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Insee Analyses Bretagne · Septembre 2022 · n° 112
Insee Analyses BretagneEn 2020, une forte augmentation de la précarité qui affecte tous les territoires bretons

Emmanuel Granier, Marie Sala (Insee)

Fin 2019, un peu moins de la moitié des Bretons percevaient une prestation d’une Caisse d’allocation familiale. 58 000 foyers allocataires bénéficiaient du revenu de solidarité active (RSA), en grande partie situés dans les grandes agglomérations et dans le centre-ouest de la région. Avec la crise sanitaire, le nombre d’allocataires du RSA s’est envolé en 2020, plus fortement qu’au niveau national, avant de baisser progressivement et de retrouver son niveau d’avant-crise début 2022.

Au plus fort de la crise, les jeunes personnes vivant seules ont été les plus concernées par cette hausse de la précarité. La crise n’a pas engendré de surconcentration de la pauvreté dans les territoires où elle était déjà très prégnante. Au contraire, dans certains territoires plutôt épargnés avant la crise, le nombre de bénéficiaires de minima sociaux a fortement augmenté en 2020, en particulier autour des grandes agglomérations.

Insee Analyses Bretagne
No 112
Paru le :Paru le29/09/2022

En 2019, le en Bretagne est, avec celui des Pays de la Loire, le plus bas de France : 10,7 % des Bretons vivaient alors sous le seuil de pauvreté. À partir du printemps 2020, la situation économique et sociale de la région a été bouleversée par la crise sanitaire. Sur le plan économique, le marché du travail breton s’est montré globalement plus résilient qu’à l’échelle nationale [Insee, 2022]. Concernant les conséquences sociales de la crise, en attendant la parution des données de revenus territorialisées, une première approche peut être réalisée à partir des données des Caisses d’allocations familiales (Caf). En particulier, l’évolution des attributions de minima sociaux permet d’approcher les situations de grande pauvreté.

Fin 2019, 3,3 % de la population bretonne bénéficie du RSA

En décembre 2019, 44 % de la population bretonne est par au moins une prestation versée par une Caf, quelle qu’elle soit : allocation logement, allocation familiale, prestation de solidarité et d’insertion. Ce taux de couverture diffère d’un département à l’autre, selon les revenus des habitants mais aussi la part des moins de 20 ans, dont les foyers peuvent être concernés par les allocations familiales. Il va ainsi de 41 % dans les Côtes-d’Armor à 48 % en Ille-et-Vilaine, le seul département breton à s’approcher de la moyenne nationale (50 %). Cette proportion est de 69 % dans les de la région, qui se caractérisent par une population à la fois plus pauvre et plus jeune que dans l’ensemble de la Bretagne.

Toutes les prestations versées par les Caf ne sont pas soumises à conditions de ressources. Les minima sociaux d’insertion – l’allocation adulte handicapé (AAH), la et le – sont celles qui permettent le mieux d’approcher les situations de pauvreté, précisément car ce sont des minima sociaux versés sous conditions de ressources. Cette approche comporte toutefois des lacunes par rapport à d’autres sources permettant d’étudier la pauvreté : toutes les personnes éligibles à des prestations sous conditions de ressources n’y font pas appel. Le non-recours au RSA est ainsi estimé à un tiers des bénéficiaires potentiels [Hannafi et al., 2022].

Fin 2019, plus de 58 000 , représentant 109 000 personnes, sont couverts par le RSA en Bretagne, soit 3,3 % de la population. Les bénéficiaires habitent plus souvent dans des grandes agglomérations (Brest, Rennes, Lorient, Saint-Brieuc) ou dans le centre-ouest de la région (figure 1), ce qui correspond aux intercommunalités où les taux de pauvreté sont les plus élevés. Par construction, dans les QPV, qui concentrent les situations de pauvreté, les allocataires du RSA sont nombreux : ils représentent près de 20 % de la population de ces quartiers.

