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Insee Analyses Bourgogne-Franche-Comté · Octobre 2021 · n° 88
Insee Analyses Bourgogne-Franche-ComtéL’horlogerie, filière franco‑suisse, emploie plus de 15 000 Bourguignons‑Francs‑Comtois

Jérôme Mathias, Yohann René (Insee)

Les Bourguignons-Francs-Comtois sont près de 15 400 à travailler dans l’horlogerie en 2018. Plus des trois quarts sont frontaliers. Ils travaillent en Suisse et résident sur les plateaux et dans les vallées frontalières du massif du Jura. La filière horlogère suisse est la principale employeuse et donneuse d’ordre.

Issue d’une tradition artisanale franco-suisse, « la spécialiste du temps » s’est tournée vers les montres et participe aujourd’hui aux innovations en matière de microtechniques pour de nombreux secteurs.

En Bourgogne-Franche-Comté, la filière horlogère emploie 3 900 salariés principalement dans de petits établissements. La moitié des salariés, pour la plupart ouvriers, œuvrent dans la sous-traitance.

Comme d’autres filières, l’horlogerie a subi les effets de la crise sanitaire de la Covid-19. Celle-ci a entraîné notamment la fermeture des boutiques et la remise en cause de grands salons.

Insee Analyses Bourgogne-Franche-Comté
No 88
Paru le :Paru le05/10/2021

Dans la région, les activités horlogères constituent une petite filière en nombre d’emplois et d’entreprises. Cependant, grâce à son savoir-faire et à ses applications nouvelles bien plus vastes, elles s’insèrent au sein d’un bassin d’emploi franco-suisse et d’une filière de pointe innovante.

L’horlogerie, activité historique et patrimoniale de la Franche-Comté, compte environ 15 400 actifs résidant en Bourgogne-Franche-Comté en 2018. Les trois quarts d’entre eux exercent en Suisse, épicentre mondial de l’horlogerie de luxe. Ces travailleurs frontaliers de l’horlogerie représentent par ailleurs un tiers de l’ensemble des frontaliers de la région.

La fabrication de l’horloge comtoise est une tradition artisanale ancrée dans le massif du Jura, frontière naturelle entre la France et la Suisse. À compter de la Révolution française, de ce terreau commun naît une industrie, notamment à Besançon, sous l’impulsion d’horlogers suisses immigrés et dans le Pays de Montbéliard avec l’entreprise Japy. En 1860, une exposition internationale consacre Besançon « capitale française de la montre ». Les années 1970 basculent dans l’innovation des montres à quartz qui annonce le déclin de la montre traditionnelle à mouvement mécanique. Les horlogers suisses se tournent vers la montre de luxe pour une clientèle très aisée ainsi que la montre à un prix plus abordable.

L’activité horlogère est désormais une production majeure de l’Arc jurassien suisse qui concerne environ 30 000 actifs en 2018. Un tiers de ces emplois horlogers suisses sont tenus par des frontaliers résidant en Bourgogne-Franche-Comté. Le succès suisse doit beaucoup au nombre croissant de frontaliers (figure 1). Témoin du savoir-faire et de l’interdépendance des bassins horlogers franco-suisses, l’Unesco a inscrit fin 2020 la mécanique horlogère et mécanique d’art de l’Arc jurassien franco-suisse à son patrimoine immatériel (Pour en savoir plus).

Pour illustrer l’excellence de la filière horlogère, le prix moyen d’une montre exportée par la Suisse est proche de 1 000 $ en 2019 contre à peine 4 $ pour une montre chinoise. En conséquence, si sept montres vendues sur dix en France sont chinoises, au niveau mondial, la Suisse représente la moitié des exportations mondiales en valeur et occupe ainsi la première place.

Avec le doublement en valeur des exportations de l’horlogerie suisse ces vingt dernières années, les employeurs helvétiques offrent des rémunérations très attractives à une main-d’œuvre très qualifiée. Ainsi en dix ans, le nombre de frontaliers travaillant dans ce secteur a crû de 5 000 postes.

