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Insee Analyses Centre-Val de Loire · Février 2023 · n° 92
Insee Analyses Centre-Val de LoireEn Centre-Val de Loire, plus de 20 000 postes saisonniers en été

Jean-Baptiste Movellan, Olivier Diel (Insee), Nicolas Birot (Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités)

L’emploi saisonnier représente 139 100 postes en Centre-Val de Loire sur l’ensemble de l’année 2017, et en particulier plus de 20 000 postes en simultané en juillet et en août. L’ensemble de ces postes saisonniers, aux durées souvent très courtes, pèse 1,2 % du total de l’emploi salarié en équivalent temps pleins. Les emplois saisonniers non intérimaires sont souvent mobilisés dans les secteurs agricoles ou touristiques connaissant des pics d’activité relativement brefs mais de grande ampleur. Les emplois saisonniers intérimaires concernent d’autres secteurs, comme l’industrie et la construction, où les hausses saisonnières d’emploi s’étendent généralement sur des périodes plus longues. Les saisonniers sont souvent de jeunes ouvriers non qualifiés, avec de faibles salaires horaires. Même s’ils occupent fréquemment plusieurs postes sur l’année, parfois avec des contrats qui se chevauchent, huit saisonniers sur dix perçoivent un bas revenu salarial.

Insee Analyses Centre-Val de Loire
No 92
Paru le :Paru le14/02/2023

Des postes saisonniers nombreux mais souvent très courts

L’activité économique d’une entreprise peut être inégalement répartie au cours de l’année, avec par exemple une hausse de la fréquentation touristique en été ou des pics d’activité commerciale lors des fêtes de fin d’année. Par ailleurs, il est souvent nécessaire de remplacer les salariés permanents lors de leurs périodes de congés. Pour faire face à ces congés comme à ces surcroîts d’activité, de nombreux secteurs ont recours à une main d’œuvre supplémentaire, qualifiée d’emploi saisonnier. L’ est ici mesuré à partir de l’observation, à une échelle locale et pour un secteur d’activité donné, de pics d’emploi temporaires et récurrents d’une année sur l’autre.

En 2017 en Centre-Val de Loire, 139 100 peuvent être qualifiés de saisonniers dont 95 400 postes de saisonniers intérimaires (encadré 1). Ce nombre élevé de postes doit toutefois être nuancé, car les emplois saisonniers se caractérisent par des durées très courtes. Ils se limitent en moyenne à un volume de 101 heures, réparties sur une période de vingt jours. De plus, la moitié d’entre eux ne dépassent pas dix jours et 43 heures de travail.

Au total, les 139 100 postes saisonniers du Centre-Val de Loire représentent 14 millions d’heures, autrement dit 7 690 emplois en équivalent temps plein (ETP). Ils pèsent ainsi 1,2 % de l’ensemble du volume horaire de l’emploi salarié (1,4 % à l’échelle de la France hors Mayotte). Ce régional est similaire à celui des autres régions françaises situées dans le quart nord-est du pays, et est plus élevé que celui de l’Île-de-France. En revanche, il est bien plus faible que dans les régions plus touristiques du sud du pays (figure 1). Dans la région, des disparités entre les départements apparaissent : si le Cher compte peu d’emplois saisonniers parmi les emplois salariés en équivalent temps plein, ce taux de recours est égal au niveau national dans le Loir-et-Cher et y est même supérieur dans le Loiret.

Figure 1aPart en équivalent temps plein de l’emploi saisonnier dans l’ensemble de l’emploi salarié

(en %)
Part en équivalent temps plein de l’emploi saisonnier dans l’ensemble de l’emploi salarié ((en %))
code de la région Région Taux de recours
01 Guadeloupe 0,35
02 Martinique 0,48
03 Guyane 0,86
04 La Réunion 0,81
11 île-de-France 0,77
24 Centre-Val de Loire 1,24
27 Bourgogne-Franche-Comté 1,44
28 Normandie 1,17
32 Hauts-de-France 1,13
44 Grand Est 1,33
52 Pays de la Loire 1,61
53 Bretagne 1,75
75 Nouvelle-Aquitaine 1,86
76 Occitanie 1,86
84 Auvergne-Rhône-Alpes 1,89
93 Provence-Alpes-Côte d'Azur 2,07
94 Corse 4,56
FR France hors Mayotte 1,41
  • Champ : France hors Mayotte, postes salariés, dont saisonniers, du privé, hors salariés des particuliers-employeurs.
  • Source : Insee, base Tous salariés 2017.

