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Insee Flash Centre-Val de Loire · Avril 2021 · n° 42
Insee Flash Centre-Val de LoireCentre-Val de Loire : une surmortalité de 10 % en 2020

Caroline Chalot

Entre le 1er mars et le 31 décembre 2020, en pleine pandémie de Covid-19, le Centre-Val de Loire enregistre un surcroît de décès de 10 %, toutes causes confondues, par rapport aux années antérieures. Cette hausse est toutefois inférieure à celle observée en France métropolitaine (+ 14,5 %). Et avec deux vagues de surmortalité de niveau équivalent, la région n’apparaît pas parmi les plus touchées, malgré ses 23 750 décès dénombrés. Les départements du Loir-et-Cher, du Cher et de l’Eure-et-Loir enregistrent les hausses les plus importantes et l’excédent de décès concerne autant les hommes que les femmes, mais plus largement les hommes à partir de 65 ans.

Insee Flash Centre-Val de Loire
No 42
Paru le :Paru le06/04/2021

L’année 2020 a débuté par des décès en baisse en Centre-Val de Loire au regard des années précédentes (- 4,3 % par rapport à la moyenne 2015-2019), notamment en raison d’une épidémie de grippe peu virulente. Cette tendance se retourne subitement dès le mois de mars du fait de la pandémie mondiale, avec pour première conséquence sanitaire une surmortalité enregistrée sur tout le territoire français. Pour la région, 28 600 décès sont comptés sur l’ensemble de l’année 2020. C’est plus de 5 % de décès supplémentaires par rapport à 2019.

Cependant, les effets de la Covid-19 ne sont pas les seuls éléments à prendre en compte pour comparer les statistiques des décès de 2020 à ceux des années précédentes. D’autres facteurs interviennent en effet, tels que le vieillissement de la population qui se poursuit, avec de plus en plus de personnes atteignant des âges de forte mortalité. Les conséquences indirectes de la pandémie sont également à considérer. Les confinements ont eu des répercussions sur le système de soins, avec des reports de consultations médicales ou encore la fréquence plus élevée des accidents domestiques. Néanmoins, des décès ont pu être évités, par exemple, grâce à une moindre propagation des virus hivernaux ou aux restrictions drastiques des déplacements, réduisant les accidents de la route (- 20 % de décès par rapport à 2019).

Le Centre-Val de Loire relativement épargné

Entre le 1er mars et le 31 décembre 2020, 23 750 décès sont comptabilisés en Centre-Val de Loire, soit 2 130 décès de plus qu’en moyenne sur la même période entre 2015 et 2019 (sources). Cette hausse de 10 % est inférieure à celle de la France métropolitaine (+ 14,5 %) et place la région parmi les moins touchées. Seules quatre autres régions à l’ouest de la France sont davantage épargnées : la Bretagne, l’Occitanie, la Nouvelle-Aquitaine et les Pays de la Loire (figure 1).

Figure 1Excédent de mortalité entre le 1er mars au 31 décembre par région en 2020

en %
Excédent de mortalité entre le 1er mars au 31 décembre par région en 2020 (en %) - Lecture : en Centre-Val de Loire, entre le 1ᵉʳ mars et le 31 décembre 2020, les décès sont en hausse de 9,9 % par rapport à la moyenne 2015-2019 sur la même période.
Excédent de mortalité
Bretagne 3,1
Occitanie 6,1
Nouvelle-Aquitaine 6,1
Pays de la Loire 8,2
Centre-Val de Loire 9,9
Corse 10,4
Normandie 10,9
Provence-Alpes-Côte d'Azur 13,7
Hauts-De-France 14,1
France métropolitaine 14,5
Bourgogne-Franche-Comté 18,4
Grand-Est 19,3
Auvergne-Rhône-Alpes 22,5
Île-de-France 28,4
  • Lecture : en Centre-Val de Loire, entre le 1ᵉʳ mars et le 31 décembre 2020, les décès sont en hausse de 9,9 % par rapport à la moyenne 2015-2019 sur la même période.
  • Champ : Décès domiciliés entre le 1ᵉʳ mars et le 31 décembre 2020 comparés à la moyenne des décès entre 2015 et 2019 sur la même période.
  • Source : Insee, statistiques de l'état civil, fichier du 11 février 2021

