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Insee Analyses Normandie · Avril 2023 · n° 111
Insee Analyses NormandieEnviron 420 000 emplois sont compatibles avec le télétravail en Normandie

Flavien Alleaume, Anne-Sarah Horvais (Insee)

En 2019, la Normandie regroupe près de 420 000 emplois pouvant être considérés comme compatibles avec le télétravail, soit environ un tiers des emplois de la région. La Normandie se situe au deuxième rang des régions présentant les plus faibles proportions d’emplois susceptibles d’être télétravaillés, après la Bourgogne-Franche-Comté. Les intercommunalités qui intègrent un chef-lieu de département ou de région présentent une plus forte proportion d’emplois pouvant être télétravaillés. De par la nature de leurs emplois, les femmes sont plus souvent susceptibles de télétravailler que les hommes (41,5 % contre 25 %). La part des emplois occupés par des femmes est en effet plus importante dans les activités de services non marchands, principaux pourvoyeurs d’emplois pouvant être télétravaillés, que dans les secteurs industriels ou agricoles, moins concernés par le télétravail. Les personnes ayant un niveau de diplôme équivalent ou supérieur à bac+3 occupent plus souvent un emploi compatible avec le télétravail que les personnes dont le niveau de diplôme est inférieur au bac. Néanmoins, la possibilité de télétravailler augmente aussi avec l’âge et la progression de carrière professionnelle.

Insee Analyses Normandie
No 111
Paru le :Paru le06/04/2023

La Normandie regroupe 420 000 emplois pouvant être considérés comme compatibles avec le télétravail (Pour comprendre) en 2019, soit environ un tiers des emplois de la région. Avec 33,1 % des emplois concernés par cette possibilité, la Normandie se situe au deuxième rang des régions présentant les plus faibles proportions d’emplois susceptibles d’être télétravaillés, après la Bourgogne-Franche-Comté (32,5 %).

En termes de localisation, les emplois pouvant donner lieu à du télétravail sont davantage présents dans les territoires plutôt urbanisés et qui concentrent un grand nombre d’habitants et d’emplois qualifiés. À l’inverse, dans les régions au sein desquelles les emplois industriels et agricoles sont proportionnellement plus nombreux, la part d’emplois pouvant être télétravaillés est plus faible (encadré).

Le secteur tertiaire est la principale source d’emplois susceptibles d’être télétravaillés

Les activités du secteur tertiaire offrent un environnement plus propice à ce mode d’organisation du travail, lequel ne convient pas nécessairement à tous les emplois et nécessite un équipement approprié en technologies de l’information et de la communication (TIC). Ainsi, les emplois du secteur tertiaire non marchand (administration publique, professionnels de santé, action sociale, etc.) peuvent souvent être télétravaillés (43,1 % en Normandie), notamment dans l’administration publique (45,5 %) mais à l’exception des activités pour la santé humaine (19,4 %) et d’hébergement social et médico-social (31,7 %).

Dans le secteur tertiaire marchand (commerce, transports et services), 35,7 % des emplois normands peuvent être télétravaillés. Plus précisément, la pratique du télétravail est particulièrement compatible avec les emplois des secteurs de l’information et de la communication (70,2 %), des activités financières et d’assurance (59,3 %), des activités immobilières (55,4 %) et des activités scientifiques et techniques (38,9 %). Elle l’est en revanche beaucoup moins dans le secteur de l’hébergement et la restauration (9,8 %), ou avec les activités de la construction (14,8 % des emplois de ce secteur peuvent être télétravaillés) et de l’industrie (19,7 %). Les emplois susceptibles d’être télétravaillés dans ces derniers secteurs économiques sont essentiellement de nature administrative.

