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Insee Analyses Mayotte · Juillet 2022 · n° 33
Insee Analyses MayotteMayotte, un territoire riche de ses langues et de ses traditions Enquête Pratiques culturelles à Mayotte en 2019

Dehon Marylise (Insee), Louguet Amandine (Deps-Doc)

Le shimaoré et le kibushi sont les deux langues majoritairement parlées par les habitants de Mayotte. Moins répandu sur l’île, le français est surtout parlé par les jeunes, les personnes diplômées et les Français nés en dehors de Mayotte. Les habitants de Mayotte sont proportionnellement plus nombreux à déclarer lire des livres qu’à La Réunion, en partie du fait de l’importance des lectures religieuses. Les pratiques de la danse, du chant ou de la musique sont largement diffusées dans l’île, notamment avec le debaa, le shigoma, le m’biwi. Il en va de même pour la pratique du théâtre populaire mahorais, amateur ou de rue ainsi que le halé halélé. Les habitants de Mayotte sont moins nombreux qu’en France métropolitaine à regarder la télévision et à écouter la radio ou de la musique. Par ailleurs, les musiques de l’océan Indien et les musiques traditionnelles sont très écoutées à Mayotte.

Insee Analyses Mayotte
No 33
Paru le :Paru le01/07/2022
Infographie
Publication rédigée par :Dehon Marylise (Insee), Louguet Amandine (Deps-Doc)

La quasi-totalité des natifs de Mayotte parlent le shimaoré ou le kibushi

À Mayotte, deux langues locales sont maîtrisées et utilisées au quotidien par une partie importante de la population, le shimaoré et le kibushi. Parmi les habitants de l’île âgés de 15 ans ou plus, 75 % déclarent ainsi maîtriser le shimaoré et 18 % le kibushi. Au total, 81 % des habitants de Mayotte déclarent maîtriser au moins l’une de ces deux langues. Cette part s’élève à 94 % parmi les natifs de l’île (figure 1).

Figure 1Part d’habitants de Mayotte déclarant maîtriser le kibushi et/ou le shimaoré

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Part d’habitants de Mayotte déclarant maîtriser le kibushi et/ou le shimaoré (en %) - Lecture : parmi les habitants de Mayotte natifs de l’île, 61 % déclarent maîtriser le shimaoré mais pas le kibushi.
Lieu de naissance Langue(s) locale(s) maîtrisée(s) : shimaoré mais pas kibushi Langue(s) locale(s) maîtrisée(s) : à la fois kibushi et shimaoré Langue(s) locale(s) maîtrisée(s) : Kkbushi mais pas shimaoré Langue(s) locale(s) maîtrisée(s) : ni kibushi, ni shimaoré
Natifs de Mayotte 61 21 12 6
Natifs de l’étranger 68 7 1 24
Natifs de France hors Mayotte 15 7 4 74
  • Note : 91 % des natifs de l’étranger résidant à Mayotte sont nés aux Comores, d’après le recensement de la population de 2017 à Mayotte.
  • Lecture : parmi les habitants de Mayotte natifs de l’île, 61 % déclarent maîtriser le shimaoré mais pas le kibushi.
  • Champ : habitants de Mayotte âgés de 15 ans ou plus.
  • Source : Deps-doc/ministère de la Culture, enquête sur les Pratiques culturelles à Mayotte (2019).

Figure 1Part d’habitants de Mayotte déclarant maîtriser le kibushi et/ou le shimaoré

  • Note : 91 % des natifs de l’étranger résidant à Mayotte sont nés aux Comores, d’après le recensement de la population de 2017 à Mayotte.
  • Lecture : parmi les habitants de Mayotte natifs de l’île, 61 % déclarent maîtriser le shimaoré mais pas le kibushi.
  • Champ : habitants de Mayotte âgés de 15 ans ou plus.
  • Source : Deps-doc/ministère de la Culture, enquête sur les Pratiques culturelles à Mayotte (2019).

