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Insee Analyses Guadeloupe · Octobre 2021 · n° 52
Insee Analyses GuadeloupeEn Guadeloupe, l’écoute de la musique et des informations à la radio sont les pratiques culturelles les plus répandues

Antonin Creignou, Baptiste Raimbaud (Insee), Amandine Louguet (Département des études de la prospective et des statistiques et de la documentation)

En Guadeloupe, la musique est au cœur des pratiques culturelles : les trois quarts des Guadeloupéens écoutent de la musique tous les jours. Aussi, 24 % des Guadeloupéens ont assisté au carnaval durant l’année précédant l’enquête menée entre février 2019 et février 2020 et 46 % ont participé à un « chanté Nwel ». Par ailleurs, la radio a une place importante : les trois quarts des Guadeloupéens l’écoutent tous les jours, notamment pour s’informer. Les Guadeloupéens sont également nombreux à regarder la télévision, des films ou des séries, comme ailleurs en France. En revanche, la fréquentation des musées, des théâtres et des cinémas est moins répandue au sein de la population qu’en France métropolitaine, notamment en raison d’une offre culturelle moins développée.

Insee Analyses Guadeloupe
No 52
Paru le :Paru le19/10/2021
Avertissement

Le Département des études, de la prospective, des statistiques et de la documentation (DEPS-Doc) a étendu aux territoires ultramarins l’Enquête sur les pratiques culturelles réalisée à six reprises en France métropolitaine (dernière édition en 2018). Cette enquête constitue aujourd’hui en France le principal instrument de suivi des comportements culturels. Elle sert de référence à de nombreuses enquêtes thématiques, monographiques ou territoriales et fait régulièrement l’objet de travaux universitaires. Avec l’extension du champ de l’enquête aux territoires ultramarins, l’édition 2018 est la première à fournir une analyse des pratiques culturelles dans ces territoires et à offrir la possibilité d’analyses régionalisées. Cette enquête a été menée en face-à-face (en français et en créole) en Guadeloupe auprès d’un échantillon de plus de 1 000 personnes, entre février 2019 et février 2020. Les résultats portent donc sur les pratiques culturelles des Guadeloupéens entre début 2018 et début 2020, avant le confinement lié à la pandémie de Covid-19.

Une large majorité des Guadeloupéens dispose des principaux biens d’équipements culturels à leur domicile. En effet, plus de neuf Guadeloupéens sur dix possèdent une télévision, comme en France métropolitaine, et il en est de même pour les téléphones portables et smartphones (93 %). Les postes de radio sont présents dans 83 % des foyers (72 % en France métropolitaine). Enfin, les Guadeloupéens possèdent plus souvent des ordinateurs portables que des ordinateurs fixes (respectivement 60 % et 19 %). Concernant l’accès à Internet, huit foyers guadeloupéens sur dix disposent d’une connexion (comme en France métropolitaine). Néanmoins, l’accès Internet à haut débit par la fibre, est moins fréquent qu’en France métropolitaine (– 11 points).

Les trois quarts des Guadeloupéens écoutent de la musique tous les jours

Une large majorité des Guadeloupéens écoute de la musique (93 %), dont 73 % tous les jours ou presque, ils sont 65 % en France métropolitaine (figure 1). Les supports utilisés diffèrent fortement en fonction de l’âge. En particulier, les 15-39 ans sont en proportion 2,7 fois plus nombreux que les 60 ans et plus à privilégier un appareil mobile pour écouter de la musique. Le streaming s’impose comme le mode d’accès dominant des 15-39 ans : ces derniers sont proportionnellement 7,3 fois plus nombreux que les 60 ans et plus à utiliser des sites de streaming pour écouter de la musique, Deezer par exemple, (figure 2) et 6,4 fois plus nombreux à utiliser des fichiers numériques.

