Insee Flash Nouvelle-Aquitaine ·
Avril 2021 · n° 66Un Néo-Aquitain sur deux vit dans une commune rurale
La Nouvelle-Aquitaine est, par sa population, la troisième région la plus rurale de France. En effet, la moitié de ses habitants réside dans une commune rurale, qu’elle soit sous influence d’un pôle d’emplois ou, au contraire, autonome. Ces deux types de territoires ruraux, comme l'urbain, contribuent à l'attractivité de la région mais ne reflètent pas le même dynamisme. Ceux sous influence des pôles présentent à la fois le plus fort excédent migratoire et le solde naissance-décès le plus favorable. Ils abritent également une population plus jeune et davantage de familles que les territoires ruraux autonomes. Ils attirent davantage les cadres et les professions intermédiaires.
En 2018, trois millions de Néo-Aquitains peuplent les 4 029 communes rurales de la région (méthodologie). Ils représentent 51 % de la population totale, et la région figure ainsi en troisième position des régions les plus rurales de France après la Bourgogne-Franche-Comté et la Bretagne.
L’espace rural englobe l’ensemble des communes à faible densité de population. Au sein de cet espace, les communes se distinguent selon leur relation plus ou moins forte avec les villes (méthodologie). Les communes rurales sous influence d’un pôle d’emplois appartiennent à une aire d’attraction des villes de plus de 50 000 habitants ; les autres, hors de l'influence d'un pôle, constituent les communes rurales autonomes. En Nouvelle-Aquitaine, le poids relatif du rural autonome (46,5 % de la population rurale totale) est particulièrement important au regard de la moyenne nationale, mais comparable à ceux de la Bourgogne-Franche-Comté et de la Bretagne, les deux autres régions majoritairement rurales (figure 1).
tableauFigure 1 – Part et répartition du rural dans la population totale en 2018, selon les régions
Région | Population 2018 | |||||||
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Total rural | Dont rural autonome | Dont rural sous influence | Total urbain | Total | Total | |||
Nombre | Répartition (%) | Répartition (%) | Répartition (%) | Nombre | Répartition (%) | Nombre | Répartition (%) | |
Bourgogne-Franche-Comté | 1 536 777 | 54,7 | 25,1 | 29,6 | 1 271 030 | 45,3 | 2 807 807 | 100 |
Bretagne | 1 789 764 | 53,7 | 24,0 | 29,7 | 1 545 650 | 46,3 | 3 335 414 | 100 |
Nouvelle-Aquitaine | 3 049 056 | 51,0 | 23,7 | 27,3 | 2 930 722 | 49,0 | 5 979 778 | 100 |
Pays de la Loire | 1 870 459 | 49,5 | 20,3 | 29,2 | 1 910 964 | 50,5 | 3 781 423 | 100 |
Normandie | 1 639 503 | 49,3 | 22,7 | 26,5 | 1 687 974 | 50,7 | 3 327 477 | 100 |
Centre-Val de Loire | 1 261 298 | 49,0 | 21,9 | 27,1 | 1 311 555 | 51,0 | 2 572 853 | 100 |
Corse | 158 630 | 46,9 | 25,9 | 21,0 | 179 924 | 53,1 | 338 554 | 100 |
Occitanie | 2 319 499 | 39,4 | 16,8 | 22,6 | 3 565 997 | 60,6 | 5 885 496 | 100 |
Grand Est | 2 164 055 | 39,0 | 16,2 | 22,8 | 3 386 334 | 61,0 | 5 550 389 | 100 |
Auvergne-Rhône-Alpes | 2 774 173 | 34,7 | 14,5 | 20,2 | 5 220 286 | 65,3 | 7 994 459 | 100 |
France | 21 857 169 | 32,8 | 13,7 | 19,1 | 44 875 369 | 67,2 | 66 732 538 | 100 |
Guyane | 82 856 | 30,0 | 22,1 | 7,9 | 193 272 | 70,0 | 276 128 | 100 |
Hauts-de-France | 1 758 840 | 29,3 | 9,1 | 20,2 | 4 245 268 | 70,7 | 6 004 108 | 100 |
Martinique | 60 867 | 16,5 | 2,1 | 14,4 | 307 916 | 83,5 | 368 783 | 100 |
Provence-Alpes-Côte d'Azur | 762 718 | 15,1 | 6,3 | 8,8 | 4 290 114 | 84,9 | 5 052 832 | 100 |
Guadeloupe | 51 488 | 13,3 | 5,6 | 7,7 | 336 141 | 86,7 | 387 629 | 100 |
Île-de-France | 553 025 | 4,5 | 0,0 | 4,5 | 11 660 422 | 95,5 | 12 213 447 | 100 |
La Réunion | 24 161 | 2,8 | 2,1 | 0,7 | 831 800 | 97,2 | 855 961 | 100 |
- Lecture : 33 % de la population française réside dans l’espace rural dont 14 % dans une commune rurale autonome.