Figure 1aPart en équivalent temps plein de l’emploi saisonnier dans l’ensemble de l’emploi salarié

  • Champ : France hors Mayotte, postes salariés, dont saisonniers, du privé, hors salariés des particuliers-employeurs.
  • Source : Insee, base Tous salariés 2017.

De jeunes saisonniers qui occupent parfois plusieurs postes simultanément

Un salarié est qualifié de saisonnier s’il occupe au moins un poste saisonnier sur l’année. Cependant, au cours de la même année, un même saisonnier peut exercer plusieurs postes salariés, qui ne seront pas nécessairement tous des postes saisonniers. Ainsi, 96 700 saisonniers résident en Centre-Val de Loire en 2017. Ceux-ci auront occupé, au total sur l’ensemble de l’année, 3,4 postes salariés (saisonniers ou non) en moyenne contre 1,6 pour l’ensemble des salariés.

Un salarié qui occupe un poste saisonnier de manière simultanée à un autre poste salarié, saisonnier ou non, est qualifié de saisonnier . Près d’un saisonnier de la région sur cinq est multi-actif, contre 7 % pour l’ensemble des salariés. La multi-activité est plus répandue dans les secteurs du transport et entreposage où 35 % des saisonniers sont multi-actifs, comme dans le secteur de l’information et communication (35 % également).

De manière générale, l’emploi saisonnier ne présente pas de spécificité de genre : 44 % des saisonniers de la région sont des femmes, soit une répartition similaire à celle parmi les salariés (45 %). Il n’en va toutefois pas de même pour la multi-activité. Les femmes représentent 54 % des salariés multi-actifs, mais seulement 46 % des saisonniers multi-actifs.

Les saisonniers sont plutôt jeunes, âgés de 31,6 ans en moyenne, contre 39,4 ans pour l’ensemble des salariés. En particulier, les très jeunes sont sur-représentés : 46 % des saisonniers ont moins de 25 ans, contre 19 % pour l’ensemble des salariés (figure 2). Près d’un tiers d’entre eux ont entre 30 et 49 ans, et seuls 12 % ont 50 ans ou plus. Cette répartition régionale est similaire à l’échelle nationale.

Figure 2Répartition par âge des saisonniers et de l’ensemble des salariés en Centre-Val de Loire

(en %)
Répartition par âge des saisonniers et de l’ensemble des salariés en Centre-Val de Loire ((en %))
Âge Moins de 25 ans 26-29 ans 30-49 ans 50 ans et plus
Saisonniers salariés 45,6 10,1 32,2 12,1
Ensemble des salariés 18,8 9,2 45,7 26,3
  • Champ : Centre-Val de Loire, salariés, dont saisonniers, du privé, hors salariés des particuliers-employeurs.
  • Source : Insee, base Tous salariés 2017.

Figure 2Répartition par âge des saisonniers et de l’ensemble des salariés en Centre-Val de Loire

  • Champ : Centre-Val de Loire, salariés, dont saisonniers, du privé, hors salariés des particuliers-employeurs.
  • Source : Insee, base Tous salariés 2017.

En termes de professions et catégories socioprofessionnelles, les saisonniers sont également très différents des autres salariés. En Centre-Val de Loire, 41 % des saisonniers sont ouvriers non qualifiés et seulement 4 % sont cadres, contre respectivement 16 % et 11 % de l’ensemble des salariés.

Enfin, l’éloignement domicile-travail des saisonniers du Centre-Val de Loire reste relativement modéré. Les trois quarts des saisonniers de la région habitent dans la zone d’emploi où ils travaillent et, au contraire, seuls 10,5 % n’habitent ni dans la même zone d’emploi, ni dans la même région. Les deux tiers des saisonniers mettent moins de 30 minutes à se rendre sur leur lieu de travail.

Très peu de postes saisonniers en période hivernale en Centre-Val de Loire

Les recrutements de saisonniers, qui répondent à des motivations variées, ne se répartissent pas de façon homogène au cours de l’année. En Centre-Val de Loire, ils sont très peu nombreux durant l’ensemble de la période hivernale, contrairement à certaines zones de montagne bénéficiant d’un tourisme d’hiver fortement développé. En revanche, tout au long de la période estivale, les 20 000 postes saisonniers occupés sont dépassés en permanence (figure 3). C’est vers la fin du mois de juillet que le nombre d’emplois saisonniers atteint son maximum. Il entame ensuite une décrue, particulièrement forte à partir de la rentrée de septembre.