Figure 1Les pratiques culturelles en Guadeloupe et en France métropolitaine

en %
Les pratiques culturelles en Guadeloupe et en France métropolitaine (en %) - Note de lecture : 93 % des Guadeloupéens déclarent avoir écouté de la musique dans l’année (période de l’enquête : février 2019 à février 2020), et 40 % être allés au cinéma.
Guadeloupe France métropolitaine
Écoutent de la musique 93 92
dont tous les jours ou presque 73 65
Regardent la télévision 92 94
dont tous les jours ou presque 79 78
durée moyenne d’écoute (en heure par semaine) 21 19
Jouent aux Jeux Vidéo 44 44
dont tous les jours ou presque 18 15
Écoutent la radio 87 82
dont tous les jours ou presque 73 60
durée moyenne d’écoute (en heure par semaine) 20 12
Suivent les actualités 97 97
dont tous les jours ou presque 75 75
Lisent des livres 54 70
ont fréquenté une bibliothèque durant l’année 15 27
Sont allés au cinéma dans l’année 40 62
Sont allés au musée dans l’année 12 29
Sont allés au théâtre dans l’année 16 21
Sont allés à un spectacle de danse dans l’année 14 13
Sont allés à un concert dans l’année 44 34
  • Note de lecture : 93 % des Guadeloupéens déclarent avoir écouté de la musique dans l’année (période de l’enquête : février 2019 à février 2020), et 40 % être allés au cinéma.
  • Source : Enquête sur les pratiques culturelles, DEPS, Ministère de la Culture, 2018.

À l’inverse, les Guadeloupéens de 60 ans et plus sont 1,5 fois plus nombreux que les 15-39 ans à privilégier la radio pour écouter de la musique. Enfin, le support CD tend à disparaître : il est encore utilisé par 25 % des 60 ans et plus mais par seulement 3 % des 15-39 ans. Les musiques caribéennes (zouk, biguine, kompa, calypso…) sont les plus populaires en Guadeloupe : elles sont écoutées par plus de huit Guadeloupéens sur dix qui écoutent de la musique. La variété française, la musique traditionnelle et la variété internationale sont également très prisées, plus de la moitié des Guadeloupéens écoutent chacun de ces styles musicaux. Les goûts musicaux diffèrent selon l’âge : 31 % des 15-39 ans aiment particulièrement le hip-hop, le rap et le RnB tandis que très peu de leurs aînés font part de cette préférence. En revanche, les 60 ans et plus sont plus souvent amateurs de musique traditionnelle (23 % contre 9 % des 15-39 ans), de variété française (13 % contre 7 %) et de musique classique (8 % contre 2 %). Dans l’année, 14 % des Guadeloupéens ont assisté à un festival et la majorité s’y rend accompagnée (52 % avec un membre de sa famille, 46 % entre amis, 30 % en couple). Parmi ceux qui ont assisté à un tel événement, 22 % l’ont fait à Marie-Galante (Terre de blues) et 14 % dans une autre île ou pays des Caraïbes.

Figure 2Pratiques d’écoute de musique selon l’âge en Guadeloupe

Pratiques d’écoute de musique selon l’âge en Guadeloupe - Note de lecture : Les 60 ans et plus sont 1,5 fois plus nombreux que les 15-39 ans à écouter de la musique à la radio.
'15-39 ans' par rapport à '60 ans et plus' '60 ans et plus' par rapport à '15-39 ans'
Télévision 1,0
Radio 1,5
Fichiers~numériques 6,4
streaming~d’autres~plateformes 5,8
streaming~sur une plateforme~specialisée 7,3
CD ou cassettes 8,3
Disques~vinyle 4,0
  • Note de lecture : Les 60 ans et plus sont 1,5 fois plus nombreux que les 15-39 ans à écouter de la musique à la radio.
  • Source : Enquête sur les pratiques culturelles en Guadeloupe (2019-2020), Deps-Doc.

Figure 2Pratiques d’écoute de musique selon l’âge en Guadeloupe

  • Note de lecture : Les 60 ans et plus sont 1,5 fois plus nombreux que les 15-39 ans à écouter de la musique à la radio.
  • Source : Enquête sur les pratiques culturelles en Guadeloupe (2019-2020), Deps-Doc.

Carnaval et chanté Nwel : deux traditions au cœur de la culture antillaise

La majorité des Guadeloupéens a assisté à un spectacle de rue durant l’année. En particulier, 24 % des Guadeloupéens ont assisté au carnaval, 20 % à une animation dans un lieu commercial, 16 % à une fête locale ou une animation dans la rue et 14 % à un grand événement national. Le carnaval de Guadeloupe est un évènement populaire organisé de début janvier jusqu’au mercredi des Cendres. L’ensemble de l’île est en fête, avec l’organisation de grands défilés dans toutes les communes, ainsi que des fêtes à thèmes.

Autre pratique culturelle traditionnelle locale, le chanté Nwel, auquel 46 % des Guadeloupéens ont participé. Avant les fêtes de Noël, les Guadeloupéens se rassemblent en famille, entre amis mais aussi par le biais de groupes et d’associations culturelles pour chanter des cantiques de Noël classiques, aux rythmes de biguine, de mazurka, de gwoka, de valses créoles ou de zouk. Ils partagent également à cette occasion un repas traditionnel.

