Insee Flash Nouvelle-Aquitaine ·
Juin 2021 · n° 68
Le nombre de logements en Nouvelle-Aquitaine a doublé depuis 50 ans
En 2018, 3 524 000 logements sont répartis sur le territoire régional, deux fois plus qu’en 1968. Ainsi, un tiers des constructions de résidences principales datent de moins de 30 ans. L’usage des logements évolue différemment dans les territoires de la région, avec notamment une croissance de la part des résidences secondaires dans les villes-centres et les communes hors influence urbaine. La taille des résidences principales augmente, et le fioul décline comme combustible pour le chauffage.
- Doublement du nombre de logements néo-aquitains en cinquante ans
- Recomposition dans l’usage du parc de logements
- La décohabitation, principale cause de l’augmentation des résidences principales
- Prééminence des logements plus vastes hors des pôles
- L’électricité, combustible pour au moins un tiers des résidences principales proches du littoral
Doublement du nombre de logements néo-aquitains en cinquante ans
Entre 1968 et 2018, la croissance des logements en Nouvelle-Aquitaine est comparable à celle mesurée en France. Néanmoins, cette progression n’est pas homogène selon les territoires. Au sein des pôles des aires d’attraction des villes, elle est particulièrement forte dans les banlieues (+ 180 %), davantage que dans les villes-centres (+ 80 %). Les couronnes autour des pôles urbains, dont une partie relève de l’espace rural, progressent de + 130 %, soit deux fois plus que les espaces ruraux autonomes (+ 60 %). Entre 1968 et 2018, la périurbanisation modifie la répartition des logements au profit des banlieues et des couronnes avec désormais 55 % des logements néo-aquitains.
Recomposition dans l’usage du parc de logements
Au cours du temps, la proportion de résidences principales recule légèrement puis se stabilise autour de 80 % des logements à partir des années 1990. Elle fléchit dans les villes-centres, et encore plus nettement dans les espaces ruraux autonomes. Elle reste stable dans les banlieues et couronnes (figure 1).
L’augmentation de la proportion de résidences secondaires et occasionnelles dans les villes-centres et les communes hors de l’attraction des villes reflète les modifications des attentes de la population vis-à-vis de la résidence principale qui recherche de l’espace et de la qualité de vie. Enfin, l’évolution de la vacance se maintient à moins de 10 % du parc et traduit, selon la zone, l’inadéquation de l'offre avec la demande en matière de taille, localisation, prix par exemple, ou correspond à des logements en mauvais état.
tableauFigure 1a – Évolution de la population et du nombre de logements de 1968 à 2018 en Nouvelle-Aquitaine
Années | Taux de résidences principales (en %) | Nombre de logements (Base 100 = 1968) | Population (base 100 = 1968) | Taux de vacance (en %) |
---|---|---|---|---|
1968 | 84,0 | 100,0 | 100,0 | 8,1 |
1969 | 83,7 | 102,0 | 100,4 | 8,2 |
1970 | 83,4 | 104,0 | 100,9 | 8,3 |
1971 | 83,0 | 105,9 | 101,3 | 8,4 |
1972 | 82,7 | 107,9 | 101,7 | 8,6 |
1973 | 82,4 | 109,9 | 102,1 | 8,7 |
1974 | 82,0 | 111,9 | 102,6 | 8,8 |
1975 | 81,7 | 113,8 | 103,0 | 8,9 |
1976 | 81,5 | 116,1 | 103,4 | 8,9 |
1977 | 81,3 | 118,3 | 103,9 | 8,9 |
1978 | 81,2 | 120,5 | 104,3 | 8,8 |
1979 | 81,0 | 122,7 | 104,8 | 8,8 |
1980 | 80,8 | 124,9 | 105,2 | 8,8 |
1981 | 80,7 | 127,1 | 105,7 | 8,8 |
1982 | 80,5 | 129,4 | 106,1 | 8,7 |
1983 | 80,4 | 131,3 | 106,5 | 8,7 |
1984 | 80,2 | 133,3 | 106,9 | 8,6 |
1985 | 80,1 | 135,2 | 107,3 | 8,5 |
1986 | 79,9 | 137,2 | 107,7 | 8,4 |
1987 | 79,8 | 139,1 | 108,1 | 8,4 |
1988 | 79,7 | 141,1 | 108,5 | 8,3 |
1989 | 79,5 | 143,0 | 108,9 | 8,2 |
1990 | 79,4 | 145,0 | 109,3 | 8,1 |
1991 | 79,5 | 146,6 | 109,7 | 8,0 |
1992 | 79,7 | 148,3 | 110,0 | 7,9 |
1993 | 79,8 | 149,9 | 110,4 | 7,8 |
