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Insee Analyses Grand Est · Mai 2022 · n° 142
Insee Analyses Grand EstL’hébergement généraliste pour les personnes en difficulté sociale : 18 500 places dans le Grand Est, en forte progression

Audrey Eichwald, Karina Mom, Sophie Villaume (Insee)

Dans le Grand Est, 18 500 places d’hébergement généraliste sont proposées aux adultes et aux familles en difficulté sociale fin 2020, dont les trois quarts sont destinées à l’urgence. Après l’Île-de-France, le Grand Est est la deuxième région où cette capacité est la plus forte au regard du nombre d’habitants. Le Bas-Rhin et la Moselle font partie des départements de France où l’offre est la plus élevée, pour répondre à une forte demande de mise à l’abri. Dans la région comme à l’échelle nationale, le nombre de places d’hébergement généraliste a fortement progressé ces dernières années, en particulier le recours aux nuitées d’hôtel.

Insee Analyses Grand Est
No 142
Paru le :Paru le03/05/2022

Dans la région Grand Est, le , qui répond à une obligation légale compte près de 18 500 places fin 2020, dont les trois quarts (14 300) sont destinées à l’. Le quart des places restantes correspond à des , plus pérennes et avec un accompagnement social.

Les offrent un quart des places d’hébergement, et sont majoritairement tournés vers des places d’insertion et de stabilisation (encadré). Les (non conventionnés au titre de l’aide sociale de l’État) couvrent la moitié des places d’hébergement, et ces dernières sont à l’inverse principalement destinées à l’urgence. Enfin, le dernier quart des places existantes fin 2020 est constitué de mobilisées par des associations sur financement de l’État, faute de places disponibles en centre d’hébergement (figure 1).

La proportion de places à l’hôtel est plus élevée dans le Grand Est que dans l’ensemble de la France de province (26 % contre 17 %). Elle est toutefois bien moindre qu’en Île-de-France, où les nuitées à l’hôtel représentent 58 % des places d’hébergement généraliste. Ces dernières années, la proportion de places à l’hôtel a nettement augmenté dans le Grand Est.

L’un des objectifs des pouvoirs publics dans les années à venir est de diminuer ce recours à l’hôtel, en améliorant la gestion des capacités d’hébergement. Le plan quinquennal (2018-2022) « pour le logement d’abord et la lutte contre le sans-abrisme », vise ainsi à « passer d’une réponse construite dans l’urgence s’appuyant majoritairement sur des places d’hébergement avec des parcours souvent longs et coûteux, à un accès direct au logement avec un accompagnement social adapté aux besoins des personnes » (source : délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement).

Figure 1Nombre de places en hébergement généraliste dans le Grand Est fin 2020

Nombre de places en hébergement généraliste dans le Grand Est fin 2020 - Lecture : fin 2020, le Grand Est compte près de 4 300 places d’hébergement généraliste en CHRS, dont 20 % sont destinées à l’urgence.
Type d’hébergement Places en insertion ou stabilisation Places en urgence Ensemble
CHRS* 3 391 868 4 259
Autres centres hors CHRS* (1) 1 039 8 345 9 384
Hôtel 0 4 822 4 822
Ensemble 4 430 14 035 18 465
  • *centre d’hébergement et de réinsertion sociale
  • (1) y c. résidences hôtelières à vocation sociale (RHVS) dans le Bas-Rhin
  • Lecture : fin 2020, le Grand Est compte près de 4 300 places d’hébergement généraliste en CHRS, dont 20 % sont destinées à l’urgence.
  • Source : Dreets, enquête AHI décembre 2020, données provisoires.

Figure 1Nombre de places en hébergement généraliste dans le Grand Est fin 2020

  • *centre d’hébergement et de réinsertion sociale
  • (1) y c. résidences hôtelières à vocation sociale (RHVS) dans le Bas-Rhin
  • Lecture : fin 2020, le Grand Est compte près de 4 300 places d’hébergement généraliste en CHRS, dont 20 % sont destinées à l’urgence.
  • Source : Dreets, enquête AHI décembre 2020, données provisoires.