Figure 1Part de la population couverte par le RSA en 2019 dans les EPCI de Bretagne

en %
Part de la population couverte par le RSA en 2019 dans les EPCI de Bretagne (en %)
Code EPCI Libellé EPCI Part de la population couverte par le RSA
200027027 CC Arc Sud Bretagne 1,7
200038990 CC de Saint-Méen Montauban 1,6
200039022 CA Vitré Communauté 1,6
200042174 CA Lorient Agglomération 4,7
200043123 CC Auray Quiberon Terre Atlantique 2,4
200043990 CC Vallons de Haute-Bretagne Communauté 1,7
200065928 CA Lannion-Trégor Communauté 2,9
200066777 CC Ploërmel Communauté 2,8
200066785 CC de l'Oust à Brocéliande 2,2
200066868 CC Presqu'île de Crozon-Aulne maritime 2,4
200067072 CC Haut-Léon Communauté 2,1
200067197 CC Monts d'Arrée Communauté 5,1
200067221 CC Centre Morbihan Communauté 2,2
200067247 CC Pleyben-Châteaulin-Porzay 2,6
200067460 CC Loudéac Communauté - Bretagne Centre 3,1
200067932 CA Golfe du Morbihan - Vannes Agglomération 3,3
200067981 CA Guingamp-Paimpol Agglomération de l'Armor à l'Argoat 4,2
200068120 CA Quimper Bretagne Occidentale 4,2
200068989 CA Dinan Agglomération 2,4
200069086 CC Leff Armor Communauté 2,2
200069391 CA de Lamballe Terre et Mer 1,9
200069409 CA Saint-Brieuc Armor Agglomération 4,6
200070662 CC Bretagne porte de Loire Communauté 1,9
200070670 CC du Pays de Dol et de la Baie du Mont Saint-Michel 3,0
200070688 CC Couesnon Marches de Bretagne 1,6
200072452 CA Fougères Agglomération 3,1
242200715 CC du Kreiz-Breizh (CCKB) 3,6
242900074 CC du Pays d'Iroise 1,1
242900314 Brest Métropole 5,5
242900553 CC du Pays des Abers 1,3
242900561 CC de Haute-Cornouaille 2,6
242900629 CC Cap Sizun - Pointe du Raz 1,9
242900645 CC Douarnenez Communauté 4,3
242900660 CC du Pays Fouesnantais 1,2
242900694 CA Quimperlé Communauté 2,6
242900702 CC du Pays Bigouden Sud 2,1
242900710 CC du Haut Pays Bigouden 1,5
242900744 CC Poher communauté 4,1
242900751 CC du Pays de Landivisiau 2,7
242900769 CA Concarneau Cornouaille Agglomération 2,7
242900793 CC Communauté Lesneven Côte des Légendes 2,1
242900801 CC du Pays de Landerneau-Daoulas 1,8
242900835 CA Morlaix Communauté 4,2
243500139 Rennes Métropole 4,7
243500550 CC Montfort Communauté 1,2
243500618 CC de Brocéliande 1,3
243500634 CC Roche aux Fées Communauté 1,7
243500659 CC Pays de Châteaugiron Communauté 1,0
243500667 CC du Val d'Ille-Aubigné 1,2
243500725 CC Côte d'Émeraude 2,1
243500733 CC Bretagne Romantique 1,6
243500741 CA Redon Agglomération 2,9
243500774 CC Liffré-Cormier Communauté 1,1
243500782 CA du Pays de Saint-Malo Agglomération 2,6
244400610 CA de la Presqu'île de Guérande Atlantique (Cap Atlantique) 1,8
245600440 CC de Blavet Bellevue Océan 1,8
245600465 CC de Belle-Île-en-Mer 2,2
245614383 CC Questembert Communauté 2,1
245614417 CC Roi Morvan Communauté 3,7
245614433 CC Pontivy Communauté 2,9
  • Note : pour les EPCI de Redon et de Guérande, les données ne portent que sur la partie bretonne.
  • Source : Cnaf, fichier Allstat Fr6 décembre 2019.

Figure 1Part de la population couverte par le RSA en 2019 dans les EPCI de Bretagne

en %
  • Note : pour les EPCI de Redon et de Guérande, les données ne portent que sur la partie bretonne.
  • Source : Cnaf, fichier Allstat Fr6 décembre 2019.

Comme c’est le cas pour les ménages en situation de pauvreté, la composition des foyers allocataires du RSA diffère de la structure de l’ensemble de la population : les personnes vivant seules et les familles monoparentales y sont largement surreprésentées. Parmi les bénéficiaires bretons du RSA, 60 % sont des personnes vivant seules et plus du tiers ont entre 26 et 35 ans. Ces jeunes sont donc plus nombreux à se trouver dans une situation de précarité.

En Bretagne, le d’un foyer bénéficiaire du RSA est de moins de 700 € mensuels. Les situations étudiées relèvent donc de l’extrême pauvreté : pour comparaison, le était fixé en 2019 à 1 102 €.