Figure 1Principaux flux de frontaliers exerçant dans l’horlogerie en Suisse

  • Champ : actifs résidant en France et travaillant dans l’horlogerie en Suisse. Flux de commune de résidence à commune de travail, supérieurs à 50 frontaliers.
  • Source : Insee, Recensement de la population 2017

Des ouvriers qualifiés et une assez forte féminisation

Les frontaliers de la filière sont surtout des ouvriers, 67 %, puis des professions intermédiaires, 17 %. Il s’agit en majorité d’hommes au savoir-faire technique très prisé. Dans le même temps, la filière est globalement assez féminisée, 42 % des emplois, davantage que pour les autres frontaliers, 35 %. Cependant, leur part est moins importante que dans l’horlogerie française, 47 %. Des raisons multiples et croisées peuvent entrer en jeu. Elles peuvent être moins attirées par un emploi en Suisse, ou ne sont pas ouvrières qualifiées ou encore, sont employées dans d’autres secteurs que la fabrication. Globalement, les femmes travaillent davantage près de leur foyer que les hommes.

De nombreuses marques suisses ont des établissements implantés à proximité de la frontière et particulièrement les grands noms de l’horlogerie : Tissot et Rolex au Locle, Breitling et Cartier à La Chaux-de-Fonds ou encore Audemars Piguet et Jaeger-LeCoultre dans la vallée de Joux. Les établissements suisses sont de taille assez importante : 26, soit 5 % de ces établissements, ont plus de 250 salariés. La proximité de ces employeurs permet des trajets acceptables tous les jours. Parfois, côté français, plus du quart des actifs d’une commune travaillent en Suisse. En effet, seulement 8 km séparent Villers-le-Lac (25) du Locle, 16 km pour la Chaux-de- Fonds et 20 km entre Les Rousses (39) et Le Chenit. Cependant, l’affluence sur le réseau routier génère des engorgements réguliers.

Forte dépendance de l’emploi horloger

Les pôles suisses proches constituent un marché de l’emploi dynamique. Ainsi, certaines des communes françaises peuvent être considérées comme des « dortoirs » ou des « viviers ». Pour exemple, la communauté de communes de la Station des Rousses compte 22 % des actifs occupés dans l’horlogerie suisse. Leur niveau de revenu stimule la consommation de produits et services côté français. Ces territoires frontaliers français sont ainsi souvent bien équipés, d’autant plus que de nombreux Suisses viennent profiter d’un coût de la vie plus bas que dans leur pays. Cependant, cette caractéristique entraîne une tension sur le marché de l’immobilier. D’autres territoires cumulent une part importante de frontaliers horlogers et un tissu horloger local significatif. Leur degré de dépendance à la filière est alors important, ce qui les rend fragiles aux retournements de conjoncture. Par exemple, dans le Pays de Maîche, on dénombre 14 % des actifs en emploi dans les établissements horlogers locaux et 20 % dans l’horlogerie suisse. L’économie de ces territoires dépend fortement des revenus de la filière et, est ainsi exposée en cas de crise économique (encadré 1). Le Grand Besançon, qui concentre 40 % de l’emploi horloger de la région, est moins exposé : l’horlogerie ne représente que 1,6 % de l’emploi total. Besançon étant relativement distante de la Suisse, la part de frontaliers de l’horlogerie qui y résident demeure plutôt faible, seulement 2 % des actifs (figure 2).

En Bourgogne-Franche-Comté, un établissement de l’horlogerie sur cinq est détenu totalement ou partiellement par une entreprise étrangère. La plupart sont helvétiques et œuvrent dans tous les segments de la filière avec Breitling, Swatch, Audemars Piguet qui sont devenus centres de décision. Certains ont conservé leur nom d’origine à l’instar de la « Fabrique de fourniture de Bonnétage (FFB) » qui est détenue majoritairement par « The Swatch Group ». La filière française est en partie contrôlée par des entreprises helvétiques.

Les groupes suisses internationaux contrôlent ainsi tout ou partie de leur production de montres, sans faire appel systématiquement à la sous-traitance ou aux fournisseurs extérieurs. Cette stratégie leur confère alors le statut de manufacture, argument de taille en matière de concurrence et d’image.