1994 | 79,9 | 151,6 | 110,7 | 7,7 |
1995 | 80,1 | 153,2 | 111,1 | 7,6 |
1996 | 80,2 | 154,8 | 111,4 | 7,5 |
1997 | 80,3 | 156,5 | 111,8 | 7,4 |
1998 | 80,5 | 158,1 | 112,1 | 7,3 |
1999 | 80,6 | 159,7 | 112,5 | 7,1 |
2000 | 80,6 | 162,3 | 113,4 | 7,1 |
2001 | 80,6 | 164,9 | 114,4 | 7,1 |
2002 | 80,6 | 167,5 | 115,4 | 7,1 |
2003 | 80,6 | 170,0 | 116,4 | 7,1 |
2004 | 80,6 | 172,6 | 117,3 | 7,1 |
2005 | 80,5 | 175,2 | 118,3 | 7,1 |
2006 | 80,5 | 177,7 | 119,3 | 7,1 |
2007 | 80,5 | 180,3 | 120,3 | 7,1 |
2008 | 80,5 | 182,9 | 121,3 | 7,0 |
2009 | 80,4 | 185,2 | 122,0 | 7,3 |
2010 | 80,2 | 187,5 | 122,7 | 7,6 |
2011 | 80,1 | 189,8 | 123,5 | 7,8 |
2012 | 79,9 | 192,1 | 124,2 | 8,1 |
2013 | 79,8 | 194,4 | 125,0 | 8,3 |
2014 | 79,7 | 196,6 | 125,5 | 8,3 |
2015 | 79,6 | 198,8 | 126,1 | 8,4 |
2016 | 79,6 | 201,0 | 126,7 | 8,4 |
2017 | 79,5 | 203,2 | 127,3 | 8,4 |
2018 | 79,4 | 205,3 | 127,9 | 8,5 |
- Source : Insee, Saphir
graphiqueFigure 1a – Évolution de la population et du nombre de logements de 1968 à 2018 en Nouvelle-Aquitaine

- Source : Insee, Saphir
La décohabitation, principale cause de l’augmentation des résidences principales
L’augmentation du nombre des résidences principales a plusieurs causes. À la croissance de population régionale, s’ajoutent les effets de la décohabitation. Le départ des jeunes du domicile familial, la séparation plus fréquente des couples (divorce, mobilité professionnelle…) et l’allongement de l’espérance de vie entraînent, comme l’augmentation de la population, un besoin accru de résidences principales. De fait, l’évolution du parc de résidences principales s’explique à 71 % par les besoins en logements rendus nécessaires par la décohabitation et à 29 % par l’effet démographique, c’est-à-dire la croissance de la population.
Dans les banlieues et la couronne, où la population croît le plus, l’effet démographique atteint 40 %. Dans les villes-centres, la population étant restée stable, seul l’effet décohabitation est à l’œuvre. Dans les communes hors de l’attraction des villes, la décohabitation fait plus que compenser la baisse démographique.
Prééminence des logements plus vastes hors des pôles
Les résidences de grande taille sont plus fréquentes : 40 % des résidences principales disposent de plus de 5 pièces en 2018 quand elles ne composaient que 23 % du parc en 1968. À l’inverse, les résidences principales de 3 pièces et moins composaient la moitié du parc en 1968, mais n’en représentent plus qu’un tiers.
Dans les villes-centres, les contraintes d’espace et la densité du bâti limitent l’accroissement des résidences principales de grande taille de 19 à 24 % tout au long de la période. L’évolution du parc se focalise également sur des petits logements, des résidences principales de 2 pièces et moins (100 000 logements en plus, soit 30 % des résidences principales en 2018).
Les banlieues ont connu un point de basculement entre deux logiques de construction. Jusqu’aux années 2000, le parc de logements évolue davantage vers des logements de grande taille. Depuis, la densification de l’habitat engendre de plus petits logements. À l’image de la dynamique des villes-centres, les logements de 2 pièces et moins s’y multiplient. De 13 % des résidences principales en 1990, ces logements retrouvent en 2018 leur part de 1968, avec plus de 20 % (pour 50 000 logements supplémentaires).
Dans les couronnes urbaines et les communes hors d’attraction des villes, les résidences principales de 2 pièces et moins diminuent pratiquement de moitié, de 193 000 à 107 000. Dans le même temps, les résidences principales de 5 pièces et plus ont quadruplé. À l’extérieur des pôles, la disponibilité d’espace et le niveau plus faible des prix du foncier, permettent de répondre à l’attente des ménages de disposer de logements plus grands.