En Normandie, davantage d’emplois peuvent être télétravaillés dans les intercommunalités qui intègrent un chef-lieu de département ou de région

En Normandie, les emplois sont moins souvent compatibles avec le télétravail dans l’Eure (31,8 %), la Manche (29,3 %) et l’Orne (28,4 %), des départements où l’industrie et l’agriculture représentent au total plus de 20 % des emplois. L’Orne et la Manche se situent parmi les dix départements métropolitains dont la proportion d’emplois pouvant être télétravaillés est la plus faible. En revanche, dans les départements de la Seine-Maritime et du Calvados, environ 35 % des emplois peuvent être télétravaillés. Dans ces départements, les emplois découlant du secteur tertiaire sont proportionnellement plus nombreux (respectivement 76,4 % et 77,5 % contre 71,0 % dans l’Eure, 68,4 % dans la Manche et 67,5 % dans l’Orne) ; la Seine-Maritime et le Calvados se situent ainsi dans le premier tiers des départements métropolitains présentant les plus fortes proportions d’emplois susceptibles d’être télétravaillés, après le Puy-de-Dôme (35,4 % d’emplois compatibles avec le télétravail) et le Var (35,2 %).

Au niveau des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), la part des emplois compatibles avec le télétravail oscille entre 18,1 % dans la Communauté de Communes (CC) Andaine-Passais et 40,3 % dans la Communauté Urbaine (CU) de Caen la Mer (figure 1 et figure 2). À l’instar de la CU de Caen la Mer, les EPCI qui intègrent un chef-lieu de département ou de région présentent une proportion plus importante d’emplois pouvant être télétravaillés. C’est en effet le cas de la Métropole de Rouen (39,2 % d’emplois compatibles avec le télétravail), de la Communauté d’Agglomération (CA) Évreux Portes de Normandie (37,2 %) ou encore de la CU d’Alençon (36,2 %). La part des emplois pouvant être télétravaillés est également importante dans la CU du Havre (35,0 %) qui concentre plus de 110 000 emplois dont 32 % dans le secteur tertiaire non marchand.

S’agissant des EPCI situés dans des territoires proches de grandes agglomérations, la structure sectorielle locale rend davantage possible la pratique du télétravail. C’est le cas de la CC du Pays de Falaise (32,0 % des emplois peuvent y être exercés en télétravail) et de la CC Roumois Seine (32,5 %), respectivement à proximité de Caen et de Rouen, ou encore de la CA Seine Normandie Agglomération (34,2 %) et de la CC du Vexin Normand (30,7 %), qui se situent dans la zone d’influence économique de la région Île-de-France.

En revanche, on trouve moins d’emplois compatibles avec le télétravail dans les territoires plus ruraux comme les intercommunalités du sud de l’Orne (CC Andaine-Passais, CC Les Collines du Perche Normand, 20,9 %) ou du nord de la Seine-Maritime (CC Les Villes Sœurs, 24,1 % ; CC Interrégionale Aumale-Blangy-sur-Bresle, 21,7 %).

