Insee Analyses GuadeloupeEn Guadeloupe, deux personnes sur cinq sont en privation matérielle et sociale Conditions de vie en 2018

Xavier Reif (Insee)

En 2018, 41 % de la population en Guadeloupe est en situation de privation matérielle et sociale. Sept Guadeloupéens sur dix déclarent ne pas pouvoir faire face à des dépenses imprévues. La privation touche davantage les personnes sans emploi, faiblement qualifiées et les familles monoparentales. Les personnes nées dans un DOM sont plus exposées à la privation que les personnes nées en France métropolitaine.

Insee Analyses Guadeloupe
No 46
Paru le :Paru le16/12/2020
Xavier Reif (Insee)
Insee Analyses Guadeloupe No 46- Décembre 2020

Ne pas avoir les moyens de partir en vacances, d’avoir une activité de loisir régulière ou de s’acheter des vêtements neufs… Autant de difficultés auxquelles les ménages peuvent être confrontés. En 2018, près de 151 000 Guadeloupéens, sont ainsi en situation de privation matérielle et sociale, soit 41 % de la population. Ils sont privés d’au moins cinq éléments parmi treize considérés comme nécessaires à une vie décente (définitions).

Cette situation est très proche de celle de la Martinique (38 %) et de La Réunion (40 %), alors que celle de la Guyane (50 %) est nettement plus défavorable (figure 1). En France métropolitaine, le taux de privation (définitions) est près de trois fois plus faible : il s’établit à 13 %. En outre, plus de la moitié (57 %) de la population métropolitaine déclare ne subir aucune privation contre 17 % en Guadeloupe.

Figure 117 % des Guadeloupéens ne subissent aucune privationRépartition de la population selon le nombre de difficultés matérielles et sociales en 2018, par géographie (en%)

17 % des Guadeloupéens ne subissent aucune privation
Aucune privation De 1 à 4 privations En privation (au moins 5 privations) En privations sévère (au moins 7 privations)
Guadeloupe 17 42 19 22
Martinique 17 45 17 21
Guyane 16 33 13 38
La Réunion 19 41 17 23
France métropolitaine 57 30 6 7
  • Note de lecture : En 2018, 22 % des résidents de Guadeloupe se trouvent en situation de privation matérielle et sociale sévère.
  • Champ : Ensemble de la population
  • Source : Insee, enquêtes Statistiques sur les Ressources et Conditions de Vie (SRCV), 2018

Figure 117 % des Guadeloupéens ne subissent aucune privationRépartition de la population selon le nombre de difficultés matérielles et sociales en 2018, par géographie (en%)

  • Note de lecture : En 2018, 22 % des résidents de Guadeloupe se trouvent en situation de privation matérielle et sociale sévère.
  • Champ : Ensemble de la population
  • Source : Insee, enquêtes Statistiques sur les Ressources et Conditions de Vie (SRCV), 2018

En 2018, une personne sur cinq est en privation sévère

La privation sévère (définitions) touche trois fois plus les Guadeloupéens que les métropolitains (respectivement 22 % et 7 %). Le constat est similaire pour la Martinique et La Réunion. En Guyane, la proportion des personnes en privation sévère est beaucoup plus importante (38 %).

Ces écarts entre la France métropolitaine et la Guadeloupe s’expliquent par des éléments structurels : le taux de pauvreté est deux fois et demie plus élevé en Guadeloupe qu’en France métropolitaine (respectivement 34 % et 14 %), le taux de chômage est de 21 % en Guadeloupe, contre 8 % en France métropolitaine. En Guadeloupe, comme dans les autres DOM, le chômage résulte de l’étroitesse du marché du travail insulaire mais également de l’inadéquation entre l’offre et la demande de main-d’œuvre. Ces facteurs favorisent des situations non concurrentielles pouvant avoir pour conséquence un défaut de compétitivité des entreprises locales et un coût de la vie plus élevé. Les prix sont plus élevés de 12,5 % en Guadeloupe par rapport à la France métropolitaine. À cela s’ajoute un nombre important de Guadeloupéens se situant à la frontière entre le chômage et l’inactivité (11 % des 15 à 64 ans en moyenne entre 2017 et 2019). Enfin, le sous-emploi (12 % des personnes en emploi en 2019) est aussi plus répandu et induit des rémunérations plus faibles.