Le Grand Est est la région hors Île-de-France qui dispose du plus grand nombre de places au regard de sa population

Au regard du nombre d’habitants, le Grand Est est la région de France de province la mieux dotée en places d’hébergement généraliste, devant les Hauts-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes. Elle compte 3,3 places pour 1 000 habitants en 2020, contre 1,7 pour l’ensemble de la France de province, soit près du double. L’Île-de-France se démarque nettement des autres régions avec 6,6 places pour 1 000 habitants (figure 2).

Ces écarts dans l’offre d’hébergement peuvent être liés à de nombreux facteurs : une forte demande de mise à l’abri (en lien avec la précarité de la population, le nombre de sans-abris, le climat, le prix des logements et l’expulsion locative, les violences conjugales, les flux migratoires au niveau territorial…), mais aussi des différences dans la gestion locale actuelle ou passée des capacités d’hébergement.

L’offre d’hébergement généraliste peut être relativisée au vu des situations de pauvreté locales (qui ne peuvent toutefois être mesurées que sur le champ des ménages fiscaux ordinaires, hors communautés et sans-abris). Avec 55 places d’hébergement généraliste pour 1 000 personnes pauvres, le Grand Est reste la deuxième région après l’Île-de-France pour sa capacité d’hébergement, comme elle l’était au regard du nombre d’habitants. Certaines régions se classent toutefois différemment selon l’indicateur retenu : ainsi, les Pays de la Loire, où le taux de pauvreté est assez faible en 2018 (10,8 %), passent au 6e rang des régions de métropole les mieux dotées au regard du nombre de personnes pauvres, alors qu’ils se classaient au 10e rang en rapportant l’offre au nombre d’habitants.

L’hébergement généraliste subit également les conséquences du manque de places disponibles dans les hébergements spécialisés par public (hors champ de cette étude), destinés en particulier aux demandeurs d’asiles et réfugiés. En effet, lorsque ces dispositifs sont saturés, les personnes qui n’ont pas pu être prises en charge sont réorientées vers l’hébergement généraliste. D’après un rapport du Sénat, en mars 2019, 11 400 demandeurs d’asile ont été comptabilisés dans l’hébergement généraliste en France, ce qui représente 8 % des places du parc. Les personnes en situation irrégulière relèvent de l’accueil inconditionnel et peuvent également être hébergées au sein du parc généraliste.

Selon le ministère de l’Intérieur, en moyenne entre septembre 2019 et janvier 2020, l’Île-de-France concentre 46 % des demandes d’asile enregistrées en préfecture, pour 19 % des capacités d’hébergement dans le dispositif national d’accueil, dédié aux demandeurs d’asile et réfugiés. Après l’Île-de-France, le Grand Est et Auvergne-Rhône-Alpes sont les régions qui enregistrent le plus de demandes d’asile (9 % chacun, pour 12 à 13 % des capacités d’hébergement dédiées à ce public).

Le Bas-Rhin et la Moselle : une offre parmi les plus élevées de France, mais saturée

Au regard du nombre d’habitants comme au regard du nombre de personnes en situation de pauvreté, le nombre de places d’hébergement est le plus élevé dans le Bas-Rhin et en Moselle (figure 2 et figure 3). Ils font même partie des trois départements les mieux équipés de France de province de ce point de vue, avec le Rhône. Le Bas-Rhin et la Moselle sont aussi les deux départements du Grand Est où la part des places d’hébergement destinées à l’urgence est la plus élevée (plus de huit places sur dix). Avec les Vosges, ce sont les départements où la proportion de places en hôtel est la plus forte (plus d’une place sur trois). Les places en centre d’hébergement (CHRS et autres centres) y sont en effet quasi saturées (le taux d’occupation y dépasse 93 % sur l’ensemble de l’année 2019), et le recours aux hôtels permet d’augmenter les capacités d’accueil.

Dans l’Aube, la Marne, le Haut-Rhin et la Meurthe-et-Moselle, l’offre rapportée au nombre d’habitants comme au nombre de personnes pauvres est proche de la moyenne métropolitaine. Les places d’urgence représentent entre six et huit places sur dix (pour sept au niveau métropolitain), sauf dans le Haut-Rhin où cette proportion est plus faible (quatre sur dix). Dans ces départements, la part des nuitées d’hôtel est faible (moins d’une place sur cinq).