Figure 1Part des emplois pouvant être télétravaillés par EPCI

(en %)
Part des emplois pouvant être télétravaillés par EPCI ((en %))
code_epci lib_epci Part des emplois pouvant être télétravaillés
200006971 Le Perche 28,0
200010700 Caux Seine Agglo 28,0
200023414 Rouen Normandie 39,2
200033181 Chartres Métropole 38,6
200033298 Les Coëvrons 20,1
200034130 Gally Mauldre 42,6
200035103 La Vallée de la Haute-Sarthe 25,3
200035111 Les Sources de l'Orne 29,2
200035814 Flers Agglo 28,3
200035970 Vexin Centre 36,4
200036069 Le Pays de Mortagne-au-Perche 25,3
200038990 Saint-Méen Montauban 29,0
200039022 Vitré Communauté 29,2
200040277 Le Pays de Dreux 32,7
200042182 Le Mont des Avaloirs 20,5
200042604 Granville, Terre et Mer 28,3
200042729 La Baie du Cotentin 25,4
200043354 Villedieu Intercom 23,2
200055887 Mayenne Communauté 26,8
200058360 Entre Beauce et Perche 28,1
200059889 Grand Paris Seine et Oise 37,5
200065563 Normandie-Cabourg-Pays d'Auge 27,8
200065589 Val ès Dunes 29,5
200065597 Caen la Mer 40,3
200065787 Pont-Audemer / Val de Risle 32,4
200066017 Lieuvin Pays d'Auge 30,2
200066389 Saint-Lô Agglo 34,3
200066405 Roumois Seine 32,5
200066413 Intercom Bernay Terres de Normandie 29,4
200066462 Interco Normandie Sud Eure 27,0
200066710 Cingal-Suisse Normande 29,8
200066728 Vallées de l'Orne et de l'Odon 35,7
200066801 Isigny-Omaha Intercom 25,0
200066827 Le Pays de Honfleur-Beuzeville 27,4
200067023 Coutances Mer et Bocage 30,0
200067031 Côte Ouest Centre Manche 22,5
200067205 Le Cotentin 30,2
200068435 Coeur du Perche 24,5
200068443 Andaine - Passais 18,1
200068450 Argentan Intercom 28,8
200068468 Les Pays de L'Aigle 27,1
200068534 Terroir de Caux 27,3
200068799 Intercom de la Vire au Noireau 26,7
200068856 Les Hauts du Perche 23,4
200068963 Maine Coeur de Sarthe 32,8
200068989 Dinan Agglomération 30,7
200069425 Mont-Saint-Michel-Normandie 26,4
200069458 Les Vallées d'Auge et du Merlerault 20,6
200069516 Seulles Terre et Mer 30,7
200069524 Pré-Bocage Intercom 24,6
200069532 Lisieux Normandie 29,8
200069722 Interrégionale Aumale - Blangy-sur-Bresle 21,7
200069730 Les Quatre Rivières 27,5
200069821 Fécamp Caux Littoral Agglomération 31,0
200069839 La Côte d'Albâtre 27,6
200069847 Plateau de Caux-Doudeville-Yerville 31,7
200069912 Les Forêts du Perche 26,3
200069953 Les Portes Euréliennes d'Ile-de-France 32,7
200069961 Le Grand Châteaudun 28,4
200070068 Communauté Bray-Eawy 28,3
200070142 Lyons Andelle 25,2
200070159 Coeur de Beauce 27,1
200070167 Terres de Perche 28,5
200070449 Inter-Caux-Vexin 30,4
200070670 Le Pays de Dol et de la Baie du Mont Saint-Michel 26,7
200070688 Couesnon Marches de Bretagne 20,9
200070936 Ponthieu-Marquenterre 24,7
200070944 Le Vimeu 25,9
200070993 La Baie de Somme 30,3
200071074 Les Portes de l'Ile de France 37,6
200071181 Somme Sud-Ouest 27,9
200071454 Evreux Portes de Normandie 37,2
200071504 Les Collines du Perche Normand 20,9
200071520 Domfront Tinchebray Interco 25,7
200071652 Le Pays Fertois et du Bocage Carrougien 23,0
200071843 Le Vexin Normand 30,7
200072312 Seine Normandie Agglomération 34,2
200072452 Fougères Agglomération 29,7
200072676 Maine Saosnois 24,3
200072684 Le Gesnois Bilurien 27,4
200072700 Haute Sarthe Alpes Mancelles 25,9
200072718 La Champagne Conlinoise et du Pays de Sillé 29,8
200073344 Rambouillet Territoires 40,7
200083392 Laval Agglomération 38,0
200084952 Le Havre Seine Métropole 35,0
200089456 Seine-Eure 29,1
241400415 Coeur Côte Fleurie 30,3
241400514 Le Pays de Falaise 32,0
241400555 Bayeux Intercom 30,2
241400860 Coeur de Nacre 33,9
241400878 Terre d'Auge 29,4
242700276 Le Pays de Conches 29,7
242700607 Le Pays du Neubourg 26,8
242852465 Le Bonnevalais 26,3
243500139 Rennes Métropole 46,6
243500550 Montfort Communauté 29,7
243500618 Brocéliande 30,0
243500659 Pays de Châteaugiron Communauté 35,4
243500667 Le Val d'Ille-Aubigné 33,8
243500725 Côte d'Émeraude 32,9
243500733 Bretagne Romantique 28,4
243500774 Liffré-Cormier Communauté 33,7
243500782 Le Pays de Saint Malo Agglomération 32,6
245300355 L'Ernée 23,4
245300389 Le Bocage Mayennais 19,9
246000707 Le Vexin-Thelle 26,9
246000848 La Picardie Verte 25,1
246000913 Le Pays de Bray 25,2
246100390 Le Val d'Orne 27,8
246100663 Alençon 36,2
247200686 Le Pays de l'Huisne Sarthoise 27,5
247600505 Campagne-de-Caux 33,3
247600588 Les Villes Soeurs 24,1
247600604 Londinières 24,3
247600620 Yvetot Normandie 34,0
247600646 Caux - Austreberthe 29,7
247600729 Falaises du Talou 27,2
247600786 La Région Dieppoise 32,7
247800550 Le Pays Houdanais (C.C.P.H.) 34,5
247800618 Coeur d'Yvelines 43,3
249500513 Le Vexin-Val de Seine 32,8
  • Champ : emplois salariés et non salariés, hors armée.
  • Source : RP 2019, exploitation complémentaire au lieu de travail.