Le shimaoré est davantage maîtrisé sur l’île que le kibushi, que ce soit parmi les natifs de l’île ou ceux de l’étranger, ces derniers représentant la moitié des habitants de 15 ans ou plus de Mayotte. Ainsi, 82 % des natifs de Mayotte déclarent maîtriser le shimaoré et 33 % le kibushi. La quasi-totalité des natifs de Mayotte maîtrisant le kibushi parlent aussi le shimaoré, alors que seuls un quart des natifs maîtrisant le shimaoré parlent aussi le kibushi. De leur côté, 75 % des natifs de l’étranger déclarent maîtriser le shimaoré et 8 % le kibushi.

La maîtrise de ces langues est différente selon l’âge. Au moins huit natifs de l’île sur dix, qu’ils soient jeunes ou plus âgés, déclarent maîtriser le shimaoré. En revanche, les natifs de Mayotte âgés de 15 à 24 ans déclarent moins souvent que les plus âgés maîtriser le kibushi (figure 2).

Figure 2Parts de natifs de Mayotte déclarant maîtriser le kibushi, le shimaoré ou le français par tranches d’âges

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Parts de natifs de Mayotte déclarant maîtriser le kibushi, le shimaoré ou le français par tranches d’âges (en %) - Lecture : parmi les habitants de Mayotte, 24 % des natifs de l’île âgés de 15 à 24 ans déclarent maîtriser le kibushi.
Tranches d’âges Langue maîtrisée – Kibushi Langue maîtrisée – Shimaoré Langue maîtrisée – Français
15-24 ans 24 80 96
25-39 ans 37 82 88
40-59 ans 40 87 55
60 ans ou + 42 80 24
Ensemble des natifs de Mayote 33 82 75
  • Lecture : parmi les habitants de Mayotte, 24 % des natifs de l’île âgés de 15 à 24 ans déclarent maîtriser le kibushi.
  • Champ : population de 15 ans ou plus née et habitant à Mayotte.
  • Source : Deps-doc/ministère de la Culture, enquête sur les Pratiques culturelles à Mayotte (2019).

Figure 2Parts de natifs de Mayotte déclarant maîtriser le kibushi, le shimaoré ou le français par tranches d’âges

  • Lecture : parmi les habitants de Mayotte, 24 % des natifs de l’île âgés de 15 à 24 ans déclarent maîtriser le kibushi.
  • Champ : population de 15 ans ou plus née et habitant à Mayotte.
  • Source : Deps-doc/ministère de la Culture, enquête sur les Pratiques culturelles à Mayotte (2019).

La transmission familiale contribue fortement à la diffusion de ces deux langues : plus de neuf habitants de Mayotte sur dix, à qui au moins un de leurs parents parlait kibushi à l’âge de 5 ans, maîtrisent cette langue aujourd’hui. Le constat est le même pour le shimaoré.

Le français, une langue moins répandue que le shimaoré à Mayotte

Seuls 55 % des habitants de Mayotte déclarent maîtriser le français. Si cette part s’élève à 75 % parmi les natifs de l’île et à 89 % parmi les habitants nés en France hors Mayotte, ce n’est le cas que de 36 % des habitants nés à l’étranger.

Outre le lieu de naissance, l’âge et le niveau de diplôme sont déterminants dans la maîtrise du français. Ainsi, quel que soit leur lieu de naissance, les plus jeunes sont plus nombreux à déclarer maîtriser le français : 82 % des habitants de Mayotte âgés de 15 à 24 ans parlent français contre 29 % de ceux âgés de 60 ans ou plus. Cela peut s’expliquer en partie par la scolarisation rendue obligatoire seulement en 1988 à Mayotte. Un écart existe aussi dans la maîtrise du français entre les diplômés et les non-diplômés : neuf habitants de Mayotte sur dix ayant un diplôme, même de niveau modeste, déclarent maîtriser le français, contre seulement quatre non-diplômés sur dix.