Sept Guadeloupéens sur dix déclarent ne pas pouvoir faire face à des dépenses imprévues

Les privations les plus fréquentes (figure 2) sont celles qui nécessitent que le ménage mobilise d’importants moyens financiers : pouvoir faire face à une dépense imprévue de l’ordre de 1 000 € (71 % des Guadeloupéens en sont empêchés), pouvoir financer une semaine de vacances (63 %), pouvoir remplacer des meubles (59 %). Plus d’un Guadeloupéen sur deux (53 %) déclare boucler difficilement les fins de mois. Ces ménages ont du mal à faire face aux remboursements d’emprunts, ils doivent puiser dans leurs économies pour équilibrer leur budget ou ils se trouvent en découvert bancaire. Ces trois principales privations se retrouvent dans les autres départements ultramarins, avec des niveaux assez proches. En France métropolitaine, elles touchent trois fois moins de personnes. Le niveau constaté dans les DOM s’explique par des prix plus élevés, voire des frais supplémentaires liés à l’organisation de destination de vacances éloignées.

Une tension budgétaire est ressentie également par 35 % de Guadeloupéens qui déclarent être en situation d’arriérés de loyers, de remboursements ou de factures (9 % en France métropolitaine).

En Guadeloupe, où le réseau de transports en commun est peu développé, la voiture reste le mode de déplacement privilégié. En posséder une, parfois au détriment d’autres bien de consommation, demeure une priorité pour beaucoup de ménages, ce qui en fait la privation la moins fréquente sur le territoire (8 %). Sur le plan du confort, la climatisation est diffusée plus massivement en Guadeloupe qu’en Martinique (un logement sur deux contre un sur quatre). Pourtant, les Guadeloupéens se disent davantage en difficulté pour réguler la température dans leur logement (24 % contre 20 % en Martinique).

Les privations individuelles (définitions) les plus fréquentes sont les mêmes dans tous les territoires. Elles recouvrent une dimension tant matérielle que sociale. Il s’agit pour un tiers des Guadeloupéens de ne pas pouvoir s’offrir une activité de loisir payante comme aller au cinéma ou avoir une activité sportive, de ne pas disposer d’une petite somme d’argent pour soi, ou pour un quart d’entre eux, de ne pas pouvoir se retrouver avec des amis autour d’un verre ou d’un repas. Ils sont également 17 % à ne pas pouvoir se payer des vêtements neufs et 11 % à ne pas pouvoir acheter au moins deux paires de chaussures. Inversement, ne pas pouvoir s’offrir une connexion internet est la privation individuelle la moins répandue. En effet, le développement des connexions mobiles facilite son accès et sa diffusion auprès de l’ensemble de la population, lui conférant un caractère prioritaire dans les choix de consommation. Ainsi seuls 9 % des Guadeloupéens en sont privés contre 2 % en France métropolitaine.

Figure 2Sept Guadeloupéens sur dix ne peuvent faire face à une dépense imprévueDétail des taux de privation de la population par zone géographique (en%)

Sept Guadeloupéens sur dix ne peuvent faire face à une dépense imprévue
Guadeloupe Martinique Guyane Réunion France métropolitaine
Faire face à une dépense imprévue (environ 1 000 euros) 71,3 69,9 71,2 71,8 31,0
Une semaine de vacances par an hors du domicile 62,8 61,8 58,6 54,7 22,3
Changer les meubles hors d’usage 59,0 60,4 43,6 26,5 22,2
Avoir des impayés d’emprunts, de loyer ou de factures 35,3 34,4 43,6 26,5 9,2
Dépenser une petite somme d’argent pour soi 34,3 34,7 47,6 38,1 15,9
Activité de loisir régulière 33,4 28,4 45,0 31,6 14,0
Retrouver des proches pour un verre ou un repas 24,5 18,8 35,8 15,9 5,6
Maintenir le logement à bonne température 24,1 19,7 36,5 28,6 4,9
Vêtements neufs 17,1 16,9 29,9 21,4 9,0
Repas contenant protéines au moins tous les deux jours 15,3 15,8 18,9 14,1 6,9
Au moins deux paires de bonnes chaussures 10,9 10,1 22,4 15,5 5,4
Accès à Internet 9,0 6,0 27,7 6,4 1,7
Voiture personnelle 7,9 7,8 27,2 9,4 3,3
  • Note de lecture : En 2018, 59 % des Guadeloupéens déclarent ne pas pouvoir changer de meubles hors d’usage par manque de moyens financiers.
  • Champ : Ensemble de la population
  • Source : Insee, enquêtes Statistiques sur les Ressources et Conditions de Vie (SRCV), 2018