Figure 1Excédent de mortalité entre le 1er mars au 31 décembre par région en 2020

  • Lecture : en Centre-Val de Loire, entre le 1ᵉʳ mars et le 31 décembre 2020, les décès sont en hausse de 9,9 % par rapport à la moyenne 2015-2019 sur la même période.
  • Champ : Décès domiciliés entre le 1ᵉʳ mars et le 31 décembre 2020 comparés à la moyenne des décès entre 2015 et 2019 sur la même période.
  • Source : Insee, statistiques de l'état civil, fichier du 11 février 2021

Deux vagues de surmortalité de même intensité

En Centre-Val de Loire, l’excédent des décès, par rapport aux années antérieures, est équivalent lors des deux vagues d’épidémie : + 14,6 % entre mars et avril, + 14,4 % entre septembre et décembre, soit 0,2 point d’écart. Dans la région, les deux vagues se distinguent par leur durée et leur physionomie (figure 2). Lors de la première, la surmortalité dépasse 20 % pendant quatre semaines avec plus de 600 décès hebdomadaires et un pic à 38 % la semaine du 6 avril, avant une décroissance rapide. La deuxième vague s’étale davantage dans le temps. Le seuil des 600 décès hebdomadaires est dépassé pendant neuf semaines à partir du 26 octobre, avec un épisode dit de « plateau » et un pic à 32 %. La diminution est plus lente à partir de la mi-décembre, comparée à la première vague.

Toutes les autres régions enregistrent des écarts plus élevés entre les deux vagues. La surmortalité est par exemple supérieure, d’un ou deux points lors de la deuxième vague, en Corse, en Bourgogne-Franche-Comté et dans les Pays de la Loire. Les écarts sont beaucoup plus conséquents en Île-de-France et en Grand Est : 74 et 38 points.

En moyenne au niveau national, la surmortalité est bien plus importante lors de la première vague (+ 7 points) avec un maximum à 64 % la semaine du 30 mars 2020.

Figure 2Évolution des décès hebdomadaires entre le 2 mars et le 27 décembre

en %
Évolution des décès hebdomadaires entre le 2 mars et le 27 décembre (en %)
Centre-Val de Loire France métropolitaine
02/03-08/03 -4,2 -4,6
09/03-15/03 -5,0 2,8
16/03-22/03 10,9 18,1
23/03-29/03 20,3 39,3
30/03-05/04 29,1 64,2
06/04-12/04 37,9 55,1
13/04-19/04 33,4 40,1
20/04-26/04 4,9 16,9
27/04-03/05 1,8 4,8
04/05-10/05 -2,1 2,7
11/05-17/05 6,1 2,6
18/05-24/05 -7,6 5,5
25/05-31/05 8,6 0,0
01/06-07/06 5,0 2,3
08/06-14/06 -0,3 2,6
15/06-21/06 4,5 2,2
22/06-28/06 1,4 7,0
29/06-05/07 -8,4 -5,7
06/07-12/07 -1,6 -1,0
13/07-19/07 9,6 -1,7
20/07-26/07 2,2 0,6
27/07-02/08 15,6 7,8
03/08-09/08 3,6 3,0
10/08-16/08 16,2 18,2
17/08-23/08 -3,7 4,0
24/08-30/08 -7,1 0,0
31/08-06/09 7,2 6,3
07/09-13/09 10,8 9,2
14/09-20/09 12,6 12,9
21/09-27/09 -2,5 2,8
28/09-04/10 5,9 9,9
05/10-11/10 0,0 7,1
12/10-18/10 -1,7 9,5
19/10-25/10 4,1 23,7
26/10-01/11 22,6 31,6
02/11-08/11 22,8 39,3
09/11-15/11 21,6 37,4
16/11-22/11 22,3 31,9
23/11-29/11 27,9 27,4
30/11-06/12 20,8 25,5
07/12-13/12 32,1 22,8
14/12-20/12 23,2 16,6
21/12-27/12 12,0 11,2
  • Champ : Décès domiciliés entre le 2 mars et le 27 décembre 2020 comparés à la moyenne des décès entre 2015 et 2019 sur la même période.
  • Source : Insee, statistiques de l'état civil, fichier du 11 février 2021