Dans la région, 211 000 allocataires perçoivent la prime d’activité, dont 60 % de femmes, pour un total de près de 390 000 personnes couvertes. L’allocation adulte handicapé est perçue par 58 000 foyers allocataires, qui représentent 84 000 personnes.

10 % d’allocataires du RSA supplémentaires au plus fort de la crise

Les deux confinements de 2020 ont fortement perturbé le monde du travail. Les conséquences de la crise ont été amorties pour un certain nombre de personnes en emploi, avec le dispositif d’activité partielle qui a concerné près de 4 salariés du privé sur 10 au plus fort de la crise. Néanmoins, ces amortisseurs n’ont pas pu jouer pour un certain nombre de personnes, notamment celles en contrat court ou non salariées, ainsi que les jeunes arrivant sur le marché du travail. Le nombre de bénéficiaires du RSA a ainsi bondi entre le début et la fin de l’année 2020.

Le premier confinement, du 17 mars au 10 mai 2020, a déclenché une hausse du nombre d’allocataires percevant le RSA, avec près de 4 000 bénéficiaires supplémentaires en Bretagne entre fin février et fin juin (figure 2).

Lors du deuxième confinement, du 30 octobre au 14 décembre 2020, le pic du nombre d’allocataires du RSA a été atteint avec près de 66 000 allocataires, soit une hausse de 10 % par rapport à l’avant-crise. En 2020, cette augmentation a été plus marquée qu’au niveau national, alors que dans le même temps l’emploi a plutôt mieux résisté.

Depuis début 2021, une décrue du nombre de foyers allocataires s’est amorcée. En juin 2022, le nombre de bénéficiaires du RSA est légèrement inférieur à son niveau d’avant-crise.

Figure 2Évolution mensuelle du nombre de bénéficiaires du RSA entre décembre 2019 et juin 2022

indice base 100 en décembre 2019
Évolution mensuelle du nombre de bénéficiaires du RSA entre décembre 2019 et juin 2022 (indice base 100 en décembre 2019)
Mois – Année France Bretagne Côtes-d'Armor Finistère Ille-et-Vilaine Morbihan
déc.-2019 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
janv.-2020 100,3 100,5 100,5 100,4 100,5 100,6
févr.-2020 100,5 100,8 100,6 100,6 100,8 101,2
mars-2020 101,8 102,2 102,3 101,7 102,4 102,5
avr.-2020 102,9 103,8 104,2 102,4 104,6 104,5
mai-2020 103,8 104,9 105,1 102,8 106,1 105,8
juin-2020 105,4 107,1 106,7 104,6 109,0 108,2
juil.-2020 106,8 108,4 107,5 106,0 111,1 109,0
août-2020 107,3 109,0 107,5 106,0 112,7 109,6
sept.-2020 107,5 109,1 107,6 106,4 112,8 109,2
oct.-2020 107,9 109,3 107,8 106,9 113,2 108,4
nov.-2020 108,2 109,5 108,2 107,3 113,3 108,4
déc.-2020 107,4 108,7 107,8 106,8 112,3 107,3
janv.-2021 106,3 107,7 106,6 105,8 111,5 106,2
févr.-2021 105,2 106,6 106,0 104,4 110,3 105,3
mars-2021 104,2 105,8 104,8 103,7 109,4 104,5
avr.-2021 102,4 104,3 103,8 101,2 108,1 103,9
mai-2021 101,3 103,0 102,3 100,2 106,9 102,3
juin-2021 101,1 102,2 102,0 99,2 106,4 101,0
juil.-2021 101,9 102,8 102,7 98,9 107,8 101,2
août-2021 101,8 102,1 102,2 98,1 107,5 100,4
sept.-2021 101,3 101,1 101,1 97,1 106,7 99,3
oct.-2021 100,7 100,2 100,5 95,5 106,1 98,3
nov.-2021 100,6 100,7 101,7 96,2 106,7 98,1
déc.-2021 100,3 101,0 102,5 96,1 107,3 98,1
janv.-2022 99,3 100,4 102,3 96,4 106,1 96,5
févr.-2022 98,7 100,2 102,7 95,8 105,7 96,8
mars-2022 99,0 100,6 102,9 96,3 106,5 96,8
avr.-2022 98,8 100,3 102,5 95,9 106,0 96,8
mai-2022 98,4 99,6 101,7 94,5 106,3 96,0
juin-2022 98,0 99,0 101,0 93,6 106,1 95,2
  • Note : les données des six derniers mois sont provisoires. Données au dernier jour de chaque mois.
  • Source : Cnaf, fichiers Allstat Fr6 ; MSA.