Figure 3Nombre journalier de postes saisonniers en Centre-Val de Loire

Nombre journalier de postes saisonniers en Centre-Val de Loire
Jour Mois Volume de postes saisonniers
1 Janvier 30
2 30
3 31
4 31
5 31
6 28
7 28
8 28
9 28
10 28
11 28
12 28
13 36
14 36
15 35
16 35
17 35
18 36
19 38
20 39
21 39
22 38
23 38
24 38
25 38
26 38
27 39
28 31
29 30
30 30
31 Février 31
32 31
33 31
34 31
35 31
36 35
37 36
38 37
39 38
40 37
41 37
42 37
43 42
44 42
45 43
46 52
47 56
48 54
49 52
50 93
51 102
52 106
53 106
54 108
55 101
56 102
57 167
58 164
59 164
60 169
61 Mars 209
62 211
63 215
64 192
65 192
66 231
67 237
68 246
69 257
70 294
71 271
72 269
73 322
74 329
75 344
76 348
77 325
78 274
79 271
80 334
81 348
82 362
83 379
84 386
85 366
86 364
87 409
88 449
89 458
90 478
91 Avril 444
92 437
93 533
94 587
95 620
96 660
97 684
98 669
99 654
100 1038
101 1196
102 1321
103 1409
104 1475
105 1419
106 1429
107 1621
108 2217
109 2490
110 2488
111 2492
112 2313
113 2066
114 2041
115 2174
116 2412
117 2560
118 2567
119 2351
120 2214
121 Mai 2367
122 3009
123 3197
124 3396
125 3390
126 3262
127 3202
128 3256
129 3996
130 4234
131 4450
132 4616
133 4310
134 4258
135 5287
136 5628
137 5896
138 6028
139 6188
140 5761
141 5618
142 6657
143 6946
144 7115
145 6626
146 6780
147 6657
148 6467
149 7747
150 8975
151 Juin 9604
152 9664
153 9118
154 8955
155 9264
156 11190
157 11705
158 12055
159 12269
160 11676
161 11471
162 13340
163 13787
164 14317
165 14624
166 14480
167 13559
168 13314
169 15329
170 15900
171 16315
172 16727
173 16795
174 15845
175 15443
176 17532
177 18166
178 18495
179 18541
180 18575
181 Juillet 16856
182 16431
183 20934
184 21707
185 22279
186 22715
187 23102
188 21927
189 21707
190 24963
191 25555
192 25936
193 25987
194 24745
195 24380
196 24025
197 26473
198 27037
199 27467
200 27582
201 27446
202 25762
203 25364
204 27130
205 27363
206 27431
207 27358
208 27055
209 23767
210 25555
211 Août 25220
212 25313
213 25393
214 25294
215 22713
216 22417
217 24120
218 24475
219 24712
220 24743
221 24669
222 22568
223 22181
224 22787
225 22580
226 23689
227 23832
228 23755
229 22293
230 21575
231 22949
232 23092
233 23377
234 23480
235 23350
236 21172
237 20469
238 21655
239 21855
240 22412
241 Septembre 19530
242 16980
243 16112
244 17718
245 18044
246 18264
247 18419
248 18379
249 16900
250 16532
251 17827
252 18189
253 18372
254 18486
255 18465
256 17054
257 16555
258 17678
259 18001
260 18166
261 18261
262 18296
263 16714
264 16315
265 17259
266 17603
267 17567
268 17593
269 17324
270 14594
271 Octobre 12925
272 14128
273 14266
274 14286
275 14339
276 14229
277 12950
278 12652
279 13411
280 13627
281 13618
282 13625
283 13354
284 12043
285 11782
286 12595
287 12657
288 12701
289 12641
290 12298
291 11077
292 10832
293 11798
294 11831
295 11931
296 11722
297 11609
298 9955
299 9675
300 10629
301 Novembre 8920
302 9227
303 9131
304 7695
305 7409
306 8028
307 8235
308 8236
309 8161
310 8010
311 6905
312 6759
313 7317
314 7391
315 7544
316 7402
317 7219
318 6101
319 5834
320 6276
321 6303
322 6208
323 6075
324 5885
325 4977
326 4793
327 5160
328 5116
329 4936
330 4798
331 Décembre 3912
332 3129
333 2964
334 3162
335 3125
336 3035
337 2898
338 2752
339 2214
340 2117
341 2217
342 2117
343 2030
344 1841
345 1554
346 775
347 762
348 785
349 772
350 743
351 677
352 606
353 338
354 330
355 321
356 325
357 306
358 303
359 278
360 218
  • Note : les dates sont calculées par rapport au 1er janvier. Elles sont comprises entre 1 et 360, l’année étant comptée dans la base Tous salariés comme 12 mois de 30 jours.
  • Champ : Centre-Val de Loire, postes salariés saisonniers du privé, hors salariés des particuliers-employeurs.
  • Source : Insee, base Tous salariés 2017.