Figure 1Part des emplois pouvant être télétravaillés par EPCI

  • Champ : emplois salariés et non salariés, hors armée.
  • Source : RP 2019, exploitation complémentaire au lieu de travail.

Figure 2Taux d’emplois susceptibles d’être télétravaillés par EPCI et structure de l’appareil productif

Taux d’emplois susceptibles d’être télétravaillés par EPCI et structure de l’appareil productif
EPCI Taux d’emplois susceptibles d'être télétravaillés (en %) Emplois susceptibles d'être télétravaillés Structure de l’appareil productif (en %)
Agriculture et industrie Construction Commerce, transports et services divers Administration publique, enseignement, santé et action sociale Total
Les 10 EPCI dont la part d’emplois susceptibles d’être télétravaillés est la plus forte
CU Caen la Mer 40,3 57 900 10,7 6,1 48,2 35,0 100
Métropole Rouen Normandie 39,2 88 400 12,1 6,5 46,1 35,3 100
CA Évreux Portes de Normandie 37,2 17 200 12,5 5,6 39,2 42,7 100
CU d'Alençon 36,2 9 200 12,2 6,5 38,4 42,9 100
CC Vallées de l'Orne et de l'Odon 35,7 1 200 10,8 12,7 36,3 40,2 100
CU Le Havre Seine Métropole 35,0 39 200 15,5 5,6 47,1 31,8 100
CA Saint-Lô Agglo 34,3 11 200 16,9 8,5 38,3 36,3 100
CA Seine Normandie Agglomération 34,2 8 800 23,3 6,3 39,9 30,5 100
CC Yvetot Normandie 34,0 3 500 12,0 10,1 44,0 33,9 100
CC Coeur de Nacre 33,9 1 800 14,3 10,1 42,9 32,7 100
Les 10 EPCI dont la part d’emplois susceptibles d’être télétravaillés est la plus faible
CC Coeur du Perche 24,5 600 33,5 8,7 33,7 24,1 100
CC Londinières 24,3 300 37,0 13,6 28,3 21,1 100
CC Les Villes Soeurs 24,1 3 100 34,6 4,5 37,8 23,1 100
CC des Hauts du Perche 23,4 400 36,0 8,3 25,0 30,7 100
CC de Villedieu Intercom 23,2 1 300 35,2 9,3 33,3 22,2 100
CC Côte Ouest Centre Manche 22,5 1 700 33,5 10,4 33,8 22,3 100
CC Interrégionale Aumale - Blangy-sur-Bresle 21,7 1 900 47,4 5,6 27,9 19,1 100
CC des Collines du Perche Normand 20,9 1 000 45,1 5,7 29,4 19,8 100
CC des Vallées d'Auge et du Merlerault 20,6 1 100 37,9 6,0 28,7 27,4 100
CC Andaine - Passais 18,1 1 000 41,1 6,3 30,5 22,1 100
Moyenne régionale 33,1 417 300 19,5 6,8 41,1 32,6 100
  • Champ : emplois salariés et non salariés, hors armée.
  • Source : RP 2019, exploitation complémentaire au lieu de travail.