Figure 2Emplois horlogers et frontaliers dans les 10 principales intercommunalités concernées

Emplois horlogers et frontaliers dans les 10 principales intercommunalités concernées
EPCI Part de frontaliers dans l’horlogerie**(en %) Part des emplois horlogers*(en %) Cumul emploi horloger et frontaliers
Val de Morteau 22,3 6,3 2 643
Pays de Maîche 20,3 13,5 2 347
Grand Besançon 0,3 1,6 1 689
Pays de Montbéliard Agglomération 1,7 0,1 939
Portes du Haut-Doubs 5,2 3,0 909
Station des Rousses-Haut Jura 21,5 0,6 816
Grand Pontarlier 6,6 0,0 797
Lacs et Montagnes du Haut-Doubs 8,4 3,4 793
Plateau de Russey 19,2 6,4 734
  • *dans l’emploi total au lieu de travail
  • **parmi l’ensemble des actifs occupés au lieu de résidence
  • Sources : Insee, RP 2017, Flores 2018, Base non-salariés 2018

Figure 2Emplois horlogers et frontaliers dans les 10 principales intercommunalités concernées

  • *dans l’emploi total au lieu de travail
  • **parmi l’ensemble des actifs occupés au lieu de résidence
  • Sources : Insee, RP 2017, Flores 2018, Base non-salariés 2018

En Bourgogne-Franche-Comté, une petite filière à forte valeur ajoutée

Avec 3 870 emplois, la Bourgogne-Franche-Comté conserve une place importante dans la filière française, dont la dimension est, certes, relativement restreinte. Elle concentre 63 % des effectifs de la fabrication horlogère française (figure 3). Les 363 établissements emploient 3 720 salariés, une centaine d’intérimaires et une cinquantaine de non-salariés, principalement dans la réparation. Si ces emplois ne représentent que 0,3 % de l’emploi total de la région, la filière produit 304 millions d’euros de valeur ajoutée.

Autour de la fabrication, socle de la filière, se greffent en amont comme en aval les établissements de sous-traitance plus nombreux, et en aval, la distribution et la réparation. Les autres activités concernent notamment l’enseignement et la recherche (figure 4).

Contrairement à certaines grandes manufactures horlogères implantées en Suisse, les établissements de la filière régionale sont généralement de petite taille. Sept sur dix ont moins de 10 salariés et seuls sept établissements dépassent la centaine de salariés.

À l’instar du profil des frontaliers de l’horlogerie, la filière régionale s’appuie sur une main-d’oeuvre à majorité ouvrière (61 %) dont seulement la moitié est qualifiée. Pour une filière horlogère à dominante industrielle, cette proportion d’ouvriers qualifiés se révèle relativement faible. La concurrence des manufactures suisses demeure prégnante pour attirer les profils les plus qualifiés.

Le travail exigeant de la précision, la féminisation est également très importante parmi les ouvriers de la filière régionale. Les femmes sont majoritaires, 58 % des ouvriers, alors qu’elles ne représentent qu’un ouvrier sur cinq en moyenne dans l’industrie. Elles sont aussi plus nombreuses parmi les ouvriers non qualifiés, près des trois quarts sont des femmes. Le salaire horaire net perçu par les ouvrières est inférieur de 29 % à celui des ouvriers masculins.

La filière se caractérise aussi par une relative jeunesse de l’emploi. Les actifs de 30 ans ou moins sont plus présents que les plus de 50 ans, un équilibre idoine en vue des futurs départs à la retraite.

Figure 3Emplois salariés de la fabrication horlogère française par région

Emplois salariés de la fabrication horlogère française par région
Régions Part (en %)
Bourgogne-Franche-Comté 62,6
Pays de la Loire 16,3
Auvergne-Rhône-Alpes 6,6
Grand Est 6,0
Autres régions 8,5
  • Champ expertisé pour la Bourgogne-Franche-Comté, sous-classe 2652Z pour les autres régions
  • Champ : salariés de la fabrication de montres, horloges et mouvements d'horlogerie et de leurs éléments (sous-classe 2652Z), hors intérimaires au 31 décembre 2018
  • Source : Insee, Flores 2018