Enfin, la Haute-Marne, les Ardennes, la Meuse, et dans une moindre mesure les Vosges sont ceux où l’offre d’hébergement généraliste par habitant (et par personne pauvre) est la plus faible de la région. L’offre rapportée à la population pauvre est la plus faible dans les Ardennes. Dans ces départements, à l’exception des Vosges, la proportion de places destinées à l’urgence est inférieure à la moyenne régionale et aucune nuitée à l’hôtel n’est mobilisée : le taux d’occupation des places en centre d’hébergement y est en effet moindre (entre 74 % et 86 % en 2019), et l’offre hôtelière y est parfois insuffisante (dans les Ardennes notamment).

Figure 2aNombre de places en hébergement généraliste pour 1 000 habitants en 2020

Nombre de places en hébergement généraliste pour 1 000 habitants en 2020
Code du département Libellé du département Nombre de places en hébergement généraliste pour 1 000 habitants en 2020
01 Ain 1,2
02 Aisne 1,4
03 Allier 1,2
04 Alpes-de-Haute-Provence 1,3
05 Hautes-Alpes 1,2
06 Alpes-Maritimes 1,8
07 Ardèche 0,7
08 Ardennes 1,5
09 Ariège 1,5
10 Aube 2,6
11 Aude 1,1
12 Aveyron 0,4
13 Bouches-du-Rhône 2,2
14 Calvados 2,2
15 Cantal 0,6
16 Charente 0,9
17 Charente-Maritime 0,8
18 Cher 0,7
19 Corrèze 0,7
21 Côte-d'Or 2,3
22 Côtes-d'Armor 0,6
23 Creuse 0,6
24 Dordogne 1,0
25 Doubs 1,4
26 Drôme 1,3
27 Eure 1,2
28 Eure-et-Loir 0,8
29 Finistère 0,7
2A Corse-du-Sud 1,0
2B Haute-Corse 0,6
30 Gard 1,0
31 Haute-Garonne 2,7
32 Gers 0,5
33 Gironde 1,1
34 Hérault 1,6
35 Ille-et-Vilaine 1,2
36 Indre 1,0
37 Indre-et-Loire 1,6
38 Isère 2,7
39 Jura 1,4
40 Landes 0,4
41 Loir-et-Cher 1,1
42 Loire 1,7
43 Haute-Loire 1,1
44 Loire-Atlantique 1,5
45 Loiret 1,6
46 Lot 0,7
47 Lot-et-Garonne 0,6
48 Lozère 1,1
49 Maine-et-Loire 1,2
50 Manche 0,4
51 Marne 2,5
52 Haute-Marne 1,5
53 Mayenne 1,0
54 Meurthe-et-Moselle 2,8
55 Meuse 1,9
56 Morbihan 0,7
57 Moselle 4,9
58 Nièvre 1,1
59 Nord 2,3
60 Oise 2,5
61 Orne 0,6
62 Pas-de-Calais 1,3
63 Puy-de-Dôme 2,0
64 Pyrénées-Atlantiques 0,9
65 Hautes-Pyrénées 1,2
66 Pyrénées-Orientales 1,4
67 Bas-Rhin 4,9
68 Haut-Rhin 2,2
69 Rhône 3,5
70 Haute-Saône 0,8
71 Saône-et-Loire 1,3
72 Sarthe 1,2
73 Savoie 1,0
74 Haute-Savoie 1,1
75 Paris 16,0
76 Seine-Maritime 1,5
77 Seine-et-Marne 4,2
78 Yvelines 2,2
79 Deux-Sèvres 0,6
80 Somme 2,1
81 Tarn 0,4
82 Tarn-et-Garonne 1,0
83 Var 0,7
84 Vaucluse 0,8
85 Vendée 0,5
86 Vienne 1,2
87 Haute-Vienne 1,3
88 Vosges 2,1
89 Yonne 1,4
90 Territoire de Belfort 1,2
91 Essonne 4,1
92 Hauts-de-Seine 4,2
93 Seine-Saint-Denis 8,9
94 Val-de-Marne 4,6
95 Val-d'Oise 3,4
  • Sources : Dreets, enquête AHI décembre 2020, données provisoires ; Insee, recensement de la population 2018.

Figure 2aNombre de places en hébergement généraliste pour 1 000 habitants en 2020

  • Sources : Dreets, enquête AHI décembre 2020, données provisoires ; Insee, recensement de la population 2018.