Les emplois administratifs, d’encadrement et de direction sont souvent compatibles avec le télétravail

Le recours au télétravail apparaît très lié au secteur d’activité. Il dépend également du niveau de qualification des emplois. Les emplois pour lesquels la possibilité de télétravailler est plus fréquente sont les emplois qualifiés, particulièrement ceux des cadres et des professions intellectuelles supérieures (70,1 % en Normandie), ainsi que les professions intermédiaires (45,7 % ; figure 3). L’utilisation de l’informatique, des messageries et des outils de partage de l’information y est plus courante et continue de se développer depuis la crise sanitaire.

De fortes disparités existent néanmoins selon les professions au sein de chaque catégorie socioprofessionnelle. Les personnes exerçant une profession intermédiaire administrative ont plus souvent la possibilité d’avoir recours au télétravail (83,8 % en Normandie) que celles exerçant une profession intermédiaire dans le domaine de la santé (6,1 %) comme les infirmiers, les préparateurs en pharmacie ou les animateurs socioculturels. Les employés administratifs d’entreprise (secrétaires, employés comptables ou financiers, etc.) ont davantage la possibilité de télétravailler que les employés de commerce (respectivement 79,9 % et 6,7 %). De même, les fonctions de chef d’entreprise peuvent plus facilement s’accomplir à distance (62,0 %) que celles des artisans (5,9 %). Les emplois des agriculteurs et des ouvriers sont en revanche beaucoup moins compatibles avec le télétravail (respectivement 2,4 % et 1,8 % en Normandie). Quelle que soit la catégorie socio-professionnelle concernée, la part d’emplois susceptibles d’être télétravaillés est très comparable entre la Normandie et la France métropolitaine hors Île-de-France.

Figure 3Taux d'emplois susceptibles d'être télétravaillés par catégorie socio-professionnelle

(en %)
Taux d'emplois susceptibles d'être télétravaillés par catégorie socio-professionnelle ((en %))
Catégorie socio-professionnelle Normandie France métropolitaine hors Île-de-France
Agriculteurs 2,4 4,1
Artisans, commerçants, chefs d’entreprise 33,6 33,3
Cadres et professions intellectuelles supérieures 70,1 71,7
Professions intermédiaires 45,7 46,7
Employés 35,1 35,3
Ouvriers 1,8 2,1
  • Champ : emplois salariés et non salariés, hors armée.
  • Source : RP 2019, exploitation complémentaire au lieu de travail.

Figure 3Taux d'emplois susceptibles d'être télétravaillés par catégorie socio-professionnelle

  • Champ : emplois salariés et non salariés, hors armée.
  • Source : RP 2019, exploitation complémentaire au lieu de travail.

La possibilité de télétravailler augmente avec l’âge et le niveau de diplôme

De par la nature des emplois qu’elles occupent, les femmes sont plus souvent susceptibles de télétravailler que les hommes. Ainsi, en Normandie, 41,5 % des emplois occupés par des femmes sont compatibles avec le télétravail, contre 25,0 % des emplois occupés par des hommes. En France métropolitaine hors Île-de-France, ces proportions atteignent 43,1 % pour les femmes et 28,6 % pour les hommes (figure 4). La part des emplois occupés par des femmes est en effet plus élevée dans les activités de services non-marchands (administration publique, enseignement, action sociale, etc.), en Normandie (70,8 %) comme en France métropolitaine hors Île-de-France (68,7 %). Cette part est en revanche moins importante dans les secteurs industriels (respectivement 28,4 % et 29,2 %) et agricoles (28,9 % dans la région et en France métropolitaine hors Île-de-France).