Figure 3Nombre journalier de postes saisonniers en Centre-Val de Loire

  • Note : les dates sont calculées par rapport au 1er janvier. Elles sont comprises entre 1 et 360, l’année étant comptée dans la base Tous salariés comme 12 mois de 30 jours.
  • Champ : Centre-Val de Loire, postes salariés saisonniers du privé, hors salariés des particuliers-employeurs.
  • Source : Insee, base Tous salariés 2017.

Des saisonniers non intérimaires dans les secteurs agricoles et touristiques

En Centre-Val de Loire, l’ représente 43 700 postes, soit 2 540 emplois en ETP. Le taux de recours à ce type d’emploi saisonnier se limite ainsi à 0,4 % du total de l’emploi salarié, niveau deux fois plus faible qu’à l’échelle nationale (0,8 %).

Néanmoins, il existe une grande disparité selon les secteurs d’activité. Ces saisonniers non intérimaires sont principalement employés dans les secteurs où les pics d’emploi sont très liés aux pics d’activité à certaines périodes de l’année, souvent d’assez courtes durées. Ainsi, le taux de recours est le plus élevé (3,6 %) dans le secteur agricole. Les secteurs liés au tourisme recourent aussi fortement à ces saisonniers. Le taux de recours dans le secteur de l’hébergement-restauration s’élève à 2,3 %, et à 1,6 % dans les autres activités de services, qui emploient essentiellement des saisonniers dans les activités artistiques et de spectacles. Cependant, pour chacun des secteurs cités, le taux de recours régional reste inférieur au niveau national.

À l’inverse, la construction et l’industrie ont peu recours aux saisonniers non intérimaires. Ces secteurs peuvent présenter malgré tout une certaine saisonnalité de leur activité, sur des périodes souvent plus longues. De plus, ils font face à la nécessité de remplacer leurs salariés permanents lors de leurs congés, en particulier au cours de l’été, période de départ massif en vacances. Pour ce faire, les recruteurs se tournent principalement vers les saisonniers intérimaires (encadré 1).

Les secteurs employant des saisonniers varient selon les zones d’emploi

En Centre-Val de Loire, les zones d’emploi avec les plus hauts taux de recours à l’emploi saisonnier non intérimaire sont aussi celles qui ont le plus recours aux saisonniers agricoles. C’est le cas des zones d’emploi de Chinon, Romorantin-Lanthenay et Blois. Néanmoins, seule celle de Chinon a un taux de recours supérieur au niveau national : 0,9 % contre 0,8 % pour la France entière (figure 4).

À l’inverse, les zones d’emploi de Vierzon, Nogent-le-Rotrou, Châteaudun et Nevers ont les taux de recours à l’emploi saisonnier hors intérim, les plus bas de la région (moins de 0,3 %).

Figure 4Taux de recours à l’emploi saisonnier non intérimaire par zone d’emploi et volume d’emploi saisonnier en ETP associé

Taux de recours à l’emploi saisonnier non intérimaire par zone d’emploi et volume d’emploi saisonnier en ETP associé
Région Zonage Zone d’emploi Taux de recours (en %) Nombre d’ETP saisonniers
Centre-Val de Loire 2401 Blois 0,66 290
2402 Bourges 0,41 170
2403 Chartres 0,37 190
2404 Châteaudun 0,24 ≤30
2405 Châteauroux 0,38 160
2406 Chinon 0,9 90
2407 Gien 0,41 70
2408 Loches 0,43 40
2409 Montargis 0,35 80
2410 Orléans 0,37 450
2411 Pithiviers 0,45 60
2412 Romorantin-Lanthenay 0,73 130
2413 Tours 0,51 640
2414 Vendôme 0,35 50
2415 Vierzon 0,12 ≤30
0056 Cosne-Cours-sur-Loire 0,37 50
0057 Dreux 0,25 60
0061 Nogent-le-Rotrou 0,14 ≤30
0060 Nevers 0,24 70
  • Champ : Centre-Val de Loire, postes salariés saisonniers du privé, hors salariés des particuliers-employeurs et intérimaires.
  • Source : Insee, base Tous salariés 2017.