Figure 3Places d’hébergement généraliste par département fin 2020

Places d’hébergement généraliste par département fin 2020 - Lecture : fin 2020, le Bas-Rhin compte 5 584 places d’hébergement généraliste, soit 4,9 places pour 1 000 habitants. 85 % de ces places sont destinées à l’urgence.
Département Nombre de places d’hébergement généraliste Répartition selon la structure du parc (places en %) Répartition selon le type de place (en %) Nombre de places d’hébergement généraliste pour 1 000 habitants Nombre de places d’hébergement généraliste pour 1 000 personnes pauvres1
CHRS* Autres centres Hôtel Destinées à l’urgence En insertion ou stabilisation
Bas-Rhin 5 584 12 51 37 85 15 4,9 90,3
Moselle 5 149 15 53 32 87 13 4,9 80,3
Meurthe-et-Moselle 2 053 34 49 17 63 37 2,8 43,6
Haut-Rhin 1 669 32 59 9 38 62 2,2 42,8
Marne 1 411 41 44 15 79 21 2,5 41,8
Aube 796 38 54 8 73 27 2,6 39,4
Vosges 785 19 37 44 81 19 2,1 30,9
Ardennes 412 51 49 0 60 40 1,5 18,9
Meuse 344 57 43 0 52 48 1,9 29,6
Haute-Marne 262 65 35 0 55 45 1,5 22,7
Grand Est 18 465 23 51 26 76 24 3,3 54,9
France de province 88 201 39 45 17 64 36 1,7 27,0
France métropolitaine 169 206 26 37 37 73 27 2,6 43,0
  • *centre d’hébergement et de réinsertion sociale
  • (1) nombre de personnes pauvres au seuil de 60 % du niveau de vie médian
  • Lecture : fin 2020, le Bas-Rhin compte 5 584 places d’hébergement généraliste, soit 4,9 places pour 1 000 habitants. 85 % de ces places sont destinées à l’urgence.
  • Sources : Dreets, enquête AHI décembre 2020, données provisoires ; Insee, recensement de la population 2018, Filosofi 2018.

Une capacité d’hébergement en forte progression pour répondre aux besoins

Pour faire face à la hausse des demandes de mises à l’abri et respecter l’obligation d’accueil inconditionnel, les capacités d’hébergement d’urgence ont nettement augmenté ces dernières années.

Les flux migratoires en France ont progressé : selon le ministère de l’Intérieur, le nombre d’admis au séjour est passé de 211 000 en 2014 à 277 000 en 2019, et selon l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, le nombre de demandes d’asile a doublé entre 2014 et 2019, passant de 65 000 à plus de 130 000, entraînant des reports de plus en plus nombreux vers le dispositif généraliste. En 2020, les déplacements internationaux ont été fortement affectés par la crise du Covid, et ces flux ont nettement diminué (respectivement - 21 % et - 28 % par rapport à 2019), mais la crise sanitaire du printemps 2020 a par ailleurs suscité une forte mobilisation de l’hébergement d’urgence, notamment en recourant massivement aux places d’hôtels (sous-occupées pendant le confinement).

En 2020, le nombre de places a progressé de 8 % dans le Grand Est, après avoir déjà augmenté de 9 % en 2019. Ces hausses concernent principalement les nuitées à l’hôtel (+ 54 % en 2019 puis + 25 % en 2020), ces dernières ayant presque triplé dans le Bas-Rhin en 2019 (figure 4). Le nombre de places à l’hôtel s’est accru en 2020 dans tous les départements qui y avaient déjà recours, sauf en Meurthe-et-Moselle. L’offre en CHRS est fixée par arrêté d’autorisation pour une durée de 15 ans, elle est donc restée quasi stable. Celle des autres centres d’hébergement, dont la gestion est plus souple, a progressé légèrement (+ 1 % en 2019, puis + 4 % en 2020), en particulier en Moselle, dans l’Aube et la Marne.

En 2019, le Grand Est était l’une des régions où l’offre de places avait le plus augmenté, après l’Occitanie, la Corse et le Centre-Val de Loire, notamment en ce qui concerne les places à l’hôtel (2e région après l’Occitanie). En 2020, la hausse du nombre de places d’hébergement généraliste a été moins élevée dans le Grand Est qu’à l’échelle métropolitaine.