Figure 2Évolution mensuelle du nombre de bénéficiaires du RSA entre décembre 2019 et juin 2022

  • Note : les données des six derniers mois sont provisoires. Données au dernier jour de chaque mois.
  • Source : Cnaf, fichiers Allstat Fr6 ; MSA.

Toutefois, en Ille-et-Vilaine, la croissance du nombre de bénéficiaires du RSA a été plus rapide et le reflux plus lent. Le niveau d’avant-crise est loin d’être retrouvé. Il reste un solde d’environ 1 000 allocataires du RSA entre les niveaux de juin 2022 et janvier 2020. Une explication possible tient aux difficultés d’approvisionnement réduisant l’activité dans l’industrie automobile, bien implantée dans le département ; près de 8 emplois intérimaires sur 10 dans le secteur ont disparu depuis fin 2019 [Insee, 2022]. Les personnes qui occupaient avant la crise un de ces emplois ont pu basculer vers le RSA, éventuellement après une période de chômage en fonction de leur durée de cotisation. Plus globalement, le dynamisme économique du département peut également entraîner un taux élevé de rotation de la main-d’œuvre, notamment chez les jeunes travailleurs, les rendant plus susceptibles de remplir les conditions pour bénéficier du RSA.

La prime d’activité est une allocation cumulable avec des faibles revenus. Il peut exister un effet « miroir » entre la prime d’activité et le RSA, puisque les personnes peuvent sortir du dispositif de la prime d’activité en perdant leur emploi, et ainsi basculer vers celui du RSA (figure 3). En Bretagne, le nombre de bénéficiaires de la prime d’activité a augmenté, quoique très peu, entre fin 2019 et fin 2020. L’augmentation du nombre de bénéficiaires du RSA n’est donc pas due à un effet de basculement d’un dispositif vers l’autre. Mi-2022, le nombre de bénéficiaires de la prime d’activité est légèrement inférieur à son niveau d’avant-crise en Bretagne.

Figure 3Évolution mensuelle du nombre d’allocataires percevant la prime d’activité et le RSA entre décembre 2019 et juin 2022

indice base 100 en décembre 2019
Évolution mensuelle du nombre d’allocataires percevant la prime d’activité et le RSA entre décembre 2019 et juin 2022 (indice base 100 en décembre 2019)
Mois – Année Prime d’activité – Bretagne Prime d’activité – France RSA – Bretagne RSA – France
déc.-2019 100,0 100,0 100,0 100,0
janv.-2020 99,0 99,3 100,5 100,3
févr.-2020 99,1 99,4 100,8 100,5
mars-2020 99,2 99,6 102,2 101,8
avr.-2020 99,1 100,0 103,8 102,9
mai-2020 99,6 100,8 104,9 103,8
juin-2020 99,9 100,9 107,1 105,4
juil.-2020 97,5 98,7 108,4 106,8
août-2020 96,6 97,5 109,0 107,3
sept.-2020 96,9 97,9 109,1 107,5
oct.-2020 98,2 99,1 109,3 107,9
nov.-2020 99,8 100,8 109,5 108,2
déc.-2020 100,6 101,6 108,7 107,4
janv.-2021 99,0 100,5 107,7 106,3
févr.-2021 98,5 100,0 106,6 105,2
mars-2021 98,0 99,8 105,8 104,2
avr.-2021 97,3 99,3 104,8 103,1
mai-2021 97,3 99,5 103,6 102,1
juin-2021 97,7 99,7 102,2 101,1
juil.-2021 96,7 98,9 103,4 102,5
août-2021 97,3 99,4 102,6 102,1
sept.-2021 98,5 100,6 101,1 101,3
oct.-2021 99,0 101,1 100,2 100,7
nov.-2021 100,1 102,1 100,7 100,6
déc.-2021 101,1 102,5 101,0 100,3
janv.-2022 99,8 101,8 100,4 99,3
févr.-2022 99,5 101,6 100,2 98,7
mars-2022 99,5 101,9 100,6 99,0
avr.-2022 100,0 101,6 100,3 98,8
mai-2022 99,0 102,4 99,6 98,4
juin-2022 99,1 102,3 99,0 98,0
  • Note : les données des six derniers mois sont provisoires. Données au dernier jour de chaque mois.
  • Source : Cnaf, fichiers Allstat Fr6 ; MSA.