Figure 4Taux de recours à l’emploi saisonnier non intérimaire par zone d’emploi et volume d’emploi saisonnier en ETP associé

  • Champ : Centre-Val de Loire, postes salariés saisonniers du privé, hors salariés des particuliers-employeurs et intérimaires.
  • Source : Insee, base Tous salariés 2017.

Des revenus salariaux annuels très faibles, malgré la multi-activité des saisonniers

En Centre-Val de Loire, seule la moitié des saisonniers non intérimaires ont un supérieur à 9,3 €, contre 10,2 € pour l’ensemble des salariés (figure 5). Pour la plupart des secteurs d’activité, ce salaire médian des saisonniers est inférieur à 10 € de l’heure. Les saisonniers ne perçoivent donc souvent qu’un salaire horaire légèrement plus élevé que le SMIC (7,5 € nets en 2017). Les autres activités de services, qui emploient un grand nombre de saisonniers dans les activités artistiques et de spectacles, font exception avec un salaire horaire médian de 11,2 €.

Plus faibles, les salaires horaires des saisonniers sont aussi moins dispersés : l’écart entre les 25 % des saisonniers les mieux payés et les 25 % les moins bien payés se limite à 2,3 € de l’heure. Cet écart est deux fois plus important pour l’ensemble des salariés.

Cette moindre dispersion vient du fait que les salaires horaires élevés sont rares chez les saisonniers : seul un saisonnier sur quatre perçoit plus de 10,8 € de l’heure (13,3 € pour l’ensemble des salariés).

Figure 5Salaires horaires des principaux secteurs d’activité employant des saisonniers

Salaires horaires des principaux secteurs d’activité employant des saisonniers - Lecture : les quartiles et la médiane découpent la population en 4 parties d’effectifs égaux : 25 % des saisonniers ont un salaire inférieur au 1er quartile, 25 % ont un salaire compris entre le 1er quartile et la médiane, 25 % ont un salaire compris entre la médiane et le 3e quartile, et 25 % ont un salaire supérieur au 3e quartile.
Secteurs employant le plus de saisonniers 1er quartile du salaire horaire net Médiane du salaire horaire net 3e quartile du salaire horaire net
Activités scientifiques et techniques 8,6 9,2 9,8
Agriculture 7,7 8,4 9,1
Autres activités de services 9,0 11,3 15,0
Commerce 8,4 8,9 9,6
Enseignement, santé humaine et action sociale 8,9 10,0 11,4
Hébergement et restauration 8,5 9,1 10,0
Ensemble des saisonniers 8,5 9,3 10,8
Ensemble des salariés 8,7 10,2 13,3
  • Lecture : les quartiles et la médiane découpent la population en 4 parties d’effectifs égaux : 25 % des saisonniers ont un salaire inférieur au 1er quartile, 25 % ont un salaire compris entre le 1er quartile et la médiane, 25 % ont un salaire compris entre la médiane et le 3e quartile, et 25 % ont un salaire supérieur au 3e quartile.
  • Champ : Centre-Val de Loire, postes salariés saisonniers du privé, hors salariés des particuliers-employeurs et intérimaires.
  • Source : Insee, base tous salariés 2017.

Figure 5Salaires horaires des principaux secteurs d’activité employant des saisonniers

  • Lecture : les quartiles et la médiane découpent la population en 4 parties d’effectifs égaux : 25 % des saisonniers ont un salaire inférieur au 1er quartile, 25 % ont un salaire compris entre le 1er quartile et la médiane, 25 % ont un salaire compris entre la médiane et le 3e quartile, et 25 % ont un salaire supérieur au 3e quartile.
  • Champ : Centre-Val de Loire, postes salariés saisonniers du privé, hors salariés des particuliers-employeurs et intérimaires.
  • Source : Insee, base tous salariés 2017.

De nombreux saisonniers ne perçoivent que de faibles revenus salariés sur l’ensemble de l’année. La part des , ne dépassant pas deux tiers du salaire médian, est donc très élevée. En Centre-Val de Loire, huit saisonniers sur dix ne perçoivent qu’un bas revenu salarial, contre moins d’un tiers de l’ensemble des salariés.