L’électricité, combustible pour au moins un tiers des résidences principales proches du littoral
En 50 ans, l’électricité et le gaz se sont imposés comme mode de chauffage privilégié des résidences principales néo-aquitaines. Cette évolution, 70 % en 2018 contre moins de 10 % en 1968, suit la tendance nationale. Elle demeure hétérogène à l’échelle de la région (figure 2). Dans les villes-centres, les résidences principales se chauffent davantage à l’électrique ou au gaz que la moyenne métropolitaine, et ce constat vaut également pour les banlieues. Dans les couronnes, les résidences principales sont équipées au gaz et à l’électricité à hauteur de 60 %, proportion stable depuis 2008, comme en moyenne métropolitaine. L’électricité est surtout prédominante à moins de 100 km du littoral. Le gaz prédomine dans les pôles des aires d’attraction des villes.
graphiqueFigure 2a – Proportion moyenne dans le bassin de vie de résidences principales dont le combustible principal est l’électricité (en %)

- Sources : Insee, Code officiel géographique, Saphir 2018
À mesure que l’on s’éloigne des centres urbains de la région, les résidences principales sont plus fréquemment équipées de cuisinières, poêles et cheminées consommant du bois. En 2018, 20 à 30 % des résidences principales des couronnes et des communes hors d’attraction des villes utilisent le bois comme mode de chauffage principal, contre près de 90 % en 1968. Ce mode de chauffage reste plus répandu à proximité des grands espaces forestiers de la région (Landes de Gascogne, plateau de Millevaches, parc naturel Périgord-Limousin). Ce type de combustible a diminué dans les villes-centres, passant de 66 % à 6 % des résidences principales.
Le fioul a quasiment disparu des villes-centres et des banlieues comme mode de chauffage. Il reste présent dans les couronnes urbaines, avec près de 166 000 résidences principales, soit 13 %, après avoir culminé à 27 % du parc dans les années 1980. Les 70 000 résidences principales chauffées au fioul des communes hors d’attraction des villes comptent encore aujourd’hui pour 20 % du parc. Ce mode de chauffage demeure plus présent au nord et à l’est de la région.
Définitions
Définit l’étendue de son influence sur les communes environnantes. Une aire est un ensemble de communes, d’un seul tenant et sans enclave, constitué d’un pôle de population et d’emploi, et d’une couronne qui regroupe les communes dont au moins 15 % des actifs travaillent dans le pôle. La commune la plus peuplée du pôle est appelée commune-centre.
Les pôles sont déterminés principalement à partir de critères de densité et de population totale, suivant une méthodologie cohérente avec celle de la grille communale de densité. Un seuil d’emplois est ajouté de façon à éviter que des communes essentiellement résidentielles, comportant peu d’emplois, soient considérées comme des pôles. Si un pôle envoie au moins 15 % de ses actifs travailler dans un autre pôle de même niveau, les deux pôles sont associés et forment ensemble le cœur d’une aire d’attraction.
Les communes qui envoient au moins 15 % de leurs actifs travailler dans le pôle constituent la couronne de l’aire d’attraction du pôle. La définition des plus grandes aires d’attraction des villes est cohérente avec celle des « cities » et « aires urbaines fonctionnelles » utilisées par Eurostat et l’OCDE pour analyser le fonctionnement des villes. Le zonage en aires d’attraction des villes facilite ainsi les comparaisons internationales et permet de visualiser l’influence en France des grandes villes étrangères. Ainsi, sept aires ont pour commune-centre une ville localisée à l’étranger (Bâle, Charleroi, Genève, Lausanne, Luxembourg, Monaco et Sarrebruck).
Les aires sont classées suivant le nombre total d’habitants de l’aire. Les principaux seuils retenus sont : Paris, 700 000 habitants, 200 000 habitants et 50 000 habitants. Les aires dont le pôle est situé à l’étranger sont classées dans la catégorie correspondant à leur population totale (française et étrangère).
Le zonage en aires d’attraction des villes (ZAAV) 2020 se substitue au zonage en aires urbaines (ZAU) de 2010.
Pour en savoir plus
Brutel C., « 50 ans d’évolution des résidences principales : des logements plus grands et moins peuplés », Insee Première n° 1865, juin 2021
Ferret J-P., « Un ménage néo-aquitain sur sept en situation de vulnérabilité énergétique liée au logement », Insee Analyses Nouvelle-Aquitaine n° 69, décembre 2018
Lacour C., « En Nouvelle-Aquitaine, banlieues et couronnes bénéficient de l’attractivité de la région », Insee Analyses Nouvelle-Aquitaine n° 50, janvier 2018