac (anciens Ateliers d’Aviation Pierre Ratier) s’est implanté à Figeac au début du XX^e siècle comme fabricant d’hélices en bois pour l’aviation. La Manufacture d’appareillage électrique de Cahors (MAEC) (Éclairage Général en 1910) est née avec les débuts de l’électrification. En 2020, elles emploient respectivement 1 600, 1 200 et un peu moins de 400 salariés.

Au nord et à l’est du département, l’industrie lotoise bénéficie de la présence d’une partie de la « Mecanic Vallée ». Ce système productif local (SPL), visant à favoriser les synergies entre entreprises d’une même filière, s’étend du sud de la Haute-Vienne au nord de l’Aveyron et regroupe plus de 200 entreprises des secteurs de l’aéronautique, de l’équipement automobile et de la machine-outil. Sa partie lotoise est fortement spécialisée dans la construction aéronautique autour de Figeac. Les deux plus gros établissements, l’historique Ratier-Figeac et Figeac Aéro créé plus récemment, emploient ensemble plus de 2 000 salariés et leur activité rayonne sur les PME locales. Le pôle de Figeac s’inscrit dans les principaux programmes de l’avionique civile et militaire internationale en produisant des équipements électroniques, électriques et informatiques qui aident au pilotage des aéronefs et des astronefs.

Le secteur agricole génère 7,5 % de l’emploi dans le Lot. C’est trois fois plus qu’en France, mais moins que dans les autres départements ruraux de la région (9,9 % dans l’Aveyron, 10,9 % en Lozère et 11,5 % dans le Gers). Depuis 1975, le poids de l’agriculture dans l’emploi du département a été divisé par quatre.

En 2020, 3 900 exploitations agricoles y sont implantées. Leurs activités sont diversifiées : élevage de bovins dans le Ségala au nord-est, d’ovins et de caprins dans les Causses de Gramat au centre, viticulture dans la vallée du Lot à l’ouest de Cahors et polyélevage et polyculture dans le reste du département. Les agriculteurs lotois sont de plus en plus engagés dans des démarches pour la qualité de leurs produits. Dans le Lot comme en moyenne en France, une exploitation agricole sur huit est certifiée en agriculture biologique, en forte progression sur la dernière décennie. Plus d’un quart des exploitations lotoises produisent également sous d’autres signes officiels de qualité (AOC, AOP, Label Rouge, IGP), notamment dans la viticulture pour le vin de Cahors. Pour élargir leurs débouchés, les agriculteurs développent la vente en circuit court. Plus d’un sur quatre y recourt en 2020. C’est plus que dans l’Aveyron et dans le Gers mais un peu moins qu’en Lozère.

Entre vallée de la Dordogne au nord, vallée du Lot au sud, et grands sites régionaux tels que les villages perchés de Rocamadour et de Saint-Cirq-Lapopie, le gouffre de Padirac ou la grotte du Pech Merle, le Lot dispose d’un large potentiel touristique. Un tiers du territoire est couvert par le parc naturel régional des Causses du Quercy, labellisé Géoparc mondial par l’Unesco en 2017. Le parc œuvre pour la préservation et la mise en valeur des espaces naturels et du patrimoine mais aussi pour le développement d’un tourisme respectueux de l’environnement.

Le nord-ouest du département bénéficie de la proximité immédiate de Sarlat-la-Canéda, capitale du Périgord Noir, dont la très forte attractivité touristique rayonne jusque dans le Lot.

En 2019, 8,7 % de l’emploi salarié marchand est dédié au tourisme. Le Lot se positionne ainsi au milieu du classement des départements d’une région Occitanie très touristique. Il se classe 22^e parmi les départements français les plus touristiques, loin derrière Paris, la Seine-et-Marne, la Corse ou les départements alpins, mais devant la Manche, la Vendée et les Pyrénées-Atlantiques.

En 2019, le département compte 22 200 résidences secondaires, représentant 18,5 % du parc de logements (18^e département de France métropolitaine). C’est quatre points de plus que dans le département voisin de la Dordogne, également touristique. Les résidences secondaires sont nombreuses dans la vallée du Lot entre Saint-Cirq-Lapopie et Cajarc et plus globalement dans le parc naturel régional des Causses du Quercy, où elles représentent plus d’un logement sur quatre (figure 3). L’attrait pour le département opère également auprès des touristes résidant à l’étranger, qui sont propriétaires de près d’une résidence secondaire sur six.

Les campings sont principalement situés dans la vallée de la Dordogne ainsi qu’aux abords de Rocamadour et Padirac et dans une moindre mesure dans la vallée du Lot. Les chambres d’hôtel, trois fois moins nombreuses que les emplacements de camping, sont concentrées dans quelques communes : six sur dix se trouvent à Cahors, Rocamadour, Figeac, Gramat ou Souillac.

La moitié de la population lotoise a plus de 51 ans pour un âge médian de 44 ans en Occitanie et 41 ans en France métropolitaine (figure 4). Le Lot est le département le plus âgé de France après la Creuse avec une part des seniors (65 ans ou plus) très élevée : 30 % de la population en 2019 contre 22 % en Occitanie et 20 % en France métropolitaine. Dans le Lot, la part de ces seniors est déjà au niveau de celle qu’aurait la France dans cinquante ans selon les dernières projections de population. Si les tendances démographiques récentes se prolongeaient, la part des seniors pourrait atteindre 41 % en 2050 et se stabiliser ensuite. Les migrations accentuent encore le vieillissement : les seniors qui s’installent dans le département sont plus nombreux que ceux qui le quittent. À l’inverse, les 18-24 ans quittent souvent le département pour poursuivre des études supérieures ou accéder à un premier emploi. En 2019, le Lot compte 1,6 personne âgée de 65 ans ou plus pour un jeune de moins de 20 ans et ce rapport pourrait être de 3 en 2070. Le vieillissement est plus rapide dans le Lot qu’en Occitanie.