Un musicien amateur sur quatre joue du ka

Si la musique occupe une place centrale dans la culture guadeloupéenne, elle est le plus souvent pratiquée en dehors des institutions ou des écoles et la pratique en amateur est probablement sous-déclarée (encadré 1). Ainsi, les trois quarts des Guadeloupéens déclarent n’avoir jamais fait de musique (67 % en France métropolitaine) et seulement 13 % des Guadeloupéens déclarent en avoir fait dans l’année (11 % en France métropolitaine).

Le ka est l’instrument de musique le plus répandu (25 % des musiciens amateurs en jouent), bien avant le piano (20 %) ou la guitare (14 %). Le ka est associé à la musique gwoka, une musique traditionnelle qui combine le chant responsorial (chant alterné entre deux choeurs ou entre un chœur et un soliste) en créole guadeloupéen, les rythmes joués aux tambours ka et la danse. Dans sa forme traditionnelle, le gwoka associe ces trois domaines d’expression en valorisant les qualités individuelles d’improvisation. Il a été classé patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO en 2014.

Par ailleurs, parmi les Guadeloupéens ayant déjà fait de la musique, 41 % ont fait de la chorale et 24 % du chant individuel au cours de leur vie. D’autre formes d’arts se pratiquent également en dehors des lieux institutionnels. Ainsi, 5 % des Guadeloupéens ont fait de la peinture, sculpture ou gravure dans l’année. Dans une moindre mesure, 1 % des Guadeloupéens font de la poterie, céramique ou reliure et 1 % écrivent des poèmes ou romans.

Les trois quarts des Guadeloupéens écoutent la radio tous les jours

La radio a une place importante dans la vie quotidienne des Guadeloupéens : 73 % l’écoutent tous les jours ou presque (53 % en Martinique et 60 % en France Métropolitaine). La durée d’écoute moyenne de la radio s’élève à plus de 20 heures par semaine. RCI et Guadeloupe la 1ère sont les deux radios les plus écoutées (par respectivement 54 % et 27 % des personnes déclarant écouter la radio). Les retraités et les cadres supérieurs sont ceux qui écoutent le plus la radio. En effet, respectivement 84 % et 80 % d’entre eux écoutent la radio tous les jours, contre 73 % pour les autres catégories socio professionnelles et 52 % des inactifs (les personnes ni en emploi ni au chômage). La majorité des Guadeloupéens se rend sur son lieu de travail en voiture (84 %) et nombre d’entre eux écoutent la radio à cette occasion. Parmi les Guadeloupéens écoutant la radio, les programmes les plus écoutés sont les émissions d’information et les journaux (écoutées par 87 % des auditeurs), les avis de décès (55 %) et les matinales (54 %). Les avis de décès sont une véritable institution en Guadeloupe : diffusé trois fois par jour, ce programme historique est très suivi par les auditeurs.

La presse écrite moins utilisée pour s’informer qu’en France métropolitaine

Les trois quarts des Guadeloupéens se tiennent informés de l’actualité tous les jours ou presque (comme en France métropolitaine). La télévision est le moyen le plus utilisé pour s'informer (déclarée par 89 % de la population guadeloupéenne suivant les actualités), suivi de la radio (78 %) et des réseaux sociaux (43 %). La presse numérique est autant lue en Guadeloupe qu’en France métropolitaine (respectivement 31 % et 33 %), contrairement à la presse écrite (17 % contre 31 %). Cela peut s’expliquer d’une part par le fait que la presse locale y est moins développée qu’en France métropolitaine (il existe quatre journaux locaux principaux : France Antilles, seul quotidien ; Nouvelle Semaine ; Le Progrès Social et Le Courrier de la Guadeloupe) et, d’autre part, par une diffusion moins importante des journaux nationaux et des prix plus élevés que ceux pratiqués sur le territoire métropolitain (en lien notamment avec le coût d’importation). Même si la télévision reste le moyen le plus utilisé pour s’informer à tout âge, les 15-39 ans sont en proportion six fois plus nombreux à recourir aux réseaux sociaux que les 60 ans et plus (figure 3). Le rapport à la presse varie selon les générations, les plus jeunes ayant opéré la transition numérique. Ainsi, les 15-39 ans sont quatre fois moins nombreux que les 60 ans et plus à recourir à la presse écrite et cinq fois plus nombreux à consulter la presse numérique.