Figure 2Évolution des décès hebdomadaires entre le 2 mars et le 27 décembre

  • Champ : Décès domiciliés entre le 2 mars et le 27 décembre 2020 comparés à la moyenne des décès entre 2015 et 2019 sur la même période.
  • Source : Insee, statistiques de l'état civil, fichier du 11 février 2021

Trois départements plus durement touchés

Tous concernés par la hausse des décès entre le 1er mars et le 31 décembre 2020, les départements de la région sont très diversement impactés (figure 3). Pour le Cher et le Loir-et-Cher, la surmortalité est plus importante durant la deuxième vague. La proportion particulièrement élevée d’une population âgée dans ces territoires est l’un des facteurs aggravants face à une telle épidémie.

À l’inverse, l’Eure-et-Loir est davantage atteint au printemps, à l’image des communes de Dreux et Chartres qui enregistrent 67 % et 39 % de décès supplémentaires entre mars et avril. La proximité de ce département avec l’Île-de-France, qui a quasiment doublé son nombre de décès lors de la première vague, et notamment les flux de populations liés aux trajets domicile-travail, pourrait expliquer en partie une telle surmortalité. L’Indre est également essentiellement touché lors de la première vague avec une hausse des décès plus modérée, semblable à celle de la région.

Relativement épargné au printemps (+ 5 %), l’Indre-et-Loire affiche une hausse inférieure à celle du Centre-Val de Loire sur l’ensemble de la période (+ 8,6 %). Enfin, le Loiret se distingue par une surmortalité nettement moindre, avec des évolutions relativement proches lors des deux vagues (+ 8,7 % et + 10,6 %). De plus, une légère baisse des décès durant la période estivale accentue sa singularité (- 1,3 %).

À Orléans et à Tours, la surmortalité lors de la première vague reste la plus élevée comme dans la plupart des communes les plus densément peuplées, mais l’écart avec la deuxième vague reste modéré (respectivement 3 et 6 points). Ce n’est pas le cas dans d’autres grandes communes de la région où les écarts sont nettement plus marqués : Dreux (49,5 points), Chartres (31 points) ou Bourges (23 points).

Figure 3Excédent de mortalité par département en Centre-Val de Loire

Nombre, %
Excédent de mortalité par département en Centre-Val de Loire (Nombre, %)
Entre le 1ᵉʳ mars et le 31 décembre Évolution 2020/moyenne 2015-2019 (%)
Moyenne des décès 2015-2019 Décès 2020 Excédent de décès
Cher 3 090 3 470 380 12,3
Eure-et-Loir 3 330 3 730 400 12,0
Indre 2 500 2 750 250 10,0
Indre-et-Loire 4 630 5 030 400 8,6
Loir-et-Cher 3 060 3 480 420 13,7
Loiret 5 000 5 280 280 5,6
Centre-Val de Loire 21 610 23 740 2 130 9,9
Moins de 65 ans 3 300 3 160 -140 -4,2
65 ans et plus 18 310 20 580 2 270 12,4
France métropolitaine 477 000 546 130 69 130 14,5
Moins de 65 ans 77 690 76 930 -760 -1,0
65 ans et plus 399 310 469 200 69 890 17,5
  • Champ : Décès répertoriés au lieu de résidence.
  • Source : Insee, statistiques de l'état civil, fichier du 11 février 2021

Des décès plus nombreux à partir de 65 ans...

La majorité des personnes victimes du virus de la Covid-19 sont déjà atteintes par une pathologie : maladie cardio-vasculaire, diabète, maladie respiratoire, hypertension, cancer… Pour ces raisons, la surmortalité concerne davantage les personnes âgées d’au moins 65 ans, plus vulnérables face à la pandémie mais aussi plus nombreuses du fait de l’arrivée des générations du baby-boom à des âges de forte mortalité. Ainsi, en Centre-Val de Loire, 2 270 décès supplémentaires affectent cette population en 2020 par rapport à la période de référence, soit une hausse de 12,4 %, inférieure à celle de France métropolitaine (+ 17,5 %). Comme ailleurs, la surmortalité liée à cette épidémie se concentre aux âges les plus élevés. En effet, les personnes de 85 ans ou plus représentent 4 % de la population régionale et 51 % des décès entre mars et décembre.