Dans les secteurs où la multi-activité est faible et où les saisonniers n’ont souvent aucun autre revenu salarial, cette part des bas revenus salariaux est encore plus forte. C’est le cas de l’agriculture et de la fabrication d’équipements électriques où elle dépasse neuf saisonniers sur dix.

À l’inverse, la part des bas revenus salariaux est un peu plus faible dans les secteurs où la multi-activité est fréquente. Ces bas revenus concernent ainsi moins de sept saisonniers sur dix dans le transport et entreposage et dans l’information-communication. Toutefois, même dans les secteurs où les salaires horaires sont élevés et où la multi-activité est fréquente, les bas revenus salariaux annuels restent nettement plus fréquents pour les saisonniers que pour l’ensemble des salariés. Cela s’explique en partie par le fait que les saisonniers n’occupent souvent que des postes saisonniers sur l’ensemble de l’année (job d’été pour les étudiants notamment) et que le nombre cumulé d’heures de travail est souvent en deçà d’un équivalent d’un temps plein sur l’année.

Encadré 1 - Des saisonniers intérimaires davantage employés dans les secteurs de l’industrie et de la construction

Les occupent plus des deux tiers des postes saisonniers de la région, 95 400 postes en 2017. Le Centre-Val de Loire est la 3ᵉ région française en termes de part d’intérimaires dans les emplois saisonniers, derrière la Guyane et la Bourgogne-Franche-Comté (respectivement 92 % et 69 %). En France, un peu moins de la moitié des postes saisonniers sont intérimaires. Ce taux national est principalement tiré vers le bas par l’Île-de-France, où seul un tiers des postes saisonniers relèvent de l’intérim.

Les saisonniers intérimaires sont employés dans des secteurs différents de ceux des saisonniers non intérimaires (figure 6). Contrairement à ces derniers, les saisonniers intérimaires sont massivement utilisés par l’industrie et la construction.

Ainsi, l’industrie a eu recours à 30 000 postes saisonniers intérimaires, contre moins de 1 000 postes saisonniers non intérimaires. La fabrication d’autres produits industriels mobilise à elle seule 15 200 saisonniers intérimaires pour moins d’une centaine de saisonniers non intérimaires. Ce secteur les emploie principalement dans la fabrication de produits en caoutchouc et en plastique, ainsi que de produits métalliques. Dans la région, les saisonniers non intérimaires sont même totalement absents de plusieurs secteurs industriels, comme la fabrication de matériels de transport et les industries extractives.

Certains secteurs tertiaires présentent eux aussi une très large majorité de saisonniers intérimaires, comme les transports et l’entreposage avec 17 960 postes saisonniers intérimaires pour 520 postes saisonniers non intérimaires. Toutefois, dans la plupart des secteurs des services, comme dans l’agriculture, les saisonniers intérimaires sont très minoritaires. C’est le cas en particulier pour les secteurs liés au tourisme. Ainsi, les autres activités de services qui regroupent en particulier les activités artistiques et de spectacles, comptent moins de 1 000 postes saisonniers intérimaires pour 10 000 postes saisonniers non intérimaires. Il en va de même pour le secteur de l’hébergement-restauration.

Au niveau départemental, même si le tertiaire constitue toujours le secteur d’activité employant le plus de saisonniers intérimaires, sa part varie de 41 % en Eure-et-Loir à 59 % dans le Loiret. L’industrie est très présente dans l’Indre et le Loir-et-Cher (respectivement 44 % et 45 %) et y est juste légèrement inférieure à celle du tertiaire. L’Indre-et-Loire a la plus forte part de saisonniers intérimaires de la région dans la construction (17 %).

Figure 6Comparaison des saisonniers intérimaires et des saisonniers non intérimaires par grand secteur d’activité en 2017

(en %)
Comparaison des saisonniers intérimaires et des saisonniers non intérimaires par grand secteur d’activité en 2017 ((en %))
Secteur Agriculture, sylviculture, pêche Construction Industrie Hébergement-restauration Autres secteurs tertiaires
Postes saisonniers non intérimaires 9,1 0,1 2,2 17,4 71,2
Postes saisonniers intérimaires 1,0 9,9 34,0 2,9 52,2
  • Champ : Centre-Val de Loire, postes salariés saisonniers du privé, hors salariés des particuliers-employeurs.
  • Source : Insee, base Tous salariés 2017.