En mai 2021, suite à la crise du Covid-19, le gouvernement a annoncé qu'il garderait ouvertes jusqu'à fin mars 2022 les places d'hébergement d'urgence créées depuis le premier confinement.

Figure 4Nombre de places d’hébergement entre décembre 2018 et décembre 2020 dans les départements du Grand Est

Nombre de places d’hébergement entre décembre 2018 et décembre 2020 dans les départements du Grand Est - Lecture : fin 2020, le Bas-Rhin compte près de 5 600 places d’hébergement généraliste, dont 2 100 places à l’hôtel.
Département Année CHRS* Autres centres d’hébergement Hôtel
Bas-Rhin 2018 644 2 708 556
2019 644 2 937 1 505
2020 644 2 865 2 075
Moselle 2018 799 2 888 1 201
2019 787 2 389 1 470
2020 787 2 740 1 622
Meurthe-et-Moselle 2018 697 956 353
2019 697 1 186 394
2020 697 1 006 350
Haut-Rhin 2018 527 896 94
2019 527 958 79
2020 527 988 154
Marne 2018 591 438 25
2019 581 517 53
2020 581 617 213
Aube 2018 300 290 42
2019 300 306 46
2020 300 433 63
Vosges 2018 149 313 234
2019 149 277 311
2020 149 291 345
Ardennes 2018 203 228 0
2019 203 209 0
2020 209 203 0
Meuse 2018 195 91 0
2019 195 110 0
2020 195 149 0
Haute-Marne 2018 170 92 0
2019 170 92 0
2020 170 92 0
  • *centre d’hébergement et de réinsertion sociale
  • Lecture : fin 2020, le Bas-Rhin compte près de 5 600 places d’hébergement généraliste, dont 2 100 places à l’hôtel.
  • Source : Dreets, enquêtes AHI de décembre 2018, décembre 2019 et décembre 2020, données provisoires pour 2020.

Figure 4Nombre de places d’hébergement entre décembre 2018 et décembre 2020 dans les départements du Grand Est

  • *centre d’hébergement et de réinsertion sociale
  • Lecture : fin 2020, le Bas-Rhin compte près de 5 600 places d’hébergement généraliste, dont 2 100 places à l’hôtel.
  • Source : Dreets, enquêtes AHI de décembre 2018, décembre 2019 et décembre 2020, données provisoires pour 2020.

16 900 places en logement adapté fin 2020

Fin 2020, le Grand Est compte 16 900 places en , la plupart en (9 000 en résidences sociales classiques, 2 400 en foyers de travailleurs migrants, un peu moins de 1 000 en foyers de jeunes travailleurs, 1 800 en pensions de famille) et 2 700 sous forme d’. Cela représente environ 3 places pour 1 000 habitants, ce qui place le Grand Est en quatrième position après les régions Île-de-France, PACA et Auvergne-Rhône-Alpes.

La Moselle est le département qui compte le plus de places de logement adapté (plus de 4 900), avec notamment 2 300 places en foyers de jeunes travailleurs et travailleurs migrants (figure 5). Le Bas-Rhin compte quant à lui une plus forte proportion de places en intermédiation locative.

Entre fin 2018 et fin 2020, les places en logement adapté ont augmenté dans la région (+ 4 %), ce qui concerne surtout l’intermédiation locative (passant de 1 000 à 2 700), selon les orientations du Plan Logement d’abord, qui fixe à chaque région, des objectifs quantitatifs pour développer de nouvelles places, tant en pensions de famille que sous la forme de l’intermédiation locative. Plusieurs départements ont transformé des foyers de jeunes travailleurs en résidences sociales classiques, les jeunes travailleurs privilégient dorénavant la colocation ou d’autres modalités d’hébergement.

Figure 5Nombre de places en logement adapté dans le Grand Est fin 2020 par département

Nombre de places en logement adapté dans le Grand Est fin 2020 par département - Lecture : fin 2020, la Moselle compte plus de 4 900 places en logement adapté, dont plus de 1 700 en résidences sociales classiques.
Département de l'établissement Résidences sociales classiques Intermédiation locative Foyers de jeunes travailleurs et foyers de travailleurs migrants Pensions de famille Ensemble
Moselle 1 729 543 2 319 334 4 925
Bas-Rhin 1 919 1 376 85 284 3 664
Meurthe-et-Moselle 1 470 109 716 238 2 533
Haut-Rhin 1 541 398 116 297 2 352
Marne 1 431 83 32 157 1 703
Ardennes 297 90 0 94 481
Aube 202 35 117 91 445
Vosges 133 47 0 144 324
Haute-Marne 156 0 0 115 271
Meuse 112 30 0 58 200
Grand Est 8 990 2 711 3 385 1 812 16 898
  • Lecture : fin 2020, la Moselle compte plus de 4 900 places en logement adapté, dont plus de 1 700 en résidences sociales classiques.
  • Source : Dreets, enquête AHI décembre 2020, données provisoires.