Le poids économique des seniors est important puisque 41 % des revenus disponibles proviennent des pensions et des retraites. C’est six points de plus que dans les autres départements ruraux de la région. Cela s’explique en grande partie par l’importance des retraités dans le département, mais aussi par un niveau de vie des personnes âgées de 75 ans ou plus supérieur de 7 % à celui observé dans l’Aveyron, le Gers ou la Lozère. À l’inverse, le poids des revenus d’activité est faible (58 %). Le niveau de vie médian est modeste. En 2020, un Lotois sur deux a un niveau de vie inférieur à 21 310 euros par an contre 22 400 euros en France métropolitaine. Mais la pauvreté est un peu moins prégnante qu’en Occitanie : 15 % des habitants sont en situation de pauvreté en 2020 contre 17 % dans la région.

Les communes lotoises disposent d’un bon niveau d’équipement pour les services de proximité, les plus indispensables à la vie quotidienne. Plus de trois Lotois sur quatre ont une école élémentaire dans leur commune et plus d’un sur deux dispose d’au moins un des équipements suivants : boulangerie, médecin généraliste, pharmacie, épicerie. D’autres services, dits intermédiaires, comme les supermarchés, stations-services, magasins de vêtements ou de meubles, sont concentrés dans dix communes du département : Cahors et Figeac mais aussi dans les bourgs ruraux, pôles de services intermédiaires, de Saint-Céré, Gourdon, Souillac, Gramat, Prayssac, Lacapelle-Marival, Cajarc et la commune de Castelnau Montratier-Sainte-Alauzie.

Dans le Lot, seule 13 % de la population vit à plus de quinze minutes en voiture des équipements intermédiaires. La situation est plus favorable que dans les autres départements ruraux de la région (30 % en Lozère), grâce au maillage de l’espace rural par des bourgs ruraux pourvoyeurs de services (encadré).

La présence d’équipements de santé est importante dans ce département où la population est âgée. La densité de médecins omnipraticiens est de 15,6 médecins pour 10 000 habitants contre 15,1 en moyenne en France et 14,3 dans la Creuse et le Gers par exemple. Les spécialistes sont moins nombreux, avec 11,3 médecins pour 10 000 habitants, contre 18,8 en moyenne en France. Le renouvellement des médecins, omnipraticiens et spécialistes constitue un défi à court et moyen termes puisque plus de 60 % d’entre eux ont 55 ans ou plus. La prise en charge de la dépendance et notamment le maintien des personnes âgées à domicile sont des enjeux forts dans le Lot. Les capacités de prise en charge en soins infirmiers à domicile sont limitées par rapport à celles offertes dans d’autres départements (22,6 pour 1 000 personnes âgées de 75 ans ou plus contre 31,6 en Lozère). Les structures d’hébergement pour personnes âgées (maisons de retraites, résidences autonomie, unités de soin longue durée) sont également peu implantées au regard des besoins potentiels (125 places pour 1 000 habitants de 75 ans ou plus, contre plus de 160 en Lozère, dans la Creuse ou en Ardèche).

Le département comprend de nombreux logements vacants ou sous-occupés, offrant des possibilités d’accueil de nouveaux habitants. Ainsi, 11 % des logements sont vacants contre 8 % en France. Leur nombre a fortement augmenté en 20 ans, passant de 7 000 en 1999 à près de 13 000 en 2019. La tendance est la même en Occitanie mais de moindre ampleur. Sur la même période, l’ensemble du parc de logements lotois évolue beaucoup moins vite. En 2019, plus de la moitié des logements vacants le sont depuis plus de deux ans.

Par ailleurs, près d’une résidence principale sur trois est en situation de sous-occupation très accentuée. Ce phénomène s’est amplifié sur les deux dernières décennies du fait du vieillissement de la population s’accompagnant du départ des enfants du foyer familial. En 2019, 55 % des familles lotoises sont des couples sans enfant. C’est trois à six points de plus que dans les autres départements ruraux de la région.

Dans le Lot, 83 % des résidences principales sont des maisons individuelles, comme dans le Gers. C’est 10 points de plus que dans l’Aveyron ou qu’en Lozère et 20 points de plus qu’en Occitanie. Les performances énergétiques de ces maisons ne sont pas très bonnes : plus d’une sur trois a été construite avant 1970 et le chauffage au fioul est utilisé dans près d’une maison sur quatre.

La vie rurale nécessite un usage quasi systématique de la voiture. Dans le Lot, 42 % des ménages possèdent deux voitures ou plus contre 37 % en Occitanie. Les Lotois en emploi parcourent en moyenne 21 km pour rejoindre leur travail et plus de huit sur dix réalisent ce trajet en voiture. Cette dépendance à la voiture est comparable à celle observée dans les autres départements ruraux de la région.

Logements anciens, chauffage au fioul, forte dépendance à la voiture, autant de sujets d’importance pour répondre aux enjeux environnementaux dans ce département.