Parce que ce mode d’organisation du travail concerne surtout les emplois les plus qualifiés, le télétravail est plus fréquemment possible pour les personnes âgées de 30 ans et plus. En effet, parmi les jeunes de moins de 30 ans, une part importante des personnes susceptibles d’occuper à terme des emplois qualifiés se trouve encore en poursuite d’études ou se situe à un stade moins avancé de leur carrière que leurs aînés. Ainsi, en Normandie, seuls 8 % des moins de 30 ans occupent un emploi de cadre contre 14 % des personnes âgées de plus de 30 ans.

La pratique du télétravail s’adresse aussi davantage aux personnes les plus diplômées. Quel que soit leur âge, les personnes titulaires d’un niveau de diplôme équivalent ou supérieur à bac+3 occupent plus souvent un emploi compatible avec le télétravail que les personnes ayant un niveau de diplôme inférieur au bac (58,1 % contre 18,8 % ; figure 5). Néanmoins, pour ces dernières, la possibilité de télétravailler augmente malgré tout avec l’âge et la progression de carrière professionnelle. Ainsi, 24 % des personnes âgées de 50 ans et plus sans le bac en Normandie occupent un emploi pouvant être télétravaillé, ils ne sont que 10 % des moins de 30 ans à condition de diplôme équivalente.

Figure 4Taux d’emplois susceptibles d’être télétravaillés par sexe et par âge en Normandie et en France hors Île-de-France

(en %)
Taux d’emplois susceptibles d’être télétravaillés par sexe et par âge en Normandie et en France hors Île-de-France ((en %))
Normandie France hors Île-de-France
Sexe Hommes 25,0 28,6
Femmes 41,5 43,1
Âge Moins de 30 ans 24,2 27,0
Entre 30 et 49 ans 35,0 37,8
50 ans et plus 35,6 37,5
Moyenne régionale 33,1 35,7
  • Champ : emplois salariés et non salariés, hors armée.
  • Source : RP 2019, exploitation complémentaire au lieu de travail.

Figure 5Taux d’emplois susceptibles d’être télétravaillés selon l’âge et le niveau de diplôme

(en %)
Taux d’emplois susceptibles d’être télétravaillés selon l’âge et le niveau de diplôme ((en %))
Âge Taux d'emplois télétravaillables
Moins de 30 ans, sans le bac 9,8
Moins de 30 ans, bac jusque bac +2 24,3
Moins de 30 ans, bac +3 ou plus 47,2
30-49 ans, sans le bac 16,5
30-49 ans, bac jusque bac +2 37,9
30-49 ans, bac +3 ou plus 61,0
50 ans et plus, sans le bac 24,2
50 ans et plus, bac jusque bac +2 48,9
50 ans et plus, bac +3 ou plus 60,6
  • Champ : emplois salariés et non salariés, hors armée.
  • Source : RP 2019, exploitation complémentaire au lieu de travail.

Figure 5Taux d’emplois susceptibles d’être télétravaillés selon l’âge et le niveau de diplôme

  • Champ : emplois salariés et non salariés, hors armée.
  • Source : RP 2019, exploitation complémentaire au lieu de travail.

Encadré - Résultat national

En 2019, 10 069 000 emplois sont susceptibles d’être télétravaillés en France métropolitaine, soit 38,9 % des emplois. Il existe de fortes disparités sur le territoire national qui sont souvent le reflet de la prévalence locale de certains secteurs d’activités économiques.

Au niveau régional, un emploi sur deux est compatible avec le télétravail en Île-de-France (figure 6). Cette région compte 30,9 % de cadres et professions intellectuelles supérieures, contre 11 à 17 % dans les autres régions. De même, la part d’emplois susceptibles d’être télétravaillés dans les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur, Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie est plus forte que dans les autres régions, notamment grâce à la présence de grandes métropoles qui concentrent à elles seules un grand nombre d’emplois qualifiés et d’emplois publics. Dans les métropoles de Lyon et Toulouse, plus de 45 % des emplois sont ainsi compatibles avec le télétravail.