Figure 5Nombre de places en logement adapté dans le Grand Est fin 2020 par département

  • Lecture : fin 2020, la Moselle compte plus de 4 900 places en logement adapté, dont plus de 1 700 en résidences sociales classiques.
  • Source : Dreets, enquête AHI décembre 2020, données provisoires.

Encadré 1 : Les personnes hébergées en CHRS : surtout des personnes seules, âgées de 25 à 59 ans

L’enquête nationale des coûts du secteur de l’AHI permet de disposer d’informations sur les profils des publics accueillis dans les CHRS (sources).

En 2019 dans le Grand Est, plus de 18 000 personnes ont été accueillies en CHRS. Ce sont majoritairement des adultes sans enfants (88 %), et six sur dix ont entre 25 et 59 ans (figure 6). Les familles qui ont besoin d’un hébergement sont en effet plus souvent hébergées à l’hôtel (Pour en savoir plus) .

Les profils des individus accueillis dans les CHRS varient toutefois selon les départements. Dans le Haut-Rhin, la part d’enfants, de jeunes adultes et d’adultes avec enfants est faible. À l’inverse, dans les Ardennes, le public accueilli est plus jeune (plus de 60 % ont moins de 25 ans).

Certaines places d’hébergement sont dédiées prioritairement aux femmes victimes de violence : cela représente un peu moins de 400 places dans le Grand Est, soit 2 % des capacités d’hébergement généraliste (3 % en métropole), et jusqu’à 8 % dans le Haut-Rhin, les Vosges et la Meuse. Suite au Grenelle contre les violences conjugales, 1 000 nouvelles places d’hébergement et de logement temporaire sont dédiées à ce public en 2021 dans l’ensemble de la France, après les 1 000 ouvertes en 2020.

Les durées de séjour dans un CHRS sont très variables : 64 % durent moins de 8 jours, tandis que 15 % sont supérieures à 6 mois. Ces séjours longs de plus de six mois sont un peu plus fréquents en CHRS que dans les autres centres d’hébergement, car ils proposent un accompagnement social étoffé sur différents plans (logement, travail, formation, santé…), tandis que les autres centres sont davantage orientés vers l’hébergement d’urgence.

Figure 6Répartition par âge des personnes hébergées en CHRS* en 2019 par département du Grand Est

en %
Répartition par âge des personnes hébergées en CHRS* en 2019 par département du Grand Est (en %)
Département de l'établissement Moins de 3 ans Entre 3 et 17 ans Entre 18 et 24 ans Entre 25 et 59 ans 60 ans ou plus Ensemble
Ardennes 9,8 24,4 27,1 36,5 2,2 100,0
Haute-Marne 5,4 18,4 27,1 43,8 5,3 100,0
Aube 5,1 19,3 25,2 48,2 2,2 100,0
Marne 7,4 23,2 14,8 49,7 4,9 100,0
Vosges 4,4 10,9 28,4 54,6 1,7 100,0
Meurthe-et-Moselle 6,1 24,3 13,2 53,0 3,4 100,0
Meuse 2,9 18,9 20,3 51,4 6,5 100,0
Moselle 4,0 17,1 19,0 55,9 4,0 100,0
Bas-Rhin 5,5 16,3 15,1 61,1 2,0 100,0
Haut-Rhin 0,5 3,2 17,7 68,0 10,6 100,0
Grand Est 2,9 11,4 18,3 60,3 7,1 100,0
  • *centre d’hébergement et de réinsertion sociale
  • Champ : CHRS* du Grand Est.
  • Source : Dreets, ENC-AHI 2020.