- Champ : France hors Mayotte
- Source : Insee, recensement de la population 2018
graphiqueFigure 1 – Part et répartition du rural dans la population totale en 2018, selon les régions
Le rural autonome s’étend sur 60 % de la superficie de la région et accueille 24 % de la population régionale. Parmi les douze départements néo-aquitains, dix sont majoritairement ruraux, et deux à dominante urbaine : la Gironde (71 % de la population vivant dans une commune urbaine) et les Pyrénées-Atlantiques (62 %). Néanmoins, la Gironde, densément peuplée, rassemble une population rurale de 454 000 personnes, la plus nombreuse des départements de la région. À l’opposé, 89 % des habitants de la Creuse (105 000 personnes) vivent dans des communes rurales, presque exclusivement hors de l’influence des pôles (figure 2).
graphiqueFigure 2 – Localisation des communes urbaines, rurales sous influence et rurales autonomes
Une démographie plus dynamique dans les espaces ruraux sous influence des pôles
La population croît au même rythme (+ 0,5 %) dans les espaces ruraux et urbains de la région et le dynamisme démographique des espaces ruraux de la région est semblable à ceux du reste de la France. Toutefois, les moteurs de cette croissance démographique diffèrent fortement d’un espace à l’autre.
Dans les communes rurales autonomes, la croissance de la population est faible (+ 0,1 % par an en moyenne entre 2008 et 2018, comme la moyenne des espaces ruraux autonomes français). Cependant, un solde migratoire très favorable (+ 0,6 % par an, soit davantage que la moyenne française pour ces communes) pallie un déficit naturel marqué (– 0,5 %, contre – 0,2 % en moyenne). Dans les Landes, la hausse de la population est particulièrement élevée : elle atteint + 1,2 % par an en raison d’un solde migratoire nettement supérieur à celui des autres départements de la région.
Par contraste, la croissance démographique dynamique dans les communes rurales sous influence d’un pôle dépasse même celle des communes urbaines de la région (+ 0,9 % par an en moyenne). Elle est portée par un solde migratoire supérieur à celui des communes urbaines, mais aussi par un solde naturel supérieur dans tous les départements de la région (figure 3). En Gironde, les espaces ruraux sous influence se distinguent par une croissance démographique élevée (+ 1,5 % par an).
tableauFigure 3 – Taux de variation annuelle de la population 2008-2018 et contribution du solde naturel et migratoire
Taux de variation annuelle 2008-2018 (en %) | ||||||
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Nouvelle-Aquitaine | France entière | |||||
Dû au solde naturel | Dû au solde migratoire | Ensemble | Dû au solde naturel | Dû au solde migratoire | Ensemble | |
Rural autonome | -0,5 | 0,6 | 0,1 | -0,2 | 0,3 | 0,1 |
Rural sous influence d’un pôle | 0,2 | 0,8 | 0,9 | 0,3 | 0,5 | 0,8 |
Urbain | 0,1 | 0,4 | 0,5 | 0,1 | 0,4 | 0,5 |
Ensemble | 0,0 | 0,6 | 0,5 | 0,5 | -0,1 | 0,4 |
- Lecture : entre 2008 et 2018, la population des communes rurales autonomes a augmenté en moyenne de 0,1 % par an, elle a baissé de 0,5 % par an du fait du solde naturel et augmenté de 0,6 % par an par l’effet des migrations.