La Corse se démarque parmi les régions dont les emplois sont les moins compatibles avec le télétravail : bien que le secteur tertiaire non marchand soit plus important dans cette région, la part d’emplois susceptibles d’être télétravaillés est parmi les plus faibles en raison d’une proportion moins importante d’emplois de cadres et professions intellectuelles supérieures.

Figure 6Part des emplois pouvant être télétravaillés par région

(en %)
Part des emplois pouvant être télétravaillés par région ((en %))
région Part des emplois pouvant être télétravaillés
Normandie 33,1
Île-de-France 50,1
Centre-Val-de-Loire 34,6
Bourgogne-Franche-Comté 32,5
Hauts-de-France 35,3
Grand Est 34,3
Pays de la Loire 35,7
Bretagne 34,6
Nouvelle Aquitaine 35,0
Occitanie 37,1
Auvergne-Rhône-Alpes 37,8
Provence-Alpes-Côte d'Azur 38,4
Corse 33,6
France métropolitaine 38,9
France métropolitaine hors Île-de-France 35,7
  • Champ : emplois salariés et non salariés, hors armée.
  • Source : RP 2019, exploitation complémentaire au lieu de travail.

Figure 6Part des emplois pouvant être télétravaillés par région

  • Champ : emplois salariés et non salariés, hors armée.
  • Source : RP 2019, exploitation complémentaire au lieu de travail.

Au niveau départemental, la part des emplois susceptibles d’être télétravaillés varie de 27,1 % dans les départements du Cantal et de la Creuse à 61,6 % dans celui des Hauts-de-Seine où se situe le quartier d’affaires de la Défense. À l’instar de ce dernier, d’autres départements d’Île-de-France présentent également de forts taux d’emplois pouvant être télétravaillés, au premier rang desquels se trouvent Paris (54,9 %), la Seine-Saint-Denis (46,3 %) et les Yvelines (46,2 %). Hors Île-de-France, la part d’emplois pouvant être télétravaillés dépasse 40 % dans les départements où se situent les plus grandes métropoles comme les départements du Rhône (45,4 %), de Haute-Garonne (43,4 %), des Bouches-du-Rhône (40,5 %) et de Gironde (40,1 %). Le secteur tertiaire (marchand et non-marchand) rassemble plus de 80 % des emplois de ces départements, et les emplois dans les secteurs comportant des activités scientifiques et techniques y sont plus nombreux.

Dans les départements métropolitains moins urbanisés, où l’activité est davantage tournée vers l’agriculture ou l’industrie, la part d’emplois pouvant être télétravaillés se situe en deçà de 30 %. C’est le cas des départements de la Haute-Loire (29,0 %), de la Haute-Marne (28,9 %), de l’Orne (28,4 %), de la Creuse (27,1 %), ou du Cantal (27,1 %).

Publication rédigée par :Flavien Alleaume, Anne-Sarah Horvais (Insee)

Pour comprendre

Selon le ministère du Travail, le télétravail se définit comme suit :

« Le télétravail désigne toute forme d’organisation du travail dans laquelle un travail qui aurait également pu être exécuté dans les locaux de l'employeur, est effectué par un salarié hors de ces locaux de façon volontaire, en utilisant les technologies de l'information et de la communication. »

Estimer la part des emplois susceptibles d’être télétravaillés revient à estimer la part des emplois qui peuvent être exercés selon ces modalités. La démarche retenue pour réaliser cette estimation s’inspire d’une publication de J. Dingel et B. Neiman, chercheurs à l’université de Chicago (Pour en savoir plus).