Figure 2Sept Guadeloupéens sur dix ne peuvent faire face à une dépense imprévueDétail des taux de privation de la population par zone géographique (en%)

  • Note de lecture : En 2018, 59 % des Guadeloupéens déclarent ne pas pouvoir changer de meubles hors d’usage par manque de moyens financiers.
  • Champ : Ensemble de la population
  • Source : Insee, enquêtes Statistiques sur les Ressources et Conditions de Vie (SRCV), 2018

L’absence de diplôme est un déterminant majeur de la privation

Les privations matérielles et sociales touchent les mêmes profils de personnes en France métropolitaine et dans les DOM. La structure socio-démographique des régions ultramarines et notamment de la Guadeloupe amplifie leur fréquence. En effet, les populations les plus fragiles y sont proportionnellement plus nombreuses et cumulent davantage de facteurs de risque.

La moitié des peu ou pas diplômés sont en privation contre seulement 19 % pour les titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur (figure 3). En effet, le risque de privation est 3,6 fois supérieur pour une personne pas ou peu diplômée que pour un titulaire d’un diplôme de l’enseignement supérieur (encadré 2). Cette tendance est identique dans les autres régions d’Outre-mer, tout comme en France métropolitaine. Malgré une offre universitaire qui s’est développée dans les régions d’Outre-mer, elle reste souvent limitée aux premiers cycles, conduisant de nombreux jeunes désireux de suivre un second ou un troisième cycle à quitter le territoire. Aussi, la part dans la population des diplômés du supérieur est plus faible en Guadeloupe qu’en France métropolitaine (respectivement 16 % et 24 %). Et inversement, la part des personnes peu ou pas diplômées est plus importante en Guadeloupe (36 % contre 25 % en France métropolitaine)

Les inégalités sont également fortes selon les catégories professionnelles. Les employés et ouvriers sont plus touchés par la privation (43 %) que les cadres supérieurs (11 %), relativement moins nombreux en Guadeloupe (4 % de la population contre 8 % en France métropolitaine). Par exemple, moins de 1 % des cadres supérieurs déclarent ne pas pouvoir se payer une voiture, contre 10 % pour les employés et ouvriers.

Figure 3 Les femmes plus touchées par les privationsLes privations selon les caractéristiques socio-démographiques de la population

Les femmes plus touchées par les privations
Privations sévères Privations
Genre
Masculin 19,9 16,8
Féminin 24,4 21
Diplôme
Pas ou peu diplômés 31,2 18,4
CAP ou équivalent 21,8 23
Bac ou équivalent 16,7 19,6
Bac+2 ou plus 7,3 11,3
16ans et moins 23,2 22,6
Activité
Actif occupé 10,9 15,2
Chômeur 38,8 21,6
Retraité 21,3 14,9
Etudiant, autre 22,3 23,8
Autre inactif 32,8 21,5
Statut d’occupation
Propriétaire 18 16,1
Locataire 29,5 24,9
Logé à titre gratuit 22,1 13,8
Type de ménage
Personne seule 31,5 14,8
Famille monoparentale 28,5 24,1
Couple sans enfant 16,8 11,1
Couple avec enfant(s) 13,3 19,1
Autres ménages 29 24,3
Lieu de naissance
Dom 23,1 20,1
France Métro. 11,9 11,2
Étranger 31 20,5
  • Note de lecture : En 2018, 31 % des résidents de Guadeloupe nés à l’étranger présentent une situation de privation matérielle et sociale sévère.
  • Champ : Ensemble de la population
  • Source : Insee, enquêtes Statistiques sur les Ressources et Conditions de Vie (SRCV), 2018