Figure 3Évolution mensuelle du nombre d’allocataires percevant la prime d’activité et le RSA entre décembre 2019 et juin 2022

  • Note : les données des six derniers mois sont provisoires. Données au dernier jour de chaque mois.
  • Source : Cnaf, fichiers Allstat Fr6 ; MSA.

Enfin, le nombre de bénéficiaires de l’allocation adulte handicapé, dernière prestation de solidarité et d’insertion, logiquement moins sensible à la crise, n’a pas fortement évolué en 2020 et 2021.

En 2020, le RSA à l’origine de la hausse du nombre d’allocataires

Le pic du nombre d’allocataires des caisses d’allocations familiales est donc atteint fin 2020. La hausse du nombre d’allocataires entre fin 2019 et fin 2020, toutes prestations confondues, atteint +1,7 % (figure 4), entraînée par la hausse importante du nombre de bénéficiaires du RSA (+8,8 %). Le nombre de bénéficiaires de la prime d’activité augmente peu, ce qui est difficile à interpréter, car la sortie de ce dispositif est due soit à la perte de son emploi, soit à une augmentation de revenus.

Par ailleurs, le nombre d’allocataires bénéficiaires de la diminue en 2020 sous l’effet, entre autres, de la baisse des naissances. De manière générale, les foyers allocataires touchant des prestations liées à la famille sont moins nombreux fin 2020.

Enfin, le nombre d’allocataires percevant des prestations liées au logement comme l’aide personnalisée au logement (APL) progresse également. L’APL est également une prestation perçue sous conditions de ressources donc sensible aux variations de revenus.

Figure 4Évolution du nombre d’allocataires bretons entre décembre 2019 et décembre 2020 selon les principales prestations de la Caf

en %
Évolution du nombre d’allocataires bretons entre décembre 2019 et décembre 2020 selon les principales prestations de la Caf (en %)
Allocataires Évolution 2019-2020
Revenu de solidarité active (RSA) 8,8
Prime d’activité 0,6
Allocation adulte handicapé (AAH) 0,5
Prestations logement* 2,3
Allocations familiales -0,4
Prestation d'accueil du jeune enfant (Paje) -2,9
Allocation de rentrée scolaire (ARS) -0,9
Allocation de soutien familial (ASF) 2,1
Ensemble des allocations 1,7
  • * Les prestations logement se composent de l’APL (aide personnalisée au logement), de l’ALF (allocation de logement à caractère familial) et de l’ALS (allocation de logement à caractère social) ; ces allocations sont non cumulables.
  • Note : un allocataire peut percevoir plusieurs allocations.
  • Source : Cnaf, fichiers Allstat Fr6 décembre 2019 et décembre 2020.

Figure 4Évolution du nombre d’allocataires bretons entre décembre 2019 et décembre 2020 selon les principales prestations de la Caf

  • * Les prestations logement se composent de l’APL (aide personnalisée au logement), de l’ALF (allocation de logement à caractère familial) et de l’ALS (allocation de logement à caractère social) ; ces allocations sont non cumulables.
  • Note : un allocataire peut percevoir plusieurs allocations.
  • Source : Cnaf, fichiers Allstat Fr6 décembre 2019 et décembre 2020.

La hausse du nombre d’allocataires des Caf en 2020 s’accompagne par leur précarisation. En effet, fin 2020, les prestations des Caf représentent l’intégralité des revenus pour 12,7 % des foyers allocataires : c’est presque un point de plus que l’année précédente.

De nouveaux territoires touchés par la précarité en 2020

Entre fin 2019 et fin 2020, la hausse du nombre d’allocataires du RSA s’observe pour tous les bretons, mais les augmentations les plus fortes sont observées en dehors des grandes agglomérations de la région (figure 5). Plus généralement, les territoires où la hausse des bénéficiaires du RSA a été la plus importante sont ceux où leur part dans la population était plus faible avant la crise. À ce titre, la crise aurait donc diffusé la précarité sur tous les territoires davantage qu’elle ne l’aurait concentrée là où elle était déjà importante auparavant.

