Insee Flash Corse ·
Mars 2023 · n° 75
Les femmes au sein des couples en emploi : plus souvent diplômées, surqualifiées et
à temps partiel que leurs conjoints
En 2019, en Corse, 31 200 femmes vivent au sein d’un couple biactif, c’est-à-dire où les deux conjoints travaillent. Ces femmes sont plus diplômées et plus souvent surqualifiées dans l’emploi que leurs conjoints. Qu’il soit choisi ou subi, le travail à temps partiel est bien plus fréquent chez les femmes. Même à qualifications professionnelles identiques, le temps partiel reste une affaire de femmes, surtout lorsqu’un enfant arrive dans le foyer.
31 200 couples biactifs en Corse
En 2019, 79 800 femmes habitent en couple en Corse (figure 1). Parmi elles, 31 200 vivent au sein d’un couple biactif, c’est-à-dire où les deux conjoints occupent un emploi. Elles ont alors un profil différent des autres femmes avec notamment un niveau d’études plus élevé qui peut justifier un revenu essentiel au foyer. Elles maintiennent leur activité professionnelle, fusse à temps partiel, plutôt que d'arrêter de travailler pour se consacrer à la vie familiale. En Corse, elles représentent 39 % des femmes en couple contre 46 % en France de province. L’île se place ainsi au dernier rang de ces régions, trois points derrière Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Pour cause, les femmes insulaires restent plus souvent en retrait du marché du travail : le taux d’activité des femmes est de 67 % sur l’île contre 71 % en France de province.
tableauFigure 1 – Répartition des couples selon leur situation sur le marché du travail
Couples | biactifs | un actif en emploi, un actif au chômage | un seul actif | en inactivité | Ensemble |
---|---|---|---|---|---|
Effectifs | 31 200 | 6 200 | 16 300 | 26 100 | 79 800 |
- Source : Insee, recensement de la population 2019 exploitation complémentaire individu et famille.
graphiqueFigure 1 – Répartition des couples selon leur situation sur le marché du travail

- Source : Insee, recensement de la population 2019 exploitation complémentaire individu et famille.
Les femmes plus souvent diplômées du supérieur que leurs conjoints
Au sein des couples biactifs, 45 % des femmes sont diplômées du supérieur pour 34 % des hommes (figure 2). L’écart est plus marqué que dans l’ensemble de la population insulaire où 27 % des femmes ont un diplôme du supérieur pour 23 % des hommes. Dans les couples biactifs où les femmes sont diplômées du supérieur, une fois sur deux le conjoint a un diplôme de moindre niveau.
tableauFigure 2 – Répartition des diplômes des hommes selon ceux des femmes
Diplôme | Femmes | ||||
---|---|---|---|---|---|
Hommes | Sans diplôme | CAP BEP | Bac | Supérieur | Ensemble |
Sans Diplôme | 46 | 20 | 15 | 10 | 17 |
CAP BEP | 30 | 43 | 30 | 18 | 27 |
Bac | 14 | 21 | 32 | 20 | 23 |
Supérieur | 10 | 17 | 24 | 52 | 34 |
Ensemble | 100 | 100 | 100 | 100 | 100 |
- Lecture : Quand les femmes sont diplômées du supérieur, 52 % de leurs conjoints le sont également.
- Source : Insee, recensement de la population 2019 exploitation complémentaire individu et famille.
graphiqueFigure 2 – Répartition des diplômes des hommes selon ceux des femmes

- Lecture : Quand les femmes sont diplômées du supérieur, 52 % de leurs conjoints le sont également.
- Source : Insee, recensement de la population 2019 exploitation complémentaire individu et famille.
L’effet générationnel d’allongement des études depuis un demi-siècle apporte des différences à la fois entre les âges et entre les sexes. Ainsi, quel que soit l’âge, les femmes restent plus souvent diplômées du supérieur que leurs conjoints mais l’écart au sein du couple est le plus marqué parmi les jeunes générations. La part des diplômées post-bac chez les moins de 36 ans est supérieure de treize points à celle de leurs conjoints. Parmi les couples où les femmes ont 50 ans ou plus, cet écart se réduit de moitié pour s'établir à six points.
Les conjointes davantage surqualifiées dans leur emploi
Au sein du couple biactif, la surqualification peut concerner chacun des conjoints. Elle correspond à une situation où le niveau d’étude de l’individu lui permettrait théoriquement de prétendre à un emploi de plus haut niveau.