Une part de lecteurs plus importante à Mayotte qu’à La Réunion

À Mayotte, 54 % des habitants déclarent lire des livres. Cette part est moindre qu’en France métropolitaine (70 %), mais plus élevée qu’à La Réunion (42 %), alors que l’illettrisme en langue française est plus répandu à Mayotte qu’à La Réunion (figure 3).

Figure 3Répartition de la population déclarant lire des livres selon l’intensité de lecture et le territoire

en %
Répartition de la population déclarant lire des livres selon l’intensité de lecture et le territoire (en %) - Lecture : parmi les habitants de Mayotte, 9 % déclarent lire « beaucoup » de livres.
Lieu de résidence Déclare lire – Beaucoup de livres Déclare lire – Moyennement Déclare lire – Peu Déclare lire – Pas du tout
Mayotte 9 19 26 46
La Réunion 8 16 19 58
France métropolitaine 17 25 27 30
  • Lecture : parmi les habitants de Mayotte, 9 % déclarent lire « beaucoup » de livres.
  • Champ : habitants de Mayotte, de France métropolitaine et de La Réunion âgés de 15 ans ou plus.
  • Source : Deps-doc/ministère de la Culture, enquête sur les Pratiques culturelles à Mayotte (2019), en France métropolitaine (2018) et à La Réunion (2019-2020).

Figure 3Répartition de la population déclarant lire des livres selon l’intensité de lecture et le territoire

  • Lecture : parmi les habitants de Mayotte, 9 % déclarent lire « beaucoup » de livres.
  • Champ : habitants de Mayotte, de France métropolitaine et de La Réunion âgés de 15 ans ou plus.
  • Source : Deps-doc/ministère de la Culture, enquête sur les Pratiques culturelles à Mayotte (2019), en France métropolitaine (2018) et à La Réunion (2019-2020).

La pratique de la lecture, relativement répandue à Mayotte, s’explique notamment par la lecture des livres religieux, en particulier ceux évoquant la religion musulmane et écrits en langue arabe.

La moitié des lecteurs déclarent lire des livres religieux. En particulier, plus d’un tiers des lecteurs ne lisent que des livres religieux et un sixième déclarent lire à la fois des livres religieux et d’autres types de livres. Un tiers des lecteurs déclarent ne pas lire de livres religieux, mais d’autres types de livres et un sixième ne se prononcent pas (figure 4). Les goûts en matière de lecture sont ainsi très spécifiques au contexte culturel et religieux de l’île. À l’inverse, les genres littéraires les plus appréciés dans l’Hexagone ou à La Réunion, comme les romans policiers, ne sont lus que par 10 % des lecteurs à Mayotte.

Figure 4Répartition des habitants de Mayotte déclarant lire selon le type de lecture

en %
Répartition des habitants de Mayotte déclarant lire selon le type de lecture (en %) - Lecture : parmi les habitants de Mayotte lisant des livres, 36 % déclarent lire uniquement des livres religieux.
Types de lectures Ensemble
Refus – ne se prononce pas 14
Livres non religieux exclusivement 36
Livres religieux et non religieux 14
Livres religieux exclusivement 36
  • Lecture : parmi les habitants de Mayotte lisant des livres, 36 % déclarent lire uniquement des livres religieux.
  • Champ : habitants de Mayotte âgés de 15 ans ou plus, déclarant lire des livres.
  • Source : Deps-doc/ministère de la Culture, enquête sur les Pratiques culturelles à Mayotte (2019).

Figure 4Répartition des habitants de Mayotte déclarant lire selon le type de lecture

  • Lecture : parmi les habitants de Mayotte lisant des livres, 36 % déclarent lire uniquement des livres religieux.
  • Champ : habitants de Mayotte âgés de 15 ans ou plus, déclarant lire des livres.
  • Source : Deps-doc/ministère de la Culture, enquête sur les Pratiques culturelles à Mayotte (2019).