Figure 5Évolution du nombre d’allocataires du RSA entre 2019 et 2020

Évolution du nombre d’allocataires du RSA entre 2019 et 2020
Code EPCI Libellé EPCI Nombre de foyers allocataires Évolution 2019-2020 (en %)
2019 2020
200027027 CC Arc Sud Bretagne 283 347 22,6
200038990 CC de Saint-Méen Montauban 219 252 15,1
200039022 CA Vitré Communauté 668 794 18,9
200042174 CA Lorient Agglomération 5 088 5 282 3,8
200043123 CC Auray Quiberon Terre Atlantique 1 285 1 411 9,8
200043990 CC Vallons de Haute-Bretagne Communauté 419 449 7,2
200065928 CA Lannion-Trégor Communauté 1 703 1 801 5,8
200066777 CC Ploërmel Communauté 631 685 8,6
200066785 CC de l'Oust à Brocéliande 477 555 16,4
200066868 CC Presqu'île de Crozon-Aulne maritime 352 389 10,5
200067072 CC Haut-Léon Communauté 381 404 6,0
200067197 CC Monts d'Arrée Communauté 239 264 10,5
200067221 CC Centre Morbihan Communauté 493 551 11,8
200067247 CC Pleyben-Châteaulin-Porzay 331 372 12,4
200067460 CC Loudéac Communauté - Bretagne Centre 771 821 6,5
200067932 CA Golfe du Morbihan - Vannes Agglomération 3 039 3 179 4,6
200067981 CA Guingamp-Paimpol Agglomération de l'Armor à l'Argoat 1 669 1 798 7,7
200068120 CA Quimper Bretagne Occidentale 2 337 2 447 4,7
200068989 CA Dinan Agglomération 1 325 1 520 14,7
200069086 CC Leff Armor Communauté 376 377 0,3
200069391 CA de Lamballe Terre et Mer 674 765 13,5
200069409 CA Saint-Brieuc Armor Agglomération 3 536 3 724 5,3
200070662 CC Bretagne porte de Loire Communauté 294 348 18,4
200070670 CC du Pays de Dol et de la Baie du Mont Saint-Michel 328 352 7,3
200070688 CC Couesnon Marches de Bretagne 183 223 21,9
200072452 CA Fougères Agglomération 866 931 7,5
242200715 CC du Kreiz-Breizh (CCKB) 385 421 9,4
242900074 CC du Pays d'Iroise 321 388 20,9
242900314 Brest Métropole 6 213 6 437 3,6
242900553 CC du Pays des Abers 306 334 9,2
242900561 CC de Haute-Cornouaille 234 260 11,1
242900629 CC Cap Sizun - Pointe du Raz 188 209 11,2
242900645 CC Douarnenez Communauté 513 567 10,5
242900660 CC du Pays Fouesnantais 229 267 16,6
242900694 CA Quimperlé Communauté 799 894 11,9
242900702 CC du Pays Bigouden Sud 500 562 12,4
242900710 CC du Haut Pays Bigouden 178 236 32,6
242900744 CC Poher communauté 328 358 9,2
242900751 CC du Pays de Landivisiau 456 479 5,0
242900769 CA Concarneau Cornouaille Agglomération 837 918 9,7
242900793 CC Communauté Lesneven Côte des Légendes 304 331 8,9
242900801 CC du Pays de Landerneau-Daoulas 505 548 8,5
242900835 CA Morlaix Communauté 1 486 1 518 2,2
243500139 Rennes Métropole 10 857 12 141 11,8
243500550 CC Montfort Communauté 174 205 17,8
243500618 CC de Brocéliande 154 183 18,8
243500634 CC Roche aux Fées Communauté 215 256 19,1
243500659 CC Pays de Châteaugiron Communauté 144 173 20,1
243500667 CC du Val d'Ille-Aubigné 250 294 17,6
243500725 CC Côte d'Émeraude 378 416 10,1
243500733 CC Bretagne Romantique 301 363 20,6
243500741 CA Redon Agglomération 718 817 13,8
243500774 CC Liffré-Cormier Communauté 149 159 6,7
243500782 CA du Pays de Saint-Malo Agglomération 1 167 1 319 13,0
244400610 CA de la Presqu'île de Guérande Atlantique (Cap Atlantique) 73 76 4,1
245600440 CC de Blavet Bellevue Océan 171 185 8,2
245600465 CC de Belle-Île-en-Mer 85 87 2,4
245614383 CC Questembert Communauté 285 351 23,2
245614417 CC Roi Morvan Communauté 467 532 13,9
245614433 CC Pontivy Communauté 680 770 13,2
  • Note : pour les EPCI de Redon et de Guérande, les données ne portent que sur la partie bretonne.
  • Source : Cnaf, fichiers Allstat Fr6 décembre 2019 et décembre 2020.