Figure 3Pratiques informationnelles des Guadeloupéens selon l’âge

Pratiques informationnelles des Guadeloupéens selon l’âge - Note de lecture : Les 15-39 ans sont 6,2 fois plus nombreux que les plus de 60 ans à utiliser les réseaux sociaux pour s’informer.
'15-39 ans' par rapport à '60 ans et plus' '60 ans et plus' par rapport à '15-39 ans'
Télévision 1,2
Radio 1,6
Presse papier 4,0
Presse numérique 5,1
Réseaux sociaux 6,2
Autre source sur Internet 2,0
  • Note de lecture : Les 15-39 ans sont 6,2 fois plus nombreux que les plus de 60 ans à utiliser les réseaux sociaux pour s’informer.
  • Source : Enquête sur les pratiques culturelles en Guadeloupe (2019-2020), Deps-Doc.

Figure 3Pratiques informationnelles des Guadeloupéens selon l’âge

  • Note de lecture : Les 15-39 ans sont 6,2 fois plus nombreux que les plus de 60 ans à utiliser les réseaux sociaux pour s’informer.
  • Source : Enquête sur les pratiques culturelles en Guadeloupe (2019-2020), Deps-Doc.

Les Guadeloupéens regardent la télévision plus de 20 heures par semaine

Huit Guadeloupéens sur dix regardent la télévision tous les jours ou presque, niveau similaire à celui de la population métropolitaine. En moyenne, ils la regardent plus de 20 heures par semaine. En général, les téléspectateurs regardent la télévision seuls (85 %). Guadeloupe la 1ère est la chaîne la plus plébiscitée : 34 % des téléspectateurs la regardent. Les téléspectateurs guadeloupéens privilégient les émissions d’informations (programme regardé par 82 % d’entre eux), les reportages ou documentaires (70 %), les films (71 %) et les séries (55 %). Les Guadeloupéens âgés de 15 à 39 ans ont des pratiques télévisuelles différentes de leurs aînés. En effet, ils sont en proportion six fois plus nombreux que les 60 ans et plus à ne jamais regarder la télévision (19 % contre 3 %). Par ailleurs, cette classe d’âge regarde plus souvent des films et des séries tandis que les 60 ans et plus sont plus nombreux à suivre des émissions d’informations, des reportages ou documentaires. D’autre part, les 15-39 ans sont les plus grands consommateurs de vidéos sur Internet : 89 % regardent des vidéos sur les réseaux sociaux ou des plateformes de diffusion, majoritairement des films, des vidéo-clips, des séries et des feuilletons (contre 26 % chez les 60 ans et plus). Une large majorité des Guadeloupéens regarde des films (86 %), dont 29 % tous les jours ou presque (25 % en France métropolitaine). Par ailleurs, plus de sept Guadeloupéens sur dix visionnent des séries. Ce sont les 15-39 ans qui en regardent le plus : 57 % d’entre eux regardent des séries tous les jours (contre 29 % des 40-59 ans et 36 % des 60 ans et plus). En Guadeloupe, les séries plébiscitées sont les séries policières, les séries comiques et les séries d’amour ou sentimentales. Les films comme les séries sont majoritairement regardés lors de leur diffusion à la télévision et ce, à tout âge. En revanche, le visionnage sur les plateformes de vidéo à la demande concerne principalement les plus jeunes (68 % des 15-39 ans pour les films et 60 % pour les séries contre environ 5 % pour les 60 ans et plus dans les deux cas).

Les jeux vidéo autant plébiscités en Guadeloupe qu’en France métropolitaine

44 % des Guadeloupéens jouent aux jeux vidéo, sur une console de jeux, un téléphone portable, un écran de TV, une tablette ou un ordinateur, dont 18 % tous les jours. C’est un taux de pratique similaire à celui observé en France métropolitaine. Les jeux vidéo sont particulièrement populaires chez les plus jeunes : 79 % des 15-39 ans y jouent (contre 15 % des 60 ans et plus). Ils privilégient les jeux de sport, d’adresse, les échecs ainsi que les jeux d’action.

