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Insee Flash Corse · Mars 2023 · n° 75
Insee Flash CorseLes femmes au sein des couples en emploi : plus souvent diplômées, surqualifiées et à temps partiel que leurs conjoints

Isabelle Tourtin-Battini, Xavier Pétillon (Insee)

En 2019, en Corse, 31 200 femmes vivent au sein d’un couple biactif, c’est-à-dire où les deux conjoints travaillent. Ces femmes sont plus diplômées et plus souvent surqualifiées dans l’emploi que leurs conjoints. Qu’il soit choisi ou subi, le travail à temps partiel est bien plus fréquent chez les femmes. Même à qualifications professionnelles identiques, le temps partiel reste une affaire de femmes, surtout lorsqu’un enfant arrive dans le foyer.

Insee Flash Corse
No 75
Paru le :Paru le08/03/2023

31 200 couples biactifs en Corse

En 2019, 79 800 femmes habitent en en Corse (figure 1). Parmi elles, 31 200 vivent au sein d’un , c’est-à-dire où les deux conjoints occupent un emploi. Elles ont alors un profil différent des autres femmes avec notamment un niveau d’études plus élevé qui peut justifier un revenu essentiel au foyer. Elles maintiennent leur activité professionnelle, fusse à temps partiel, plutôt que d'arrêter de travailler pour se consacrer à la vie familiale. En Corse, elles représentent 39 % des femmes en couple contre 46 % en France de province. L’île se place ainsi au dernier rang de ces régions, trois points derrière Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Pour cause, les femmes insulaires restent plus souvent en retrait du marché du travail : le taux d’activité des femmes est de 67 % sur l’île contre 71 % en France de province.

Figure 1Répartition des couples selon leur situation sur le marché du travail

Répartition des couples selon leur situation sur le marché du travail
Couples biactifs un actif en emploi, un actif au chômage un seul actif en inactivité Ensemble
Effectifs 31 200 6 200 16 300 26 100 79 800
  • Source : Insee, recensement de la population 2019 exploitation complémentaire individu et famille.

Figure 1Répartition des couples selon leur situation sur le marché du travail

  • Source : Insee, recensement de la population 2019 exploitation complémentaire individu et famille.

Les femmes plus souvent diplômées du supérieur que leurs conjoints

Au sein des couples biactifs, 45 % des femmes sont diplômées du supérieur pour 34 % des hommes (figure 2). L’écart est plus marqué que dans l’ensemble de la population insulaire où 27 % des femmes ont un diplôme du supérieur pour 23 % des hommes. Dans les couples biactifs où les femmes sont diplômées du supérieur, une fois sur deux le conjoint a un diplôme de moindre niveau.

Figure 2Répartition des diplômes des hommes selon ceux des femmes

(en %)
Répartition des diplômes des hommes selon ceux des femmes ((en %)) - Lecture : Quand les femmes sont diplômées du supérieur, 52 % de leurs conjoints le sont également.
Diplôme Femmes
Hommes Sans diplôme CAP BEP Bac Supérieur Ensemble
Sans Diplôme 46 20 15 10 17
CAP BEP 30 43 30 18 27
Bac 14 21 32 20 23
Supérieur 10 17 24 52 34
Ensemble 100 100 100 100 100
  • Lecture : Quand les femmes sont diplômées du supérieur, 52 % de leurs conjoints le sont également.
  • Source : Insee, recensement de la population 2019 exploitation complémentaire individu et famille.

Figure 2Répartition des diplômes des hommes selon ceux des femmes

  • Lecture : Quand les femmes sont diplômées du supérieur, 52 % de leurs conjoints le sont également.
  • Source : Insee, recensement de la population 2019 exploitation complémentaire individu et famille.

L’effet générationnel d’allongement des études depuis un demi-siècle apporte des différences à la fois entre les âges et entre les sexes. Ainsi, quel que soit l’âge, les femmes restent plus souvent diplômées du supérieur que leurs conjoints mais l’écart au sein du couple est le plus marqué parmi les jeunes générations. La part des diplômées post-bac chez les moins de 36 ans est supérieure de treize points à celle de leurs conjoints. Parmi les couples où les femmes ont 50 ans ou plus, cet écart se réduit de moitié pour s'établir à six points.

Les conjointes davantage surqualifiées dans leur emploi

Au sein du couple biactif, la peut concerner chacun des conjoints. Elle correspond à une situation où le niveau d’étude de l’individu lui permettrait théoriquement de prétendre à un emploi de plus haut niveau.

Les femmes, plus souvent diplômées du supérieur, sont aussi plus nombreuses à être alors surqualifiées. Cette surqualification concerne 57 % d’entre elles pour 39 % des conjoints. L’élévation du niveau d’étude, en particulier chez les femmes, se heurte au marché du travail insulaire très tertiarisé. Au sein des couples biactifs, une femme sur deux travaille comme employée et une sur dix exerce comme cadre en dépit d'un meilleur niveau d'études atteint (figure 3).

