Insee Analyses Centre-Val de Loire · Juillet 2021 · n° 78

Malgré un solde migratoire négatif, le Cher continue d’attirer des jeunes cadres et des retraités

Outre la région Centre-Val de Loire, dont il fait partie, le Cher forme avec l’Allier, la Creuse, l’Indre, la Nièvre et la Saône-et-Loire le Centre France (Pour en savoir plus). Le département présente – tout comme ses voisins – des caractéristiques rurales marquées et des signes de difficultés démographiques et économiques. Il perd de plus en plus d’habitants et sa population vieillit, les jeunes étant plus nombreux à partir qu’à venir y résider. Toutefois la faible densité du département, 42 habitants par km², constitue aussi un atout pour les ménages en quête d’un meilleur cadre de vie. Avec 102 000 habitants, Bourges est l’agglomération la plus importante du Centre France et demeure ainsi un pôle d’attractivité important de cet espace.

Depuis 1990, la population du Cher diminue. En 2017, le département compte 304 250 habitants soit près de 18 000 de moins qu’en 1990. Ce déclin démographique ancien marque durablement le territoire. Le nombre d’habitants du Cher d’aujourd’hui correspond ainsi à celui de 1968. Sur la période la plus récente, de 2012 à 2017, le taux de variation annuelle moyen de la population est négatif (- 0,5 %). Le solde naturel comme le solde migratoire sont déficitaires – avec des taux de variation de respectivement - 0,2 % et - 0,3 %. Sur la même période, le taux de variation du solde migratoire du Centre-Val de Loire se révèle nul mais celui de son solde naturel reste positif (+ 0,1 %).

Masqués par un solde migratoire négatif, les échanges de population sont particulièrement importants dans le Cher. En 2017, le taux d’arrivants dans le département atteint 2,8 % de la population, contre 2,1 % en Centre-Val de Loire qui fait pourtant partie des régions où le taux de migration résidentielle est parmi les plus élevés. Pour autant, le taux de partants est plus élevé encore (3 % de la population chaque année). Les principaux échanges migratoires se font avec le reste du Centre-Val de Loire et l’Île-de-France. Il est déficitaire dans le premier cas et bénéficiaire dans le second.

La situation démographique n’est cependant pas uniforme sur l’ensemble du département. La population de l’aire d’attraction de la ville de Bourges régresse légèrement (- 0,1 % par an) entre 2007 et 2017 (figure 1), tandis que celle des aires de Vierzon, d’Aubigny-sur-Nère, de Saint-Satur - Sancerre et de Saint-Amand-Montrond sont en net déclin. L’aire d’attraction de Bourges qui regroupe plus de la moitié de la population du Cher (174 700 habitants en 2017) joue ainsi un rôle de stabilisateur démographique pour le département.

En lien avec sa diminution, la population du Cher vieillit et le département, avec un âge médian de 47 ans contre 43 ans en moyenne en Centre-Val de Loire, fait partie des plus âgés de France métropolitaine. Pour autant, le Cher a déjà effectué aujourd’hui en partie sa transition démographique et vieillit ainsi moins rapidement que la plupart des départements français.

Le vieillissement de la population du Cher est accentué par un solde migratoire particulièrement négatif chez les 18-20 ans (figure 2). À cet âge où l’on réalise ses études, les départs sont importants. Le solde migratoire du département remonte pour les jeunes âgés de 20 ans – un âge qui correspond souvent à l’obtention d'un diplôme de cycle court d'étude - et peu avant 25 ans dans le cas de ceux qui ont poursuivi des études plus longues. Comme dans la plupart des départements de France métropolitaine, le bilan des migrations s'équilibre après la période des études et c'est entre 20 et 30 ans que les flux migratoires sont les plus importants, aussi bien pour les entrants que pour les sortants du territoire.

Bourges demeure à l’échelle régionale une importante destination étudiante, la troisième après Tours et Orléans. La majorité des étudiants post-Bac résidant dans le Cher poursuivent ainsi leurs études dans le département et résident principalement dans l’aire d’attraction de Bourges (figure 3). Elle attire 65,7 % des bacheliers et une part similaire (64 %) des diplômés de l’enseignement supérieur qui résident dans le Cher. La préfecture du département dispose d’un campus universitaire pouvant accueillir près d’un millier d’étudiants dans divers cycles de formation de niveau licence (Bac+3). Vierzon et Saint-Amand-Montrond sont les deux autres principaux centres d’enseignement du département, leurs aires d’attraction accueillent respectivement 7,3 % et 2,5 % de la population étudiante titulaire d’un Bac ou plus.

Pour autant, l’offre de formation de niveau supérieur se révèle moins importante dans le département et l’offre universitaire demeure plus faible que dans le département voisin du Loiret. Ainsi, le solde migratoire du Cher est le plus déficitaire chez les étudiants (- 440). Sur les 15 080 élèves et étudiants de plus de 15 ans qui y résident en 2017, 1 550 sont scolarisés dans un autre département, soit 10,2 % de l’effectif total. Sur les 4 040 titulaires du Bac, 22 % étudient en dehors de leur département de résidence et ce taux atteint 28 % pour ceux qui suivent un enseignement de niveau Bac+2 ou plus.

Tours arrive en tête des destinations pour les étudiants venant du Cher (13,4 %), suivi de Nevers (12,5 %), Paris (11,4 %), Orléans (11,2 %) et Clermont-Ferrand (7,2 %). Ces cinq pôles universitaires regroupent plus de la moitié de ces étudiants. Pour ceux qui poursuivent dans l’enseignement supérieur, Paris et Orléans sont les principales destinations.