L’importance de la religion pour la population mahoraise explique cette orientation de la lecture : 95 % des habitants déclarent avoir une religion et 74 % indiquent que cette dernière a beaucoup d’importance. Dans l’Hexagone, ces chiffres sont moins élevés (respectivement 57 % et 13 %).

Par ailleurs, la lecture en langue française reste peu accessible pour une partie importante de la population mahoraise. Le fait qu’une grande partie des habitants de Mayotte n’aient pas été scolarisés en France, et le taux élevé d’illettrisme en langue française peuvent expliquer ce constat. En 2012, les personnes scolarisées en France (à Mayotte, en France métropolitaine ou dans un autre département ou région d’Outre-mer) représentaient 48 % de la population mahoraise, et 58 % des habitants en âge de travailler ne maîtrisaient pas les compétences de base à l’écrit en langue française [Daudin, Michaïlesco, 2014]. Des difficultés vis-à-vis de la lecture sont encore très présentes chez les jeunes habitants de Mayotte. En effet, en 2020, 71 % des jeunes ayant participé à la Journée défense et citoyenneté à Mayotte éprouvaient des difficultés à lire.

Les arts du spectacle présents à Mayotte dans leur déclinaison locale

Portées par la culture locale, les pratiques en amateur de la danse, du chant, de la musique et du théâtre sont des pratiques répandues à Mayotte. En premier lieu, la danse est davantage pratiquée à Mayotte - 11 % des habitants l’ont pratiquée au cours de l’année précédant l’enquête - que dans l’Hexagone (7 %). Contrairement à l’Hexagone où la danse est davantage pratiquée par les 15-24 ans, à Mayotte ce sont les habitants âgés de 25 à 40 ans qui font le plus souvent de la danse. Il s’agit d’une pratique plutôt féminine, même si 7 % des hommes habitant à Mayotte déclarent avoir pratiqué la danse au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête (figure 5).

Figure 5Pratique de la danse, du chant ou de la musique selon le sexe

en %
Pratique de la danse, du chant ou de la musique selon le sexe (en %) - Lecture : parmi les femmes résidant à Mayotte, 14 % ont pratiqué le chant ou la musique au cours de l’année précédant l’enquête.
Pratiques Femme – Mayotte Homme – Mayotte Femme – France métropolitaine Hommes – France métropolitaine
Pratique du chant ou de la musique 14 9 9 12
Pratique de la danse 14 7 10 4
  • Lecture : parmi les femmes résidant à Mayotte, 14 % ont pratiqué le chant ou la musique au cours de l’année précédant l’enquête.
  • Champ : habitants de Mayotte et de France métropolitaine âgés de 15 ans ou plus.
  • Source : Deps-doc/ministère de la Culture, enquête sur les Pratiques culturelles à Mayotte (2019) et en France métropolitaine (2018).

Figure 5Pratique de la danse, du chant ou de la musique selon le sexe

  • Lecture : parmi les femmes résidant à Mayotte, 14 % ont pratiqué le chant ou la musique au cours de l’année précédant l’enquête.
  • Champ : habitants de Mayotte et de France métropolitaine âgés de 15 ans ou plus.
  • Source : Deps-doc/ministère de la Culture, enquête sur les Pratiques culturelles à Mayotte (2019) et en France métropolitaine (2018).

Les pratiques de la musique et du chant sont autant répandues à Mayotte que dans l’Hexagone, en particulier parmi les natifs de l’île : 11 % des natifs de l’île ont fait de la musique ou du chant au cours de l’année. Contrairement à la France métropolitaine, où la musique et le chant concernent les jeunes, ces pratiques restent importantes à Mayotte même après 60 ans. De même, spécificité mahoraise, la musique et le chant sont davantage pratiqués par les femmes que par les hommes.

