Insee Flash Nouvelle-Aquitaine · Novembre 2022 · n° 93

Après la crise sanitaire, l’emploi reprend en Haute-Vienne Les départements néo-aquitains à l’épreuve de la crise sanitaire

La Haute-Vienne a été relativement préservée de l’épidémie de Covid en 2020. Les décès augmentent de 1 %, par rapport à l’année 2019.

La mortalité augmente toutefois de 5 % sur les trois derniers trimestres de l’année 2020. Cette hausse est proche de celle connue à l’échelle de la région, mais nettement moindre que la progression nationale (+ 12 %) (figure 1).

En 2021, toutes causes confondues, 4 280 décès sont enregistrés, soit une hausse de + 0,5 % par rapport à l’année 2019. Malgré un surcroît de décès de 7 % au deuxième trimestre, puis 6 % au dernier trimestre, les conséquences du Covid restent limitées en 2021.

Ainsi, la dégradation du solde naturel de la Haute-Vienne (- 1 130 personnes en 2021) provient essentiellement de la baisse des naissances.

En décembre 2021, l’activité économique de Haute-Vienne dépasse légèrement son niveau d’avant-crise, avec 2 % d’heures rémunérées de plus qu’en décembre 2019 (+ 1 % en France) (figure 2).

Malgré un début d’année pénalisé par les mesures sanitaires, la baisse d’activité moyenne est de 1 % en 2021 par rapport à 2019, contre 2 % pour la moyenne nationale, mais 0 % en Nouvelle-Aquitaine. À la fin de l’année, seuls les services marchands contribuent à l’augmentation de l’activité, tandis que les autres secteurs (services non marchands, construction, industrie et hébergement-restauration) retrouvent seulement leur niveau d’avant-crise.

En 2020, l’activité a davantage diminué, de 8 % sur l’année par rapport à 2019, une évolution équivalente à la moyenne régionale. Après les fortes baisses d’activité observées durant le confinement du printemps (- 32 % en Haute-Vienne, - 33 % en Nouvelle-Aquitaine et France), l’activité s’est rapprochée de son niveau d’avant-crise, jusqu’au confinement de novembre dont l’effet a été moindre sur l’activité (- 9 %).

Durant cette année, les restrictions affectent davantage certains services comme l’hébergement-restauration ou le commerce. Les activités de production s’organisent progressivement au nouveau contexte, alors que le recours exclusif à l’activité partielle pendant le premier confinement concerne 14 % des Haut-Viennois, contre 15 % en Nouvelle-Aquitaine ou en France. 66 % des Haut-Viennois n’ont pas du tout été concernés par le télétravail, qu’ils ne soient pas en activité ou que leur emploi ne le permette pas, ce qui est davantage qu’en Nouvelle-Aquitaine (61 %) ou en France (56 %).

La consommation des ménages a diminué en 2020, notamment durant les périodes de confinement : le montant des transactions par carte bancaire CB baisse de 43 % en avril et de 30 % en novembre, des baisses comparables au niveau national. La consommation résiste davantage en 2021, malgré un nouveau trou d’air au mois d’avril.

Les créations d’entreprises sont en hausse de 27 % en 2021, la plus forte hausse des départements de Nouvelle-Aquitaine, avec 4 100 entreprises créées. L’année 2020 avait été moins dynamique, avec + 5 % par rapport à 2019.

L’emploi salarié haut-viennois était relativement stable avant la crise. Au cours du 1^er trimestre 2020, il a fortement baissé (- 2 %) mais moins que l’activité économique, du fait de dispositifs d’aide comme l’activité partielle, les délais de paiement des cotisations sociales, les prêts garantis par l’État, les fonds de solidarité et le recours au télétravail. L’emploi a retrouvé son niveau d’avant-crise dès le 3^e trimestre 2020, puis la reprise de l’activité entraîne une hausse similaire à celle de la région pour se situer en fin d’année 3 % au-dessus de son niveau d’avant-crise.

L’intérim a été la variable d’ajustement : très touché au premier trimestre 2020 (- 42 % par rapport à fin 2019), il retrouve son niveau d’avant-crise début 2021, et le dépasse de 15 % en fin d’année. L’emploi industriel, dont la baisse tendancielle s’était enrayée en 2018-2019, recule de nouveau en 2020. Il repart légèrement depuis début 2021 pour retrouver un niveau inférieur de 1 % à l’avant-crise. Dans les services marchands, l'emploi a diminué en 2020 mais progresse à nouveau en 2021 et dépasse de 3 % son niveau d’avant-crise en fin d’année. L’emploi a progressé significativement dans le tertiaire non marchand, pour dépasser son niveau d’avant-crise de 3 % également. La construction a résisté à la crise en Haute-Vienne, l’emploi a même progressé de 9 % en deux ans, légèrement plus que dans le reste de la région (+ 8 %).

Le chômage connaissait une baisse régulière depuis 2017 en Haute-Vienne. La forte hausse au cours du 3^e trimestre 2020 le porte à 8,2 %, avant que la reprise économique de 2021 ne favorise sa baisse à 6,5 %, un niveau équivalent à celui de la région.

Les dispositifs d’aide aux employeurs ont soutenu indirectement le pouvoir d’achat des actifs en protégeant les emplois. Le pouvoir d’achat a également été protégé par des mesures directes de maintien dans les dispositifs de protection comme le revenu de solidarité active (RSA) ou l’indemnisation chômage, ou des aides monétaires exceptionnelles accordées aux familles modestes courant 2020.

Durant le premier confinement, 22 % des Haut-Viennois déclarent des difficultés financières, comme en Nouvelle-Aquitaine et en France. Ce ressenti est d’autant plus fréquent que le revenu du ménage était modeste avant la crise.

Le nombre de bénéficiaires du RSA progresse de 6 % en 2020 (+ 7 % en Nouvelle-Aquitaine et en France), avant de diminuer en 2021 grâce à la reprise de l’activité et les créations d’emplois. Il retrouve en décembre un niveau proche d’avant-crise, avec 10 200 bénéficiaires. En revanche, le nombre de bénéficiaires de la prime d’activité n’a pas progressé durant la crise et s’établit autour de 28 000 bénéficiaires fin 2021.

Seuls 2 % des ménages de Haute-Vienne évoquent une amélioration de leurs finances lors du premier confinement.

Néanmoins, le patrimoine financier des Haut-Viennois augmente en 2020-2021, deux fois plus vite qu’avant-crise (+ 7 % contre + 3 %), ce qui s’explique par l’épargne de précaution face aux incertitudes et les restrictions ayant limité les possibilités de dépense. Les encours des produits d’épargne progressent de 920 millions d’euros entre février 2020 et décembre 2021.