Figure 3Emplois salariés de la fabrication horlogère française par région

  • Champ expertisé pour la Bourgogne-Franche-Comté, sous-classe 2652Z pour les autres régions
  • Champ : salariés de la fabrication de montres, horloges et mouvements d'horlogerie et de leurs éléments (sous-classe 2652Z), hors intérimaires au 31 décembre 2018
  • Source : Insee, Flores 2018

Figure 4Les segments de la filière horlogère en Bourgogne-Franche-Comté

Les segments de la filière horlogère en Bourgogne-Franche-Comté
Segments Nombre d’emplois Nombre d’établissements
Cœur de filière Fabrication 1170 38
Activités de services Détaillants 280 185
Grossistes 110 6
Réparation 170 14
Activités connexes 90 14
Sous-traitance Sous-traitance 2050 106
Total 3870 363
  • Champ expertisé au 31 décembre 2018
  • Sources : Insee, Flores 2018, Base non-salariés 2018 ; Dares, DSN ; Pôle Emploi, traitement Sese DREETS Bourgogne-Franche-Comté; Experts

Figure 4Les segments de la filière horlogère en Bourgogne-Franche-Comté

  • Champ expertisé au 31 décembre 2018
  • Sources : Insee, Flores 2018, Base non-salariés 2018 ; Dares, DSN ; Pôle Emploi, traitement Sese DREETS Bourgogne-Franche-Comté; Experts

La fabrication offre les meilleurs salaires

La fabrication horlogère, cœur de la filière, est constituée pour moitié d’entreprises de moins de 10 salariés et implantées sur un seul site. Certaines perpétuent encore l’artisanat de tradition franc-comtoise. Les plus importants établissements, ceux de plus de 100 salariés, sont sous contrôle helvétique tels que Fresard Composants ou FFB. Par ailleurs, Maty est positionnée sur la vente de montres et de bijoux à distance et en magasins, Cheval Frères est spécialisée dans les composants techniques et horlogers. UTINAM et Vuillemin occupent le segment historique de l’horloge et SMB Horlogerie commercialise des montres sous la marque LIP.

Dans la fabrication, le salaire horaire moyen est plus élevé, 14,3 euros l’heure contre 13 en moyenne dans l’ensemble de la filière. Les salariés sont plus âgés et expérimentés. Certains sont peut-être plus réticents à effectuer des allers-retours quotidiens en Suisse (figure 5).

Figure 5Caractéristiques de l’emploi horloger en Bourgogne-Franche-Comté

Caractéristiques de l’emploi horloger en Bourgogne-Franche-Comté
Fabrication Sous-traitance Commerce de gros Commerce de détail Réparation Total *
Nombre d’établissements 38 106 6 185 14 349
Nombre d’emplois 1 170 2 050 110 280 170 3 780
Salaire horaire net (en euros) 14,3 12,5 17,7 10,9 13,3 13,0
Part parmi les salariés (en %) : Ouvriers 54,9 74,2 19,3 4,2 51,9 60,9
Employés 18,9 5,4 34,7 82,0 18,5 17,2
Cadres 10,1 6,9 23,3 4,3 5,2 7,8
30 ans ou moins 19,1 30,4 18,7 38,6 23,7 28,2
Plus de 50 ans 34,9 23,7 34,0 22,3 35,6 26,7
Femmes 55,0 53,3 54,0 83,6 47,4 56,6
Temps complet 84,5 90,9 92,7 77,7 95,6 88,2
  • * hors activité connexes (enseignement, recherche…) présentes dans le schéma global de la filière en figure 4
  • Champ salariés expertisé au 31 décembre 2018
  • Sources : Insee, Flores 2018, DADS 2017

La sous-traitance regroupe la moitié des effectifs de la filière

La sous-traitance concentre la majorité des effectifs de la filière horlogère en Bourgogne-Franche-Comté. Cela va de la fabrication de bracelets pour montres, 29 % des emplois, au décolletage (pièces métalliques tournées), 13 %, ou encore le traitement et le revêtement de métaux, 9 %.

