Insee Analyses Normandie · Septembre 2022 · n° 107

Près de 19 000 seniors vivent à Caen

En 2018, 18 800 seniors (65 ans ou plus) résident à Caen. Ils représentent 18 % de la population de la commune, une part relativement similaire à celle du référentiel de comparaison (19 % ; encadré 1). Entre 1999 et 2018, leur nombre a progressé (+ 2 000 seniors, soit + 0,6 % par an), alors que l’ensemble de la population caennaise a reculé sur la même période (- 0,4 % par an ; figure 2). Les seniors caennais sont un peu plus âgés que ceux du référentiel (76,7 ans contre 76,1 ans en moyenne). La commune est également la ville du référentiel qui, derrière Nancy, compte la part de jeunes de 18 à 25 ans la plus élevée, une conséquence de la forte présence d’étudiants dans cette ville universitaire.

Au sein de la commune, la population de seniors varie selon les IRIS (Îlots Regroupés pour l’Information Statistique) de 100 à 700 habitants (figure 1). Les seniors représentent plus du quart de la population des IRIS « Méridien » et « Saint-Paul », de quatre IRIS situés en périphérie sud et de l’IRIS « Pierre Heuze Nord » au nord-est. Ils sont en revanche moins présents dans les quartiers proches du centre-ville et de l’université, où de nombreux étudiants résident.

Si les tendances récentes se poursuivent, Caen pourrait compter près de 22 400 seniors à l’horizon 2050, soit 19 % de plus qu’en 2018. La commune verrait sa population de seniors augmenter de 110 personnes en moyenne par an, soit une hausse annuelle de 0,5 %, alors que la population dans son ensemble diminuerait de 0,3 % par an sur la même période. En fonction de l’évolution de l’espérance de vie et des migrations, le nombre de seniors pourrait fluctuer entre 20 400 et 24 900 habitants (encadré 2). Quelles que soient les hypothèses retenues, ils représenteraient environ 23 % de la population en 2050.

Cette progression du nombre de seniors concernerait en premier lieu les plus de 85 ans (+ 1,7 % par an) dont le nombre resterait stable jusqu’en 2030, puis augmenterait de façon continue pour atteindre 7 300 individus en 2050 (figure 3). Ces « grands seniors », âgés de plus de 85 ans, pourraient représenter 8 % de la population caennaise en 2050 contre 4 % en 2018. Cette évolution constituera un enjeu important en matière d’accompagnement de la dépendance sur le territoire, tant du point de vue des emplois liés à la prise en charge des personnes âgées que des capacités d’accueil des établissements d’hébergement.

La population des 75-84 ans progresserait également, mais de manière moins importante, de + 0,9 % par an en moyenne. Cette progression se concentrerait sur la décennie 2020, conséquence de l’arrivée dans cette tranche d’âge des générations issues du baby-boom. Au cours des deux décennies suivantes, leur nombre reculerait sensiblement pour atteindre 7 600 habitants en 2050 (contre 6 200 en 2018). S’agissant des 65-74 ans, leur nombre pourrait, quant à lui, diminuer dès 2021 (- 0,5 % par an en moyenne entre 2018 et 2050).

Près d’un senior sur cinq vivant à Caen en 2018 y est né, une part de natifs plus faible que dans le référentiel (18 % contre 24 %). Les seniors qui résident à Caen sont malgré tout près d’un quart à être nés dans la communauté urbaine de Caen la Mer (23 %), 43 % dans le Calvados et 63 % en Normandie, une part de natifs de la région plus élevée que dans le référentiel (57 %). Lorsqu’ils sont nés en dehors de la Normandie, les seniors caennais viennent surtout d’Île-de-France (10 %) et de l’étranger (8 %).

Les femmes sont surreprésentées parmi les seniors et leur part progresse avec l’âge, une conséquence logique de leur espérance de vie supérieure à celle des hommes. Elles représentent en effet 53 % de la population caennaise, mais plus de six seniors sur dix et près des trois quarts des seniors de 85 ans ou plus.