À Mayotte, de nombreuses pratiques locales mêlent chant, danse et musique. Par exemple, 35 % des femmes natives de Mayotte et 15 % de celles nées à l’étranger déclarent avoir pratiqué le debaa au cours de leur vie. Seule une part marginale des hommes déclare cette pratique. À l’inverse, ils sont plus nombreux que les femmes à déclarer avoir pratiqué le shigoma au cours de leur vie : 12 % des hommes contre 4 % des femmes. Toutefois, si le shigoma est une pratique quasi exclusivement masculine parmi les 60 ans ou plus, cette pratique se féminise dans les générations les plus jeunes : l’écart de pratique du shigoma entre les femmes et les hommes s’élève à 20 points parmi les 60 ans ou plus, il n’est que de 1 point parmi les 15 à 24 ans. Le m’biwi est quant à lui pratiqué par 21 % des femmes nées à Mayotte et 13 % de celles nées à l’étranger.

Le théâtre est un art du spectacle également présent à Mayotte : 6 % des habitants de l’île déclarent le pratiquer au cours de l’année contre 1 % des habitants de l’Hexagone. À Mayotte, le théâtre est autant pratiqué chez les jeunes que chez leurs aînés alors que dans l’Hexagone, les jeunes sont majoritairement concernés. Le théâtre recouvre à Mayotte des formes plus variées qu’en France métropolitaine avec le théâtre de rue, les mises en scène au cours des fêtes de village, ou la lecture de contes : le halé halélé. En l’absence de conservatoire sur l’île, cette pratique est portée par les associations et les troupes de théâtre en amateur.

L’écoute de la musique est tournée vers les musiques de la zone océan Indien

Parmi les habitants de Mayotte, 73 % déclarent écouter de la musique, et 33 % tous les jours (contre 92 % et 65 % en France métropolitaine). À Mayotte, comme dans l’Hexagone, l’écoute de la musique décroît avec l’âge. Elle concerne 90 % des 15-24 ans contre 48 % des 60 ans ou plus. Les goûts musicaux portent la trace des cultures locales et des influences régionales : les styles musicaux traditionnels, de Mayotte et de l’océan Indien (musiques de Madagascar, des Comores, de la côte Est africaine et de La Réunion), sont écoutés par plus de la moitié des habitants de Mayotte écoutant de la musique quotidiennement. Les chansons et variétés françaises ainsi que les « musiques du monde » - un intitulé générique recouvrant un ensemble hétéroclite d’influences, locales ou plus internationales -  sont aussi très écoutées à Mayotte parmi les auditeurs quotidiens de musique (figure 6).

Figure 6Part des habitants de Mayotte selon le style de musique écouté

en %
Part des habitants de Mayotte selon le style de musique écouté (en %) - Lecture : parmi les habitants de Mayotte écoutant de la musique quotidiennement, 56 % écoutent des styles traditionnels.
Styles de musiques Part
Musiques traditionnelles 56
Musiques de Mayotte ou de l’Océan Indien 53
Chansons ou variétés françaises 43
Musiques du monde 43
Hip-hop, rap 39
R’nB 27
Variétés internationales 25
Musiques et chants religieux 21
Musique classique 13
Pop, rock 11
Musiques électroniques, techno 10
Jazz 9
Opéra 6
Métal, hard rock 6
  • Lecture : parmi les habitants de Mayotte écoutant de la musique quotidiennement, 56 % écoutent des styles traditionnels.
  • Champ : habitants de Mayotte âgés de 15 ans ou plus, déclarant écouter de la musique tous les jours ou presque.
  • Source : Deps-doc/ministère de la Culture, enquête sur les Pratiques culturelles à Mayotte (2019).

Figure 6Part des habitants de Mayotte selon le style de musique écouté

  • Lecture : parmi les habitants de Mayotte écoutant de la musique quotidiennement, 56 % écoutent des styles traditionnels.
  • Champ : habitants de Mayotte âgés de 15 ans ou plus, déclarant écouter de la musique tous les jours ou presque.
  • Source : Deps-doc/ministère de la Culture, enquête sur les Pratiques culturelles à Mayotte (2019).