Souvent contrôlés par des donneurs d’ordre suisses, les établissements de la sous-traitance n’ont pas pour autant que des clients horlogers. Leur spécialisation dans les microtechniques trouve des applications dans l’industrie aéronautique et spatiale ou encore le médical.

Les salaires sont légèrement inférieurs à ceux de la fabrication. Plus des trois quarts des effectifs sont ouvriers et la proportion des moins de 30 ans est importante.

Un réseau de distribution important

Les commerces de détail sont nombreux avec peu de personnel. La plupart du temps, la bijouterie devance l’horlogerie en termes de chiffre d’affaires.

La rémunération moyenne des salariés est la plus basse des secteurs de la filière. Les employés constituent 82 % du personnel, un personnel par ailleurs très féminisé, à 84 %.

Le commerce de gros compte six établissements plutôt orientés sur le « haut de gamme grand public », parmi lesquels des firmes internationales, Seiko et Festina. Ces grossistes emploient davantage de cadres et moins d’employés et proposent une meilleure rémunération.

Dans la réparation, la présence d’une main-d’oeuvre qualifiée a favorisé l’implantation à Besançon de quelques services après-vente de grandes marques.

Par ailleurs, une quarantaine d’artisans-réparateurs indépendants maillent la région.

Des écoles de l’excellence

La recherche, la culture et l’enseignement reposent sur une centaine d’emplois. Les établissements de l’enseignement horloger proposent des formations allant de la fabrication jusqu’à l’ingénierie horlogère.

En 2021, l’académie de Besançon a délivré 76 CAP horlogerie, soit près de 35 % des réussites nationales de cette formation. L’École nationale supérieure de mécanique et des microtechniques (ENSMM) à Besançon forme au « luxe et précision », le lycée de Morteau au « luxe et innovation ». Ces écoles sont prisées tant par les élèves que par les entreprises pour leur excellence et leurs Meilleurs Ouvriers de France (figure 6). Les diplômés, jeunes (70 BTS « Conception et industrie microtechnique » en 2021) ou adultes en recherche d’emploi ou en reconversion (Afpa, Greta) n’éprouvent aucune difficulté à trouver un emploi.

Besançon accueille également Francéclat, le Comité professionnel de développement économique des secteurs de l’horlogerie, bijouterie, joaillerie, orfèvrerie et arts de la table.

Figure 6Établissements d’enseignement, formation et recherche, musées et monuments, en lien avec la filière horlogère

Établissements d’enseignement, formation et recherche, musées et monuments, en lien avec la filière horlogère
Commune Monument historique Musée et patrimoine industriel Établissement d’enseignement, de formation et de recherche
Besançon Palais GranvelleObservatoireGrenier public Musée du tempsUsine Dodane ENSMM, Afpa, P2R Formations, Lycée Jules Haag, Femto-ST, Cetehor, Institut Utinam
Morteau Château PertusierMusée de l’Horlogerie Lycée Edgar FaureGreta du Haut-Doubs
Hauts-de-Bienne Musée de la Lunette
Beaucourt Musée Japy
Villers-le-Lac Musée de la Montre
Delle Lycée Jules Ferry
  • Sources : Drac Bourgogne-Franche-Comté ; Onisep

Figure 6Établissements d’enseignement, formation et recherche, musées et monuments, en lien avec la filière horlogère

  • Sources : Drac Bourgogne-Franche-Comté ; Onisep

Encadré 1 - Une filière touchée par le recul des exportations en 2020

En 2020, selon l’Observatoire Francéclat, la production horlogère française recule de 22 %, pour atteindre 271 millions d’euros de chiffre d’affaires. Si le repli observé par les fabricants de montres est moindre, - 12 %, ce sont surtout les fabricants de composants (éléments de boîtiers, pièces de mouvements et bracelets de montres en cuir ou en métal) qui accusent une baisse importante, - 25 %. Ces derniers dépendent des commandes des grands groupes helvétiques qui ont connu une année très difficile avec une baisse des exportations estimée à au moins un tiers en volume.