Les femmes, plus souvent diplômées du supérieur, sont aussi plus nombreuses à être alors surqualifiées. Cette surqualification concerne 57 % d’entre elles pour 39 % des conjoints. L’élévation du niveau d’étude, en particulier chez les femmes, se heurte au marché du travail insulaire très tertiarisé. Au sein des couples biactifs, une femme sur deux travaille comme employée et une sur dix exerce comme cadre en dépit d'un meilleur niveau d'études atteint (figure 3).
tableauFigure 3 – Répartition par professions et surqualification
Catégorie socioprofessionnelle | Femmes | Hommes | ||
---|---|---|---|---|
Répartition | Part de surqualifiées | Répartition | Part de surqualifiés | |
Employés | 48 | 27 | 18 | 24 |
Professions Intermédiaires | 28 | 45 | 24 | 27 |
Cadres, professions intellectuelles sup | 11 | 0 | 14 | 0 |
Artisans, commerçants, chefs entreprise | 7 | 0 | 16 | 0 |
Ouvriers | 5 | 15 | 25 | 11 |
Agriculteurs exploitants | 1 | 0 | 3 | 0 |
Ensemble | 100 | 26 | 100 | 14 |
- Source : Insee, recensement de la population 2019 exploitation complémentaire individu et famille.
Les jeunes générations de femmes occupent plus souvent des postes en discordance avec leur niveau d’étude. En effet, deux tiers des moins de 36 ans sont concernées par une telle situation contre une femme sur deux parmi leurs aînées.
En outre, l’écart entre conjoints face à cette surqualification est moindre au sein des plus jeunes générations. Il est de treize points chez les couples où les femmes ont moins de 36 ans et s'établit à vingt et un points pour les couples où la conjointe est âgée de 50 ans ou plus.
Les mères plus fréquemment à temps partiel que leurs conjoints
Au sein des couples biactifs, 18 % des femmes travaillent à temps partiel, tout comme l’ensemble des femmes de l’île. La présence d’enfant(s) au sein du couple influence cette situation. En l’absence d’enfant, elles sont 15 % dans ce cas ; avec un ou plusieurs enfants, elles sont 19 % (figure 4). En revanche, la présence d’enfant(s) n’affecte pas le comportement de leurs conjoints vis-à-vis du temps partiel. En effet, 5 % d’entre eux travaillent à temps partiel quelle que soit la composition familiale.
Le nombre de femmes exerçant à temps partiel s’explique en partie par le type d’emploi qu’elles occupent. La moitié d’entre elles exercent des métiers et travaillent dans des secteurs où les contrats proposés sont plus nombreux à temps partiel. Ainsi, la part des femmes travaillant à temps partiel baisse quand la catégorie socioprofessionnelle augmente. Parmi les femmes cadres, 13 % sont à temps partiel alors qu’elles sont 33 % parmi les femmes ouvrières.
tableauFigure 4 – Répartition par secteur d’activité du travail à temps partiel
Catégorie socioprofessionnelle | Femmes à temps partiel | Hommes à temps partiel | ||
---|---|---|---|---|
Sans enfant | Avec enfant(s) | Sans enfant | Avec enfant(s) | |
Employés | 19 | 22 | 6 | 4 |
Professions Intermédiaires | 9 | 16 | 5 | 3 |
Cadres, professions intellectuelles sup | 8 | 13 | 5 | 3 |
Artisans, commerçants, chefs entreprise | 13 | 13 | 5 | 4 |
Ouvriers | 30 | 33 | 4 | 3 |
Agriculteurs exploitants | 6 | 7 | 1 | 2 |
Ensemble | 15 | 19 | 5 | 4 |
- Source : Insee, recensement de la population 2019 exploitation complémentaire individu et famille.
Même lorsque les deux membres du couple exercent la même profession (9 100 couples), le constat est identique. Avec la présence d’un enfant au moins, c’est la femme qui réduit son temps de travail pour en assumer la charge. Parmi les cadres et les professions intellectuelles, 10 % des femmes sans enfants sont à temps partiel. Ce taux atteint 14 % avec la présence d’un enfant au moins dans le foyer tandis que 3 % de leurs conjoints sont à temps partiel, indépendamment de la composition familiale. Au sein des couples de professions intermédiaires (un tiers des couples), la part des femmes à temps partiel double, passant de 8 % à 16 % avec la présence d’au moins un enfant. Fait notable, le temps partiel de leurs conjoints évolue à l’inverse : il passe de 5 % à 3 % avec l’arrivée d’un enfant.
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Sources
Les données utilisées dans cette étude sont issues du recensement de la population 2019 et de ses exploitations complémentaires.
Définitions
Une personne vit en couple au sens du recensement si, âgée de 14 ans ou plus, elle répond « oui » à la question : « vivez-vous en couple ? ». Cette question n’impose aucune condition concernant l’état matrimonial légal ou le conjoint.
L’un des objectifs de cette étude étant d’analyser les différences entre sexes, les couples de même sexe n’ont pas été retenus dans le champ. Les couples « biactifs » désignent les couples hétérosexuels dont les deux conjoints travaillent.
La surqualification correspond à une différence entre le niveau de diplôme acquis et la catégorie d’emploi occupé, considérée comme inférieure à ce à quoi l’on pourrait théoriquement prétendre.
Pour en savoir plus
Akiki M., « Couples biactifs : qui se ressemble s’assemble », Insee Flash Corse no 30, janvier 2018.
Bentoudja L., « Être parent : des cadres aux ouvrières, plus de conséquences sur l’emploi des femmes », Insee Première no 1795, mars 2020.