Figure 6Répartition par âge des personnes hébergées en CHRS* en 2019 par département du Grand Est

  • *centre d’hébergement et de réinsertion sociale
  • Champ : CHRS* du Grand Est.
  • Source : Dreets, ENC-AHI 2020.

Encadré 2 : Partenariat

Cette étude a été réalisée dans le cadre d’un partenariat entre l’Insee et la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets) du Grand Est.

Publication rédigée par :Audrey Eichwald, Karina Mom, Sophie Villaume (Insee)

Sources

L’Enquête sur les capacités Accueil, Hébergement, Insertion (AHI) de la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) est une enquête de gestion qui a pour objectif principal de réaliser l’inventaire du parc d’hébergement et de logement adapté (exclusivement les places pérennes).

Cette étude mobilise également les résultats d’une autre enquête de la DGCS, l’Étude nationale des Coûts du secteur de l’AHI (ENC-AHI). Ce dispositif national permet notamment de disposer d’informations sur le taux d’occupation des centres et les profils des publics accueillis (âge, structure familiale). Les CHRS sont tenus de remplir le questionnaire, mais le taux de remplissage est variable dans les autres centres d’hébergement, c’est pourquoi le champ de l’étude se limite ici aux CHRS. Les résultats de cette enquête sont obtenus avec une année de décalage : les données de l'ENC-AHI 2020 portent sur l’activité 2019.

Le dispositif Filosofi apporte des informations sur le taux de pauvreté des ménages fiscaux. Le champ couvert est celui des ménages ayant rempli au moins une déclaration de revenus et imposables au titre de la taxe d’habitation. Les personnes vivant dans des structures collectives (maisons de retraite, centres d’hébergements, foyers de travailleurs, etc.) ou sans domicile fixe ou sans abri ne sont pas retenues dans le champ de Filosofi.

Définitions

Le dispositif « Accueil, hébergement, insertion » (AHI) s’adresse aux personnes en grande difficulté sociale, sans domicile, mal logées ou contraintes de quitter en urgence leur logement. Il comprend un service public d’hébergement généraliste et d’accès au logement, dans l’optique de répondre au principe légal d’accueil inconditionnel inscrit dans le Code de l’action sociale et des familles : « toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique ou sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence » (article L.345-2-2 du Code de l’action sociale et des familles).

Différents types de places d’hébergement peuvent être distinguées :

  • – les places d’urgence : hébergement à prise en charge immédiate et pour une durée d’intervention de quelques jours (quinze au maximum).
  • – les places de stabilisation : hébergement à vocation transitoire, intermédiaire entre urgence et insertion.
  • – les places d’insertion : hébergement dans la durée de personnes confrontées à des difficultés sociales, qui peut être associé à des actions permettant aux personnes prises en charge de retrouver leur autonomie.

Le dispositif d’hébergement généraliste regroupe :

  • – les centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), qui accueillent des personnes ou des familles qui connaissent de graves difficultés, notamment économiques, familiales, mais aussi des difficultés de logement, de santé ou d’insertion. Les CHRS sont financés principalement au titre de l’aide sociale de l’État.
  • – les « autres centres d’accueil », non conventionnés au titre de l’aide sociale de l’État, regroupent des centres d’hébergement d’urgence, les communautés Emmaüs, des centres d’accueil pour toxicomanes et d’autres établissements d’hébergement.
  • – des nuitées d’hôtel, mobilisées par des associations, sur financement de l’État, à défaut de places disponibles dans les centres d’hébergement d’urgence.

Le logement adapté répond aux besoins de ménages qui ne remplissent pas les conditions pour accéder à du logement autonome.

  • – les logements-foyers offrent un logement temporaire à des personnes en capacité d’occuper un logement autonome, mais éprouvant des difficultés particulières d’ordre économique ou social (besoin d’un accompagnement léger). Il existe différents types de résidences : résidences sociales classiques, foyers de jeunes travailleurs, foyers de travailleurs migrants, pensions de famille.
  • – l’intermédiation locative (en location/sous location) favorise l’accès de personnes en voie d’insertion à un logement décent, autonome et de droit commun. Dans ce système, une association joue le rôle de tiers entre le bailleur et l’occupant.

Il existe également un dispositif d’hébergement spécialisé par public, qui n’entre pas dans le champ de cette étude. Il concerne en particulier les demandeurs d’asile et réfugiés (dispositif national d’accueil).