Parmi les actifs occupés résidant dans le Cher, seul le solde de ceux qui ont une profession intermédiaire est positif en 2017 (+ 92). Ce sont essentiellement des personnes occupant des positions professionnelles, entre celles des cadres et celles des agents d'exécution (ouvriers ou employés), mais aussi des professions en situation d'intermédiation avec le public (enseignement, santé et travail social). Il y a en revanche plus de départs que d’arrivées dans le département chez les employés (- 180). Les flux pour les ouvriers (- 60), les cadres et professions intellectuelles supérieures (- 20) sont équilibrés, comme ceux des agriculteurs, des artisans, des commerçants et des chefs d'entreprise.

Le taux de migrations résidentielles – hors étudiants – est particulièrement élevé chez les cadres et les professions intellectuelles supérieures. Ainsi, le Cher attire les cadres, mais ces derniers se montrent aussi nombreux à quitter le département. Parmi eux, l’écart entre arrivées et sorties varie en fonction de l'âge (figure 4) : le département attire les jeunes (âgés de 20 à 29 ans), en particulier ceux de moins de 25 ans.

Quel que soit leur âge, ces cadres viennent principalement de l’île-de-France (23,5 %) ou des autres départements du Centre-Val de Loire (17 %). Plus d'un tiers des nouveaux arrivants (41,5 %) travaillent dans le secteur public où le solde migratoire est positif pour l'ensemble des professions (cadres, professeurs et professions scientifiques). Il apparaît en revanche négatif pour les professions supérieures du secteur privé (professions libérales, cadres administratifs, commerciaux ou techniques d’entreprise) à l'exception notable des professionnels de l'information et des arts. L’importance de l’activité générée par le festival de musique du printemps de Bourges peut contribuer à expliquer cette exception.

Le secteur de la défense et de l’armement est le véritable moteur de l’attrait des cadres pour le Cher, que ce soit dans le secteur public comme dans le secteur privé. Il est à l’origine de près d’un quart des arrivées. Outre la base aérienne d’Avord, à proximité de Bourges, l’Armée dispose de deux écoles, celle du matériel et celle du train et de la logistique opérationnelle, qui accueillent chaque année de nouvelles promotions de jeunes officiers. À cela, il faut ajouter la présence d’acteurs importants de l’industrie de la défense avec le groupe MBDA (fabricant de missile), 2ᵉ employeur du département et pilier de l’activité économique du Cher, et Nexter (armement terrestre) qui emploie de nombreux ingénieurs.

Les deux tiers des cadres s’installent dans la communauté d’agglomération de Bourges Plus, à peine un sur dix dans l’Établissement public de coopération intercommunale (EPCI) de Vierzon-Sologne-Berry, et moins de 5 % dans l’EPCI du Pays Fort Sancerrois Val de Loire où se situe notamment la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire. Ces nouveaux habitants du Cher, plus qualifiés, sont aussi plus souvent sans enfant que les autres catégories d’actifs (42,7 %, contre 32,8 % pour la moyenne des actifs).

Moins concentrés sur la communauté d’agglomération de Bourges Plus (46,5 % contre 64,1 % pour les cadres), les nouveaux habitants exerçant des professions intermédiaires s’installent plus souvent dans le Pays Fort Sancerrois (10,9 % contre 4,4 %) ou dans l’EPCI de Vierzon-Sologne-Berry (8,2 % et 9 % pour les cadres). Ils ont aussi plus souvent une famille au moment de s’installer dans le département (65 %).

En 2017, les retraités constituent la catégorie sociale où le solde migratoire est le plus excédentaire (+ 110) dans le Cher, ce qui accentue encore le vieillissement de la population. Pour un tiers ce sont d’anciens ouvriers (29,5 %) et un autre tiers d’anciens employés (33,7 %), parts supérieures à la moyenne nationale. Les anciens cadres sont moins souvent présents parmi les retraités qui font le choix de s’installer dans le Cher.

Un tiers des retraités qui emménagent dans le Cher vient d’Île-de-France, alors que 7,4 % font le choix inverse. La région parisienne contribue ainsi pour une large part à la situation excédentaire du Cher. Le reste de la région Centre-Val de Loire, malgré sa proximité géographique, est la seconde région de provenance de ces arrivants (22,5 %), mais les échanges sont beaucoup plus équilibrés : l’écart entre arrivants et partants n’est que de + 3,6 points contre + 27,7 points pour l’Île-de-France.

Ces retraités, nouveaux résidents, s’installent dans des EPCI plutôt urbains (figure 5). Ils sont ainsi plus nombreux à privilégier la proximité des villes de Bourges et de Vierzon et leur offre de services. Le nord du département attire aussi, notamment le Pays Fort Sancerrois Val de Loire. Le sud du département, moins urbanisé, accueille cependant aussi un nombre important de retraités nouveaux arrivants.

Parmi les retraités qui quittent le Cher, une très forte proportion sont d’anciens cadres et professions intermédiaires (41,8 %) alors qu’ils ne représentent que 22,7 % de l’ensemble des retraités. Conjugués à l’arrivée de retraités plus souvent ouvriers ou employés, ces départs contribuent ainsi à diminuer le niveau de vie moyen des retraités du Cher. Ils quittent le Cher pour aller principalement dans des départements limitrophes ou la région parisienne (figure 6). Près d’un tiers (30,1 %) s’installe dans l’Allier, la Creuse, l’Indre, le Loir-et-Cher, le Loiret ou la Nièvre et 7 % dans la région parisienne. À l’exception du Var, le bord de mer attire peu les retraités berrichons.