Lecture : une offre peu attractive ou chère, un taux élevé d’illettrisme

La Guadeloupe dispose de 31 bibliothèques pour 32 communes. Néanmoins, leur activité reste limitée : seules dix bibliothèques ont participé à « Partir en livre » en 2019 et lors de la dernière enquête de l’Observatoire de la Lecture Publique, neuf bibliothèques ont transmis des données. Ainsi, seuls 15 % des Guadeloupéens se sont rendus dans une bibliothèque ou une médiathèque dans l'année (contre 27 % en France métropolitaine) et 6 % de la population déclarent y être inscrits. En parallèle, la Guadeloupe dispose d’un nombre restreint de librairies, d’une offre peu diversifiée et le prix du livre est plus élevé qu’en France métropolitaine. La loi sur le prix unique du livre est appliquée en Guadeloupe mais il est majoré en raison de l’octroi de mer. Dans ce contexte, 46 % des Guadeloupéens déclarent ne pas lire de livres (57 % en Martinique et 30 % en France métropolitaine). Ce chiffre est lié à un taux d'illettrisme élevé. En effet, 25 % des Guadeloupéens de 16 à 65 ans étaient en situation d’illettrisme en 2009.

Ce problème ne semble pas se résorber. En 2020, 28 % des jeunes participants à la Journée Défense et Citoyenneté rencontraient des difficultés dans le domaine de la lecture. Comme en France métropolitaine, les femmes en Guadeloupe lisent davantage que les hommes (38 % des femmes ne lisent jamais contre 56 % des hommes). Par ailleurs, 44 % des 15-39 ans ne lisent jamais contre 54 % des 60 ans et plus. Enfin, le niveau de diplôme a un impact sur les pratiques de lecture : les Guadeloupéens diplômés du supérieur sont plus nombreux que les non-diplômés à déclarer lire beaucoup de livres (19 % contre 6 %). Les livres religieux figurent parmi les catégories de livres les plus lus ; aux côtés des livres pratiques, d’art de vivre et de loisirs (cuisine, bricolage…). La religion a une place importante dans la vie quotidienne des Guadeloupéens :le christianisme, majoritaire sur le territoire, cohabite avec d’autres religions ou croyances, telles que l’hindouisme, les Témoins de Jéhovah et le méthodisme, bien implantées en Guadeloupe. Ainsi, 29 % des Guadeloupéens ont participé à une fête religieuse dans l’année.

Cinéma : une fréquentation fortement dépendante de la proximité des salles

L’île disposait de six cinémas en 2019 (à Pointe-à-Pitre, aux Abymes, à Basse-Terre, au Moule, au Lamentin et à Gourbeyre). Quatre Guadeloupéens sur dix se sont rendus au cinéma durant l’année (44 % en Martinique et 62 % en France métropolitaine). Les pratiques culturelles aux Antilles et en France métropolitaine diffèrent notamment en raison de l’offre disponible. Des variations s’observent au sein même du territoire : ainsi, 49 % de la population vivant « au Centre » de la Guadeloupe (Pointe-à-Pitre, Les Abymes, Petit-Bourg, Lamentin, Sainte-Anne, Le Gosier, Baie-Mahault) est allée au cinéma durant l’année contre 34 % des Guadeloupéens vivant dans une autre commune. La proximité avec le multiplexe Cinestar aux Abymes (dix salles et donc un plus large catalogue de films proposés) semble avoir un impact sur la fréquentation des salles obscures. Dans l’année, les Guadeloupéens diplômés du supérieur sont trois fois plus nombreux que les non-diplômés à être allés au cinéma. Parmi les Guadeloupéens se rendant au cinéma, 15 % d’entre eux vont généralement voir des films seuls, 39 % en couple, 43 % avec leurs enfants et 46 % avec des amis.

Une fréquentation des théâtres et musées moins répandue qu’en France métropolitaine

La Guadeloupe compte huit théâtres (à Basse-Terre, Gourbeyre, Baie-Mahault, aux Abymes, au Lamentin, au Moule, à Saint-Claude et Pointe-à-Pitre) et 16 % des Guadeloupéens ont assisté à une pièce de théâtre dans l’année (6 % en Martinique, 21 % en France métropolitaine). Les Guadeloupéens âgés de 40 à 59 ans sont en proportion plus nombreux à fréquenter les théâtres (23 % des 40-59 ans contre 14 % des 15 – 39 ans et 12 % des plus de 60 ans). Par ailleurs, la moitié des spectateurs guadeloupéens a assisté à une pièce en créole. La part de Guadeloupéens qui se rendent au musée est également plus faible qu’en France métropolitaine : c’est le cas de 12 % d’entre eux dans l’année (29 % en France métropolitaine). D’autre part, les 15-39 ans sont proportionnellement plus nombreux que leurs aînés à être allés dans un musée (14 % contre 8 % des 60 ans et plus). Parmi les 13 musées de l’île, Le Mémorial ACTe situé sur le site de l’ancienne usine sucrière Darboussier, est dédié à la mémoire collective de la traite et de l’esclavage. La Guadeloupe compte aussi deux lieux d’art contemporain départementaux, cinq galeries d’art ou lieux privés dédiés à l’art contemporain.