Figure 6Comparaison des saisonniers intérimaires et des saisonniers non intérimaires par grand secteur d’activité en 2017

  • Champ : Centre-Val de Loire, postes salariés saisonniers du privé, hors salariés des particuliers-employeurs.
  • Source : Insee, base Tous salariés 2017.

Encadré 2 - Les principaux secteurs employeurs de saisonniers ont été fortement touchés par la crise de la Covid

L’arrêt brutal de l’économie, dû à la crise sanitaire, a provoqué une baisse de l’emploi au premier trimestre 2020 : -22 300 salariés en Centre-Val de Loire, soit -2,4 %, par rapport au quatrième trimestre 2019. Les secteurs qui emploient d’habitude de nombreux saisonniers ont été particulièrement touchés. L’hébergement-restauration a ainsi perdu 1 670 salariés dans la région, soit 5,2 % de ses effectifs. Quant au secteur des autres activités de services, qui comporte une importante saisonnalité de l’emploi dans les activités artistiques et de spectacles, la perte a été de 1 620 salariés (soit -4,1 %).

La baisse a été encore bien plus conséquente pour les emplois intérimaires (-48 % entre février et avril 2020). Les principaux secteurs d’activité employant habituellement des saisonniers intérimaires ont, là aussi, été touchés, notamment la construction (-84 % entre février et avril 2020). Sur la même période, l’industrie perd presque la moitié de ses intérimaires et le secteur des transports et entreposage près de 40 %.

Encadré 3 - Partenariat

Cette étude a été réalisée dans le cadre d’un partenariat entre la Direction régionale de l’Insee Centre-Val de Loire (Insee) et la Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités Centre-Val de Loire.

Publication rédigée par :Jean-Baptiste Movellan, Olivier Diel (Insee), Nicolas Birot (Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités)

Pour comprendre

Dans cette étude, l’emploi saisonnier n’est pas comptabilisé d’après la nature des contrats de travail. Il est mesuré de manière purement statistique par l’observation des saisonnalités de l’emploi salarié. Ces saisons sont définies, pour un secteur d’activité donné, comme les accroissements de l’emploi salarié, locaux, temporaires et récurrents d’une année sur l’autre. Elles ont été déterminées à partir du volume quotidien des postes salariés pour chaque croisement (zone d’emploi) x (sous-classe de la nomenclature de secteurs d’activité NAF rév. 2). Ces séries de volume quotidien d’emplois ont été observées sur une période s’étalant du 1er janvier 2013 au 31 décembre 2017 afin de s’assurer de la récurrence des saisons.

En 2017, une activité est qualifiée de saisonnière si :

  • son volume d’emploi dépasse son volume de référence d’emplois pendant au moins 15 jours consécutifs ;
  • la hausse momentanée s’accompagne d’un pic d’emploi ;
  • dans le passé, une hausse momentanée du volume d’emplois accompagnée d’un pic est observée à des dates proches.

Pour garantir une certaine robustesse, les saisons dont les effectifs sont trop faibles ne sont pas retenues.

Sources

Les données sont issues de la base Tous Salariés élaborée à partir des Déclarations Sociales Nominatives (DSN), formalité administrative obligatoire pour toutes les entreprises employeuses du secteur privé depuis 2017. Dans cette étude, sont pris en compte les salariés du secteur privé et excluant donc la fonction publique et les salariés des particuliers employeurs. Le lieu de résidence renseigné dans ces déclarations est normalement celui de leur résidence principale, mais pour les saisonniers il n’est pas exclu qu’il corresponde dans certains cas à leur lieu de résidence au moment de leur emploi saisonnier. Dans cette étude, ne sont pas comptabilisés les travailleurs détachés, c’est-à-dire les salariés travaillant en France mais pour un employeur étranger.

Définitions

Un poste est qualifié de saisonnier s’il est à durée déterminée et si les dates de début et de fin sont incluses dans les bornes d’une saison correspondant au secteur d’activité de l’établissement. Une personne sera considérée comme saisonnière si elle a occupé au moins un poste saisonnier dans l’année.

Le poste de travail est l’unité statistique de base pour les résultats issus des fichiers « Tous salariés », DADS (Déclaration annuelle de données sociales) – DSN (Déclaration sociale nominative). Il correspond à la relation entre un salarié et un établissement pendant une période donnée. Ainsi, un salarié qui travaille dans deux établissements (à une date donnée ou sur une certaine période, par exemple une année) occupe deux postes. Inversement, plusieurs contrats de travail entre le salarié et le même établissement (à une date donnée ou successivement sur une certaine période) ne constituent qu’un seul poste.