Au sein de la ville de Caen, seuls 3 % des seniors sont encore actifs, la plupart entre 65 et 74 ans. S’agissant de leur niveau de qualification, un tiers des seniors n’a aucun diplôme ou, tout au plus, un certificat d’études primaires, c’est deux fois plus que dans l’ensemble de la population. Cet écart résulte essentiellement d’un effet générationnel, le volume de bacheliers ayant progressé nettement à partir des années 1960. Les seniors de Caen sont toutefois plus diplômés en moyenne que ceux du référentiel et comprennent davantage d’anciens cadres, une structure qui prolonge les caractéristiques de la population caennaise aux âges actifs. Près d’un senior sur deux est un ancien cadre dans l’IRIS de « La Prairie ». À l’inverse, cette part est beaucoup plus faible dans des quartiers plus ouvriers comme La Guérinière, La Grâce-de-Dieu, Chemin Vert, Pierre Heuze ou Calvaire-Saint Pierre. En particulier, les anciens cadres représentent moins de 1 % des seniors des IRIS « La Guérinière Est » et « Champagne ».

S’agissant des conditions de logements, deux types d’habitat doivent être distingués. Près de 1 000 seniors vivent en effet au sein des 11 Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD) de la ville. Parmi ces derniers, sept sur dix sont des femmes. À l’instar du référentiel de comparaison, ces 1 000 seniors représentent 5 % des 65 ans ou plus de la ville de Caen.

Par ailleurs, 13 600 ménages seniors vivent en logements ordinaires, soit 30 % des ménages caennais. Six fois sur dix, ces ménages sont composés d’une personne seule, une proportion qui monte à sept sur dix pour les ménages dont le référent a plus de 85 ans. Parmi ces personnes vivant seules, près de 80 % sont des femmes, une part qui atteint 88 % pour les plus de 85 ans. La part de seniors vivant seuls varie fortement au sein de la commune selon les IRIS : un ménage senior sur trois est composé d’une personne seule dans le « Hameau de la Folie Couvrechef » alors qu’ils sont près de trois ménages seniors sur quatre dans le « Quartier des Boutiques ».

Parmi les seniors caennais vivant en logement ordinaire, plus de trois ménages sur cinq vivent dans le même logement depuis plus de dix ans, c’est deux fois plus que pour l’ensemble des ménages, et un ménage senior sur cinq y vit depuis plus de trente ans, trois fois plus que pour l’ensemble des ménages. Les seniors caennais occupent de fait plus souvent des logements construits dans les années 1970 et 1980 (34 % contre 27 % pour l’ensemble des ménages). Ils sont également davantage propriétaires (58 % contre 37 %), vivent plus fréquemment en maison (30 % contre 21 %) et disposent de plus d’espace dans leur logement (60 m² par personne en moyenne contre 46 m² pour l’ensemble des ménages).

Les ménages seniors caennais bénéficient d’un niveau de vie sensiblement supérieur à celui de l’ensemble de la population. Alors qu’en 2018, 18 % des ménages caennais vivent en dessous du seuil de pauvreté (1 060 euros par mois pour une personne seule), seuls 8 % des ménages seniors sont en dessous de ce seuil. Pour autant, les seniors sont davantage confrontés à ces situations de pauvreté dans le quartier de La Guérinière (plus d’un ménage senior sur quatre) et l’IRIS « Champagne » (23 %), et dans une moindre mesure dans le quartier de La Grâce de Dieu et les IRIS « Pierre Heuze Sud » et « Saint-Jean Eudes ». Dans ces territoires, une forte part des habitants vit en géographie prioritaire.