Le phénomène inverse s’observe pour les personnes de moins de 65 ans dans la région avec une diminution des décès de 4 %, pouvant être expliquée par les périodes de confinement et les diverses mesures de restrictions. Au niveau national, les décès sont globalement stables, malgré la surmortalité des 55-64 ans (+ 1,2 %).

… et davantage chez les hommes

En Centre-Val de Loire, la surmortalité n’est pas différenciée selon le sexe (+ 9,9 %), tandis qu’en France métropolitaine les hommes sont très légèrement plus concernés (+ 14,8 % contre + 14,2 % pour les femmes). Cette apparente égalité cache toutefois des disparités selon l’âge (figure 4). En effet, comme au niveau national, la surmortalité est plus forte pour les hommes à partir de 65 ans : + 2,6 points dans la région par rapport à la période précédente. Le constat s’amplifie après 85 ans avec une hausse des décès de respectivement 18,6 % pour les hommes et 14,3 % pour les femmes. Néanmoins, les femmes étant plus nombreuses dans ces tranches d’âge, le nombre de décès de femmes de 65 ans ou plus est supérieur : 7 300 contre 4 700 pour les hommes.

Par ailleurs, le nombre de décès de femmes de moins de 65 ans est relativement stable en 2020, comparé à la même période entre 2015 et 2019, quand celui des hommes est légèrement inférieur.

Figure 4Nombre de décès selon l’âge et le sexe en Centre-Val de Loire

Nombre
Nombre de décès selon l’âge et le sexe en Centre-Val de Loire (Nombre) - Lecture : en 2020, 11 700 femmes sont décédées entre le 1ᵉʳ mars et le 31 décembre, contre 10 700 en moyenne entre 2015 et 2019.
Hommes 2015-2019 Hommes 2020 Femmes 2015-2019 Femmes 2020
- de 25 ans 122 91 73 61
25-34 98 73 32 33
35-44 184 178 101 98
45-54 522 489 287 301
55-64 1 247 1 220 630 621
65-74 2 076 2 338 1 091 1 204
75-84 2 715 2 918 2 076 2 112
85 ans et + 3 959 4 696 6 399 7 313
Total 10 924 12 003 10 688 11 743
  • Lecture : en 2020, 11 700 femmes sont décédées entre le 1ᵉʳ mars et le 31 décembre, contre 10 700 en moyenne entre 2015 et 2019.
  • Champ : Décès domiciliés en Centre-Val de Loire entre le 1ᵉʳ mars et le 31 décembre.
  • Source : Insee, statistiques de l'état civil, fichier du 11 février 2021

Figure 4Nombre de décès selon l’âge et le sexe en Centre-Val de Loire

  • Lecture : en 2020, 11 700 femmes sont décédées entre le 1ᵉʳ mars et le 31 décembre, contre 10 700 en moyenne entre 2015 et 2019.
  • Champ : Décès domiciliés en Centre-Val de Loire entre le 1ᵉʳ mars et le 31 décembre.
  • Source : Insee, statistiques de l'état civil, fichier du 11 février 2021
Publication rédigée par :Caroline Chalot

Sources

L’Insee gère le répertoire national d’identification des personnes physiques (RNIPP) conformément au décret n°82-103 du 22 janvier 1982. D’après ce décret, les communes doivent transmettre à l’Insee les informations dès qu’un acte d’état civil est dressé sur le territoire français.

Les décès sont comptabilisés dans la commune de résidence du défunt et non au lieu de décès, contrairement aux données mises en ligne chaque semaine. Ces données couvrent toutes les causes de décès et sont donc largement supérieures aux décès strictement liés à la pandémie. L’Insee ne dispose pas des causes médicales du décès. L’Inserm en est le seul destinataire.

Le nombre de décès survenus entre le 1er mars et le 31 décembre 2020 est encore provisoire (extraction des données au 11/02/2021). Il est comparé à une période de référence (moyenne des décès comptabilisés entre 2015 et 2019 sur la même période).

Définitions

Lorsque les décès sont supérieurs à la période de comparaison, on parle d’excédent de décès ou de surmortalité.