Figure 5Évolution du nombre d’allocataires du RSA entre 2019 et 2020

  • Note : pour les EPCI de Redon et de Guérande, les données ne portent que sur la partie bretonne.
  • Source : Cnaf, fichiers Allstat Fr6 décembre 2019 et décembre 2020.

Dans les territoires où la part des bénéficiaires du RSA dans la population était plus importante avant la crise (métropoles, grandes agglomération, QPV), l’augmentation du nombre d’allocataires du RSA a en effet été plus modérée qu’ailleurs. Dans les quartiers prioritaires bretons, il augmente de 3,6 %, bien moins que la moyenne régionale. La part des allocataires RSA dans les QPV baisse légèrement durant l’année 2020.

À l’inverse, dans de nombreux EPCI autour de grandes agglomérations, la hausse du nombre de bénéficiaires du RSA est importante. Dans les communautés de communes d’Arc Sud Bretagne, du Pays de Châteaugiron Communauté et du Haut Pays Bigouden par exemple, où les personnes couvertes par le RSA représentaient moins de 2 % de la population avant la crise, le nombre d’allocataires a bondi de plus de 20 % en 2020.

Les jeunes personnes vivant seules sont les plus concernées par le recours accru au RSA

Les personnes vivant seules sont les plus concernées par l’augmentation du RSA en 2020 : elles sont près de 11 % de plus pour les femmes et 12 % de plus pour les hommes à bénéficier du RSA fin 2020 par rapport à l’avant-crise, et représentent près de 80 % de l’augmentation totale (figure 6). À l’inverse, les familles sont un peu plus épargnées : le nombre de couples avec enfant qui touchent le RSA augmente de moins de 4 % en 2020.

Figure 6Évolution du nombre de foyers allocataires percevant le RSA entre décembre 2019 et décembre 2020 selon la composition du foyer

en %
Évolution du nombre de foyers allocataires percevant le RSA entre décembre 2019 et décembre 2020 selon la composition du foyer (en %)
Type de foyer Évolution 2019-2020
Couple avec au moins un enfant 3,9
Couple sans enfant 3,3
Foyer monoparental 5,4
Femme seule 10,6
Homme seul 11,7
Ensemble des allocataires 8,8
  • Source : Cnaf, fichiers Allstat Fr6 décembre 2019 et décembre 2020.

Figure 6Évolution du nombre de foyers allocataires percevant le RSA entre décembre 2019 et décembre 2020 selon la composition du foyer

  • Source : Cnaf, fichiers Allstat Fr6 décembre 2019 et décembre 2020.

Durant l’année 2020, les 25-29 ans constituent la catégorie d’âge la plus touchée par la hausse de la précarité (figure 7). Parmi eux, les jeunes hommes sont un peu plus touchés que les jeunes femmes. La hausse du nombre d’hommes de moins de 35 ans bénéficiant du RSA est particulièrement marquée (+1 600 bénéficiaires). À l’inverse, les 50-59 ans représentent la classe d’âge la plus épargnée.

Figure 7Pyramide des âges des allocataires du RSA en 2019 et 2020

en nombre
Pyramide des âges des allocataires du RSA en 2019 et 2020 (en nombre)
Âge Femmes 2019 Hommes 2019 Femmes 2020 Hommes 2020
14-19 423 9 413 3
20-24 2 253 100 2 235 123
25-29 5 469 5 315 5 983 6 335
30-34 5 104 4 513 5 437 5 084
35-39 4 493 3 994 4 792 4 263
40-44 3 488 3 190 3 810 3 657
45-49 3 295 3 226 3 481 3 432
50-54 2 792 2 691 2 931 2 929
55-59 2 175 2 375 2 367 2 407
60-64 1 380 1 749 1 554 1 878
  • Source : Cnaf, fichiers Allstat Fr6 décembre 2019 et décembre 2020.

Figure 7Pyramide des âges des allocataires du RSA en 2019 et 2020

  • Source : Cnaf, fichiers Allstat Fr6 décembre 2019 et décembre 2020.
Publication rédigée par :Emmanuel Granier, Marie Sala (Insee)

Sources

Cette étude exploite les données annuelles sur les allocataires des Caf, provenant des fichiers des caisses d’allocations familiales regroupés par la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf). Le champ est celui de l’ensemble des foyers allocataires ayant un droit versable à au moins une prestation légale au cours du mois de décembre de l’année étudiée ou à une prestation versée en une seule fois au cours de l’année. Il existe d’autres types de prestations sociales gérées par d’autres organismes publics (par exemple l’allocation de soutien aux personnes âgées ou bien encore les allocations délivrées par la Mutualité sociale agricole), qui ne sont pas dans le champ de cette étude. Le champ des allocataires a été restreint en retirant les allocataires de 65 ans ou plus et les étudiants ne percevant que l’allocation logement notamment, pour lesquels les informations sont souvent incomplètes.