Le secteur horloger français est particulièrement dépendant des clients étrangers. Environ 80 % du chiffre d’affaires est réalisé grâce aux exportations, lesquelles sont en repli de 35 % en 2020. Une situation comparable à la plupart des autres pays exportateurs et qui s’explique par la chute du tourisme international et l’annulation de nombreux évènements générateurs de contrats et de ventes tels que Baselworld ou Bijorhca.

Comme dans d’autres secteurs, la mise en place des mesures de freinage de l’épidémie au printemps 2020, s’est traduite par une baisse de la masse salariale annuelle de 15 % dans le cœur de filière suite à la prise en charge de 85 % des salaires des personnes placées en chômage partiel pendant près de deux mois.

Avec 4,8 milliards d’euros, les ventes de montres en France (dont 80 % de marque suisse) baissent de 19 % en 2020. La crise économique a frappé la distribution. L’absence des touristes étrangers conjuguée à la fermeture des magasins a entraîné une contraction du marché des produits de luxe.

À l’inverse, les montres connectées se sont révélées au grand public grâce à la vente à distance, donc moins exposées comme tout l’e-commerce. Elles représentent désormais 17 % de l’ensemble des ventes de montres en volume, mais bien moins en valeur.

Encadré 2 - Une filière à la pointe des microtechniques

Si dans une région industrielle, la filière est assez réduite en nombre d’emplois et d’entreprises, ses formations, sa recherche, et ses nouveaux métiers, en font une filière qui évolue. Ainsi, les innovations dans le domaine du petit et de la précision se sont développées en Bourgogne-Franche-Comté.

Le Pôle européen dédié aux microtechniques, TEMIS, situé à Besançon, soutient les démarches d’innovation et de développement. Le biomédical, l’aéronautique, l’énergie ou encore l’environnement y partagent et bénéficient d’avancées à retombées industrielles.

Publication rédigée par :Jérôme Mathias, Yohann René (Insee)

Pour comprendre

Méthodologie : périmètre et emplois de la filière horlogère

Le périmètre de la filière de l’horlogerie de l’étude est défini initialement à partir des établissements de quatre secteurs d’activités liés à l’horlogerie dans la nomenclature des activités françaises en 732 postes : Horlogerie (2652Z), Commerce de gros d’articles d’horlogerie et de bijouterie (4648Z), Commerce de détail d’articles d’horlogerie et de bijouterie en magasin spécialisé (4777Z), Réparation d’articles d’horlogerie et de bijouterie (9525Z).

Cette liste est abondée avec des établissements d’autres secteurs d’activité et connus pour leur spécificité horlogère, représentant près de 2 000 salariés.

La liste ainsi établie a bénéficié de l’expertise de la Chambre de commerce et d’industrie du Doubs, de l‘Agence économique régionale de Bourgogne-Franche-Comté et de la Fédération de l’horlogerie, pour enrichissement et identification des établissements et des effectifs associés à retenir dans la filière. Pour certaines activités ou établissements, une partie seulement des effectifs est conservée dans la filière. Sur les 1 920 salariés des quatre secteurs initialement identifiés, l’expertise a conduit à en retenir 1 500 comme exerçant dans l’horlogerie.

Sources

Les caractéristiques des actifs occupés des territoires sont extraits du Recensement de population 2017.

L’emploi salarié est décrit par Flores, fichier localisé des rémunérations et de l’emploi salarié, millésime 2018.

La base des non-salariés a servi à caractériser les artisans et dirigeants de la filière.

Les déclarations sociales nominatives et les fichiers de Pôle Emploi ont permis de quantifier l’emploi intérimaire.

Pour en savoir plus

Hmamda N., Mathias J., René Y., « Ouvrir dans un nouvel ongletL’horlogerie, une spécialité reconnue de l’Arc jurassien », OSTAJ Décembre 2020.

Observatoire Francéclat, « Chiffres clés 2020 du secteur Horlogerie-Bijouterie-Joaillerie », février 2021.

Observatoire Francéclat, « Production française d’horlogerie-bijouterie. Commerce extérieur et origine des produits mis à la consommation en France », Ecostat n°208, février 2021.

Fédération de l’industrie horlogère suisse, « Ouvrir dans un nouvel ongletHorlogerie suisse et mondiale en 2019 ».