Les taux de recours sont exprimés au lieu de travail et rapportent le nombre d’heures travaillées des postes saisonniers au nombre total d’heures salariées travaillées. Le taux de recours d’un secteur est le nombre d’heures des postes saisonniers de ce secteur, rapporté au nombre d’heures de l’ensemble des postes salariés du secteur.

Un saisonnier (salarié) est considéré multi-actif s’il occupe au moins un autre poste d’une durée minimale d’une semaine avec un chevauchement de date pendant son poste saisonnier. Dans le cas contraire, il est considéré comme « mono-actif ». Ces postes supplémentaires sont également des postes salariés, hors fonction publique et particuliers-employeurs. Un directeur de centre de vacances en été, qui est professeur des écoles le reste de l’année sera considéré comme un saisonnier mono-actif dans la présente étude.

L'emploi intérimaire correspond à la mise à disposition temporaire d’un salarié par un établissement de travail temporaire auprès d’un établissement client utilisateur, afin d’exécuter une mission dans le cadre d’un remplacement temporaire d’un salarié, de travaux saisonniers ou d’un accroissement temporaire de l’activité. Un poste est considéré comme intérimaire s’il remplit simultanément les trois critères suivants :

  • l’activité principale exercée par l’établissement employeur est classée dans la sous-classe « Activités des agences de travail temporaire » de la Nomenclature d’activités française (NAF) ;
  • le contrat de travail est un contrat de travail intérimaire, ou un contrat de travail occasionnel, ou un CDI intermittent ;
  • le salarié est couvert par la convention collective « Personnel intérimaire des entreprises de travail temporaire ».

Les postes saisonniers de mise à disposition de ressources humaines, qui ne respecteraient pas l’un ou l’autre de ces critères, restent donc comptabilisés dans la partie de cette étude relative aux saisonniers hors intérim.

Par ailleurs, l’information concernant le secteur d’activité de l’établissement utilisateur de l’intérimaire n’est connue que de manière imparfaite (le secteur d’activité de l’établissement de travail temporaire peut parfois être renseigné à la place de celui de l’établissement utilisateur), ce qui a conduit à exclure l’intérim de l’analyse sectorielle de l’emploi saisonnier dans le corps de l’étude. Des éléments d’analyse sectorielle de l’emploi saisonnier intérimaire sont toutefois présentés dans un encadré.

Le salaire net correspond aux rémunérations nettes de toutes cotisations sociales salariales obligatoires et de CSG et CRDS, ce qui correspond également au net fiscal duquel ont été retranchées la CRDS et la CSG non déductible.

Le seuil de bas revenu salarial a été calculé à partir du fichier national « salariés ». Il correspond aux deux tiers de la médiane des salaires nets totaux annuels des individus sans filtre sur l’âge, ni sur le salaire horaire minimal. En 2017, ce seuil est égal à 1 037 € mensuels, c’est-à-dire légèrement au-dessous du niveau du Smic. Il a été calculé « hors fonction publique » et « hors particuliers employeurs ».

Un saisonnier peut occuper plusieurs postes dans l’année, qui peuvent être saisonniers ou non. Le poste saisonnier principal d'un salarié est le poste le plus rémunérateur, ou si l'écart de rémunération avec les autres postes saisonniers ne dépasse pas 10 %, celui pour lequel le volume de travail (en nombre d'heures) est le plus élevé.

Pour en savoir plus

Sénéchal M.-L., « Pendant le pic estival, près de 800 000 postes sont occupés par des saisonniers », Insee Première, no1924, septembre 2022.

Antoine P., Senigout É. (Insee), Jacod O., Van Puymbroeck C. (Dreets), « Emploi saisonnier : au-delà de l’hébergement-restauration, des orientations territoriales différentes », Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes, no146, mai 2022.

Genebes L, Pinol O., Levasseur S., « L’emploi saisonnier, près d’un contrat salarié sur dix dans la région », Insee Analyses Nouvelle-Aquitaine, no123, juillet 2022.

Bonzi A. (Insee), Dhune M. (Dreets), Brossier P. (Pôle Emploi), « L’emploi saisonnier : une ressource importante pour l’économie d’Occitanie », Insee Analyses Occitanie, no121, septembre 2022.