Les données mensuelles proviennent de la Cnaf (fichiers Allstat FR6) et de la Mutualité sociale agricole (MSA) pour le RSA et la prime d’activité, et uniquement de la Cnaf pour les autres prestations.

Définitions

Le taux de pauvreté monétaire correspond à la proportion d’individus étant en situation de pauvreté monétaire. Un individu est considéré comme pauvre lorsqu’il vit dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. En France et en Europe, le seuil est le plus souvent fixé à 60 % du niveau de vie médian.

Un allocataire Caf est une personne qui perçoit au moins une prestation d’une caisse d’allocations familiales au regard de sa situation familiale et/ou monétaire.

Les personnes couvertes par une prestation regroupent le responsable du dossier Caf (l’allocataire) et ses éventuels ayants-droits (conjoint(e), enfants et autres personnes à charge). Elles constituent le foyer allocataire.

Les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) sont des territoires d’intervention du ministère chargé de la Ville et du Logement, définis par la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine du 21 février 2014.

La prime d’activité est un complément de revenus d’activité s’adressant aux travailleurs percevant des revenus modestes. Elle remplace depuis 2016 le revenu de solidarité active (RSA-activité) et la prime pour l’emploi (PPE). Elle a pour objet d’inciter les travailleurs (salariés ou non salariés) aux ressources modestes à exercer ou reprendre une activité professionnelle et à soutenir leur pouvoir d’achat. Ce dispositif a été élargi de façon conséquente en 2019, de manière à concerner les revenus jusqu’à 1,5 Smic.

Le revenu de solidarité active (RSA), entré en vigueur le 1er juin 2009 en France métropolitaine, est une allocation qui complète les ressources initiales du foyer pour qu’elles atteignent le niveau d’un revenu garanti. Le revenu garanti est calculé comme la somme d’un montant forfaitaire, dont le montant varie en fonction de la composition du foyer et du nombre d’enfant(s) à charge. Il est ouvert, sous certaines conditions, aux personnes âgées d’au moins 25 ans et aux personnes âgées de moins de 25 ans si elles sont parents isolés ou justifient d’une certaine durée d’activité professionnelle.

Le niveau de vie est égal au revenu du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation (UC). Le niveau de vie est donc le même pour tous les individus d’un même ménage. Les UC sont calculées de la façon suivante : 1 UC pour le premier adulte du ménage, 0,5 UC pour les autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 UC pour les enfants de moins de 14 ans.

Le niveau de vie médian, dans une population donnée, est celui au-dessous duquel se situent la moitié des revenus par UC de cette population.

La prestation d’accueil du jeune enfant (Paje) comprend plusieurs aides destinées aux parents : la prime à la naissance ou à l’adoption, l’allocation de base, la prestation partagée d’éducation de l’enfant (PreParE) et le complément de libre choix du mode de garde (CMG).

Les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) sont des regroupements de communes ayant pour objet l’élaboration de « projets communs de développement au sein de périmètres de solidarité ». Ils sont soumis à des règles communes, homogènes et comparables à celles de collectivités locales.

Pour en savoir plus

Hannafi C., Le Gall R. (ERUDITE, université Paris-Est Créteil ; DREES), Omalek L. et Marc C. (DREES), « Ouvrir dans un nouvel ongletMesurer régulièrement le non-recours au RSA et à la prime d’activité : méthode et résultats », Les dossiers de la DREES n° 92, mars 2022.

Insee, « Bilan économique 2021 », Insee Conjoncture Bretagne n° 39, juin 2022.

Flachère M., Frénois L. (Insee), « Mi-2021, le recours aux prestations sociales retrouve son niveau d’avant crise sanitaire », Insee Analyses Occitanie n° 111, novembre 2021.

Bidoux P.-É., Brusq D. (Insee), Coudert A., Denayrolles É., Di-Maggio C. (Caf de la Gironde), Le-Floch L. (Caf des Landes), Pierron M. (Caf de la Vienne), Rasamimalala J. (Caf de la Charente), « Après une envolée en 2020, le recours au RSA retrouve son niveau d’avant-crise », Insee Analyses Nouvelle-Aquitaine n° 119, mars 2022.