Figure 3 Les femmes plus touchées par les privationsLes privations selon les caractéristiques socio-démographiques de la population

  • Note de lecture : En 2018, 31 % des résidents de Guadeloupe nés à l’étranger présentent une situation de privation matérielle et sociale sévère.
  • Champ : Ensemble de la population
  • Source : Insee, enquêtes Statistiques sur les Ressources et Conditions de Vie (SRCV), 2018

Mais l’emploi n’est pas une garantie absolue pour échapper à la privation. Une personne en emploi sur quatre y est confrontée malgré une source de revenu stable. Ces personnes en emploi sont toutefois moins touchées par la privation que les retraités (36 %) et environ deux fois moins que les autres personnes en inactivité (54 %). Les plus exposés sont les chômeurs (60 %), proportionnellement plus nombreux en Guadeloupe qu’en France métropolitaine. Le risque de privation est 2,6 fois supérieur pour un chômeur que pour une personne en emploi (figure 4).

Une famille monoparentale sur deux est touchée par les privations

La privation n’affecte pas de façon uniforme l’ensemble des ménages. Les familles monoparentales sont plus touchées par la privation (53 %) que les personnes seules (46 %) et surtout les couples avec (32 %) ou sans enfant (28 %). Ces familles cumulent plus souvent les difficultés dont la principale est l’absence d’emploi. Leurs charges financières ne sont en général supportées que par un seul revenu lorsqu’il existe ou par des transferts sociaux et des solidarités familiales. Le risque de privation est 1,7 fois supérieur pour les familles monoparentales que pour les couples sans enfant (figure 4). Or ces familles sont relativement plus nombreuses en Guadeloupe (24 % contre 9 % en France métropolitaine).

Figure 4Le diplôme reste une clé pour lutter contre la privationLes déterminants socio-démographiques de la privation en Guadeloupe

Le diplôme reste une clé pour lutter contre la privation
Variables étudiées Modalité active référence rapport de risque
Genre Féminin Masculin 1,4
Diplôme Pas ou peu diplômés Bac+2 ou plus 3,6
CAP ou équivalent 2,6
Bac ou équivalent 1,7
Activité Chômeur Actif occupé 2,6
Retraité ns
Etudiant, autre 2,2
Autre inactif 2,3
Statut d’occupation Locataire Propriétaire 1,9
Logé à titre gratuit ns
Type de ménage Personne seule Couple sans enfant 1,9
Famille monoparentale 1,7
Couple avec enfant(s) ns
Autres ménages 1,7
Lieu de naissance France Métro. Dom 0,6
Étranger ns
  • Note de lecture : Le risque de privation est 1,9 fois plus élevé pour un locataire que pour un propriétaire.
  • ns : le risque n’est pas significativement différent entre la modalité active et la modalité de référence.
  • Champ : 16 ans et plus
  • Source : Insee, enquêtes Statistiques sur les Ressources et Conditions de Vie (SRCV), 2018

Les femmes sont plus souvent en privation (45 %) que les hommes (37 %). Elles sont plus souvent concernées par la monoparentalité (69 %) que les hommes (31 %), marqueur des inégalités homme-femme en Guadeloupe. La privation continue d’affecter davantage les jeunes. Ainsi, 47 % des 16 à 29 ans sont en privation. Les jeunes sont les premiers touchés par le chômage de masse (41 %) et ils occupent souvent des emplois précaires. Néanmoins, pour les biens qu’ils considèrent prioritaires, comme l’accès à une connexion internet ou la possession de deux paires de bonnes chaussures, les jeunes sont moins en privation. À l’inverse, avec une perception des besoins différente, les personnes de 75 ans ou plus sont les moins exposées à la privation (37 %). Elles ont eu plus de temps pour capitaliser et sont plus souvent propriétaires de leur logement (89 %). Or, la privation se différencie également selon le statut d’occupation du logement : les locataires sont plus souvent concernés (54 %) que les propriétaires (34 %).

