Insee Flash Guadeloupe · Janvier 2023 · n° 178

En 2021, plus de décès que de naissances en Guadeloupe

Au 1^er janvier 2022, la population guadeloupéenne est estimée à 378 476 habitants, soit 3 130 habitants de moins que l’année précédente. Le recul démographique se poursuit : l’archipel perd 0,6 % de sa population en moyenne par an (-24 838 habitants en dix ans, soit l’équivalent de la commune de Petit-Bourg). En lien avec l’épidémie de Covid-19, ce repli se renforce en 2021 notamment par une hausse marquée du nombre de décès. Sur les dix dernières années, le ralentissement de la population est moins prononcé qu’en Martinique (-1,0 % en moyenne par an) tandis qu’en Guyane la population augmente sans discontinuer (+2,1 % en moyenne par an). Sur la même période, la population de la France métropolitaine augmente en moyenne de 0,4 % par an. La conjonction d’un solde naturel devenu négatif et d’un solde migratoire déficitaire renforce la baisse de la population des Antilles françaises.

En 2021, 4 345 enfants sont nés en Guadeloupe, soit 333 naissances de moins qu’en 2020. C’est la région française où la baisse du nombre de naissances est la plus importante entre 2020 et 2021 (figure 1). Parmi les départements et régions d’outre-mer (Drom), elle est la seule à enregistrer une baisse (- 7,1 %) durant cette période. Le taux de natalité recule de 1,3 point par rapport à 2020. Il atteint 11 ‰, valeur équivalente à celle de l’année 2018.

Le recul des naissances est dû à la baisse du nombre de femmes en âge de procréer ainsi qu’à une plus faible fécondité. En effet, la population féminine âgée de 20 à 39 ans, période où les femmes ont le plus souvent des enfants, diminue depuis 2000. En Guadeloupe, le nombre de femmes de cette tranche d’âge passe de 50 400 à 40 000 entre 2011 et 2021. De plus, le nombre moyen d’enfants par femme baisse nettement, passant de 2,3 en 2020 à 2,1 en 2021 (figure 2). Cet indicateur conjoncturel de fécondité de la région en 2021 se situe au niveau du seuil de renouvellement des générations (estimé à 2,1 dans les pays développés), alors qu’il le dépassait en 2020. Il est supérieur à celui de métropole (1,8).

En Guadeloupe comme en Martinique, l’âge moyen des mères à l’accouchement est de 30 ans en 2021. Les femmes accouchent en moyenne plus tôt en Guyane (29 ans) et plus tard en France métropolitaine (31 ans). En 2021, 29 bébés sont nés de mères mineures en Guadeloupe contre 40 en 2020, soit moins de 1 % des naissances. Les naissances issues de mères mineures sont plus fréquentes en Guyane (4,0 %) et à la Réunion (1,6 %) mais beaucoup moins en France métropolitaine (0,3 %).

En 2021, 3 461 interruptions volontaires de grossesse (IVG) sont réalisées en Guadeloupe, soit 270 de plus qu’en 2020. La Guadeloupe est la région française avec le taux de recours à l’IVG le plus élevé (43,3 interruptions pour 1 000 femmes âgées de 15 à 49 ans), alors qu’il est de 14,9 ‰ en France métropolitaine (Drees, 2022). Ce taux a augmenté de 10 points entre 2016 et 2021 en Guadeloupe.

En 2021, 4 589 personnes sont décédées en Guadeloupe, soit 847 décès de plus que l’année précédente. Depuis 2017, le rythme des décès augmente, avec une forte hausse en 2021 : + 4,4 % entre 2017 et 2018, + 6,5 % entre 2018 et 2019, + 7,9 % entre 2019 et 2020 et + 22,6 % entre 2020 et 2021. Cette hausse importante s’explique en partie par le vieillissement de la population, mais la pandémie de Covid-19 entraîne une surmortalité notamment durant les mois d’août et septembre 2021. En 2021, au pic de l’épidémie de la Covid en Guadeloupe, le taux de mortalité fait ainsi un bond et s’établit à 12,1 ‰, soit 2,3 points de plus qu’en 2020. Il a doublé depuis la décennie 1990 (6,1 ‰). En France métropolitaine il diminue légèrement passant de 10 ‰ en 2020 à 9,8 ‰ en 2021. Il avait fortement augmenté en 2020 (+0,8 point), au plus fort de la crise de la Covid en Métropole.

L’augmentation du nombre de décès combiné à la baisse du nombre de naissances, engendre un solde naturel négatif en 2021. Pour la première fois en Guadeloupe, le nombre de décès dépasse celui des naissances (figure 3).

En 2021, en Guadeloupe, l’espérance de vie à la naissance est de 72,9 ans pour les hommes et de 79,9 ans pour les femmes. Le surcroît de mortalité lié à la crise sanitaire a fortement influencé cet indicateur à la baisse : - 4,7 ans pour les hommes et - 4,3 ans pour les femmes par rapport à 2019. En France métropolitaine l’espérance de vie passe de 79,8 ans en 2019 à 79,4 ans chez les hommes en 2021 et de 85,6 ans à 85,5 ans chez les femmes pour les mêmes périodes.

Par ailleurs, la mortalité infantile reste élevée : en 2021, 41 nourrissons sont décédés avant leur premier anniversaire en Guadeloupe soit 8,1 décès pour 1000 enfants nés vivants. Ce taux est plus de deux fois supérieur à celui de la France métropolitaine (3,5 ‰).

La deuxième composante de la dynamique démographique est le solde migratoire, c’est-à-dire la différence entre le nombre d’arrivées et le nombre de départs du territoire. Il reste déficitaire : du fait des migrations, la Guadeloupe perd 2 886 habitants en 2021. Ce déficit s’explique notamment par des départs du territoire de jeunes adultes à la recherche d’un emploi ou pour continuer leurs études, lesquels fragilisent un peu plus chaque année la structure démographique de la région. Les moins de 25 ans représentaient 34 % de la population guadeloupéenne en 2011, ils n’en représentent que 29 % en 2021. À ce titre, l’archipel occupe le troisième rang des régions françaises dont la part des moins de 25 ans est la plus faible, derrière la Martinique (26 %) et la Corse (25 %).

À l’inverse, les seniors sont de plus en plus nombreux : en 2021, les Guadeloupéens de 60 ans et plus représentent 29 % de la population alors qu’ils représentaient 20 % dix ans plus tôt (figure 4). Ainsi le processus de vieillissement de la population se poursuit. En 2021, la Guadeloupe est la 9^e région française dont la part des 60 ans et plus est la plus élevée, alors qu’elle occupait le 14ᵉ rang 10 ans auparavant.