D’autres pratiques culturelles, comme la photographie ou le cinéma, moins présentes que dans l’Hexagone

Les autres pratiques culturelles artistiques sont moins présentes à Mayotte qu’en France métropolitaine. Par exemple, seuls 7 % des habitants de Mayotte déclarent pratiquer la photographie, contre 19 % de ceux de l’Hexagone. Cette pratique décroît avec l’âge et est plutôt masculine, à Mayotte comme au niveau national. En l’absence de salle de cinéma sur l’île au moment de l’enquête, seuls 9 % des habitants de Mayotte étaient allés au cinéma au cours des 12 derniers mois à l’occasion d’un séjour hors du territoire, alors que ces sorties au cinéma sont une pratique majoritaire en métropole (63 % au cours de l’année). Par ailleurs, 17 % des habitants de Mayotte ont assisté à des projections en plein air, dans les médiathèques ou encore au sein de locaux associatifs. Cette pratique est décroissante avec l’âge et croissante avec les revenus.

La télévision et la radio moins présentes dans le quotidien

Par rapport à ce qui est observé en France métropolitaine, les habitants de Mayotte sont proportionnellement moins nombreux à écouter la radio. À Mayotte, 60 % des habitants déclarent écouter la radio et 28 % l’écoutent tous les jours (contre 82 % et 60 % en France métropolitaine). Par ailleurs, la durée moyenne d’écoute hebdomadaire est moins importante : 6 heures à Mayotte contre 10 heures en France métropolitaine. Les auditeurs de Mayotte écoutent majoritairement les matinales (62 %), les informations (58 %) et les libres antennes (42 %).

Comme pour la radio, la part des habitants de Mayotte regardant la télévision est inférieure à celle en France métropolitaine : 85 % des habitants de Mayotte regardent la télévision et 54 % la regardent quotidiennement (contre 94 % et 78 % en France métropolitaine). En moyenne, les habitants de Mayotte regardent la télévision 8 heures par semaine, soit 11 heures de moins que les téléspectateurs de l’Hexagone. Les téléspectateurs de Mayotte regardent majoritairement des émissions d’informations (68 % des téléspectateurs), des films (51 %) ainsi que des télénovelas et des séries indiennes (37 %). Par ailleurs, les habitants de Mayotte sont proportionnellement aussi nombreux que les habitants de France métropolitaine à regarder des vidéos en ligne (sur YouTube, Instagram ou Netflix par exemple). En effet, 50 % des habitants de Mayotte regardent des vidéos sur l’internet et 21 % en regardent tous les jours. Ce sont les jeunes qui regardent le plus de vidéos en ligne : 38 % déclarent en regarder tous les jours, tandis que 24 % n’en regardent jamais (contre 6 % et 83 % des 60 ans ou plus). À Mayotte, 34 % des habitants jouent aux jeux vidéo, dont 9 % quotidiennement (contre 44 % et 15 % en France métropolitaine). Les jeunes sont les joueurs les plus assidus : plus de six habitants de Mayotte âgés de 15 à 24 ans sur dix déclarent jouer aux jeux vidéo et moins de deux sur dix y jouent quotidiennement.

Malgré un usage moindre de la télévision, ce média reste celui le plus utilisé pour suivre l’actualité : 63 % des habitants de Mayotte déclarent l’utiliser pour se tenir informés et 27 % s’informent avec la radio (contre 78 % et 49 % en France métropolitaine). Le bouche-à-oreille est autant utilisé que les réseaux sociaux (respectivement 20 % et 19 %). La presse sous format papier n’est plus distribuée à Mayotte depuis 2018 et la presse numérique n’est lue que par 5 % de la population. Même si la télévision reste le média le plus utilisé pour s’informer et ce à tout âge, les jeunes sont proportionnellement plus nombreux que leurs aînés à utiliser les réseaux sociaux pour se tenir au courant de l’actualité. Ainsi, 31 % des habitants de Mayotte âgés de 15 à 24 ans s’informent sur les réseaux sociaux contre 4 % de ceux âgés de 60 ans ou plus. Au total, à Mayotte, 45 % de la population s’informe quotidiennement (contre 73 % des habitants de France métropolitaine). Les habitants de Mayotte s’intéressent particulièrement à l’actualité relative aux questions de santé (35 %), de politique et de religion (33 %).