- Source : Insee, recensements de la population 2008, 2018
Ainsi, les espaces ruraux de Nouvelle-Aquitaine apparaissent nettement plus attractifs qu’en moyenne française.
Si tous les types de territoire profitent de l’attractivité de la région, le rural sous influence est le seul gagnant des migrations intrarégionales avec un solde positif de 5 600 habitants en 2017, confirmant ainsi l’attrait pour les couronnes des villes.
Les espaces urbains et ruraux n’attirent pas en priorité les mêmes populations. Si l’excédent migratoire des villes est presque exclusivement porté par les 15-24 ans, les choix d’installations des 25-39 ans les orientent de façon préférentielle vers les communes rurales sous influence. Enfin, les 65 ans et plus s’installent davantage dans le rural autonome.
Le rural sous influence prisé par les familles
Les communes rurales sous influence sont relativement jeunes : la proportion de 15 ans et moins y est la plus élevée, signe de la présence importante de familles avec enfants, et celle de 65 ans et plus, la plus faible. Les couples avec enfants forment 30 % des résidents, soit 8 points de plus que dans le rural autonome, et 11 de plus que dans l’urbain.
C’est également dans ces espaces que le taux d’activité des 15-64 ans est le plus élevé (70 %). Parmi ces actifs, 26 % sont des professions intermédiaires, comme dans les territoires urbains. S’y trouvent en revanche plus d’ouvriers (23 % contre 17 %) et seulement 11 % de cadres, une catégorie sociale encore très concentrée dans les villes (19 %).
Les communes rurales autonomes abritent une population différente, en moyenne plus âgée : 28 % de ses résidents a 65 ans ou plus, et 1 sur 3 seulement a moins de 40 ans, signes du départ des 15-24 ans vers les centres urbains. En effet, les couples sans enfants y sont le plus représentés (34 %) alors que les couples avec enfants ou les familles monoparentales sont davantage présents dans les territoires ruraux sous influence.
Le taux d’activité des 15-64 ans y est également inférieur à celui du rural sous influence (65 %). La proportion d’agriculteurs est plus importante qu’ailleurs (6 % des actifs résidents) de même que celle des ouvriers (28 %) alors que les cadres et professions intermédiaires sont relativement peu présents.
Pour comprendre
Définir l’espace rural
Jusqu’en 2020, l’Insee définissait le rural comme l’ensemble des communes n’appartenant pas à une unité urbaine, ces dernières étant caractérisées par le regroupement de plus de 2 000 habitants dans un espace présentant une certaine continuité du bâti, censée caractériser les « villes ». Les communes rurales désignent désormais l’ensemble des communes peu denses ou très peu denses d’après la grille communale de densité. Ils réunissent 88 % des communes en France et 33 % de la population en 2017. La définition proposée ici rompt avec cette approche centrée sur la ville.
Cette seule caractéristique de l’espace rural ne permet pas d’en appréhender toutes les dimensions. On peut y associer des critères de type fonctionnel, notamment le degré d’influence d’un pôle d’emplois. Ainsi, quatre catégories d’espaces ruraux se dessinent, des communes rurales très peu denses, hors influence d’un pôle aux communes sous forte influence d’un pôle. Cette approche permet de définir statistiquement un continuum allant des espaces les plus isolés et peu peuplés jusqu’aux espaces ruraux les plus urbanisés.
Pour en savoir plus
Lacour C., « En Nouvelle-Aquitaine, les banlieues et les couronnes des aires urbaines bénéficient de l’attractivité de la région », Insee Analyses Nouvelle-Aquitaine n° 50, janvier 2018.
D’Alessandro C., Levy D., Regnier T., « Une nouvelle définition du rural pour mieux rendre compte des réalités des territoires et de leurs transformations », Insee Références La France et ses territoires, avril 2021.
Delamarre G., Labarthe G., Zambon L., « En Nouvelle-Aquitaine, un habitant sur sept réside hors de l'influence d'une ville », Insee Flash Nouvelle-Aquitaine n° 57, octobre 2020.