A contrario, alors que seuls 19 % des ménages caennais ont un niveau de vie supérieur à 140 % du niveau de vie médian, soit 2 480 euros par mois pour une personne seule, cette proportion atteint 28 % parmi les ménages seniors. Cette part peut même dépasser 40 % au sein de la plupart des IRIS situés à proximité du centre-ville (à l’exception du « Château »), ainsi que dans les trois IRIS de la périphérie sud (« Bas de Venoix », « Le Beau Site », « La Prairie ») où les seniors sont surreprésentés.

De manière générale, les seniors qui résident seuls sont plus fréquemment touchés par la pauvreté : 10 % d’entre eux sont concernés contre 4 % des couples, la vie à deux permettant bien souvent de mutualiser une partie des dépenses liées au logement et aux besoins du ménage. Les ménages seniors locataires sont également davantage confrontés à ces situations de précarité (15 % contre 3 % des ménages seniors propriétaires).

Plus globalement, si les revenus des ménages caennais sont, dans leur ensemble, globalement plus élevés que ceux du référentiel, cette situation est encore plus marquée chez les ménages seniors (figure 4).

L’ancienneté dans les logements le démontre, les seniors déménagent peu : entre 2017 et 2018, 94 % d’entre eux sont restés dans le même logement contre 79 % de l’ensemble de la population caennaise. Lorsqu’ils déménagent, ils sont aussi nombreux à rester dans la commune qu’à la quitter (3 % des seniors dans les deux cas). Ils sont par ailleurs un peu plus nombreux à quitter le territoire de la ville de Caen (630 en 2018) qu’à venir s’y installer (560 au cours de la même année). La plupart des entrées et sorties de la commune s’effectuent avec des territoires voisins : un tiers avec la communauté urbaine de Caen la Mer et les trois quarts avec la Normandie. Les principaux échanges extra-régionaux se font avec l’Île-de-France (11 % du flux entrant et 6 % du flux sortant).

La qualité de vie des seniors est favorisée par la présence, dans leur commune ou dans leur quartier, d’un ensemble de services du quotidien, de santé ou de loisirs. Pour la quasi-totalité des services du quotidien ou de santé définis dans cette étude comme particulièrement utiles aux seniors (encadré 3), la ville de Caen est mieux pourvue que la moyenne des communes du référentiel. Parmi les services du quotidien, Caen dispose ainsi, pour 10 000 habitants, de 10 banques, 9 boulangeries et 17 coiffeurs (contre respectivement 7, 7 et 16 dans le référentiel). Pour les services de santé, Caen est la commune, au sein du référentiel, qui accueille le plus de médecins généralistes : 16 pour 10 000 habitants contre 12 dans le référentiel. C’est aussi l’une des mieux dotée en spécialistes de la radiographie et de l’imagerie médicale, en masseurs kinésithérapeutes et en pédicures – podologues. En revanche, les infirmiers sont moins présents (10 pour 10 000 habitants contre 14 dans le référentiel).

Malgré tout, des disparités, en matière de dotation d’équipements, peuvent être observées selon les IRIS. Les IRIS proches du centre-ville font état d’une bonne diversité pour les services du quotidien et de santé (figure 5), et certains IRIS, plus excentrés, présentent également de bons niveaux d’équipements : « La Maladrerie », « Champagne », la « ZAC de la Folie Couvrechef Est », « Calvaire Saint-Pierre », « La Grâce de Dieu Ouest ». En revanche, les IRIS présentant une forte part de seniors disposent souvent d’une plus faible diversité d’équipements comme ceux du « Méridien » et « Saint-Paul », ou encore plusieurs quartiers en périphérie sud, même si ces IRIS sont tous à proximité immédiate d’IRIS très bien équipés. Les services de loisirs sont, quant à eux, bien plus présents en périphérie, en particulier dans les IRIS de « Claude Decaen », « La Guérinière Est », « La Grâce de Dieu Ouest », le « Quartier Malherbe », « Beaulieu », « Champagne », « La Folie Couvrechef » et le « Quartier Calmette ».