Des pratiques de sorties relativement faibles liées à une offre restreinte d’équipements

De manière générale, les pratiques de sorties et de visites restent relativement restreintes à Mayotte. Comme pour le cinéma, une faible part des habitants de Mayotte ont visité un musée (4 %), assisté à un spectacle de théâtre (2 %) ou de danse (9 %) (contre 29 %, 21 % et 13 % en France métropolitaine). Ces écarts entre les deux territoires s’expliquent en grande partie par une offre en équipements culturels encore relativement restreinte sur le territoire mahorais. Au moment de l’enquête, Mayotte n’avait pas de cinéma en activité, comptait un Musée de France (le Muma) et dix monuments historiques inscrits et classés. Certains dispositifs, comme le cinéma itinérant Ciné Musafiri ou les scènes en extérieur, viennent pallier l’absence de certains équipements. Et quand le spectacle ne nécessite pas forcément de se jouer dans un équipement, les pratiques des habitants de Mayotte se rapprochent de celles des habitants de France métropolitaine. Par exemple, 35 % de la population mahoraise a assisté à un concert contre 34 % en France métropolitaine.

Encadré - Partenariat

Cette étude a été réalisée dans le cadre d'un partenariat entre l’Insee, la Direction des Affaires culturelles (Dac) de Mayotte et le Département des études, de la prospective, des statistiques et de la documentation (Deps-Doc) du ministère de la Culture.

Publication rédigée par :Dehon Marylise (Insee), Louguet Amandine (Deps-Doc)
Publication rédigée par :Dehon Marylise (Insee), Louguet Amandine (Deps-Doc)

Sources

En 2018, le Département des études, de la prospective, des statistiques et de la documentation (Deps-doc) a étendu la sixième édition de l’enquête sur les pratiques culturelles aux territoires ultramarins. Cette enquête constitue, depuis sa première édition en 1973, le principal instrument de suivi des comportements culturels en France. Elle sert de référence à de nombreuses enquêtes thématiques, monographiques ou territoriales et fait régulièrement l’objet de travaux universitaires. Avec l’extension du champ de l’enquête aux territoires ultramarins, l’édition 2018 est la première à fournir une analyse des pratiques culturelles dans ces territoires et à offrir la possibilité d’analyses régionalisées. Cette enquête a été menée en face-à-face à Mayotte auprès d’un échantillon de plus de 1 200 personnes âgées de 15 ans ou plus, entre octobre 2019 et décembre 2019 en français, shimaoré ou kibushi. Les résultats portent donc sur les pratiques culturelles des habitants et habitantes de Mayotte avant le confinement lié à la pandémie de la Covid-19.

Pour en savoir plus

Dehon M., Louguet A., « Enquête Pratiques culturelles à La Réunion – Entre langue créole, musiques des Mascareignes et influence internationale », Insee Analyses La Réunion n° 70, juillet 2022.

Lombardo P., Wolff L., « Ouvrir dans un nouvel ongletCinquante ans de pratiques culturelles en France », Culture études n° 2020-2, ministère de la Culture, juillet 2020.

Donnat O., « Ouvrir dans un nouvel ongletLes inégalités culturelles – Qu’en pensent les Français ? », Culture études n° 2015-4, ministère de la Culture, mai 2015.

Bertuzzi E ., Chatrefou L., « Ouvrir dans un nouvel ongletAu coeur du debaa », Les patrimoines cachés n° 4, Direction des Affaires culturelles de Mayotte, août 2015.

Daudin V., Michaïlesco F., « Quatre jeunes sur dix en grande difficulté à l’écrit à Mayotte », Insee Mayotte Infos n° 70, février 2014.