Par ailleurs, 11 % des Guadeloupéens ont visité un monument historique au cours de l’année (contre 34 % des résidents en France métropolitaine). L’île présente des édifices remarquables, témoins de son histoire. L’architecture dite de l’époque coloniale est fortement représentée, avec les anciennes habitations sucrières, bananières ou caféières, les maisons coloniales, les cases créoles... L’archipel compte également nombre de bâtiments publics des années 1930 de l’architecte Ali Tür, comme le palais du gouverneur, la préfecture et le palais de justice de Basse-Terre.

Encadré 1 - Comprendre le questionnaire : une enquête déclarative

Les réponses à une enquête déclarative dépendent beaucoup des représentations que les répondants ont des pratiques culturelles et de leurs propres comportements. Si les trois quarts des Guadeloupéens déclarent n’avoir jamais fait de musique, c’est probablement parce que certains enquêtés, ne pratiquant pas la musique dans un cadre institutionnel ou bien n’estimant pas avoir un degré ou niveau de pratique « suffisant », se déclarent non pratiquants.

Encadré 2 - Près de neuf Guadeloupéens sur 10 maîtrisent le créole

Bien que seul le français soit la seule langue officielle en Guadeloupe, 87 % des Guadeloupéens déclarent maîtriser le créole guadeloupéen, c’est-à-dire être capables de s’exprimer à l’oral dans cette langue (figure 4). De plus, 73 % parlent créole dans leur vie quotidienne, que ce soit chez eux, au travail ou entre amis. Fortement ancrée chez les 60 ans et plus, la pratique du créole reste très importante chez les 15-39 ans : 85 % d’entre eux le maîtrisent et 69 % le parlent dans leur vie sociale (respectivement 93 % et 79 % pour les 60 ans et plus). Au-delà des interactions sociales, le créole est aussi utilisé pour des consommations culturelles. En effet, 54 % des Guadeloupéens regardent des chaînes de télévision en créole, dont 21 % tous les jours ou presque. Le positionnement éditorial de la chaîne Guadeloupe la 1ère promeut le créole avec notamment un journal du soir dont une partie est en créole. Par ailleurs, les animateurs de Canal 10 ont fréquemment recours au créole. D’autre part, 17 % des Guadeloupéens consultent l’actualité dans une langue autre que le français dont 13 % en anglais et 3 % en créole. Par ailleurs, l’écoute de musique se fait dans diverses langues : 78 % des Guadeloupéens écoutent de la musique en anglais, 63 % en créole guadeloupéen, 45 % en espagnol et 14 % en créole haïtien. Enfin, 17 % de la population déclare maîtriser l’anglais langue internationale mais aussi langue véhiculaire à Saint-Martin et dans les îles voisines et 13 % le parler dans la vie quotidienne.

Figure 4Les langues utilisées dans la vie quotidienne en Guadeloupe

en %
Les langues utilisées dans la vie quotidienne en Guadeloupe (en %) - Note de lecture : 87 % des Guadeloupéens déclarent maîtriser le créole guadeloupéen et 54 % regardent des chaînes de télévision en créole.
Créole Anglais
Déclarent maîtriser la langue 87 17
...parler dans la vie sociale 73 13
...s’informer 3 13
...regarder des chaînes de télévision 54 14
...écouter de la musique 63 78
  • Note de lecture : 87 % des Guadeloupéens déclarent maîtriser le créole guadeloupéen et 54 % regardent des chaînes de télévision en créole.
  • Source : Enquête sur les pratiques culturelles en Guadeloupe (2019-2020), Deps-Doc.

Figure 4Les langues utilisées dans la vie quotidienne en Guadeloupe

  • Note de lecture : 87 % des Guadeloupéens déclarent maîtriser le créole guadeloupéen et 54 % regardent des chaînes de télévision en créole.
  • Source : Enquête sur les pratiques culturelles en Guadeloupe (2019-2020), Deps-Doc.
Publication rédigée par :Antonin Creignou, Baptiste Raimbaud (Insee), Amandine Louguet (Département des études de la prospective et des statistiques et de la documentation)