Enfin, les personnes nées en France métropolitaine, souvent plus diplômées et venues en Guadeloupe pour des emplois plus qualifiés, sont moins souvent en privation (23 %) que les personnes nées dans les DOM (43 %) ou à l’étranger (52 %).

Encadré 1 – Une privation matérielle et sociale équivalente à celle de la Hongrie ou de la Grèce

L’approche en termes de privations autorise les comparaisons avec des pays ou des régions dont les contextes économiques, sociaux, voire institutionnels sont différents. En effet, l’approche monétaire définit un taux de pauvreté dont la mesure est basée sur un seuil relatif et divergeant selon les pays. Alors que l’indicateur de privation matérielle et sociale repose sur un décompte de manques définis dans un ensemble commun, l’Union européenne. Ce qui lui confère un caractère de comparateur « absolu » au sein de l’Union.

Dans ce cadre, la Martinique comme la Guadeloupe, se situent en bas de l’échelle du classement européen proche de la position de la Hongrie ou de la Grèce, mais au-dessus de la Bulgarie et de la Roumanie, pays qui présentent un taux de privations matérielles et sociales comparable à celui de la Guyane. Faute d’un indicateur commun, il est difficile en revanche de comparer la Guadeloupe à ses pays voisins d’Amérique du Sud ou des Caraïbes.

Encadré 2 - Les déterminants socio-démographiques de la privation en Guadeloupe

La régression logistique est un outil statistique qui permet d’identifier les déterminants d’un événement (la privation matérielle et sociale), en précisant et quantifiant leur influence propre, « à autres caractéristiques équivalentes », c’est-à-dire en comparant des individus en tout point identiques sur les autres variables introduites dans le modèle (genre, diplôme, activité, statut d’occupation du logement, type de ménage et lieu de naissance). L’âge et les catégories professionnelles n’ont pas été retenus dans le modèle étudié, car ils montraient trop de colinéarité avec les autres critères.

Le modèle permet de comparer les déterminants favorables ou défavorables à la situation de privation matérielle et sociale entre les régions d’Outre-mer et la France métropolitaine, qu’ils agissent dans le même sens et que seule l’intensité de l’effet varie d’un territoire à l’autre. Par exemple, lorsque le risque de privation est 3,6 fois supérieur pour les personnes pas ou peu diplômées que pour un titulaire d’un « bac+2 ou plus » en Guadeloupe, il est 3,7 fois supérieur en France métropolitaine. Ce risque au sein d’une population s’entend comme le rapport entre la probabilité d’être en privation sur la probabilité de ne pas l’être.

Il existe toutefois des différences entre les déterminants de la privation dans les Outre-mer et la France métropolitaine. Ainsi, l’influence du genre est opposée pour la Guyane : le risque d’être en privation est inférieur pour une femme que pour un homme. Enfin, le lieu de naissance dont les modalités sont : DOM, métropole, étranger, ne semble pas influent en France métropolitaine alors qu’il peut être déterminant en Guadeloupe et qu’il l’est de manière plus marquée en Guyane.

Sources

L’enquête Statistiques sur les Ressources et les Conditions de Vie (SRCV) est la version française du dispositif européen European Statistics on Income and Living Conditions (EU-SILC). Son objectif est de produire des indicateurs structurels sur la répartition des revenus, de la pauvreté et de l’exclusion, comparables pour les pays de l’Union européenne. Il s’agit d’une enquête par panel qui suit les ménages sur une durée pouvant aller jusqu’à 9 ans, permettant d’analyser les résultats annuellement et par pays. En 2018, une extension d’enquête dans les DOM (hors Mayotte) a été réalisée auprès d’un échantillon de 2000 fiches-adresses par région. Sa finalité est de disposer de données détaillées ponctuelles à l’échelle de chaque DOM.