Figure 3Répartition par professions et surqualification

(en %)
Répartition par professions et surqualification ((en %))
Catégorie socioprofessionnelle Femmes Hommes
Répartition Part de surqualifiées Répartition Part de surqualifiés
Employés 48 27 18 24
Professions Intermédiaires 28 45 24 27
Cadres, professions intellectuelles sup 11 0 14 0
Artisans, commerçants, chefs entreprise 7 0 16 0
Ouvriers 5 15 25 11
Agriculteurs exploitants 1 0 3 0
Ensemble 100 26 100 14
  • Source : Insee, recensement de la population 2019 exploitation complémentaire individu et famille.

Les jeunes générations de femmes occupent plus souvent des postes en discordance avec leur niveau d’étude. En effet, deux tiers des moins de 36 ans sont concernées par une telle situation contre une femme sur deux parmi leurs aînées.

En outre, l’écart entre conjoints face à cette surqualification est moindre au sein des plus jeunes générations. Il est de treize points chez les couples où les femmes ont moins de 36 ans et s'établit à vingt et un points pour les couples où la conjointe est âgée de 50 ans ou plus.

Les mères plus fréquemment à temps partiel que leurs conjoints

Au sein des couples biactifs, 18 % des femmes travaillent à temps partiel, tout comme l’ensemble des femmes de l’île. La présence d’enfant(s) au sein du couple influence cette situation. En l’absence d’enfant, elles sont 15 % dans ce cas ; avec un ou plusieurs enfants, elles sont 19 % (figure 4). En revanche, la présence d’enfant(s) n’affecte pas le comportement de leurs conjoints vis-à-vis du temps partiel. En effet, 5 % d’entre eux travaillent à temps partiel quelle que soit la composition familiale.

Le nombre de femmes exerçant à temps partiel s’explique en partie par le type d’emploi qu’elles occupent. La moitié d’entre elles exercent des métiers et travaillent dans des secteurs où les contrats proposés sont plus nombreux à temps partiel. Ainsi, la part des femmes travaillant à temps partiel baisse quand la catégorie socioprofessionnelle augmente. Parmi les femmes cadres, 13 % sont à temps partiel alors qu’elles sont 33 % parmi les femmes ouvrières.

Figure 4Répartition par secteur d’activité du travail à temps partiel

(en %)
Répartition par secteur d’activité du travail à temps partiel ((en %))
Catégorie socioprofessionnelle Femmes à temps partiel Hommes à temps partiel
Sans enfant Avec enfant(s) Sans enfant Avec enfant(s)
Employés 19 22 6 4
Professions Intermédiaires 9 16 5 3
Cadres, professions intellectuelles sup 8 13 5 3
Artisans, commerçants, chefs entreprise 13 13 5 4
Ouvriers 30 33 4 3
Agriculteurs exploitants 6 7 1 2
Ensemble 15 19 5 4
  • Source : Insee, recensement de la population 2019 exploitation complémentaire individu et famille.

Même lorsque les deux membres du couple exercent la même profession (9 100 couples), le constat est identique. Avec la présence d’un enfant au moins, c’est la femme qui réduit son temps de travail pour en assumer la charge. Parmi les cadres et les professions intellectuelles, 10 % des femmes sans enfants sont à temps partiel. Ce taux atteint 14 % avec la présence d’un enfant au moins dans le foyer tandis que 3 % de leurs conjoints sont à temps partiel, indépendamment de la composition familiale. Au sein des couples de professions intermédiaires (un tiers des couples), la part des femmes à temps partiel double, passant de 8 % à 16 % avec la présence d’au moins un enfant. Fait notable, le temps partiel de leurs conjoints évolue à l’inverse : il passe de 5 % à 3 % avec l’arrivée d’un enfant.

Publication rédigée par :Isabelle Tourtin-Battini, Xavier Pétillon (Insee)

En partenariat avec :

- la Direction régionale aux droits des femmes et à l’égalité de Corse
- la Direction régionale aux droits des femmes et à l’égalité de Corse

Sources

Les données utilisées dans cette étude sont issues du recensement de la population 2019 et de ses exploitations complémentaires.

Définitions

Une personne vit en couple au sens du recensement si, âgée de 14 ans ou plus, elle répond « oui » à la question : « vivez-vous en couple ? ». Cette question n’impose aucune condition concernant l’état matrimonial légal ou le conjoint.

L’un des objectifs de cette étude étant d’analyser les différences entre sexes, les couples de même sexe n’ont pas été retenus dans le champ. Les couples « biactifs » désignent les couples hétérosexuels dont les deux conjoints travaillent.

La surqualification correspond à une différence entre le niveau de diplôme acquis et la catégorie d’emploi occupé, considérée comme inférieure à ce à quoi l’on pourrait théoriquement prétendre.

Pour en savoir plus

Akiki M., « Couples biactifs : qui se ressemble s’assemble », Insee Flash Corse no 30, janvier 2018.

Bentoudja L., « Être parent : des cadres aux ouvrières, plus de conséquences sur l’emploi des femmes », Insee Première no 1795, mars 2020.