Les données sur lesquelles s’appuie cet article de recherche sont issues d’une enquête menée auprès de travailleurs américains, permettant ainsi l’étude de près de 1 000 professions différentes. Pour chacune de ces professions, une liste d’activités ou de situations de travail leur est soumise, telles que :

  • Utilisation d’e-mails moins d’une fois par mois
  • Travail à l’extérieur chaque jour
  • Exposition à des maladies ou infections chaque jour
  • Course ou marche la majorité du temps
  • Port d’équipements de sécurité ou de protection la majorité du temps
  • Travail directement avec le public

Si au moins l’une de ces activités ou situations de travail fait partie des éléments caractéristiques de la profession exercée, alors l’emploi est classé comme ne pouvant pas être télétravaillé. L’hypothèse retenue est que les tâches associées à un emploi donné caractérisent mieux le fait de pouvoir télétravailler que le seul intitulé de cet emploi.

Cette enquête permet ainsi in fine d’établir la possibilité de télétravailler pour chaque catégorie de la nomenclature américaine des professions. Toutefois, la nomenclature américaine des professions ne possède pas de correspondance directe avec la nomenclature française des professions et catégories socioprofessionnelles (PCS 2003). L’adaptation de la méthode de l’université de Chicago, pour permettre son application à la nomenclature française, nécessite donc de recourir à une classification intermédiaire (ISCO, International Standard Classification of Occupations).

Du fait de la correspondance imparfaite entre les différentes classifications et des hypothèses sur lesquelles repose cette démarche, la part d’emplois pouvant être télétravaillés, sur un territoire donné, indiquée dans cette publication constitue seulement une estimation et non une valeur absolue. De même, l’approche retenue ne permet pas de distinguer les emplois dont une partie seulement des tâches associées peut être télétravaillée.

Exemple illustratif  n°1 :

La PCS 211E désigne les « Artisans électriciens du bâtiment ». Ces emplois sont ventilés comme suit dans la classification internationale ISCO :

  • 12 % sont inclus dans la catégorie 3123 « Construction supervisors »
  • 88 % sont inclus dans la catégorie 7411 « Building and related electricians »

La catégorie ISCO 3123 possède une correspondance dans la classification américaine :

  • 47-1011 « First-Line Supervisors of Construction Trades and Extraction workers »

La catégorie ISCO 7411 possède deux correspondances dans la classification américaine :

  • 47-2111 « Electricians »
  • 47-2231 « Solar Photovoltaic Installers »

Au final, cette catégorie PCS correspond à deux catégories ISCO, elles-mêmes correspondant à trois catégories de professions américaines. Les emplois associés à ces dernières ayant été classés dans les travaux de Dingel et Neiman comme ne pouvant être télétravaillés, on répertorie donc l’ensemble des travailleurs « Artisans électriciens du bâtiment » comme occupant des emplois ne pouvant pas être télétravaillés, soit 1 936 emplois en Normandie et 46 720 emplois en France métropolitaine (source : RP 2019).

Exemple illustratif  n°2 :

La PCS 312F désigne les « Architectes libéraux ». Ces emplois correspondent à une unique catégorie dans la classification internationale ISCO :

  • 2161 « Building architects »

La catégorie ISCO 2161 possède une correspondance dans la classification américaine :

  • 17-1011 « Architects, except landscape and naval »

Au final, cette catégorie PCS correspond à une catégorie ISCO, elle-même correspondant à une catégorie de professions américaines. Les emplois associés à cette dernière étant classés dans les travaux de Dingel et Neiman comme susceptibles d’être télétravaillés, on répertorie donc l’ensemble des travailleurs « Architectes libéraux » comme occupant des emplois pouvant être télétravaillés, soit 954 emplois en Normandie et 34 005 emplois en France métropolitaine (source : RP 2019).

Pour en savoir plus

(1) Bergeaud A., Ray S., « Ouvrir dans un nouvel ongletThe economic transformations linked to teleworking », Post no 199, décembre 2021.

(2) Jauneau Y., Vidalenc J., « Durée travaillée et travail à domicile pendant le confinement : des différences marquées selon les professions », Insee Focus no 207, Octobre 2020.

(3) Dingel J.I, Neiman B, « Ouvrir dans un nouvel ongletHow many jobs can be done at home ? », Becker Friedman Institute for economics at Uchicago, Juin 2020.