Le dispositif SRCV est la source de référence sur les conditions de vie, la pauvreté en conditions de vie, la situation financière et le niveau de bien-être subjectif. Elle sert de référence pour les actions européennes de lutte contre l’exclusion.

Cette publication est la première dans les outremers basée sur l’exploitation de l’enquête SRCV. Son champ d’analyse a été volontairement réduit aux privations matérielles et sociales dont les concepts sont moins souvent abordés. Elle complète l’approche monétaire de la pauvreté et constitue une approche plus descriptive et moins synthétique que celle en termes de revenus. D’autres publications suivront, elles permettront de croiser la dimension monétaire de l’exclusion mais également d’autres indicateurs de qualité de vie tels que la santé, les aides, l’insécurité ou le bien-être.

Définitions

L’indicateur de privation matérielle et sociale de l’Union Européenne, ou taux de privation, établi en 2017, est défini comme la proportion de personnes vivant en ménage ordinaire (c’est‑à‑dire hors logements collectifs et habitations mobiles) incapables de couvrir les dépenses liées à au moins cinq éléments de la vie courante sur treize considérés comme souhaitables, voire nécessaires, pour avoir un niveau de vie acceptable.

Ce nouvel indicateur vise à tenir compte de certaines évolutions des normes de consommation (posséder une machine à laver par exemple est devenu tellement fréquent qu’il ne s’agit plus d’un indicateur pertinent pour définir un état de privations) pour évaluer les privations matérielles, des éléments relatifs à la vie sociale ont été ajoutés.

Ce taux de privation est considéré comme sévère, dès lors que le décompte des difficultés atteint un score de sept ou plus.

Parmi les 13 privations retenues, sept sont des privations « ménages » en ce sens qu’elles affectent le ménage dans son ensemble. Les six autres sont des privations individuelles :

• Ne pas pouvoir faire face à une dépense imprévue d’environ 1 000 euros

• Ne pas pouvoir se payer une semaine de vacances par an hors du domicile

• Ne pas pouvoir changer les meubles hors d’usage par manque de moyens financiers

• Avoir des impayés de mensualités d’emprunts, de loyer ou de factures d’électricité, d’eau ou de gaz

• Ne pas pouvoir maintenir le logement à bonne température par manque de moyens financiers

• Ne pas pouvoir se payer une voiture personnelle

• Ne pas pouvoir se payer un repas contenant de la viande, du poulet ou du poisson (ou l’équivalent végétarien) au moins tous les deux jours

• Ne pas pouvoir dépenser une petite somme d’argent pour soi sans avoir à consulter quiconque

• Ne pas pouvoir avoir une activité de loisir régulière par manque de moyens financiers

• Ne pas pouvoir se retrouver avec des amis ou de la famille au moins une fois par mois pour boire un verre ou pour un repas par manque de moyens financiers

• Ne pas pouvoir se payer des vêtements neufs

• Ne pas posséder au moins deux paires de bonnes chaussures par manque de moyens financiers

• Ne pas avoir accès à Internet par manque de moyens financiers

Le taux de pauvreté monétaire correspond à la proportion d’individus dont le niveau de vie est inférieur pour une année donnée à un seuil, dénommé seuil de pauvreté. Ce seuil a été fixé par convention à 60 % du niveau de vie médian de l’ensemble de la population. Son calcul repose sur l’exploitation de l’enquête Budget des Familles (BDF) 2017.

Pour en savoir plus

Blasco J., Gleizes F., « Qui est pauvre en Europe ? » Insee Références, édition 2019.

Demougeot L., Kempf N., Raimbaud B., « Niveaux de vie en 2017, La pauvreté touche un tiers de la population guadeloupéenne. », Insee Analyses Guadeloupe n°43, juillet 2020

Le Corre L., « En Guadeloupe, les prix sont plus élevés de 12,5 % qu’en France métropolitaine. » Insee Analyses Guadeloupe n°10, avril 2016

Eliot N., « Enquête emploi en continu 2019, En 2019, la moitié des Guadeloupéens âgés de 15 à 64 ans sont en emploi » Insee Analyses Guadeloupe n°42, avril 2020